Les enjeux biologiques

Riche de ses tourbières, de ses landes, de ses forêts feuillues et de ses prairies humides de fond de vallée, le plateau des Tailles abritent une riche biodiversité. Les activités humaines, qui ont façonné le paysage, créé et entretenu certains milieux semi-naturels ont malheureusement aussi provoqué diverses dégradations préjudiciables à la faune, à la flore et aux habitats naturels.

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Bandeau du projet LIFE Plateau des Tailles

Les richesses naturelles du plateau des Tailles

Avec des altitudes supérieures à 600 mètres, le plateau des Tailles constitue la seconde région la plus élevée de Belgique, après les Hautes Fagnes. Cette situation particulière s'accompagne d'un climat froid et très pluvieux, conditions favorables à l'apparition de milieux naturels d'une grande originalité.

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Tourbière haute active

Tourbière de transition

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Lande tourbeuse

Sur les plus hauts sommets, les tourbières et les landes offrent des paysages comparables à ceux rencontrés dans les pays nordiques. Milieux très acides et continuellement gorgés d'eau, les tourbières constituent de véritables témoignages des glaciations passées. Les tourbières hautes actives , habitats naturels parmi les plus rares et menacés de notre pays, sont encore présentes dans deux sites du plateau des Tailles, la Fange aux Mochettes et la Fagne du Grand Passage. Ces tourbières abritent des espèces d'un grand intérêt patrimonial. Parmi les plantes, les sphaignes , mousses responsables de la formation de la tourbe, sont les plus caractéristiques des milieux tourbeux. D'autres plantes plus rares et menacées sont également rencontrées, comme l'andromède, la canneberge, la droséra à feuilles rondes, l'orchis des sphaignes, la trientale, le lycopode sélagine, le trèfle d'eau, les linaigrettes ou la narthécie . La faune des insectes compte également plusieurs espèces boréo-montagnardes, comme le nacré de la canneberge , rare et magnifique papillon. Plusieurs libellules menacées peuplent les mares des tourbières, comme l' agrion hasté , la leucorrhine douteuse ou la cordulie arctique . Les oiseaux nicheurs les plus caractéristiques sont quant à eux la Pie-grièche grise , le Pipit farlouse , le Pipit des Arbres , le Tarier pâtre , la Locustelle tachetée et le Faucon hobereau .

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Orchis des sphaignes

Dactylorhiza sphagnicola

Nacré de la canneberge

Boloria aquilonaris

Lycopode sélagine

Huperzia selago

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Decticelle des bruyères

Metrioptera brachyptera

Andromède

Andromeda polifolia

Trèfle d'eau

Menyanthes trifoliata

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Agrion hasté

Coenagrion hastulatum

Canneberge

Vaccinium oxycoccos

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Aeschne des joncs

Aeshna juncea

En descendant vers les vallées des bassins de l'Ourthe orientale et de l'Aisne, de vastes massifs forestiers feuillus, composées principalement de hêtres, ont subsisté face aux plantations généralisées d'épicéas. Ces massifs, bien que très modifiés par l'homme, donnent un aperçu de la vaste forêt qui couvrait la majeure partie de l'Ardenne avant l'implantation de l'homme. Ces hêtraies abritent plusieurs oiseaux nicheurs prestigieux, comme la Cigogne noire , le Grand Corbeau , le Pic cendré , le Pic noir et la rarissime Gélinotte des bois . Elles sont parcourues également par de nombreux cervidés et sangliers, ce qui ne va pas sans poser des problèmes importants pour la viabilité de la forêt.

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Hêtraie acidophile

Au fond des vallées coulent des ruisseaux peu pollués et dont les abords sont également d'un grand intérêt biologique. Martin-Moulin, Bellemeuse, Pré Lefèvre, Lue, Fays de la Folie, Aisne, tous prennent leur source dans les tourbières du plateau des Tailles et serpentent le long de ses pentes. Auparavant, ces ruisseaux étaient bordés de forêts marécageuses ou de prairies humides de fauche d'une grande richesse naturelle. Ces milieux subsistent encore aujourd'hui, bien que plus rares et souvent en voie de détérioration. Les prairies alluviales humides se couvrent au printemps de la floraison rose de la renouée bistorte, plante nourricière des chenilles de deux papillons menacés, le cuivré et le nacré de la bistorte. Preuve de leur pureté relative, ces ruisseaux sont peuplés de poissons des eaux froides et claires : truite fario , chabot et petite lamproie . Et depuis sa réintroduction récente dans notre région, ils constituent un bastion important du castor d'Europe, dont les barrages spectaculaires rythment et diversifient le cours.

