• M0 - Lorraine belge

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Commune de Virton

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Service public de Wallonie, Département de la Nature et des Forêts, Cantonnement de Virton, 17, rue Croix Le Maire, 6760 Virton (Tél. : 063/58.86.40 - Fax : 063/58.86.45).

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Situé en Gaume, un peu au nord de Virton, le site comprend le bassin du ruisseau de Rabais ainsi que la plus grande partie du Bois de Virton y compris le Bois du Bonlieu. Ce périmètre couvre près de 600 ha depuis le ruisseau d'Orvillers, au sud-ouest, jusqu'au lieu-dit bien connu "Croix Rouge", au nord, soit une distance de près de 4 km dans l'axe nord-sud. Le massif est longé à l'ouest par la route N87 reliant Virton à Etalle.

Le Rabais est un petit cours d'eau affluent de rive droite du Ton, lui-même affluent de la Chiers, dans le sous-bassin de la Semois (bassin hydrographique de la Meuse). Ce petit cours d'eau non navigable, classé en 3^ème catégorie dans sa partie amont et en 2^ème catégorie dans sa portion aval, a des eaux de type salmonicole. Il prend naissance dans le Bois de Virton, au lieu-dit "La Cascade", vers 330 m d'altitude. Il circule en direction du sud puis du sud-est sur environ 1200 m jusqu'à l'endroit dénommé "Repaire des Zygomars", à partir duquel le ruisseau alimente un chapelet de six petits étangs allongés, utilisés pour la pisciculture. L'étang le plus en aval se trouve à quelques pas de la confluence d'un petit affluent sans nom s'écoulant sur à peine 1000 m en direction du sud depuis sa source localisée près de la chapelle N.-D. du Bonlieu, à 280 m d'altitude. A l'endroit de cette confluence, près du lieu-dit "Fosse aux Aunes", se trouvent en outre plusieurs sources. Le Rabais s'écoule encore vers le sud sur environ 1 km où il reçoit, en aval d'un premier étang, son seul affluent de rive droite, le ruisseau de la Bouriqueresse qui naît vers 290 m d'altitude, à la lisière occidentale du Bois de Virton. A partir de là, le cours d'eau traverse le complexe touristique de la "Vallée de Rabais" tout en alimentant encore deux étangs destinés à la pêche et aux loisirs aquatiques (le plus grand atteignant environ 2 ha).

Le cadre géologique et géomorphologique de la Lorraine, et notamment de la région de Virton, a été bien résumé par BELANGER (2006) et DE SEILLE (2015). Le Rabais prend place sur la Cuesta Sinémurienne, l'une des trois cuestas (ou "côtes") qui caractérisent le relief et le paysage de la Lorraine belge. Il s'agit en l'occurrence de la première cuesta que l'on rencontre en venant de la vallée de la Semois, s'étalant depuis Attert à l'est jusqu'à Muno vers l'ouest.

La formation de ces cuestas est le résultat de l'érosion différentielle, "à savoir que les eaux pluviales, de ruissellement et les cours d'eau naissants ont érodé les roches les plus tendres, y creusant ainsi leurs vallées tout en laissant en place les roches plus dures des collines, ainsi que les grès indurés dans l'est" (DE SEILLE, 2015).

La Cuesta Sinémurienne est constituée de roches de l'étage sinémurien, soit des grès calcaires de Florenville, des marnes grises de Strassen et des couches alternées de grès et de sables (observables à Virton et Orval). La vallée du Rabais renferme des affleurements représentatifs de roches de la Formation de Luxembourg, au sein de différentes carrières exploitées jadis; il s'agit de sable jaune à roux, de bancs de grès tendre, de grès calcaire et de grès calcaire à lumachelle disposés en alternance (BELANGER, 2006).

Du point de vue hydrogéologique, le ruisseau de Rabais est alimenté par des émergences de l'aquifère d'Orval, formé de sables et de calcaires gréseux limités à la base par les marnes du Membre de Strassen. De nombreuses sources jaillissent au contact entre ces marnes et l'aquifère caractérisées par la formation fréquente d'accumulation de tuf calcaire (travertin ou cron). Cependant, les sources du bassin du Rabais ne sont pas directement en contact avec les marnes de Strassen mais situées à une quinzaine de mètres au dessus, affleurant en fond de vallée (BOUEZMARNI et al. 2009).

Flore et végétation

La flore et la végétation de la vallée du Rabais et du Bois de Virton qui l'environne doivent encore être décrites en détail mais les nombreuses informations disponibles dans les bases de données (DEMNA-OFFH, IPRFW, Observations.be, Biogeonet, ...) permettent déjà d'esquisser grossièrement les groupements végétaux présents (description à compléter!).

