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Rapport cerf 2015-2016 - Fiche 7 - Suivi génétique

L'origine « wallonne » de 178 cerfs tirés lors de la saison de chasse 2015-2016 a été vérifiée en comparant leur génome à un référentiel de génomes européens. 30 de ces cerfs se sont révélés être d'origine « non wallonne ». Avec une probabilité de moins de 10 % d'appartenir au groupe des cerfs wallons, 4 d'entre eux sont plus que probablement issus de parcs d'élevage, 14 sont visiblement des descendants de 1ère génération entre cerfs wallons et cerfs d'élevage (probabilité entre 10 et 60 % d'appartenir au groupe des cerfs wallons) et 12 sont des descendants de 2ème génération voire plus (entre 60 et 85 % d'appartenir au groupe des cerfs wallons). Les 148 autres cerfs peuvent être considérés comme des cerfs indigènes (probabilité de plus de 85% d'appartenir au groupe wallon).

Auteurs : Marie-Christine Flamand, Sabine Bertouille

Suivi génétique

Echantillonnage

Les échantillons sont constitués quasi exclusivement de bouts d'oreille prélevés à la faveur de la saison de chasse. Le taux d'échantillonnage sur l'ensemble de la Wallonie est de 3,6% des cerfs prélevés par la chasse ou retrouvés morts. Ils sont sélectionnés selon deux approches:

  • Une approche systématique, basée sur la sélection de un à deux échantillons par territoire de chasse, en fonction des échantillons disponibles et de manière à couvrir le mieux possible l'ensemble des zones à cerfs de la Wallonie (screening). 160 échantillons ont été sélectionnés de cette manière.

  • L'autre approche est constituée de demandes spécifiques liées à des cas jugés a priori suspects. En 2015-2016, 17 échantillons ont fait l'objet d'une demande d'analyse spécifique.

Analyse génétique

Les ADN obtenus sont comparés à un référentiel  européen et assignés à la population wallonne selon une méthode probabilistique. Le référentiel est constitué de 638 génotypes de cerfs provenant de 27 localisations réparties sur l'ensemble de l'Europe.

  • Les individus assignés à la population wallonne avec une probabilité de 85 à 100 % sont considérés comme wallons.

  • Les individus assignés à la population wallonne avec une probabilité de moins de 60% sont considérés comme « non wallons » ou exogènes.

  • Les cerfs exogènes proviendraient directement d'élevage si leur probabilité d'appartenir à la population wallonne est inférieure à 10% ou seraient des descendants de 1ère génération entre un cerf d'élevage et un cerf wallon.

  • Les individus assignés à la population wallonne avec une probabilité comprise entre 60 et 85 % sont considérés comme suspects. Il s'agit probablement des descendants de 2ième générations voire plus entre des cerfs wallons et des cerfs exogènes.

Résultats

Le Tableau 1 (voir « données sources ») présente pour chaque conseil cynégétique, le nombre de cerfs tirés et parmi ceux-ci, le nombre de cerfs analysés dans le cadre du screening et le nombre de cerfs analysés suite à une demande particulière. Pour chacune de ces catégories de prélèvement, le nombre de cerfs l'origine exogène, suspecte ou wallonne, est indiqué.

  • Quelques conseils n'ont pas été analysés faute de prélèvements. Parmi ceux-ci, le conseil cynégétique de la Croix-Scaille.

  • Un boisé d'origine « élevage » a été détecté sur le conseil cynégétique des Forêts d'Anlier, Rulles et Mellier. Suite à des demandes particulières, 2 biche et bichette ont été détectés comme issus d'un élevage sur le cc Hermeton et 1 biche sur le cc de Saint-Hubert.

  • Des descendants de 1ère génération entre un cerf wallon et un cerf exogène ont été mis en évidence sur les conseils cynégétiques des deux Ourthes (2 individus), du Val de Hoëgne (1), de Saint-Hubert (8) et Hermeton (2).

  • Des descendants de 2ième génération ou plus ont été trouvés sur le conseil faunistique et cynégétique de Famenne-Condroz (5), les conseils cynégétiques des Forêts d'Anlier, Rulles et Mellier (1), de l'Our (1), de Saint-Hubert (4) de Spa-Stavelot-Stoumont (1).

  • Deux des cerfs descendant 2ième générations ou plus et trouvés, pour l'un, sur le conseil faunistique et cynégétique de Famenne-Condroz et pour l'autre, sur le conseil cynégétique des Forêts d'Anlier, Rulles et Mellier, sont assignés en partie, respectivement à une population française de Meurthe et Moselle ou de Saint Gobain. Dans ces deux cas, il pourrait s'agir d'hybridation avec des cerfs s'étant déplacés naturellement depuis la France.

  • 66% (4/6) des cerfs analysés sur un même territoire de chasse du conseil faunistique et cynégétique de Famenne-Condroz se sont révélés être des cerfs de 2ième génération. Ce qui pose question. Des analyses complémentaires vont permettre de déceler si le génome exogène est d'origine maternelle ou paternelle.

  • La localisation géographique des cerfs dont l'origine a été contrôlée est présentée à la Figure 1. Sur cette figure les cerfs analysés ont été classés en 3 catégories : les cerfs d'origine exogène, les cerfs d'origine suspecte et les cerfs d'origine wallonne.

  • Le Tableau 2 (voir « onglet sources ») compare les pourcentages de cerfs wallons, exogènes et suspects par année depuis 2013.

  • On constate un pourcentage de descendants de 1ère génération entre un cerf d'élevage et un cerf wallon plus important dans notre échantillonnage 2015-2016 par rapport aux deux années précédentes.

Conclusions

Les résultats de ces analyses sont interpellants (10% de la population échantillonnée est d'origine exogène) mais doivent être interprétés avec prudence. En effet certains cerfs sont échappés accidentellement de parc d'élevage et le fait est bien connu des gestionnaires mais présentent néanmoins un risque d'hybridation avec la population wallonne.

Dans d'autres cas, il s'agit de fraudes. Deux type de fraude sont à distinguer :

  • le lâcher d'animaux exogènes au sein d'une population wallonne ;

  • le dépôt au tableau de tir d'une dépouille achetée dans un élevage pour atteindre artificiellement le plan de tir, le plus souvent en fin de saison de chasse.

Le premier type engendre un risque immédiat d'interférer avec le patrimoine génétique des cerfs en place, le deuxième perturbe les calculs d'abondance des populations.

Cerf screening ADN 2016Cerf screening ADN 2016(Cliquer pour agrandir)

Figure 1. Localisation géographique (centroïde du triage DNF) par conseil cynégétique des cerfs (n = 178) dont l'origine a été contrôlée durant l'année cynégétique 2015-2016 (Traitement cartographique SPW/DEMNA).

Données sources

Tableau 1. Résultats des analyses ADN effectuées dans le cadre du screening annuel ou de demandes particulières :

PDF Cliquer ici (PDF-75 ko)

Tableau 2. Résultats des analyses ADN (screening annuel et demandes particulières ciblées)

tableau2_genetique

NB : Le chiffre entre parenthèse correspond au nombre d'individus.