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3272 - Mont Picard et Fort de Huy

Site de Grand Intérêt Biologique (SGIB)

Communes :Huy
Cantonnements DNF :Liège
Surface : ha
Coordonnées :X Lambert : 211060 - Y Lambert : 134180
Voir la localisation avec la cartographie dynamique
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Intro

Brève description

Le Mont Picard correspond au flanc droit de la vallée de la Meuse juste en aval de la ville de Huy. C'est sur cette proéminence extrêmement escarpée, culminant à 160 mètres d'altitude, que fut construit dès le 9ème siècle un château maintes fois modifié au cours de l'histoire mouvementée de la région. Après le démantèlement des fortifications et à la suite des guerres napoléoniennes, les Hollandais y érigent en 1815 l'imposante citadelle telle qu'on la connaît encore aujourd'hui, dominant la cité médiévale. Durant les siècles précédents, la partie orientale du Mont Picard avait un aspect dénudé lié à ses fonctions défensives. La portion occidentale était par contre déjà boisée à l'époque de Ferraris. A l'heure actuelle, la colline est largement couverte par une forêt variée à tendance neutrophile, dans laquelle se retrouve nombre de plantes castrales, c'est-à-dire des espèces jadis cultivées dans les parcs mais qui se sont ensuite maintenues dans un état spontané. Le site accueille par ailleurs une flore indigène riche et de grand intérêt. Les affleurements calcaires bien exposés portent une végétation des plus remarquables, en particulier des pelouses rupestres à fétuque à feuilles inégales (Festuca heteropachys). Ils sont fréquentés par le grand-duc d'Europe (Bubo bubo), rapace nocturne typique de ce type d'habitat. Récemment investiguée, la composition fongique semble très particulière et regroupe entre autre plusieurs espèces de cortinaires thermophiles très rares en Wallonie.

Carto

Régions naturelles

  • E7 - Vallée de la Meuse

Limites administratives

Ancienne(s) commune(s)SurfaceNouvelle(s) commune(s)Province(s)
Ben-AhinHUYLIEGE
HuyHUYLIEGE

Cantonnements DNF

Cantonnement(s)SurfaceDirection(s)
LiègeLiège

Mentions dans d'autres inventaires de sites

A compléter

Propriétaire(s)

Privé(s) Oui  ONG Non  Communes Oui  Région Non  Autres publics Non

Espèces

Espèces de valeur patrimoniale

TaxonStatut de protectionListe rougeStatutAnnéeRep*ProtectionSource
Animaux - Vertébrés - Mammifères
Rhinolophus hipposiderosOuiOuiHibernation (1 ex.)2016R. Cors
Animaux - Vertébrés - Oiseaux
Bubo buboOuiOuiCanton2012A. Kunsch
Animaux - Vertébrés - Reptiles
Coronella austriacaOuiOui
Natrix natrixOuiOui
Plantes - Plantes supérieures
Cephalanthera damasonium
Daphne laureolaIndigénat discuté2016Divers obs.
Festuca heteropachys2016Divers obs.
Festuca heterophyllaIndigénat discuté1993J. Duvigneaud et al.
Hieracium maculatum
Neottia nidus-avis
Prunus mahaleb
Mycètes - Champignons
Amanita echinocephala2014A. Graulich
Cortinarius eucaeruleus2014A. Graulich
Cortinarius fulminatus2014A. Graulich
Cortinarius hillieri2014A. Graulich
Cortinarius infractus2014A. Graulich
Cortinarius rapaceoides2014A. Graulich
Cortinarius rufoolivaceus2014A. Graulich
Cortinarius subionochlorus2014A. Graulich
Cortinarius subturbinatus2014A. Graulich
Cortinarius vulpinus2014A. Graulich
Hygrocybe virginea2014A. Graulich
Rhodocybe gemina2014A. Graulich

