Contexte
La directive européenne 92/43/CEE "Habitats-Faune-Flore" impose aux États membres d'évaluer, tous les six ans et sur l'ensemble de leur territoire, l'état de conservation et la tendance des types d'habitats naturels ainsi que des espèces de faune et de flore reconnus comme d'intérêt communautaire et d'assurer leur maintien ou leur rétablissement dans un état de conservation favorable. L'état de conservation et la tendance d'un type d'habitats naturels ou d'une espèce d'intérêt communautaire doivent être évalués pour chaque région biogéographique où il/elle est présent(e). La Wallonie est couverte par les régions biogéographiques continentale (RBC) (70% du territoire) et atlantique (RBA) (30%).
Quels habitats ?
Les types d'habitats naturels d'intérêt communautaire (HIC) sont des types d'habitats en danger de disparition ou dont l'aire de répartition naturelle est réduite ou qui constituent des exemples remarquables de caractéristiques propres à une ou plusieurs régions biogéographiques européennes.
Au total, 41 types d'habitats naturels d'intérêt communautaire sont présents soit dans les deux régions biogéographiques, soit uniquement en RBC.
L'état de conservation des habitats est évalué suivant quatre critères : aire de répartition, surface occupée, structure et fonctions et perspectives futures.
Quelles espèces?
Une espèce d'intérêt communautaire (EIC) est une espèce en danger, vulnérable, rare ou endémique.
72 espèces d'intérêt communautaire ont été rapportées.
L'état de conservation des espèces est évalué suivant quatre critères : aire de répartition, population, habitat de l'espèce et perspectives futures.
Définitions
Aire de répartition (habitats et espèces) : enveloppe extérieure de la distribution géographique de l'espèce/l'habitat naturel
Surface (habitats): surface totale occupée par l'habitat
Structures et fonctions (habitats) : « qualité » de l'habitat, évaluée sur base de ses espèces typiques, de ses composantes physiques et de ses processus écologiques.
Population (espèces) : taille de la population ; peut être exprimée en nombre d'individus, ou en nombre de carrés 1x1 km (maille géographique) où l'espèce est présente
Habitat de l'espèce (espèces) : surface d'habitat disponible pour l'espèce
Perspectives (habitats et espèces) : projection à moyen terme (12 ans) de l'état de conservation, en tenant compte des pressions, menaces et des mesures prises pour les contrer. Ne peut être favorable que si l'on estime que tous les autres paramètres (aire de répartition, surface/population, structures et fonctions/habitat de l'espèce) seront favorables à moyen terme (12 ans).
Etat de conservation (habitats et espèces) : cote finale attribuée sur base des évaluations des 4 paramètres constitutifs : aire de répartition, surface, structures et fonctions, perspectives futures pour les habitats ; aire de répartition, population, habitat de l'espèce, perspectives futures pour les espèces
Résultats et tendances
Note préliminaire : Cette page présente des graphiques et informations synthétisées. Les résultats complets et détaillés sont disponibles en cliquant sur les liens suivants : Rapportage Habitats (PDF-1142 ko) et Rapportage Espèces (PDF-1961 ko)
Habitats: (PDF-1961 ko)
Pour la période 2013 - 2018, sur les 28 types d'habitats que compte la RBA et les 41 types d'habitats présents en RBC, un seul type d'habitat est dans un état de conservation favorable dans chacune des régions biogéographiques ; il s'agit des grottes.
Les 27 autres types d'habitats en RBA sont dans un état défavorable (inadéquat : 2, mauvais : 25).
En RBC, 39 types d'habitats sont dans un état défavorable (inadéquat : 10, mauvais : 29) et un type d'habitats est dans un état inconnu.
Les tendances montrent des situations contrastées :
Parmi les 27 types d'habitats en état défavorable en RBA, la tendance est à l'amélioration pour 1 type d'habitats, stable pour 8 types d'habitats, en détérioration pour 6 types d'habitats et inconnue pour 12 types d'habitats.
En RBC, parmi les 39 types d'habitats en état défavorable, la tendance est à l'amélioration pour 16 types d'habitats, grâce principalement à l'action des projets de restauration (Life), stable pour 10 types d'habitats, en détérioration pour 4 types d'habitats et inconnue pour 9 types d'habitats.
Résultats complets (PDF-1142 ko)
Région biogéographique atlantique | Région biogéographique continentale |
n = nombre de types d'habitats Source : DEE |
Espèces :
Sur les 56 espèces qu'abrite la RBA, 8 sont dans un état favorable contre 14 en RBC.
72% des espèces en RBA ont un état de conservation défavorable contre 73% en RBC.
30% des EIC présentes en RBC ont une tendance à l'amélioration, 14% sont stables et 24% ont une tendance vers la détérioration contre respectivement 16%, 18% et 16% en RBA.
Les tendances inconnues sont de 32% en RBC et 50% en RBA.
Résultats complets (PDF-1961 ko)
Région biogéographique atlantique | Région biogéographique continentale |
*L'état ne peut être favorable que si la tendance est stable. Source : DEE |
Facteurs explicatifs
Les types de menaces les plus fréquemment identifiées pour les habitats ont trait aux activités liées
à l'agriculture (70% des habitats en RBA sont impactés, 38% en RBC),
à l'urbanisation (près de 60% d'habitats impactés en RBA, 45% en RBC)
aux espèces exotiques envahissantes (65 % d'habitats impactés en RBA, 45% en RBC) .
Plus particulièrement,
- Les milieux agricoles, principalement les prairies de fauche, souffrent du surpâturage, de l'usage excessif d'intrants, du drainage (prairies humides), de l'artificialisation et de la conversion en cultures.
En forêt, le manque de bois mort ou la compaction des sols jouent un rôle non négligeable.
Pour les habitats des eaux stagnantes et des milieux tourbeux, les facteurs pénalisants sont les drainages (parfois anciens) et l'eutrophisation – laquelle affecte aussi les eaux courantes qui souffrent par ailleurs de l'artificialisation de leurs berges.
De façon générale, tous les types d'habitats sont menacés par l'extension d'espèces exotiques envahissantes.
Mise en perspective
2 exercices de rapportage ont déjà eu lieu (2001-2006 et 2007-2012).
La comparaison des valeurs des états de conservation sur les 3 cycles de rapportage, bien que tentante, ne permettrait pas d'avoir une idée de l'évolution réelle sur 18 ans des HIC et EIC pour deux raisons majeures :
les changements méthodologiques internes (définition d'habitat) et externes (Commission européenne) qui ont d'une fois à l'autre modifié quelque peu les règles et les méthodes d'évaluation ;
la variation des efforts d'inventaires et d'échantillonnage (de nombreuses nouvelles données sont maintenant disponibles et permettent de connaître avec plus de précision le statut des habitats et des espèces sans qu'il s'agisse d'une amélioration ou détérioration réelles).
Il convient de souligner que le niveau global de connaissances sur les habitats et les espèces s'est amélioré depuis 2007 notamment grâce au développement de méthodes de monitoring élaborées notamment dans le cadre du Life BNIP et dont nous commençons à percevoir les effets.
Par contre, les tendances renseignées sont des indicateurs de la direction réelle que prennent les paramètres de l'état de conservation puisque leur évaluation se fait précisément en ne considérant que les changements véritables.
Il est nécessaire par ailleurs de mentionner les règles d'agrégation édictées par l'Europe pour l'attribution de la cote globale : pour être favorable, une cote doit être composée de 4 cotes favorables pour ses paramètres constitutifs ou à défaut 3 favorables avec une inconnue.
Voir guide méthodologique européen (PDF-3247 ko)