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Prairie humide à bistorte

Cuivré de la bistorte (Lycaena helle)

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Aulnaie alluviale

Chabot (Cottus rhenanus)

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Cordulégastre annelé (Cordulegaster boltonii)

Cuivré écarlate (Lycaena hippothoe)

Le plateau des Tailles conserve également les traces des activités humaines passées : landes façonnées par le pâturage extensif des troupeaux de moutons et de vaches, aires de faulde des charbonniers, tertres d'orpaillage, fosses de détourbage, prés de fauche abandonnés, cratères et tranchées de la seconde guerre mondiale. Ces marques de l'homme façonnent le paysage et constituent un riche héritage historique et culturel.

Une nature en péril

Les milieux naturels du plateau des Tailles ont malheureusement eu à subir par le passé une importante dégradation consécutive aux activités humaines.

Dans une région peu productive et où la forêt était surexploitée, la tourbe constituait un combustible apprécié. Les tourbières hautes du plateau des Tailles ont ainsi été exploitées, totalement ou partiellement, comme en témoignent les fronts d'exploitation et les fosses de détourbage visibles dans la Fange aux Mochettes ou dans la Fagne du Grand Passage. L'extraction de la tourbe a réduit la surface des tourbières et contribué à leur assèchement, entraînant bien souvent des dégâts importants voire irréversibles. Cette activité a perduré jusqu'à la moitié du XXème siècle.

De 1870 à 1950, de nombreuses tourbières du plateau, comme celles de la Fagne du Pouhon et de la Fagne de la Goutte, ont été drainées puis massivement plantées d'épicéas . Des centaines de kilomètres de fossés ont ainsi été creusés, afin de faciliter l'écoulement de l'eau et de permettre la croissance des épicéas. L'impact négatif de ces plantations, qui ont concerné plusieurs centaines d'hectares de tourbières, fut très important.

Dans la seconde moitié du XXème siècle, certaines pratiques agricoles ancestrales, comme le pâturage extensif et la fauche des fonds de vallées, ont été abandonnées car elles ne répondaient plus aux critères de l' agriculture moderne et mécanisée . Les terrains qui accueillaient ces activités, landes et prairies alluviales, ont soit été délaissés, soit plantés d'épicéas. Ces changements d'affectation ont entraîné la disparition ou la dégradation lente de milieux naturels très originaux et diversifiés.

Plus récemment, les hêtres du plateau des Tailles ont subi un coup de froid automnal qui a entraîné le dépérissement d'un grand nombre d'arbres âgés, qui ont ensuite été abattus. Cela ne serait pas très grave si la hêtraie avait conservé toutes ses capacités à se régénérer naturellement, les jeunes arbres issus des semis prenant la relève des anciens. Malheureusement, les cervidés et les sangliers, beaucoup trop nombreux dans les forêts du plateau des Tailles, consomment systématiquement tous les jeunes arbres et entravent la régénération naturelle de la forêt, déjà faible suite à l'enherbement des sous-bois lié au tassement du sol par les machines d'exploitation. Cette surabondance du grand gibier est consécutive à une trop faible régulation par les chasseurs, qui le font artificiellement prospérer en le nourrissant abondamment en hiver. Ainsi, les forêts du plateau abritent des densités de cerfs et de biches quatre fois plus importantes que ce que la forêt est naturellement capable de supporter.

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L'exploitation de la tourbe provoque l'assèchement

des tourbières hautes

Plantations d'épicéas dépérissante

sur sols tourbeux

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Les semis d'épicéas recolonisent activement

les habitats tourbeux ouverts

Les hêtraies du plateau des tailles font triste figure

Auteur :
Mis en ligne le - Mis à jour le 31/01/2012

Source : http://biodiversite.wallonie.be/