• D0 - Hesbaye

A compléter

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Région wallonne

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Service public de Wallonie, Département de la Nature et des Forêts, Cantonnement de Namur, 39, avenue Reine Astrid, 5000 Namur (Tél. : 081/71.54.11 - Fax : 081/71.54.10).

Protection d'une zone humide d'intérêt biologique constituant un maillon important dans le réseau écologique local.

Pollution de l'Orneau, apports d'engrais et de pesticides provenant des cultures et jardins avoisinants.

Compléter les inventaires.

Mise en pratique du plan de gestion et notamment restauration du caractère marécageux des parties boisées.

Un plan de gestion détaillé est disponible au Cantonnement DNF de Namur. L'objectif principal du plan de gestion est de favoriser au maximum la diversité des habitats avec une attention particulière portée à la grande pâture humide et aux roselières.

- pâture humide: augmenter la diversité floristique en limitant au maximum les intrants organiques et en diminuant la pression de pâturage, notamment en mettant en place des bandes refuges et de prairie de fauche, et en créant l'un ou l'autre petit plan d'eau dans les zones les moins riches.

- roselières sèches: maintien de l'habitat tout en améliorant ses caractéristiques pour favoriser les oiseaux typiques (bruant des roseaux, rousserolles, ...), par faucardage en rotation.

- aulnaie et saulaie: vieillissement du boisement et restauration du caractère marécageux par colmatage des drains au niveau de la jonction avec l'Orneau.

- haies: la grosse haie et les saules têtards à l'ouest du bloc nord sont gérés par recépage périodique.

La réserve naturelle est enclavée entre un quartier habité et des terres de cultures. Elle est toutefois accessible depuis la rue de Petit-Leez, d'où part un sentier qui rejoint la rue de la Bonnière en longeant la pâture du bloc nord. On accède à la partie sud par un chemin agricole qui part de la rue du Moulin à Vent. Aucun sentier n'est prévu au sein de la réserve naturelle.

Le site des Mottes est localisé en Hesbaye, à Grand-Leez, à hauteur du hameau de Petit-Leez. Il occupe la plaine alluviale de l'Orneau, de part et d'autre du cours d'eau. Cet affluent de la rive gauche de la Sambre prend source dans un bois situé au sud du château de Petit-Leez, à moins de 2 km en amont du site. Il fait partie du sous-bassin de la Sambre et du bassin de la Meuse. La région montre un relief peu accusé, légèrement ondulé, et un paysage largement ouvert à vocation agricole (cultures industrielles). L'altitude moyenne du site est de 150 m. Le site fait en outre partie du district phytogéographique brabançon et du domaine atlantique.

D'un point de vue géologique, on se trouve en présence d'alluvions modernes des vallées reposant sur des sables bruxelliens. Les sols sont fortement gleyifiés à horizon réduit sur matériaux limoneux, en partie avec des matériaux tourbeux.

La zone décrite est divisée en deux parties: d'une part le bloc nord (aval) et d'autre part le bloc sud (amont). Ces deux blocs sont séparés par un vaste jardin privé (ancienne zone humide remblayée). Le site est environné à l'est par les habitations et les jardins de la rue de Petit-Leez; à l'ouest par des étendues cultivées où s'élève un des derniers moulins à vent de la région, le Moulin Defrenne; au nord par des prairies avec trois petits étangs privés, une ancienne ferme et son verger, un terrain remblayé ainsi qu'un bosquet humide contigu; au sud par des pâtures, une friche sur remblais, un bosquet occupé par un rucher et une petite zone boisée, de part et d'autre de l'Orneau.

Les peupleraies qui occupaient jadis une partie des terrains ont été exploitées en 1999, la végétation ayant ensuite été laissée à son évolution naturelle. Les différents fossés de drainage sont toujours visibles et sont plus ou moins inondés selon les saisons.

Malgré sa superficie modeste et sa situation défavorable au sein d'une région d'agriculture intensive, le site des Mottes abrite une flore variée (plus de 160 espèces recensées à ce jour) et une intéressante mosaïque de végétations semi-naturelles, vestiges d'une zone humide jadis plus étendue. Trois habitats dominent le site: roselières sèches, prairies permanentes pâturées et boisements alluviaux secondaires. En revanche, les groupements aquatiques sont très peu représentés, ce qui s'explique par la rareté des points d'eau et par la médiocre qualité des eaux de l'Orneau (cote IBGN de 4/20 lors du dernier prélèvement en 1997: F. Chérot, in litt. mars 2012).

Le site comprend deux parties, appelées par la suite «bloc nord» (aval) et «bloc sud» (amont). Elles sont séparées par un vaste jardin privé aménagé à l'emplacement d'une ancienne zone humide remblayée. D'une manière générale, le bloc nord présente une structure végétale nettement plus variée, avec notamment des parties boisées qui sont quasiment absentes dans le bloc sud.

La description qui suit est basée sur des observations réalisées de 2010 à 2012 dans le cadre d'un avis sur la création d'une réserve naturelle domaniale (avis site n° 621, J.-Y. Baugnée, avril 2013).

