La rage

Fréquence

Fréquence dans le monde

  • Le virus de la rage est présent sur tous les continents, sauf en Antarctique, et touche plus de 150 pays et territoires dans le monde.
  • La rage est responsable du décès d'environ 55 000 personnes annuellement dans le monde, principalement en Asie et en Afrique où elle est endémique. Elle touche surtout des hommes et des jeunes enfants de moins de 15 ans en zone rurale. Jusqu'à 99% des décès humains dus à la rage sont consécutifs à une transmission du virus par un chien infecté.
  • La rage est encore présente en Europe de l'Est, en Turquie et en Afrique du Nord, notamment chez les chiens, renards, chiens viverrins et chauves-souris; en Amérique du Nord, la majorité des cas humains de rage proviennent de chauves-souris.
  • En Europe Occidentale, les campagnes de vaccination orale pour éliminer le virus de la rage chez les animaux sauvages ont permis d'éliminer la maladie chez les animaux sauvages (virus de la rage classique  - Rabies virus – RABV), mais pas chez les chauves-souris chez qui circulent les lyssavirus EBVL -1 /- 2 (European bat lyssavirus -1 et -2), apparentés au virus de la rage classique.

Fréquence chez nous

  • La Belgique, qui a effectué un programme d'élimination de la rage classique (RABV) via la vaccination orale des renards de 1989 à 2003, est libre de rage classique depuis 2001. Parallèlement une politique sanitaire a été appliquée aux animaux domestiques, avec identification obligatoire et mesures contraignantes de vaccination lors des échanges ou des importations. Seuls deux cas de rage classique, en 2007 et 2008, ont été constatés, et il s'agissait de chiens importés illégalement d'Afrique.
  • En 2016 et 2017, les deux premiers cas autochtones de chauves-souris atteintes par le virus de la rage lyssavirus -1b ont été diagnostiqués en Wallonie, confirmant que le virus de la rage aérienne circule en Belgique.

Contamination

Agent responsable

  • L'agent responsable est un virus à ARN du genre Lyssavirus, de la famille des Rhabdoviridae.
  • Plusieurs espèces de virus (11) sont classées sous ce genre Lyssavirus: le virus de la rage classique (Rabies virus, RABV) et de nombreux génotypes chez les chauves-souris.
  • Le virus est sensible à la lumière du soleil et à la dessication; il ne survit pas longtemps dans l'environnement ou en dehors de son hôte.

Animal réservoir

  • Tous les mammifères peuvent potentiellement être atteints, mais il y a des différences de réceptivité en fonction des espèces. Par contre, les oiseaux, les serpents et les poissons ne peuvent pas attraper la rage.
  • Les principaux réservoirs du virus de la rage classique sont diverses espèces de carnivores terrestres (chiens, chats, ratons laveurs, mouffettes, renards...), chez qui le virus se maintient de façon endémique, ainsi que les chauves-souris. Les cas mortels chez l'homme sont très rarement consécutifs au contact avec un carnivore sauvage.
  • En Europe, les chauves-souris insectivores (principalement Eptesicus et Myotis) sont probablement l'unique réservoir d'autres espèces de Lyssavirus (EBLV - 1 et EBLV – 2) . Contrairement aux mammifères en général (dont l'homme) chez qui ces Lyssavirus sont à l'origine d'une encéphalite aiguë évolutive, les chauves-souris peuvent être porteuses sans développer de signes cliniques. Cependant le taux de transmission du virus de la chauve-souris à d'autres espèces est peu fréquent.

Mode de contamination

  • Après avoir atteint le cerveau, le virus se déplace vers les glandes salivaires et se retrouve au niveau de la salive des animaux infectés. Des études menées chez les chiens, chats et furets ont montré que le virus est présent dans la salive des animaux infectés en général de 3 à 7 jours avant l'apparition des symptômes cliniques, et ce jusqu'à leur mort. Par contre le sang, l'urine et les excréments d'un animal infecté ne sont pas associés à un risque d'infection.
  • Tout contact direct entre de la salive infectée et une peau lésée ou des muqueuses (yeux, nez, bouche), principalement via une morsure, mais aussi par griffures ou léchages, peut entraîner une contamination.
  • L'inhalation d'aérosols contenant du virus est également potentiellement une voie de contamination, mais excessivement rare.  
  • Très rare également suite à une transplantation d'organe infecté (cornée...).

Dans les pays libres de rage classique, comme en Belgique, la contamination peut se faire

  • Soit au contact d'un animal rapatrié d'un pays où la rage est endémique (et pour lequel les obligations vaccinales   n'ont pas été respectées)
  • Soit via une morsure de chauve-souris.

Après contact avec un animal suspect: nettoyage et désinfection immédiats de la plaie – vaccination pratiquée le plus rapidement possible (idéalement dans les 24 heures après le contact) et administration d'immunoglobulines spécifiques –  si possible faire analyser l'animal pour confirmation ou période d'observation de 14 jours de l'animal (car période de contagiosité potentielle de 14 jours avant les premiers symptômes).

