• D0 - Hesbaye

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Commune d'Oreye.

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Service public de Wallonie, Département de la Nature et des Forêts, Cantonnement de Liège, Montagne Sainte-Walburge, 2, 4000 Liège (Tél. 04/224.58.74 - Fax : 04/224.58.77).
Commission Consultative de Gestion des Réserves Naturelles Domaniales de Liège.

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La réserve naturelle d'Oreye est accessible depuis le centre du village de Lens-sur-Geer via le chemin issu de la rue du Général Lens et longeant l'école Immaculée Conception, juste avant le pont du Geer. Le sentier d'accès commence juste après cet établissement, en face de la ferme. Un panneau informatif réalisé par l'asbl Domaine de Bérinzenne y accueille le visiteur. Un peu plus loin sur le sentier, a été installée une table de pique-nique. En dehors de ce sentier qui aboutit à la cuvette centrale du bassin, la végétation très luxuriante rend la circulation difficile.

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L'ancien décanteur d'Oreye est situé en rive droite du Geer à la confluence de l'Yerne, au sein d'une région d'agriculture industrielle. Il fait partie d'un ensemble de 8 bassins aménagés par la sucrerie d'Oreye pour y faire décanter les eaux de lavage des betteraves. S'étendant sur un peu plus de 5 hectares, il fut creusé au début des années 1970, désaffecté une quinzaine d'années plus tard, puis reconverti en réserve naturelle domaniale en 1995. Il n'est plus guère alimenté que par les eaux pluviales, mais en cas de besoin, un apport en eau est possible depuis les bassins voisins (ceux-ci s'étalant sur 28 hectares, le long de l'Yerne, sont encore pour la plupart alimentés par les eaux de lavage de chicorées par la société Beneo-Orafti).

Le site se présente comme une cuvette de forme grossièrement triangulaire de 400 x 200 m et entourée par des talus de 2-3 m de haut. Le talus nord domine le Geer, le talus ouest son affluent l'Yerne, le talus sud la rue du village, tandis que le talus sud-est surplombe des prairies, un chemin de terre et la ferme de Lens. En raison de son sol très riche en azote lié à son ancienne affectation, la végétation est luxuriante et riche en nitrophytes (orties notamment): les talus périphériques sont couverts de bois feuillus et de fourrés, tandis que la cuvette comporte une saulaie pionnière sur ses marges ainsi que des roselières et d'autres groupements à hautes herbes en son centre. Une dépression inondable accueille aussi épisodiquement une végétation de grève exondée. Cette couverture végétale est très dynamique et dépendante de facteurs météorologiques, en particulier des précipitations. Ainsi, certaines plantes peuvent prospérer massivement à un moment donné, avant de disparaître au moins temporairement. Globalement, la flore est d'une richesse modérée, avec environ 90 espèces de plantes vasculaires recensées à ce jour.

D'après des observations réalisées en septembre 2024 (E. Bisteau et J.-Y. Baugnée), les habitats suivants ont pu être reconnus:

- eaux stagnantes eutrophes: les eaux permanentes sont actuellement limitées au chenal en U, dans la partie nord du bassin; d'une longueur de 185 m et creusé en 1994, ce chenal bordé de saules blancs délimite une zone marécageuse mais ne semble pas renfermer de plantes aquatiques (en dehors des lentilles d'eau).

- végétation flottant librement des eaux eutrophes, abondamment représentée par les tapis de lentilles d'eau (Lemna minor et surtout L. minuta) sur le chenal et au niveau de la «mare» orientale.

- phragmitaies vraies et sèches : largement dominées par Phragmites australis, ces végétations sont en nette expansion dans la cuvette par rapport aux observations réalisées fin des années 2010. Elles accueillent aussi des plantes hygrophiles comme Lycopus europaeus, Solanum dulcamara, ... Notons que le lycope compose dans la cuvette de vastes peuplements quasi monospécifiques non liés directement au développement des phragmitaies.

- typhaies: une belle roselière à Typha angustifolia est présente à l'ouest du chenal, en bordure de phragmitaie. Des massifs de Typha latifolia apparaissent également ici et là mais semblent relativement peu dynamiques.

- végétation pionnière nitrophile des grèves humides: localisée dans une dépression centrale récemment exondée, avec comme espèces caractéristiques Rumex maritimus, Ranunculus sceleratus, Persicaria lapathifolia, Veronica catenata, etc.

- friches rudérales sur sols frais, riches en espèces nitrophiles: Urtica dioica, Calystegia sepium, Epilobium spp., Galium aparine, Dactylis glomerata, Arrhenatherum elatius, Elymus repens, Geum urbanum, etc.

- fourrés rudéraux à Sambucus nigra, Lamium album, Acer pseudoplatanus, Humulus lupulus, Salix caprea, Crataegus monogyna, Lapsana communis, etc.

- saulaies de colonisation: essentiellement à base de Salix alba, avec diverses espèces nitrophiles en strate herbacée.

