Liste rouge des papillons de jour

Concept

4 listes wallonnes

En Wallonie, 4 listes ont déjà été publiées pour les papillons de jour :

  • 2008 : La dernière liste rouge analyse les données de la période 1985 - 2007. Elle tient également compte, pour la première fois, des données anciennes publiées dans des atlas historiques. Elle a été publiée dans l'atlas des "Papillons de jour de Wallonie" (2008) et le Tableau de Bord de l'Environnement Wallon 2010. (PDF-139 ko)

  • 2005 : La version présentée dans le Tableau de Bord de l'Environnement Wallon 2005 (JPG-635 ko), prend en compte la période 1990 - 2004 .

  • 2000 : Cette version est présentée dans l'"atlas préliminaire des papillons de jour de Wallonie & Liste Rouge révisée".

  • 1992 : Première version.

Précautions : les espèces plus communes

Elles peuvent être non menacées, mais rares ou en déclin au niveau d'une région biogéographique ou plus localement encore. Leurs populations les plus fragilisées (isolées, fragmentées ou en bordure d'aire de répartition) doivent faire l'objet d'une attention toute particulière.

Les espèces rares mais évaluées comme stables ou en extension, nécessitent parfois moins d'actions de préservation que des espèces plus communes mais en déclin continu.

Une liste d'espèces à « haute priorité de conservation » (ou prioritaires) a été dressée. Elle nécessitent l'élaboration de plans d'action ayant une réelle chance d'améliorer rapidement leur situation.

L'existence de ces deux listes (rouge et espèces prioritaires) est indispensable pour allier à la fois l'analyse de tendances et la mise en œuvre d'actions concrètes en Région wallonne.

Méthodologie

La liste rouge des papillons de jour de Wallonie est élaborée en respectant des critères de rareté et de tendance (IUCN). Les résultats amènent à associer une catégorie de menace à chaque espèce de papillon de jour.

Catégories et critères

1/ Les différentes catégories de menace proposées par l'IUCN sont

  • LC = Least Concern, c-à-d « non menacé » ou « préoccupation mineure ». Cette catégorie regroupe les taxons les plus répandus et abondants.

  • NT = Near Threatened, c-à-d « à la limite d'être menacé ». Cette catégorie s'applique aux taxons susceptibles de basculer à l'avenir dans l'une des catégories de menace.

  • Vu = Vulnerable, c-à-d « vulnérable ». Les espèces vulnérables ont un risque élevé d'extinction. La probabilité d'extinction s'élève à au moins 10% en 100 ans.

  • EN = Endangered, c-à-d « en danger ». Les espèces en danger ont un risque très élevé d'extinction. Pour les espèces à génération annuelle comme les papillons de jour, cette probabilité d'extinction s'élève à au moins 20% en 20 ans.

  • CR = Critically endangered, c-à-d « en danger critique d'extinction ». Les espèces en danger ont un risque extrêmement élevé d'extinction. Pour les espèces à génération annuelle comme les papillons de jour, cette probabilité d'extinction s'élève à au moins 50% en 10 ans.

  • RE = Regionally extinct, c-à-d « éteint régionalement ». Une espèce est éteinte lorsque plus aucun individu n'est trouvé depuis environ 10 ans (pour les papillons), malgré des recherches en période favorable et dans l'ensemble de son ancienne aire de répartition.

  • D'autres critères existent également pour les espèces moins bien connues ( DD = Data Deficient, c-à-d « données manquantes ») ou sur lesquelles les critères ne peuvent être appliqués ( NE = Non Evaluated, c-à-d « non évalué »). C'est notamment le cas des espèces erratiques/migratrices.

cardamines_vio.JPG

argaglaja_Philippe_toussaint.JPG

Aurore (en haut) "non menacée". Grand Nacré (en bas) "en danger"

Photos Violaine Fichefet

2/ Afin d'attribuer une de ces catégories à chaque espèce, 5 critères globaux peuvent être pris en compte :

  • A. La dynamique du nombre de populations
  • B. La dynamique de l'aire et la répartition
  • C. La dynamique de la densité des populations
  • D. La dynamique des petites populations
  • E. L'analyse quantitative

Cette analyse régionale repose majoritairement sur les critères A et B (eux-mêmes subdivisés en sous-critères), car ce sont les seuls à pouvoir être directement dérivés des bases de données et à être pertinents pour les invertébrés. Les critères C et D dépendent de l'avis des experts, et ne concernent que les populations très limitées.