Le Bois de Virton est une forêt essentiellement caducifoliée qui est restée largement préservée de l'enrésinement. Le peuplement est dominé par le hêtre (Fagus sylvatica) et secondairement le chêne sessile (Quercus petraea). Très schématiquement, on y distingue deux grands types de formations:

- les hêtraies acidophiles médio-européennes au sous-bois parsemé de luzule blanche (Luzula luzuloides), laîche à pilules (Carex pilulifera), framboisier (Rubus idaeus), érable sycomore (Acer pseudoplatanus), anémone des bois (Anemone nemorosa), fougère mâle (Dryopteris filix-mas), millet étalé (Milium effusum), pain de coucou (Oxalis acetosella), fétuque des bois (Festuca altissima), fougère femelle (Athyrium filix-femina), lamier jaune (Lamium galeobdolon), incluant également des mousses comme Leucobryum glaucum, Dicranum scoparium, ...

- les hêtraies neutrophiles médio-européennes à mélique, riches en espèces dont l'érable sycomore (Acer pseudoplatanus), le noisetier (Corylus avellana), le charme (Carpinus betulus), l'aspérule odorante (Galium odoratum), la mélique uniflore (Melica uniflora), l'euphorbe des bois (Euphorbia amygdaloides), la laîche des bois (Carex sylvatica), la violette des bois (Viola reichenbachiana), le lamier jaune (Lamium galeobdolon), le lierre (Hedera helix), le pâturin des bois (Poa nemoralis), le sceau de Salomon commun (Polygonatum multiflorum), l'anémone des bois (Anemone nemorosa), les ronces (Rubus fruticosus), etc.

Les abords du Rabais et de ses petits embranchements sont bordés localement par d'étroites forêts rivulaires dont des aulnaies-frênaies des cours d'eau rapides. La strate herbacée est riche en espèces et se caractérise par la fréquence d'espèces alluviales comme la stellaire des bois (Stellaria nemorum), la balsamine des bois (Impatiens noli-tangere), la fétuque géante (Festuca gigantea) et la présence de nombreuses autres espèces acidoclines à neutrophiles: reine des prés (Filipendula ulmaria), baldingère (Phalaris arundinacea), valériane officinale (Valeriana officinalis), angélique des bois (Angelica sylvestris), brachypode des bois (Brachypodium sylvaticum), géranium herbe à Robert (Geranium robertianum), épiaire des bois (Stachys sylvatica), fougère femelle (Athyrium filix-femina), canche cespiteuse (Deschampsia cespitosa), séneçon de Fuchs (Senecio ovatus), circée de Paris (Circaea lutetiana), ficaire fausse renoncule (Ranunculus ficaria), benoîte des ruisseaux (Geum rivale), etc.

Petit cours d'eau de type salmonicole, le ruisseau de Rabais s'écoule pour une large part en milieu forestier. Issu de sources dont certaines sont incrustantes (tuf calcaire), il alimente plusieurs chapelets d'étangs, en particulier dans le vallon des Zygomars et dans la portion aval de la vallée, la plus perturbée et la plus ouverte en raison de la présence d'infrastructures touristiques.

La flore qui colonise ce ruisseau est particulièrement diversifiée incluant plusieurs espèces rares. Les relevés effectués par le DEMNA (DNE-Hydrobio, 2010) juste en amont des étangs inférieurs montrent notamment le cirse maraîcher (Cirsium oleraceum), la dorine à feuilles opposées (Chrysosplenium oppositifolium), la cardamine amère (Cardamine amara), le populage des marais (Caltha palustris), la prêle des marais (Equisetum palustre), la baldingère (Phalaris arundinacea), la petite berle (Berula erecta), la reine des prés (Filipendula ulmaria), la menthe aquatique (Mentha aquatica), le cresson de fontaine (Nasturtium officinale), la morelle douce-amère (Solanum dulcamara), la laîche paniculée (Carex paniculata), ainsi que divers bryophytes (Chiloscyphus polyanthos, Plagiomnium undulatum, Mnium hornum, Palustriella commutata, Plagiochila asplenioides, Thamnobryum alopecurum, Pellia endiviifolia, Amblystegium fluviatile, Amblystegium tenax, Cratoneuron filicinum, Marchantia polymorpha, ...).

Une flore plus ou moins thermophile se rencontre également au sein de la vallée du Rabais, en particulier sur certaines lisières sèches bien exposées et dans les anciennes carrières ouvertes dans les versants. On peut y observer des plantes de pelouses ou d'ourlets mésophiles comme l'origan (Origanum vulgare), le serpolet commun (Thymus pulegioides), la vulnéraire (Anthyllis vulneraria), la réglisse sauvage (Astragalus glycyphyllos), la petite pimprenelle (Sanguisorba minor), etc.

Des stations de petite pyrole (Pyrola minor) et de pyrole à feuilles rondes (Pyrola rotundifolia) sont installées dans plusieurs de ces carrières qui se sont reboisées naturellement.

Intérêt faunistique

La vallée du Rabais et le Bois de Virton qui l'environne accueillent une faune très diversifiée incluant de nombreuses espèces rares et protégées. Toutefois, la modification du milieu aquatique et forestier, et en particulier la dégradation du fond de la vallée occasionnée par les aménagements touristiques durant les années 1980, ont provoqué la disparition d'une partie d'entre-elles. C'est le cas par exemple de la gélinotte des bois (Bonasa bonasia), un oiseau qui ne se reproduit probablement plus actuellement en Région wallonne et dont la dernière mention locale remonterait au début des années 2000. Pour mémoire, on peut aussi évoquer le cas de plusieurs papillons de jour disparus de longue date, comme l'hespérie de l'alchémille (Pyrgus serratulae) (noté la dernière fois en 1938), l'hespérie du carthame (Pyrgus carthami) (observé en 1907 et 1910 par L. Bray), ou encore le grand sylvain (Limenitis populi) (signalé en 1984).

