Le moustique japonais en Wallonie

Le moustique japonais, Aedes japonicus, est un insecte invasif originaire d'Asie. Celui-ci avait fondé une petite population aux alentours du village de Natoye, laquelle a été éliminée récemment par les actions de lutte coordonnées par le Service Public de Wallonie et grâce à la participation de nombreux citoyens au sein la zone contaminée.

Carte d'identité

moustique2L'installation de populations de moustiques exotiques du genre Aedes est observée de plus en plus fréquemment dans différentes régions du monde. Ces insectes sont généralement véhiculés sous formes d'oeufs pondus dans des pneus usagés qui sont transportés par bateau d'un continent à l'autre afin d'être réparés ou recyclés. Le plus célèbre de ces insectes est le moustique tigre (Ae. albopictus) qui a colonisé une bonne partie du bassin méditerranéen au cours de la dernière décennie.

A ce jour, le moustique japonais est le seul moustique exotique à avoir été détecté sur le territoire wallon. Son extension géographique est aujourd'hui très limitée en Wallonie. Il est par contre assez largement établi en Europe centrale (Allemagne, Autriche, Slovénie et Suisse) où il s'étend rapidement. Il affectionne particulièrement les zones boisés, les espaces verts et les jardins à proximité des habitations.

Ae. japonicus est un moustique brun foncé d'assez grande taille (10-12 mm) présentant des taches blanches caractérisitiques sur les pattes et le long de l'abdomen ainsi que 5 bande longitudinales dorées sur le thorax. Il est environ deux fois plus grand que le moustique qui visite habituellement nos habitations (Culex pipiens). Il peut toutefois être facilement confondu avec d'autres espèces de moustiques indigènes.

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Le moustique japonais, Aedes japonicus. Photos: James Gathany (CDC) et Ary Farajollahi (Bugwood.org).

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Cycle de vie

nouveau rect 2Cycle de développementCycle de développementLe moustique japonais est actif d'avril à novembre. Il se développe en 4 étapes : l'œuf, la larve, la pupe et l'adulte. Tous les stades de développement sont aquatiques à l'exception du stade adulte (ou imago) qui évolue en milieu terrestre. L'adulte vit en moyenne 2 mois.

Le moustique japonais passe l'hiver sous forme d'œufs ou de larves. Ses œufs sont particulièrement résistants : ils peuvent survivre plusieurs mois à l'état dormant en absence d'eau, puis éclore en cas d'immersion. Ce moustique peut ainsi être facilement transporté et introduit dans de nouveaux environnements par l'importation de pneus usagés ou d'autres récipients exposés à la pluie.

Aedes japonicus a une faible capacité de dispersion naturelle. Il ne parcourt le plus souvent que quelques dizaines, voire quelques centaines de mètres autour de son lieu de naissance.

Celui qui vous pique est généralement né tout près de chez vous !

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Les récipients remplis d'eau de pluie constituent des habitats idéaux pour les larves de moustique. Photos: James Gathany (CDC) et Avia-GIS.

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Nuisances

Piqûre Ae albopictus2_flickrIl n'y a actuellement aucun risque spécifique pour la santé. Le moustique japonais recensé à Natoye est sain et n'est porteur d'aucun virus dangereux pour la santé humaine et animale. La situation doit néanmoins être surveillée de près pour stopper toute prolifération de l'insecte. Une seule nuisance demeure, la piqûre de ce moustique exotique est plus douloureuse que celle de ses homologues indigènes.

Le moustique japonais n'est pas considéré comme un important vecteur de maladie, tant dans son aire d'origine que dans son aire d'introduction. Des tests réalisés en laboratoire montrent toutefois qu'il a potentiellement la capacité de transmettre plusieurs virus suite aux piqûres qu'il occasionne. En milieu naturel, un seul virus est actuellement pointé du doigt par les experts, celui de la «fièvre du Nil Occidental» ou «virus West Nile». A ce jour, il n'a jamais été détecté en Belgique chez des moustiques autochtones ou exotiques.