Commentaires sur la flore

Plantes supérieures (données J. Lambinon et al. 1983; E. Melin 1991; J. Duvigneaud et al. 1993): Acer campestre, Acer platanoides, Acer pseudoplatanus, Aesculus hippocastanum, Alliaria petiolata, Arrhenatherum elatius, Arum maculatum, Asplenium scolopendrium, Brachypodium sylvaticum, Bromus erectus, Bromus ramosus, Carpinus betulus, Castanea sativa, Cephalanthera damasonium, Chaerophyllum temulum, Chelidonium majus, Cichorium intybus, Clematis vitalba, Cornus mas, Cornus sanguinea, Corylus avellana, Cotoneaster horizontalis, Crataegus monogyna, Daphne laureola, Deutzia sp., Elymus caninus, Euonymus europaeus, Eupatorium cannabinum, Fagus sylvatica, Festuca arundinacea, Festuca heteropachys, Festuca heterophylla, Fraxinus excelsior, Galium mollugo, Geranium robertianum, Geum urbanum, Glechoma hederacea, Hedera helix, Helleborus foetidus, Hieracium maculatum, Hyacinthoides non-scripta, Inula conyzae, Knautia arvensis, Laburnum anagyroides, Ligustrum vulgare, Lonicera tatarica, Mahonia aquifolium, Malus sylvestris subsp. mitis, Melica uniflora, Mercurialis perennis, Neottia nidus-avis, Origanum vulgare, Ornithogalum umbellatum, Quercus robur, Philadelphus coronarius, Poa nemoralis, Polygonatum multiflorum, Potentilla neumanniana, Potentilla sterilis, Primula veris, Prunus avium, Prunus cerasifera, Prunus cerasus, Prunus domestica, Prunus insititia, Prunus mahaleb, Prunus spinosa, Ranunculus auricomus, Ribes alpinum, Ribes sanguineum, Ribes uva-crispa, Robinia pseudoacacia, Rosa arvensis, Rubus caesius, Rumex patienta, Sambucus nigra, Sanguisorba minor, Sedum album, Sedum rupestre, Senecio inaequidens, Spiraea chamaedryfolia subsp. ulmifolia, Spiraea xbillardii, Stellaria holostea, Symphoricarpus albus var. laevigatus, Syringa vulgaris, Ulmus minor, Valeriana repens, Viburnum lantana, Vicia sepium, Vinca minor, Viola odorata, Viola riviniana.

Champignons (données A. Graulich, 2014): Amanita echinocephala, Cortinarius eucaeruleus, Cortinarius fulminatus, Cortinarius hillieri, Cortinarius infractus, Cortinarius rapaceoides, Cortinarius rufoolivaceus, Cortinarius subionochlorus, Cortinarius subturbinatus, Cortinarius vulpinus, Hygrocybe virginea (= Cuphophyllus niveus), Rhodocybe gemina.

Espèces exotiques

Plantes: Aesculus hippocastanum, Castanea sativa, Cotoneaster horizontalis, Deutzia sp., Hyacinthoides non-scripta, Laburnum anagyroides, Lonicera tatarica, Mahonia aquifolium, Malus sylvestris subsp. mitis, Ornithogalum umbellatum, Philadelphus coronarius, Prunus insititia, Prunus domestica, Prunus cerasifera, Prunus cerasus, Ribes alpinum, Ribes sanguineum, Robinia pseudoacacia, Rumex patienta, Senecio inaequidens, Spiraea xbillardii, Spiraea chamaedryfolia subsp. ulmifolia, Symphoricarpus albus var. laevigatus, Syringa vulgaris, Viola odorata.

Conservation

Détails

Description biologique

Bien qu'entouré de routes, dont la route N90 en bord de Meuse, le Mont Picard présente un relief très prononcé avec des pentes escarpées, d'accès malaisé. Le versant mosan, où apparaissent la plupart des affleurements rocheux, est orienté au nord et le microclimat y est donc frais. Le flanc opposé, moins pentu et d'exposition sud, est aussi nettement plus chaud.

Le site a fait l'objet de plusieurs publications floristiques (LAMBINON et al., 1983; MELIN, 1991; DUVIGNEAUD et al., 1993). Il a été parcouru par la Société Botanique de Liège le 7 mai 1983. Par contre, il semble que la faune n'ait jamais été inventoriée, hormis quelques observations ponctuelles (reptiles notamment). Le Mont Picard, y compris le Fort de Huy, est repris comme zone centrale dans le PCDN de Huy (site 31, TAYMANS, 2012).

