Hépatite E (VHE)

Fréquence

Fréquence dans le monde

  • Le virus de l'hépatite E est une cause d'hépatite virale à travers le monde et une préoccupation majeure de santé publique (maladie courante dans les pays n'ayant qu'un accès limité aux services essentiels d'approvisionnement en eau, d'assainissement, d'hygiène et de santé).
  • Longtemps considérée comme une pathologie endémique en Afrique, en Asie et en Amérique Centrale, de nombreux cas autochtones sont apparus aux Etats-Unis, en Europe et au Japon.
  • Dans les pays occidentaux, les cas sont sporadiques, mais l'émergence virale en fait une préoccupation importante.

Fréquence chez nous

  • Il s'agit d'une zoonose émergente en Belgique transmissible à l'homme par voie alimentaire (aliments ou eau contaminés)

Contamination

Agent responsable

  • Petit virus à ARN dont les génotypes 3 et 4 ont été isolés à la fois chez l'homme et chez l'animal (porc, sanglier, cerf).

Animal réservoir

  • Le porc est le principal réservoir du virus, et plus généralement les suidés (sangliers) et les cervidés (cerfs, chevreuils).
  • Le virus est largement présent dans les élevages porcins (anticorps anti-VHE (séroprévalence) chez 30 à 80% des porcs selon les pays).

Mode de contamination

Chez l'homme :

  • Contamination essentiellement par voie alimentaire:
- Via des aliments contaminés: produits à base de foie de porc cru ou mal cuit, ou encore produits à base de sanglier ou de cerf (viande et abats).
- Via la consommation d'eau non-potable, d'aliments rincés avec de l'eau souillée (pays ayant des problèmes d'approvisionnement en eau potable)
  • Contamination par contact direct ou indirect avec des porcs domestiques ou de sangliers (la séroprévalence est significativement plus marquée chez les personnes travaillant à leur contact: vétérinaires, éleveurs, chasseurs, personnel d'abattoir).

Chez l'animal :

  • Les porcs d'élevage sont infectés majoritairement lors du sevrage, par voie oro-fécale. Le virus se multiplie activement dans le foie et est excrété dans les selles pendant quelques semaines avant d'être éliminé. Certains porcs s'infectent plus tardivement et sont en phase de multiplication virale à leur arrivée à l'abattoir, ce qui constitue un risque alimentaire majeur.
  • La diffusion du virus dans le réservoir sauvage (sangliers et cerfs) est moins connu.

Symptômes

  • L'infection chez le porc est asymptomatique.
  • Chez l'homme, les formes asymptomatiques représentent probablement plus de la moitié des cas. En cas de maladie, les symptômes sont habituellement les mêmes que ceux de l'hépatite A (nausées, vomissements, douleur abdominale, jaunisse). Cependant des formes fulminantes (insuffisance hépatique aigüe) sont plus fréquentes que pour l'hépatite A, et un taux de mortalité très élevé (30 %) chez la femme enceinte est observé, avec risque de transmission verticale dans 1/3 des cas et mortalité infantile ( taux de 10 à 15%). Des formes graves sont également rapportées chez des sujets souffrant d'hépatopathie chronique ou encore chez les immunodéprimés.

Animal-homme

Chez l'animal

Chez l'homme

Cibles

Espèces hôtes :

  • Porcs (très grande diffusion en élevage porcin)
  • Sangliers, cervidés

Activités professionnelles à risque :

  • Chasseurs
  • Personnel des abattoirs
  • Éleveurs
  • Vétérinaires

Fréquence des cas

  • Séroprévalence de 34% chez le sanglier, 1% chez le cerf élaphe et 3% chez le chevreuil (Thiry 2015)

  • Séroprévalence chez les donneurs de sang dans les pays occidentaux: de 2 à 49%
  • Aux USA, prévalence plus élevée observée chez les personnes travaillant au contact des porcs

Signes cliniques

Chez les porcs :

  • Pas de signes cliniques
  • Le virus est excrété et circule largement dans les élevages
  • Le foie est l'organe cible
  • Souvent asymptomatique (plus de la moitié des cas)
  • Après une incubation longue (40 jours en moyenne), des symptômes semblables à ceux de l'hépatite A peuvent apparaître: grande fatigue, signes digestifs, jaunisse et parfois de la fièvre
  • Personnes sensibles (femmes enceintes, personnes immunodéprimées, personne souffrant déjà d'une maladie de foie): des formes graves peuvent être observées (hépatite fulminante pouvant mener au décès - portage chronique)
  • Pas de vaccin en Europe – traitement uniquement symptomatique – la prévention est l'approche la plus efficace

Statut

Transmission et cycle

Chez les porcs :

  • Majoritairement infectés jeunes , vers 10 semaines
  • Transmission par voie oro-fécale – multiplication dans le foie (et présence dans différents muscles) – forte excrétion du virus dans les matières fécales entre 12 et 18 semaines, puis éliminé.
  • Quand infection plus tardive => animaux en phase active de multiplication virale arrivent à l'abattoir => risque majeur d'exposition au VHE par l'alimentation

Chez les sangliers et cerfs:

  • également porteurs du virus, mais diffusion du VHE moins bien connue

  • Ingestion de foies de porcs ou produits à base de foie cru de porc consommés crus ou peu cuits (saucisses de foie fraîches ou sèches, foie sec...)
  • Ingestion de produits à base de sangliers ou de cerfs (viande et abats)
  • Consommation d'eau non potable (dominant dans les pays en voie de développement) ou de produits souillés (contact avec eau souillée)
  • Transmission suite à hygiène des mains insuffisante après manipulation d'animaux vivants ou de carcasses
  • Transmission féco-orale

Mesures de prévention

  • Surveillance active de tous les réservoirs animaux

  • Bien cuire les viandes et abats (cuisson à cœur à 71°C pendant 20 minutes)
  • Personnes sensibles (femmes enceintes, personnes immunodéprimées, personne souffrant déjà d'une maladie de foie): ne pas les consommer (même cuits)
  • Respect des mesures d'hygiène générale (lavage des mains...)
  • Ne pas consommer d'eau non traitée (puits...)

Source : http://biodiversite.wallonie.be/