Intérêt faunistique

La faune peuplant cet ancien décanteur de sucrerie n'a guère fait l'objet d'attention de la part des naturalistes et les données disponibles demeurent relativement confidentielles. Ainsi, le populaire portail Observations.be ne recueille qu'une petite vingtaine d'observations étalées de 2008 à fin 2024. En comparaison, les bassins voisins, toujours sous eau, comptent plusieurs centaines de données, surtout ornithologiques. La majeure partie de l'information relative à la RND provient en fait d'inventaires réalisés par des scientifiques du DEMNA, à savoir T. Paternoster les 28/03/2012, 28/06/2012, 29/08/2012, 22/10/2018 (53 espèces recensées), et E. Bisteau et J.-Y. Baugnée les 18/09/2008, 1/09/2011 et 19/09/2024 (320 spp.).

En ce qui concerne les mammifères, des indices de présence notés lors des visites ainsi que la pose de trois caméras automatiques en 2022 (Q. Watthez - DEMNA) a permis d'établir qu'au moins 9 espèces fréquentent l'endroit, dont le blaireau (Meles meles), l'hermine (Mustela erminea) et l'écureuil roux (Sciurus vulgaris).

L'avifaune locale se compose d'une cinquantaine d'espèces de présence plus ou moins régulière, en particulier durant la période de nidification. La plupart sont banales dans le contexte hesbignon mais le développement des roselières permet le cantonnement de deux passereaux peu fréquents, la rousserolle effarvatte (Acrocephalus scirpaceus) et le bruant des roseaux (Emberiza schoeniclus). Autre sylvidé plus répandu quoique en régression, la rousserolle verderolle (Acrocephalus palustris) a été observée dans les fourrés d'orties. En 2024, le pourtour boisé du bassin accueille une colonie de corbeau freux (Corvus frugilegus) comportant 41 nids, tandis qu'un couple de héron cendré (Ardea cinerea), rarement nicheur dans la région, y a construit un nid en 2018.

Malgré la faible présence d'eau libre, les amphibiens comptent au moins 5 espèces observées depuis 2010. La grenouille rousse (Rana temporaria), le crapaud commun (Bufo bufo) et la grenouille verte (Pelophylax kl. esculentus) sont les plus régulièrement notés. L'identité des grenouilles vertes mériterait toutefois d'être précisée, l'occurrence de la grenouille rieuse (P. ridibundus) étant fort probable aussi. En outre, le calamite (Bufo calamita) était signalé au moins jusqu'au début des années 2000 et semble encore présent sur certains bassins alentours.

Aucun reptile n'a été rencontré jusqu'ici sur le bassin et ses alentours.

L'entomofaune reste encore largement sous investiguée. Ainsi, les listes compilées jusque fin 2024 regroupent à peine 41 espèces de coléoptères, 66 espèces de diptères (dont 23 syrphes), 58 espèces d'hémiptères, 27 espèces d'hyménoptères, 42 lépidoptères (dont 16 papillons diurnes), 6 odonates ou encore 8 orthoptères.

Les données relatives aux autres groupes d'invertébrés sont encore plus fragmentaires, avec seulement deux espèces de crustacés et 14 espèces de mollusques.

Les invertébrés aquatiques et amphibies mériteraient un inventaire spécifique. Jusqu'à présent, on y a identifié les taxons suivants:

- odonates: Aeshna cyanea, Aeshna mixta, Coenagrion puella, Lestes viridis, Sympetrum sanguineum, Sympetrum striolatum.

- coléoptères: Cercyon bifenestratus, Cercyon marinus, Colymbetes fuscus, Cyphon laevipennis, Enochrus affinis, Helochares lividus, Hydrobius fuscipes, Hygrotus impressopunctatus, Hygrotus inaequalis, Laccobius minutus, Noterus crassicornis, Ochthebius minimus.

- diptères: Chaoborus sp., Ochthera manicata, Odontomyia argentata, Odontomyia tigrina, Stratiomys longicornis.

- hémiptères: Corixa punctata, Gerris lacustris, Hesperocorixa sahlbergi, Ilyocoris cimicoides, Microvelia reticulata, Notonecta sp., Plea minutissima, Sigara sp.

- éphémères: Cloeon dipterum.

- crustacés: Asellus aquaticus.

- mollusques: Galba truncatula, Physella acuta, Radix balthica, Succinea putris.

Plusieurs insectes recensés sur le site sont liés aux végétations de roselières: c'est le cas des coccinelles Anisosticta novemdecimpunctata (espèce protégée en RW), Coccidula rufa et Coccidula scutellata, des diptères Lipara lucens et Melieria omissa ou encore de la punaise Chilacis typhae (sur massettes). Le charançon Gymnetron villosulum occasionne des galles florales sur la véronique aquatique. La chrysomèle Phaedon armoraciae vit aussi aux dépens de cette plante. Le carabe Elaphrus riparius et la punaise Saldula pallipes affectionnent quant à eux les grèves exondées.

Pour l'heure, l'observation la plus remarquable se rapporte à la capture d'un mâle de la fourmi Stenamma westwoodii le 19 septembre 2024 dans la cuvette centrale: cette espèce très rare en Europe s'avère en effet nouvelle pour la faune wallonne et n'a été recensée que dans 4 localités de Flandre, dont la plus proche, Schaffen, est située à une quarantaine de kilomètres d'Oreye (VANKERKHOVEN et al., 2010).

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SPW-DNF

E. Bisteau et J.-Y. Baugnée (SPW-DEMNA)