Pour que ce virus surgisse et infecte un être humain, plusieurs conditions devraient être réunies. D'après, les observations effectuées sur les contaminations humaines aux Etats-Unis, un moustique sain pique un oiseau lui-même infecté par le virus. Les conditions climatiques (un été particulièrement chaud) permettent au moustique japonais de multiplier le virus en quantité suffisante dans son corps pour que le virus se propage lorsqu'il se nourrit d'une nouvelle victime, humaine cette fois ou animale.

C'est avant tout parce que sa piqûre est ressentie comme plus douloureuse que celle de nos moustiques autochtones, que le moustique japonais est identifié comme une source de nuisance. Contrairement à nos moustiques locaux qui piquent généralement la nuit et à l'intérieur des habitations, ce moustique japonais pique surtout en journée et dans les jardins ou les zones boisées .

Comment se protéger des piqûres ?

Pour éviter les piqûres de moustiques, porter des vêtements amples, longs et couvrants reste la mesure de prévention la plus efficace. Pour se protéger des moustiques, rien ne sert de compter sur des dispositifs à ultrasons ni sur les climatisations. Ils ne sont pas efficaces. Il ne faut pas non plus compter sur la vitamine B1, l'ail, la citronnelle et autres remèdes de grand-mère dont l'efficacité est faible, voire nulle.

Une autre mesure préventive à conseiller est l'élimination des gîtes larvaires potentiels situés autour des maisons destinée à réduire les effectifs de moustiques et le risque de piqûres (voir l'onglet prévention ci-après).

Que faire en cas de piqûre ?

La piqûre du moustique provoque parfois des réactions cutanées bénignes mais désagréables. Cela peut se manifester par un gonflement de la zone autour de la piqûre, une sensation de douleur et des démangeaisons. Aucun traitement médical n'est nécessaire pour guérir une réaction cutanée localisée.

Pour apaiser ces démangeaisons, on recommande :

  • De pulvériser de l'eau fraîche ou d'appliquer un linge humide ou un glaçon enveloppé dans un linge;
  • D'éviter de se gratter et de bien se laver les mains et les ongles pour prévenir les risques de surinfection.

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Agir près de chez soi

Les moustiques pondent leurs œufs en bordure de petits volumes d'eau stagnante, riches en matière organique et dépourvus de prédateurs naturels (que l'on appelle indifféremment gîtes larvaires ou sites de ponte). Ils affectionnent en particulier l'eau qui s'accumule dans les soucoupes, les pots de fleurs, les gouttières bouchées et les vieux pneus. Grâce à leur développement larvaire rapide (de 10 à 20 jours), ils peuvent coloniser des habitats très éphémères. Une vigilance de tous les instants est nécessaire pour s'en prémunir !

Jardins bien rangés, moustiques oubliés !

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1. Jouets et récipients en tous genres: veiller à ranger à l'abri de la pluie les pots, vases, brouettes, pneus, seaux et autres poubelles.

2. Bassins et piscines d'extérieur: nettoyer* régulièrement les parois et évacuer minutieusement les feuilles mortes, utiliser un désinfectant (chlore, p.ex.) et installer un système de filtration et de recirculation de l'eau.

3. Plantes en pot: mettre du sable dans les soucoupes des bacs à fleur et raisonner l'arrosage afin d'éviter l'eau stagnante.

4. Fontaines, gamelles et abreuvoirs: changer l'eau et nettoyer* les récipients au moins une fois par semaine.

5. Réservoirs d'eau de pluie: les couvrir avec un voile moustiquaire, un tissu ou un couvercle. Les vider et les retourner quand l'eau de pluie n'est pas utilisée.

6. Gouttières, rigoles et toitures plates : veiller à une bonne évacuation de l'eau de pluie.

7. Bâches de protection (bois de chauffage, p.ex.) : les disposer de manière à ce que l'eau de pluie s'écoule facilement et ne puisse former de flaques.

* Le nettoyage vise à éliminer les minuscules oeufs (0,5 mm) de moustiques pondus sur les parois. Il peut être réalisé à l'eau avec une éponge que l'on rincera régulièrement dans un seau. Après utilisation, l'eau de lavage sera préférentiellement éliminée à même le sol, sur du gravier ou une surface enherbée.

