• K1 - Calestienne occidentale

A compléter

La Montagne-aux-Buis (ou Tienne aux Pauquis) est un site classé depuis le 20/10/1947.

Commune de Viroinval.

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Léon Woué, Centre Marie-Victorin, 21 rue des Écoles, 5670 Vierves-sur-Viroin (tél. 060/39.98.28).

Protection d'un ensemble exceptionnel de végétations calcicoles comprenant des pelouses xériques et mésophiles, buxaies et rochers exposés d'un très grand intérêt scientifique.

Recolonisation forestière des pelouses, en particulier par le buis qui présente ici une vitalité extraordinaire !

Poursuite de la gestion des pelouses calcaires tel que le prévoit le plan de gestion ainsi que l'entretien des layons de chasse et les coupes forestières en rotation.

Les nombreux inventaires floristiques et faunistiques effectués par les collaborateurs du Centre Marie-Victorin pendant la période 1980-1987 ont servi de base solide à l'élaboration d'un plan de gestion en 1988. Des inventaires complémentaires sont en cours actuellement afin de perfectionner le plan de gestion. La première phase des travaux de restauration a été effectuée de 1988 à 1990. Grâce à l'aide de plusieurs groupes de naturalistes, près de 1,5 ha de buxaie dense, recouvrant le versant sud de la Montagne-aux-Buis, ont été complètement dégagés. C'est la première fois que l'on gère ce type de milieu en Belgique, et cela avec des résultats spectaculaires (cf. HOFMANS et DELESCAILLE, sous presse). En outre, 1,5ha de pelouse de plateau ont pu être restaurés durant la même période. Actuellement, cette zone est périodiquement pâturée par des moutons.
Les résultats de cette gestion feront l'objet d'une publication très prochainement. La gestion de la Montagne-aux-Buis sera poursuivie les années à venir afin d'obtenir des surfaces suffisantes pour assurer le maintien de populations animales et végétales caractéristiques des différents milieux représentés à la Montagne-aux-Buis.
Voir SPINEUX et WOUE (2004) pour un historique des gestions menées sur le site depuis 1988.

Accès libre sur les sentiers.

La Montagne-aux-Buis (ou Tienne aux Pauquis) est une imposante colline calcaire datant du Frasnien présentant un versant sud rocailleux et abrupt, entaillés de plusieurs ravins. Elle domine la vallée de l'Eau Blanche, à la confluence avec l'Eau Noire qui donne naissance au Viroin. Le vaste plateau est prolongé vers le nord par le Franc Bois qui correspond au rebord septentrional de la Calestienne (zone de contact avec la dépression schisteuse de la Fagne).

La Montagne-aux-Buis est une imposante colline calcaire abritant de nombreux milieux semi-naturels; les zones thermophiles et xérophiles y sont particulièrement étendues avec une flore d'une richesse exceptionnelle. On y rencontre:

- des pelouses méso-hygrophiles sur schistes à nodules calcaires, à exposition nord, caractérisées par la présence des espèces suivantes : Carex tomentosa, Carex panicea, Carex flacca, Gymnadenia odoratissima, Succisa pratensis, Dactylorhiza fuschsii, Colchicum autumnale... Elles sont accompagnées d'espèces typiques du Mesobromion comme Cirsium acaule, Ophrys fuciflora, Thymus pulegioides, Genista tinctoria, Briza media, Gentianella germanica. Dans la strate arbustive, signalons plus particulièrement Juniperus communis, Rhamnus cathartica, Prunus spinosa, Buxus sempervirens;

- des pelouses mésophiles sur le sommet du plateau où croissent des espèces plus thermophiles en relation avec l'exposition plus favorable : Thymus praecox, Thymus pulegioides, Prunella laciniata, Cuscuta epithymum, Genistella sagittalis, Teucrium chamaedrys, Fragaria viridis, Crsium acaule, Briza media, Koeleria macrantha, Anthyllis vulneraria, Helianthemum nummularium et même quelques espèces des pelouses plus xériques telles que Veronica prostrata subsp. scheereri, Globularia bisnagarica, ...