Plus concrètement, les principales catégories utilisées sont :

  • A. La variation du nombre de populations dans le temps
  • B.1. La taille de l' aire de répartition totale de l'espèce et sa variation dans le temps
  • B.2. La surface réellement occupée par l'espèce et sa variation dans le temps

Le critère A mesure le déclin du nombre de populations sur une période limitée (7 ans). Il a été calculé en analysant la variation du nombre de carrés UTM1x1 entre la période 1 (1985-2000) et la période 2 (2001-2007) [1] .

Le critère B mesure quant à lui la surface de l'aire de répartition, la surface réellement occupée par l'espèce ainsi que leur évolution respective .

Le critère B1 a été basé en partie sur une période plus longue pour prendre en compte l'évolution globale des espèces (1950-2007). En effet, ces données historiques permettent de prendre en considération les espèces qui sont éteintes ainsi que les espèces ayant connu un déclin très important dans le passé.

lycvirgaureae_aire.jpg Exemple de réduction drastique de l'aire de répartition d'une espèce ( Lycaena virgaureae ) en 100 ans (points rouges : présence avant 1950, carrés rouges : présence entre 1950 et 2000, carrés verts : présence après 2000)

Résultats

La dernière liste rouge des papillons de jour de Wallonie indique, pour chaque espèce, le statut de menace d'extinction à moyen ou long terme. Les résultats de la dernière analyse sont présentés dans les tableaux 1 et 2.

L'application des critères IUCN a abouti au classement de chaque espèce dans une catégorie de menace. Si l'on écarte les 14 espèces non évaluées et insuffisamment connues, la moitié des espèces (52 espèces sur 101, soit 51%) apparaissent menacées ou éteintes.

Tableau 1 : Résultat de l'évaluation du statut des papillons de jour en Wallonie

Non menacées

(42 espèces)

Aglais urticae

Anthocharis cardamines

Apatura ilia

Apatura iris

Aphantopus hyperantus

Aporia crataegi

Araschnia levana

Argynnis paphia

Brenthis ino

Carcharodus alceae

Carterocephalus palaemon

Celastrina argiolus

Coenonympha pamphilus

Gonepteryx rhamni

Inachis io

Issoria lathonia

Lasiommata megera

Leptidea sinapis

Limenitis camilla

Lycaena dispar

Lycaena phlaeas

Lycaena tityrus

Maniola jurtina

Melanargia galathea

Melitaea cinxia

Melitaea diamina

Nymphalis polychloros

Ochlodes sylvanus

Papilio machaon

Pararge aegeria

Pieris brassicae

Pieris napi

Pieris rapae

Plebeius agestis

Polygonia c-album

Polyommatus icarus

Pyronia tithonus

Satyrium pruni

Satyrium w-album

Spialia sertorius

Thecla betulae

Thymelicus sylvestris

A la limite d'être menacées

(7 espèces)

Callophrys rubi

Boloria selene

Cupido minimus

Erynnis tages

Neozephyrus quercus

 

 Polyommatus semiargus

Thymelicus lineolus

Vulnérables

(17 espèces)

Argynnis adippe

Boloria aquilonaris

Boloria euphrosyne

Coenonympha arcania

Colias alfacariensis

Erebia medusa

Glaucopsyche alexis

Hamearis lucina

Iphiclides podalirius

Lasiommata maera

Lycaena helle

Lycaena hippothoe

Polyommatus coridon

Melitaea athalia

Plebeius argus

Boloria eunomia

Pyrgus malvae

En danger

(4 espèces)

Argynnis aglaja

Boloria dia

Nymphalis antiopa

Thymelicus acteon

 

En danger critique

(13 espèces)

Coenonympha tullia

Euphydryas aurinia

Erebia aethiops

Erebia ligea

Hesperia comma

Hipparchia semele

Limenitis populi

Lycaena virgaureae

Polyommatus bellargus

Glaucopsyche arion

Melitaea aurelia

Pyrgus serratulae

Satyrium ilicis

Régionalement éteintes

(18 espèces)

Argynnis niobe

Chazara briseis

Coenonympha glycerion

Coenonympha hero

Colias palaeno

Cupido argiades

Euphydryas maturna

Glaucopsyche rebeli

Lopinga achine

Melitaea phoebe

Plebeius argyrognomon

Plebeius idas

Polyommatus dorylas

Polyommatus thersites

Pseudophilotes baton

Pyrgus armoricanus

Pyrgus carthami

Satyrium acaciae

Non évaluées

(12 espèces)

