Etat d'avancement

La connaissance de la distribution des plantes supérieures permet d'avoir une idée précise de leur répartition et, dans une certaine mesure, de l'évolution de leurs populations. Ceci est nécessaire, en particulier pour des espèces prioritaires en matière de conservation de la nature (espèces protégées) ou pour des espèces envahissantes, car permet, par exemple, d'adapter la législation en conséquence, de localiser les stations d'espèces vulnérables, d'identifier les priorités de conservation des espaces naturels, etc.

Pourquoi un Atlas?

La connaissance de la distribution historique des plantes vasculaires de la flore belge repose essentiellement sur les deux éditions de l'Atlas de la flore belge et luxembourgeoise de van Rompaey & Delvosalle (1972, 1979). Nous pouvons donc considérer que plus aucune publication exhaustive et actualisée concernant la Wallonie n'a été produite depuis 40 ans. Et pourtant, les inventaires se sont poursuivis sans relâche, fruit du travail de botanistes amateurs et professionnels passionnés, qui alimentent ainsi des bases de données de plus en plus fournies mais... restant inédites.

Depuis la régionalisation de la Belgique, inspirée par les nouvelles possibilités techniques de traitement et d'encodage des données, motivée par la transformation rapide des milieux naturels et la prise de conscience accrue d'une érosion de la diversité biologique, l'idée d'un nouvel atlas de la flore de Wallonie a émergé, et s'est concrétisée avec la constitution d'un Groupe de Travail "Flore" à l'initiative du Département de l'Étude du Milieu Naturel et Agricole (DEMNA). Initialement prévu à l'horizon 2010, cet atlas n'a pas encore vu le jour.

À plusieurs reprises, un état d'avancement et un appel à collaboration ont été présentés (Delescaille et al., 2007; Delescaille et Delaitte, 2011; Delescaille, 2016). Le constat est récurrent: malgré les efforts de prospection, la couverture du territoire wallon reste très inégale et insuffisante pour autoriser la publication de cartes de distribution fidèles à la réalité. Les botanistes ont tendance à se concentrer sur des sites connus pour leur richesse ou pour leurs plantes rares, délaissant les zones considérées comme moins passionnantes, notamment les régions agricoles (Hesbaye, Pays de Herve, Ardenne centrale, Tournaisis et Condroz pour partie).

Presque toutes les régions voisines de la Wallonie sont couvertes par des atlas floristiques publiés après 2000 : Van Landuyt et al. (2006) pour la Flandre et la région de Bruxelles-Capitale, Allemeersch (2006) pour la région de Bruxelles-Capitale, Floron (2011) pour les Pays-Bas, Haeupler et al. (2003) pour la Rhénanie-Westphalie, Toussaint et al. (2008) pour la Flandre française, Preston et al. (2002) pour la Grande-Bretagne et l'Irlande. En France, où plusieurs atlas régionaux sont publiés ou en voie de l'être, les données de l'ensemble du territoire métropolitain sont consultables en ligne (Fédération des conservatoires botaniques nationaux, 2016).

Le GT "Flore" a donc décidé de relancer la dynamique d'inventorisation en appelant tous les botanistes et naturalistes à œuvrer ensemble à l'achèvement de cet atlas de la Flore de Wallonie!

Sources de données multiples

Depuis 1979, de nombreux botanistes et naturalistes ont continué à collecter des données floristiques à titre privé ou dans le cadre de conventions publiques (établissement de la liste rouge, suivis de la végétation des bords de route, inventaires des carrières et sablières, inventaire permanent des ressources forestières, expertises des conseillers agricoles en Mesures Agri-Environnementales, données recueillies dans le cadre de la désignation des sites Natura 2000, etc.), ou encore de projets menés par les associations (programmes Life, monitoring d'espèces, etc.). La plupart de ces données ont été rassemblées au DEMNA.

En parallèle, la mise sur pied de systèmes d'encodage en ligne de données pour les amateurs et leur usage de plus en plus populaire, continuent également de fournir de très nombreuses données, dont certaines inédites. Ces données ont en outre permis de mieux couvrir le territoire.

D'autre part, et afin de mieux cerner l'évolution temporelle des espèces, un important effort de collecte des données historiques a été produit. Les archives de l'IFBL (Institut Floristique Belgo-Luxembourgeois) ont été scannées et encodées (ce qui représente plus de 13.000 documents pour quelques 1.050.000 données; à comparer avec les 308.000 données synthétiques de l'atlas de 1979), tout comme 4.000 relevés de végétation du Centre de Cartographie Phytosociologique de Gembloux (représentant environ 151.000 données). Ce à quoi il faut ajouter le dépouillement de la littérature de 1860 à 1940 (bien que ces données doivent encore être géoréférencées)...

Mais avant de produire une carte de distribution, quelques étapes sont encore nécessaires! La validation des données, par exemple, qui porte principalement sur l'exactitude de la détermination. Pour les données historiques, la précision géographique comporte également quelques difficultés. À cela s'ajoutent des problèmes d'évolution de nomenclature pour lesquels il n'y a pas toujours de solution... Mais ici encore, la majorité du travail a été accomplie.

Il s'agit donc à présent de concentrer les efforts dans les zones où trop peu de données sont disponibles. Découvrez comment participer utilement au projet dans la rubrique «participez». Il est important de renseigner les espèces communes et de réaliser autant que possible des inventaires complets par maille de 1x1 km2, en prospectant les différents types d'habitats présents et ceci à plusieurs périodes de l'année. Nous invitons aussi les détenteurs de données floristiques inédites plus anciennes à nous les communiquer.

La mobilisation des naturalistes bénévoles est essentielle. Concentrons-nous sur l'objectif: tous ensemble, faire aboutir la publication d'un Atlas de la flore vasculaire de Wallonie!

Source : http://biodiversite.wallonie.be/