Une grande partie du site est couverte par une forêt dont la composition varie selon les endroits, en fonction de la nature de la roche (calcaires frasniens, schistes et grès famenniens, ...), l'exposition, l'occupation ancienne, etc.

Le groupement qui paraît le plus répandu est une forêt neutrophile dominé par le charme (Carpinus betulus) présent sous la forme de vieux taillis, accompagné par le frêne élevé (Fraxinus excelsior), l'érable champêtre (Acer campestre), l'aubépine à un style (Crataegus monogyna), le cornouiller sanguin (Cornus sanguinea), le cornouiller mâle (Cornus mas), le noisetier (Corylus avellana), le fusain d'Europe (Euonymus europaeus), l'orme champêtre (Ulmus minor), le laurier des bois (Daphne laureola), le groseillier à maquereau (Ribes uva-crispa), la clématite des haies (Clematis vitalba), le rosier des champs (Rosa arvensis), le lierre rampant (Hedera helix), etc. Dans la strate herbacée s'épanouissent, notamment, la mercuriale vivace (Mercurialis perennis), la potentille faux-fraisier (Potentilla sterilis), la benoîte commune (Geum urbanum), le brachypode des bois (Brachypodium sylvaticum), la stellaire holostée (Stellaria holostea), la vesce des haies (Vicia sepium), le sceau de Salomon commun (Polygonatum multiflorum), la petite pervenche (Vinca minor), la mélique uniflore (Melica uniflora), le pâturin des bois (Poa nemoralis), la violette de Rivin (Viola riviniana), le cerfeuil penché (Chaerophyllum temulum), le brome rameux (Bromus ramosus), le lierre terrestre (Glechoma hederacea), etc.

Quelques espèces des forêts calcaires thermophiles apparaissent très discrètement, dont la viorne mancienne (Viburnum lantana), l'hellébore fétide (Helleborus foetidus), la primevère officinale (Primula veris), le céphalanthère à grandes fleurs (Cephalanthera damasonium), la néottie nid d'oiseau (Neottia nidus-avis), le troène commun (Ligustrum vulgare).

La station du laurier des bois (Daphne laureola) y est d'une prospérité exceptionnelle, comprenant plusieurs milliers de pieds. Cependant, l'indigénat de cet arbuste au Mont Picard reste discuté (LAMBINON et al., 1983).

C'est également dans ce type de peuplement que fut découverte, en mars 1993, la fétuque hétérophylle (Festuca heterophylla), une graminée des forêts et lisières calcicoles rarissime en Wallonie, où elle se trouve à la limite septentrionale de son aire de répartition (DUVIGNEAUD et al., 1993).

Selon DUVIGNEAUD et al. (1993), ces bois seraient issus de la colonisation forestière d'un ancien parc. Cette hypothèse est supportée par les témoignages historiques, indiquant une longue occupation humaine (anciens ouvrages défensifs tels le Fort Rouge et le Fort Picard, vignobles, terrasses, vergers, ...), ainsi que par la subsistance de nombreuses plantes introduites jadis pour des raisons culturales et/ou ornementales (Philadelphus coronarius, Deutzia sp., Syringa vulgaris, Aesculus hippocastanum, Laburnum anagyroides, Ribes alpinum, Lonicera tatarica, Rumex patienta, Spiraea xbillardii, Symphoricarpus albus var. laevigatus, Robinia pseudoacacia, Mahonia aquifolium, Ribes sanguineum, Viola odorata, Ornithogalum umbellatum, etc.).

Le flanc exposé au nord est barré de plusieurs affleurements rocheux et comporte des éléments fort intéressants d'érablières de ravin à scolopendre (Asplenium scolopendrium) et ainsi que des dalles rocheuses ombragées.

Le versant sud et la crête comportent également plusieurs types de végétations héliophiles, souvent à l'état fragmentaire:

- pelouses calcicoles méso-xérophiles à brome érigé (Bromus erectus), knautie (Knautia arvensis), petite pimprenelle (Sanguisorba minor), ...