Bon à savoir

Les mares naturelles (A) présentent un risque limité de colonisation. En effet, Les larves de moustiques se développent rarement en masse dans les mares à caractère naturel, riches en organismes prédateurs. Le risque de développement est particulièrement réduit quand celles-ci sont creusées dans des lieux bien exposés au soleil et au vent et que les feuilles mortes sont régulièrement éliminées.

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Plan d'action

Historique

Le moustique japonais Aedes japonicus a été découvert pour la première fois en Belgique en 2002 sur le site de stockage d'une entreprise d'importation de pneus usagés à Natoye. Les différentes campagnes de surveillance menées les années suivantes ont confirmé la présence du moustique japonais à Natoye et ont indiqué une dispersion limitée autour du site d'importation.

Une première tentative d'élimination de cette population a été effectuée en 2012. Les sites colonisés détectés à l'époque ont été traités.

Actions 2013-2015

A l'initiative du Ministre wallon de l'Environnement, une ambitieuse campagne de lutte contre le moustique japonais a été menée à Natoye entre 2013 et 2015 afin de réduire les risques environnementaux et sanitaires liés à l'installation de ce nouveau moustique. L'opération a été réalisée par le Service Public de Wallonie, les communes d'Hamois et de Ciney, avec le support technique de la société AviaGIS. C'est la première fois qu'un projet de démoustication de cette envergure a été mené en Belgique.

Durant ces trois années, le but de la campagne a été double :

  • établir la distribution détaillée du moustique japonais autour du village de Natoye, jusqu'à une distance maximale de 4 km autour du foyer initial. Celle-ci a été établie au travers du suivi mensuel de la présence du moustique dans des gîtes larvaires potentiels (toute accumulation d'eau dans des pneus, seaux, cavités, abreuvoirs, etc.) et d'un réseau de pièges sentinelles permettant de détecter ses pontes.

  • éliminer les œufs et les larves du moustique par la destruction systématique de ses gîtes ou leur traitement à l'aide d'un insecticide bactérien hautement spécifique, inoffensif pour l'homme et les animaux à sang chaud (voir fiche). Les citoyens ont pris activement part au projet en détruisant les gîtes larvaires chez eux.

De très bons résultats

Les échantillons récoltés ont montré la présence de 12 espèces différentes de moustiques, toutes indigènes à l'exception du moustique japonais. Cette dernière espèce a été détectée au sein de 10 foyers distincts au cours de toute la campagne de lutte.

D'année en année, le nombre de moustiques japonais détectés ainsi que le nombre de sites contaminés ont rapidement décru, de même que les populations d'autres espèces de moustiques. Plus aucun moustique japonais n'a été trouvé en 2015, ce qui indique que la campagne de lutte a permis son élimination complète au sein de la zone surveillée. Une surveillance minimale sera toutefois poursuivie en 2016 afin de confirmer l'éradication du moustique. Ce projet pilote peut être considéré comme une belle réussite, aussi bien au vu de la participation efficace des différents acteurs de terrain que des résultats obtenus au cours de la campagne de lutte.

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Les actions d'inventaire et de lutte entreprises contre le moustique japonais en 2013 se sont concentrées dans un rayon de 4 kilomètre maximum autour de l'entité de Natoye. Cliquez sur la carte pour l'agrandir. Documents: Avia-GIS. A droite, illustration d'un piège pondoir destiné à échantillonner les oeufs et les larves de moustiques.

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Contacts

Le projet pilote de lutte contre le moustique japonais autour de Natoye est le fruit d'une large collaboration. Il est coordonné par la Cellule interdépartementale sur les Espèces invasives du Service public de Wallonie, avec le soutien du Ministre wallon de l'Environnement et la collaboration active de la commune d'Hamois, de la commune de Ciney, de la Province de Namur, du contrat de rivière Haute-Meuse et de la Cellule permanente Environnement-Santé (SPW).

Sa mise en œuvre technique est confiée à la société AviaGIS, spécialisée dans les techniques d'inventaire et de lutte contre les insectes vecteurs de maladies.

Si vous désirez obtenir davantage d'informations sur cette campagne, vous pouvez contacter les organisations suivantes:

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Source : http://biodiversite.wallonie.be/