Symptômes

Chez l'homme :

  • Après morsure débute une période d'incubation de durée variable, de 1 à 12 semaines (mais peut durer jusqu'à plus d'1 an). La durée d'incubation est fonction de la distance entre l'encéphale et la zone d'entrée du virus (morsure), de l'innervation de cette zone (doigts et orteils fortement innervés) et de la quantité de virus inoculée. Pendant que le virus se déplace dans les nerfs jusqu'au cerveau, la salive n'est pas infectante.
  • Une phase initiale ne comporte pas de symptômes caractéristiques: légère fièvre, fatigue et céphalées pouvant durer quelques jours; des sensations de fourmillement ou de sensibilité exacerbée à l'endroit de la morsure peuvent apparaître.
  • La maladie se poursuit par une phase aiguë et le virus neurotrope provoque une encéphalite aiguë, caractérisée par des modifications de comportement, et une rage furieuse dans la majorité des cas (peur pathologique de l'eau (hydrophobie) ou des courants d'air (aérophobie), hyperactivité, conscience fluctuante, convulsions généralisées). Plus rarement la rage peut être paralytique (mouvements non coordonnés, paralysie progressive).
  • Une à trois semaines après la phase aiguë, la mort survient avec un arrêt cardio-respiratoire ou un œdème cérébral.
  • La maladie est mortelle une fois que les signes cliniques sont déclarés.

Chez les animaux :

  • Une même période d'incubation est également observée, dont la durée est fonction, entre autres, de la localisation de la morsure par rapport à l'encéphale.
  • Les premiers symptômes ne sont pas spécifiques et comportent de la fièvre, des vomissements, de l'anorexie et de l'apathie.
  • Avec l'encéphalite aiguë apparaissent progressivement, en quelques jours, d'autres symptômes: faiblesse, ataxie, paralysie, convulsions, difficultés respiratoires, difficultés à avaler et salivation excessive, modification du comportement (agissements inhabituels d'animaux sauvages), agression, automutilation.

Animal-homme

Chez l'animal

Chez l'homme

Cibles

Espèces hôtes :

Toutes les espèces de mammifères, et y compris les chauves-souris

En Belgique:

  • Indemne de rage vulpine (renards) et canine depuis 2001
  • Toujours danger potentiel en cas d'importation de carnivores non-vaccinés issus de zones atteintes
  • Lyssavirus EBVL -1 /- 2 (différent du virus de la rage classique) isolé chez quelques chauves-souris

En Europe de l'Est: renard, chien viverrin, raton-laveur

En Afrique, en Asie: chien ou chat, mangouste

En Amérique centrale et du Sud: chauve-souris vampire, chien

En Amérique du Nord: raton laveur, mouffette, renard, chauve-souris

En régions polaires: renard arctique

Activités professionnelles à risque :

  • Personnes en contact avec des chauves-souris: spéléologues, archéologues
  • Personnes en contact avec animaux potentiellement enragés (animaux importés illégalement de pays non-indemnes): vétérinaires...
  • Laboratoire d'analyse
  • Déplacement dans pays non-indemnes

Fréquence des cas

  • En Belgique, aucun cas de rage animale indigène depuis 1999 (un bovin de Bastogne atteint de rage d'origine vulpine)
  • Seuls 2 cas autochtones chez des chauves-souris insectivores porteuses de lyssavirus EBVL -1 b
  • Rage classique chez 2 chiens importés de pays à risque, en 2007 du Maroc et 2008 de Gambie

Plus de cas humains autochtones depuis 1966 en Belgique (seulement personnes infectées à l'étranger).

Signes cliniques

  • En fonction du lieu d'entrée du virus (morsure), 1 à plusieurs mois avant l'apparition de symptômes
  • Atteinte du cerveau => troubles nerveux (paralysie...), changement de comportement
  • Animaux domestiques: apathie ou agressivité
  • Animaux sauvages: comportement inhabituel: circulent la journée, ne fuient pas à l'approche...
  • Mort en quelques jours

  • Incubation de durée variable, en fonction du lieu d'entrée du virus (infection des neurones périphériques de la zone d'inoculation, puis remontée jusqu'à la moëlle épinière et dissémination rapide dans le système nerveux central – ensuite dissémination par voie nerveuse dans tout le corps).
  • Après des symptômes peu caractéristiques (fièvre, fatigue céphalées, modification sensorielle au niveau du site de la morsure), atteinte du cerveau, avec parésie ou paralysie, spasmes des muscles de la déglutition, modifications du comportement (hydrophobie, délire, convulsions...)
  • Mort en une dizaine de jours
  • Après l'apparition des symptômes de la maladie, plus de traitement efficace

Statut

  • Maladie à déclaration obligatoire
  • Maladie à déclaration obligatoire

Transmission et cycle

  • Transmission habituelle par morsure
  • Plus rarement via des objets souillés par de la salive infectée

  • Dans la toute grande majorité des cas: par contact avec la salive d'un animal infecté en phase d'excrétion salivaire: morsure, griffure, léchage sur une peau lésée ou une muqueuse
  • Des cas exceptionnels de transmission de la rage entre humains lors de greffe de tissus (cornée) ont été rapportés
  • Possibilité de propagation par voie aérienne dans une caverne avec des chauves-souris

Mesures de prévention

  • Animaux domestiques: vaccination, notamment avant toute importation ou voyage vers un pays non-indemne (obligation légale)
  • Eviter tout contact de son animal domestique avec des renards ou des chauves-souris
  • Ne jamais ramasser de chauve-souris blessée ou morte (ou avec des mesures de protection)
  • Pour les professionnels manipulant des animaux vivants ou morts, porter des équipements de protection (gants résistants et étanches) – règles d'hygiène
  • Nettoyage et désinfection immédiats de la plaie après contact avec un animal suspect – vaccination pratiquée le plus rapidement possible (idéalement dans les 24 heures après le contact) et sérothérapie – faire analyser l'animal pour confirmation
  • Vaccination préventive pour les personnes susceptibles d'être exposées

Cycle (image)

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Source : http://biodiversite.wallonie.be/