Arethusana arethusa

Brenthis daphne

Colias hyale

Colias crocea

Euchloe crameri

Hipparchia fagi

Lampides boeticus

Melitaea didyma

Pontia daplidice

Pyrgus alveus

Vanessa atalanta

Vanessa cardui

Données manquantes

(2 espèces)

Leptidea reali Satyrium spini 

Tableau 2 : Bilan global de l'évaluation du statut des papillons de jour en Wallonie

Statut Nb d'espèces
Régionalement éteint (RE) 18
En danger critique (CR) 13
En danger (EN) 4
Vulnérable (VU) 17
À la limite d'être menacé (NT) 7
Non menacé (LC)42
Total101
Non évalué (NE)12
Données insuffisantes (DD)2
Total toutes catégories115

ventilation des espèces par catégorie de menace

Interprétation

D'après la dernière liste rouge des papillons de jour de Wallonie, les pelouses sèches et les forêts sont les milieux les plus riches en papillons de jour. Cependant, ils comptent une grande proportion d'espèces menacées. Par ailleurs, une certaine banalisation de notre faune peut être mise en évidence.

Analyse des résultats par habitats

En éliminant les espèces appartenant aux catégories « Données insuffisantes » et « Non évalué », on obtient (voir figure 1)

  • 78 % des espèces typiques de pelouses calcaires menacées

  • environ 50% des espèces forestières

  • environ 50% des espèces des prairies humides

  • Les résultats sont moins parlants pour les autres milieux, auxquels peu d'espèces sont inféodées.

proportion d'espèces menacées de papillons de jour par type de milieu

Figure 1 : Nombre d'espèces, triées par catégorie de menace, dans chaque grand type d'habitat. Seules les espèces attachées de manière exclusive ou très largement préférentielle à un habitat sont retenues, et une espèce peut apparaître dans plusieurs d'entre eux.

Analyse des résultats par groupes d'espèces

Les espèces en extension

La plupart sont des espèces très communes, ubiquistes ou flexibles

Il s'agit de Aglais urticae, Carcharodus alceae, Celastrina argiolus, Inachis io, Lycaena phlaeas, Nymphalis polychloros, Papilio machaon, Pararge aegeria, Pieris brassicae, Pieris rapae, Polygonia c-album, Polyommatus icarus, Pyronia tithonus, Vanessa atalanta et Vanessa cardui.

Parmi les espèces en extension, trois espèces rares sont également à épingler : Glaucopsyche alexis (extension très légère), Lycaena dispar et Melitaea cinxia. Les actions du DNF (réserves naturelles, restauration de milieux maigres...) semble être payantes. La hausse générale des températures pourrait également avoir favorisé ces espèces thermophiles.

machaon.jpg

icarus_vio.JPG

cinxia_delacre.jpg

Les espèces en régression

Ce sont le plus souvent d' espèces rares à très rares, aux exigences écologiques strictes, typiques des forêts ouvertes et des lisières étagées, des prairies maigres et des pelouses sèches

Il s'agit de Argynnis adippe, Boloria dia, Boloria aquilonaris, Boloria euphrosyne, Colias alfacariensis, Erebia aethiopa, Erebia ligea, Euphydryas aurinia, Hesperia comma, Hipparchia semele, Lasiommata maera, Limenitis populi, Lycaena virgaureae, Melitaea aurelia, Nymphalis antiopa, Plebeius argus, Polyommatus coridon, Pyrgus serratulae, Satyrium ilicis et Thymelicus acteon.

Apparaissent également en régression des espèces assez rares , dont un déclin est plus difficilement détectables sur le terrain.

Ce sont pour la plupart des espèces de milieux semi-naturels maigres comme Argynnis aglaja, Callophrys rubi, Boloria eunomia, Boloria selene, Coenonympha arcania, Cupido minimus, Erebia medusa, Erynnis tages, Hamearis lucina, Lycaena helle, Lycaena hippothoe, Melanargia galathea, Melitaea athalia, Pyrgus malvae ou même les espèces plus communes Melanargia galathea, Thymelicus lineolus et Thymelicus sylvestris.

medusa_baugnee.JPG

Lycaena virgaureae mâle

smits_lucina.JPG

L'extension des espèces ubiquistes à forte flexibilité écologique et la régression des espèces plus exigeantes témoignent d'une banalisation évidente de la faune des Rhopalocères en Région wallonne.

Auteur :

Source : http://biodiversite.wallonie.be/