Découverte d'une proie. Que faire ?

Note préalable :

Le Gouvernement ayant pour volonté d'indemniser les éleveurs lésés par des attaques de loup, il est essentiel de redoubler d'efforts pour distinguer avec la plus grande certitude possible les attaques de chiens de celles de loup. Les conseils qui suivent ne permettent pas de se substituer à l'expertise des membres du Réseau Loup, qui sont les seuls habilités à opérer une autopsie, à prélever des échantillons, et/ou à intervenir en vue d'une éventuelle indemnisation. Ils permettent toutefois d'acquérir les bons réflexes avant de contacter le Réseau loup.

La première étape consiste à préserver les lieux afin de ne pas altérer la scène de l'attaque. Il convient dès lors de

La deuxième étape vise à déterminer s'il y a eu prédation ou non. Pour ce faire, il est important d'analyser une dépouille fraîche et d'analyser l'environnement immédiat. La carcasse peut ensuite être analysée.

Analyser une dépouille fraîche
Analyser l'environnement

En cas de mort naturelle, la cause du décès peut être brouillée très rapidement par la consommation exercée par les charognards (corvidés, renards, sangliers, mustélidés,...). Pour établir la prédation, il faut donc :

  • que le délai entre le décès et l'analyse de la dépouille soit le plus court possible : au-delà de 24 heures, le diagnostic se complique sérieusement pour devenir quasiment impossible après 48 heures.

  • regarder la couleur de la chair, qui est un bon indicateur de la fraîcheur : plus elle est rouge et sanguinolente, plus la carcasse est fraîche. Ensuite la chair blanchit pour devenir brunâtre et sèche.

Pour établir la prédation, il faut :

  • chercher des traces de lutte et d'attaque ;

  • chercher des indices de présence de canidés tels que des excréments, des empreintes ou des poils. En cas de présence de l'un de ces indices, il convient de le photographier et de le protéger ;

  • éventuellement recueillir les témoignages d'éventuels voisins quant à la présence de chiens errants et/ou l'heure présumée du décès ;

  • questionner le propriétaire sur l'état de santé initial de l'animal.

Les trois premières étapes franchies, l' analyse de la carcasse peut débuter. Réalisée obligatoirement par un membre du Réseau Loup, elle permettra de déterminer si la prédation est avérée (en cas de présence de morsures avec hématomes), et la nature du prédateur. Certains critères sont typiques du loup, d'autres du chien. La combinaison de plusieurs facteurs permettra de faire pencher la balance vers l'un ou l'autre.

Les critères davantage « typés  loup » 
Les critères davantage « typés grand chien »
  • Présence de plusieurs morsures "profondes" avec hématome à la gorge expliquant la mise à mort ;

  • Ouverture de la cage thoracique entre les antérieurs, et la consommation des viscères thoraciques (poumons et cœur) en délaissant systématiquement les viscères abdominales ;

  • Quantité de viande consommée : entre 2 et 5 kg pour un animal isolé ;

  • Consommation relativement "prioritaire" au niveau des antérieurs et des postérieurs (souvent jusqu'à l'os) sans nécessairement disloquer les membres ;

  • Si les membres sont en déconnexion anatomique, la peau y est souvent retournée "en chaussette" ;

  • Carcasse retournée ou déplacée pour consommer les meilleures parties des 2 faces ;

  • Peau souvent retournée "en chaussette" au niveau des pattes ;

  • Os longs éventuellement brisés.

  • Morsures à divers endroits et parfois au cou (mais souvent aussi à la nuque, sur le dos, etc...) ;

  • Viscères thoraciques parfois consommées et la cavité thoracique non ouverte entre les antérieurs ;

  • Si consommation des gigots, l'os n'est pas souvent décharné (il est mordillé) ;

  • Dans le cas d'un mouton, de la laine est éparpillée dans certains cas.

L' ultime étape consiste à collecter de l'ADN dans l'espoir d'identifier le prédateur.

Pour en savoir plus sur le sujet, lire l'article paru dans Forêt.Nature (www.foretwallonne.be) : " Entre chiens et loups (PDF-1773 ko) " (Référence complète : Fichefet, V., Della Libera, F., Licoppe, A., Schockert, V. (2018) Entre chiens et loups. Forêt.Nature n°146, 36-41 pp.)

Source : http://biodiversite.wallonie.be/