- des pelouses du Mesobromion variante xérique; ces pelouses se situent sur le plateau en légère pente sud. La présence de plantes xérothermophiles y est plus importante : Pulsatilla vulgaris, Geranium sanguineum, Veronica prostrata subsp. scheereri, Vincetoxicum hirundinaria, Asperula cynanchica, Orobanche teucrii, Carex humilis... On y trouve aussi les plantes typiques du Mesobromion telles que Teucrium chamaedrys, Prunella laciniata, Polygala comosa, Polygala vulgaris, Thymus praecox, Thymus pulegioides,...

- des pelouses xérophiles sur la crête du versant rocheux; les plantes xérothermophiles sont à cette exposition plein sud, dans leur station optimale : Geranium sanguineum, Veronica prostrata ssp. scheereri, Globularia bisnagarica, Minuartia hybrida, Polygonatum odoratum, Hippocrepis comosa, Carex humilis, Asperula cynanchica, Poa compressa, Teucrium chamaedrys, Acinos arvensis, Arabis hirsuta, Allium sphaerocephalon, Rosa spinosissima,... D'autres espèces intéressantes y sont représentées en plus petit nombre : Pulsatilla vulgaris, Catapodium rigidum, Verbascum lychnitis, Teucrium botrys, Lepidium campestre, Inula conyzae, Vincetoxicum hirundinaria, Melica ciliata, Silene nutans, Orobanche teucrii, Buphthalmum salicifolium,...

- une recolonisation forestière, très active en cet endroit, s'effectuant d'abord par des arbustes thermophiles tels que Cotoneaster integerrimus, Rhamnus cathartica, Juniperus communis, Sorbus torminalis, Buxus sempervirens puis par des arbres : Quercus robur, Carpinus betulus et plus ponctuellement Quercus pubescens et son hybride Quercus x calvescens;

- une buxaie buissonneuse dense (Helleboro-Buxetum) couvrant le flanc sud. Cette couverture sempervirente est responsable de la disparition d'espèces autrefois citées par F. CREPIN : Anthericum liliago, Aster linosyris, Botrychium lunaria, Linum tenuifolium, Seseli libanotis, Stachys recta, Lactuca perennis, Dianthus carthusianorum,... Cependant, quelques espèces rares subsistent dans les trouées de la buxaie. Les zones boisées sont également bien représentés sur ce versant;

- une érablière de ravin à Asplenium scolopendrium, Polystichum aculeatum, Cardamine impatiens, Buxus sempervirens,...

- une chênaie-charmaie à buis occupant une grande partie du plateau, où les coupes forestières y voient apparaître une flore particulièrement intéressante : Hypericum montanum, Stachys alpina, Atropa bella-donna, Origanum vulgare, Arabis brassica, Aquilegia vulgaris,... Dans les layons de chasse bien entretenus prospèrent Aquilegia vulgaris, Hordelymus europaeus, Lepidium campestre, Hippocrepis comosa, Veronica prostrata ssp. scheereri, Geranium sanguineum, Vincetoxicum hirundinaria, Carex humilis et quelques pieds de Pulsatilla vulgaris,...

- une chênaie-charmaie de versant, à sous-bois de buis, renfemant Carex digitata, Carex muricata subsp. lamprocarpa (coupes), Cephalanthera damasonium, Helleborus foetidus, Campanula trachelium, Mercurialis perennis, Melica nutans, Digitalis lutea,...

Jadis, le plateau de la Montagne-aux-Buis accueillait des cultures extensives favorable à diverses espèces messicoles remarquables : Camelina microcarpa, Adonis aestivalis, Iberis amara, Kickxia spuria, Centaurea solstitialis, Fumaria vaillantii, Buplerum rotundifolium et Ajuga chamaepytis. A l'heure actuelle, ce type de milieu a complétement disparu ainsi que toutes les espèces accompagnatrices !