- éboulis calcaires à seslérie bleue (Sesleria caerulea) et potentille printanière (Potentilla neumanniana),

- pelouses rupestres à fétuque à feuilles inégales (Festuca heteropachys),

- pelouses pionnières des substrats rocheux détritiques à orpins (Sedum spp.),

- fourrés de prunelliers (Prunus spinosa) et ronces (Rubus sp.),

- prairie sèche à fromental (Arrhenatherum elatius),

- prairie à fétuque faux-roseau (Festuca arundinacea), chicorée sauvage (Cichorium intybus), etc.

C'est sur ce même versant que la présence d'une fonge remarquable a été récemment mise en évidence suite aux prospections menées par A. Graulich (obs. des 4 et 5/09/2014). Plusieurs espèces rares ont ainsi été identifiées, principalement des éléments caractéristiques des forêts feuillues sur calcaire: Cortinarius rufoolivaceus, Cortinarius subionochlorus, Cortinarius fulminatus, Cortinarius eucaeruleus, Cortinarius rapaceoides, Cortinarius vulpinus, Cortinarius hillieri, Cortinarius subturbinatus, Cortinarius infractus, Amanita echinocephala, Rhodocybe gemina, Hygrocybe virginea (= Cuphophyllus niveus).

L'éperon rocheux sur lequel repose la citadelle est envahi par la clématite des haies (Clematis vitalba) et le lierre grimpant (Hedera helix), plus localement par des espèces d'ourlets calcicoles comme l'origan (Origanum vulgare) et l'inule conyze (Inula conyzae), ou d'autres plantes comme l'eupatoire chanvrine (Eupatorium cannabinum), le gaillet mou (Galium mollugo), la chélidoine (Chelidonium majus), etc. Certains secteurs connaissent un envahissement prononcé par le cotonéaster horizontal (Cotoneaster horizontalis) et le séneçon du Cap (Senecio inaequidens).

D'une manière générale, le Mont Picard recèle une grande diversité végétale et présente un intêret botanique important de part la présence de plusieurs espèces patrimoniales. C'est le cas de deux orchidées fort localisées en région hutoise, le céphalanthère à grandes fleurs (Cephalanthera damasonium) et la néottie nid d'oiseau (Neottia nidus-avis), de deux graminées rares en Région wallonne, à savoir la fétuque à feuilles inégales (Festuca heteropachys) et la fétuque hétérophylle (Festuca heterophylla), et d'autres encore comme l'épervière maculée (Hieracium maculatum), le cerisier de Saint-Lucie (Prunus mahaleb), le laurier des bois (Daphne laureola).

L'intérêt faunistique du Mont Picard ne semble pas avoir fait l'objet d'investigations jusqu'à présent.

Le fort est fréquenté par plusieurs espèces de chauves-souris, principalement durant la période hivernale. En février 2016, un exemplaire du rare petit rhinolophe (Rhinolophus hipposideros) y a même été aperçu, ce qui laisse penser que d'autres pourraient trouver refuge sur le site et que, par ailleurs, on se trouve probablement ici sur la route de "migration" entre la colonie de Modave et les sites d'hivernage de la Solière.

Deux reptiles, la coronelle lisse (Coronella austriaca) et la couleuvre à collier (Natrix natrix), ont été observés au pied du fort.

Sur le plan ornithologique ressort l'observation du grand-duc d'Europe (Bubo bubo) en période de nidification.

Parmi le petit monde innombrable des insectes, la présence d'un coléoptère remarquable est à souligner: il s'agit de Blaps mucronata, noté en 2015 dans les souterrains du fort (7 ex., R. Cors). Affectionnant les lieux sombres et humides, comme les caves, les galeries de forts, les ruines, ce grand Ténébrionidé encore courant en région méditerranéenne, semble cependant, depuis les années 1970, en forte régression dans toute la moitié nord de la France, et donc sans doute aussi en Belgique. C'est une espèce détritivore se nourrissant de guano de pigeons et de chauves-souris, de denrées et de fruits pourris et autres vieux papiers.

Monument historique

Fort de Huy. Tour Tardavisée. Vestiges des anciens forts (Fort Picard, Fort Rouge).

Histoire du site

L'histoire de l'occupation humaine du Mont Picard, et en particulier des ouvrages défensifs, depuis le 9ème siècle, a été retracée par ANDREUX (2014).

Divers

Répondants de l'information

Amaury GRAULICH

Date de la dernière modification de la fiche

2016-08-31