Actuellement, la richesse lépidoptérologique demeure néanmoins considérable avec pas moins de 52 espèces de papillons de jour relevées au cours des quinze dernières années (2005-2020). Citons entre autres les papillons forestiers typiques comme le grand mars changeant (Apatura iris), le petit mars changeant (Apatura ilia), le tabac d'Espagne (Argynnis paphia), le petit sylvain (Limenitis camilla), le thécla de l'orme (Satyrium w-album), ainsi que différentes espèces de prairies humides comme le cuivré de la bistorte (Lycaena helle), le cuivré des marais (Lycaena dispar), l'échiquier (Carterocephalus palaemon), le damier noir (Melitaea diamina), la grande violette (Brenthis ino), ou de pelouses et de prairies maigres tels que le demi-deuil (Melanargia galathea), l'hespérie des sanguisorbes (Spialia sertorius), l'argus frêle (Cupido minimus), etc.

L'odonatofaune, c'est-à-dire les libellules et demoiselles, constitue un autre intérêt majeur de la vallée du Rabais, avec 23 espèces dénombrées à ce jour, parmi lesquelles figurent le cordulégastre bidenté (Cordulegaster bidentata), typique des ruisseaux et sources tuffeuses, le gomphe vulgaire (Gomphus vulgatissimus), lié aux eaux courantes de petites à moyennes dimensions, l'agrion de mercure (Coenagrion mercuriale), espèce d'intérêt communautaire très rare en Région wallonne mais répandue en Lorraine où elle occupe surtout de petits ruisselets marneux, mais aussi la libellule fauve (Libellula fulva), le caloptéryx vierge (Calopteryx virgo), l'anax napolitain (Anax parthenope), ...

En dehors des libellules, le peuplement aquatique du ruisseau du Rabais et de son chapelet d'étangs reste peu documenté, les principales données provenant d'observations naturalistes de type opportuniste. Les relevés d'invertébrés macrobenthiques du DEMNA mentionnent la présence des Platyhelminthes Dugesia sp. et Planaria torva, de la sangsue Piscicola geometra, du gastéropode Potamopyrgus antipodarum, de l'éphémère Serratella ignita et de la libellule Calopteryx virgo.

Un groupe de coléoptères étroitement associés aux milieux aquatiques est particulièrement bien représenté sur un petit plan d'eau en amont du complexe sportif: il s'agit des donacies dont six espèces ont été signalées récemment (la répartition de ces insectes a fait l'objet d'une synthèse récente par FAGOT, 2019): Donacia bicolora, en forte régression, vivant sur divers hélophytes (sagittaire, massettes,...); Donacia clavipes, espèce liée surtout aux roseaux très localisée en Région wallonne mais nettement plus répandue en Flandre; Donacia cinerea, espèce des massettes régionalement rare mais pouvant localement abonder; Donacia marginata, espèce des plaines et des vallées répandue en Lorraine mais quasi absente de l'Ardenne voisine, liée surtout aux massettes; Donacia simplex, en nette régression en Région wallonne; Plateumaris sericea, assez répandue en Lorraine sur différentes laîches, prêles, etc.

Parmi la septantaine d'autres Coléoptères recensés ces dernières années, on compte quelques raretés comme le taupin Selatosomus cruciatus, redécouvert ici en 2019 après une éclipse de près de quarante ans sur le territoire belge (WARGé, 2020).

En ce qui concerne les poissons, la présence du chabot (Cottus gobio s.l.) est bien établie, le taxon identifié correspondant plus précisément à C. rhenanus.

Du point de vue herpétologique, on y signale essentiellement le crapaud commun (Bufo bufo) et la grenouille rousse (Rana temporaria) avec aussi des mentions plus ponctuelles de triton alpestre (Ichthyosaura alpestris), du triton ponctué (Lissotriton vulgaris), du triton palmé (Lissotriton helveticus), de la salamandre terrestre (Salamandra salamandra), ainsi que quatre espèces de reptiles, l'orvet fragile (Anguis fragilis), le lézard vivipare (Zootoca vivipara), la couleuvre à collier (Natrix natrix) et la coronelle lisse (Coronella austriaca).

La vallée et les bois alentours sont fréquentés par différents mammifères comme le cerf élaphe (Cervus elaphus), le chevreuil (Capreolus capreolus), le sanglier (Sus scrofa), le chat sauvage (Felis silvestris), la martre des pins (Martes martes), le putois (Mustela putorius), le blaireau (Meles meles), plusieurs espèces de chauves-souris dont le grand murin (Myotis myotis) qui chasse notamment au voisinage des étangs des Zygomars (donnée du GT Plecotus).

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