La faune de la Montagne-aux-Buis est, comme pour la flore, d'une exceptionnelle richesse et comprend d'innombrables espèces rares.

Les Orthoptères y trouvent des conditions très favorables si bien que le site est sans doute le plus riche de Belgique, avec au moins 27 espèces recensées à ce jour (voir notamment HOFMANS et al., 1989; DEVRIESE, 2009): Chorthippus biguttulus, Chorthippus brunneus, Chorthippus parallelus, Chorthippus vagans, Chrysochraon dispar, Conocephalus fuscus, Gomphocerippus rufus, Leptophyes punctatissima, Meconema thalassinum, Metrioptera bicolor, Metrioptera brachyptera, Metrioptera roeselii, Myrmeleotettix maculatus, Nemobius sylvestris, Oecanthus pellucens, Oedipoda caerulescens, Oedipoda germanica (une donnée invérifiable en 1987), Omocestus rufipes, Omocestus viridulus, Phaneroptera falcata, Pholidoptera griseoaptera, Stenobothrus lineatus, Tetrix bipunctata, Tetrix tenuicornis, Tetrix undulata, Tettigonia viridissima.

La diversité lépidoptérologique est absolument remarquable avec de nombreuses espèces intéressantes, aussi bien parmi les rhopalocères que hétérocères. Au moins 87 espèces de rhopalocères ont été signalés à ce jour (= 73% de la faune belge), dont Carcharodus alceae, Spialia sertorius, Pyrgus serratulae, Iphiclides podalirius, Colias alfacariensis, Apatura iris, Limenitis populi, Nymphalis polychloros, Argynnis niobe, Lasiommata maera, Cupido minimus, Lysandra coridon, Boloria dia,...

La faune myrmécologique comprend plusieurs espèces rares comme Temnothorax parvulus et Plagiolepis vindobonensis (BAUGNEE, 2002, 2004). Une étude récente par piégeage sur une pelouse xérophile et une pelouse mésophile a donné 16 espèces (DEKONINCK et al., 2007).

La Montagne-aux-Buis accueille une grande diversité d'hémiptères, avec notamment les punaises Phymata crassipes, Tropidothorax leucopterus, Lygaeus equestris, Horvathiolus superbus, Rhyparochromus phoeniceus, Ischnocoris hemipterus, Aellopus atratus, Trapezonotus anorus, Heterogaster artemisiae, Stagonomus bipunctatus, Eurygaster maura, ...

Outre les espèces qui se reproduisent sur place, certaines visitent également l'endroit plus occasionnellement, en provenance d'autres sites. On peut notamment mentionner les libellules qui, après l'émergence du milieu aquatique, recherchent les endroits chauds et ensoleillés pour leur période de maturation sexuelle. Parmi les espèces visibles figurent Calopteryx splendens, Platycnemis pennipes et Gomphus vulgatissimus.

Pour l'anecdote, en juin 1996, un mâle de fauvette mélanocephale (Sylvia melanocephala), espèce strictement méditerranéenne, s'est cantonné un court moment dans une buxaie buissonneuse assez semblable à ses sites de nidification traditionnels (HOFMANS, 1997)!

Rochers. Tuf calcaire.

A compléter

D'après la carte de Ferraris dressée au 18ème siècle, la partie occidentale du site était boisée (territoire de Nismes), tandis que la partie orientale était livrée aux troupeaux de moutons et de chèvres (territoire de Dourbes). A cette époque, le versant sud, rocheux, était complètement dégagé. Des cultures apparaissaient çà et là sur le plateau.
Depuis les années 1980, le site a fait l'objet de nombreuses mesure de gestion visant à rétablir les pelouses xériques et leur flore si particulière. Une vaste zone de rochers exposés au sud a ainsi été dégagée et régulièrement entretenue par le personnel du Centre Marie-Victorin ainsi que par de nombreux bénévoles.

RESNAT

K. HOFMANS / T. DEWITTE / J. DUVIGNEAUD / J. SAINTENOY-SIMON / B. CLESSE /