Bloc nord (parcelles cadastrales 455a et 455b)

Eaux stagnantes

Aucun plan d'eau n'est présent actuellement sur le site. Dans le bloc nord, il existe toutefois quelques dépressions et fossés au moins en partie inondés durant l'hiver, voire toute l'année. Le fossé qui traverse la pâture du sud au nord est souvent sous eau dans sa portion aval mais ne montre pas de végétation aquatique particulière (elle est largement encombrée par les saules). Quelques dépressions temporairement inondées existent dans la grande pâture et accueillent des herbiers à Glyceria fluitans, Callitriche platycarpa et Alopecurus geniculatus. Les fossés de drainage qui traversent la zone boisée (ancienne peupleraie), perpendiculairement au cours de l'Orneau, peuvent aussi être assimilés à des collections d'eau stagnante. Certains d'entres-eux atteignent 1,5 à 2 m de largeur et peuvent être sous eau toute l'année. Sous couvert forestier, ils sont colonisés essentiellement par des herbiers d'Apium nodiflorum et de Callitriche sp.

Rivières limoneuses à pente faible, eutrophes

D'une largeur maximale de 2 m, l'Orneau traverse le site du sud au nord et s'écoule sur pente très faible. Ses eaux étant de piètre qualité, la végétation aquatique est en conséquence très pauvre et comporte essentiellement quelques herbiers de Callitriche sp. De rares autres plantes amphibies, telles que Nasturtium officinale et Veronica anagallis-aquatica, s'installent très localement dans le lit de la rivière.

Roselières sèches

Dans le bloc nord, cet habitat est confiné à la parcelle 455a, de part et d'autre de l'Orneau et couvre moins de 1 ha. Il s'agit d'une roselière nitrophile à Phragmites australis, abondamment envahie par Urtica dioica, Galium aparine, Calystegia sepium et dans laquelle on trouve également diverses plantes hygrophiles comme Lythrum salicaria, Eupatorium cannabinum, Symphytum officinale, Filipendula ulmaria, Scrophularia umbrosa, Iris pseudacorus, Stachys palustris, Epilobium hirsutum, Cirsium palustre, Phalaris arundinacea, etc. L'habitat est bordé de boisements alluviaux secondaires et est ponctué d'arbustes pionniers (Corylus avellana , Crataegus monogyna, ...). Une phragmitaie plus pure occupe un secteur davantage humide en bordure de la saulaie de colonisation du bloc nord (partie centre-ouest de la parcelle).

Magnocariçaies

Ce type de végétation est peu présent et apparaît sous forme de plages limitées à quelques dizaines de mètres carrés tout au plus, essentiellement au niveau du fossé qui traverse la grande pâture. Elles sont constituées surtout de Carex acutiformis et de Carex riparia. D'autres plantes hygrophiles peuvent apparaître au sein de ces cariçaies, comme Lythrum salicaria ou Filipendula ulmaria. Il est à remarquer que si Carex paniculata se rencontre très localement dans la partie boisée, la plante n'y forme que de petits touradons isolés et ne constitue donc pas un groupement représentatif.

Prairies pâturées permanentes, peu ou pas fertilisées

Une pâture méso-hygrophile occupe l'essentiel de la parcelle 455b. Elle est composée d'un cortège floristique assez diversifié: Cynosurus cristatus, Crepis capillaris, Taraxacum sp., Carex hirta, Cirsium arvense, Ranunculus repens, Cirsium palustre, Phleum pratense, Cruciata laevipes, Trifolium repens, Lolium perenne, Juncus effusus, Lychnis flos-cuculi, Stellaria graminea, etc. Plusieurs massifs d'Urtica dioica se développent en marge nord et ouest de la prairie tandis qu'au centre s'étend une petite plage de Tanacetum vulgare. La prairie est traversée du sud au nord par un long fossé envahi par des fourrés de saules et des magnocariçaies fragmentaires. Elle comporte également quelques dépressions temporairement inondées avec Glyceria fluitans, Callitriche platycarpa et Alopecurus geniculatus, ainsi que des nappes d'Eleocharis palustris.

Prairies de fauche de basse altitude

Cet habitat, très marginal au sein du site, est confiné au bord du sentier qui longe le sud de la pâture. Il mérite néanmoins une certaine attention car sa flore y est diversifiée: Heracleum sphondylium, Pimpinella major, Lathyrus pratensis, Medicago lupulina, Trifolium pratense, Poa trivialis, Achillea millefolium, Veronica chamaedrys, Cruciata laevipes, Holcus lanatus, Arrhenatherum elatius, Cirsium arvense, Lolium perenne, Plantago major, Epilobium tetragonum, etc.

Saussaies marécageuses

Ces fourrés se retrouvent principalement sous forme d'un cordon linéaire occupant le fossé qui traverse la pâture. Ils comportent surtout Salix cinerea (y compris hybrides), secondairement aussi quelques Salix alba, Salix viminalis, Betula pendula, Alnus glutinosa et Populus tremula. Sous ces fourrés se maintiennent quelques herbacées comme Galium palustre, Carex acutiformis, Equisetum fluviatile, Hypericum quadrangulum, Lotus pedunculatus, Rumex conglomeratus, etc.

Haies bien développées, riches en espèces

Une épaisse haie borde l'ouest de la pâture et constitue un élément important du site. Faisant écran avec les champs voisins, elle renferme Sambucus nigra, Crataegus monogyna, Rosa canina, Fraxinus excelsior, Prunus spinosa, Quercus robur, Rubus sp., Tilia cordata, Corylus avellana, Acer pseudoplatanus, Hedera helix, Bryonia dioica ainsi que diverses herbacées comme Urtica dioica, Glechoma hederacea, Torilis japonica, Chaerophyllum temulum, Galium aparine, Calystegia sepium, etc. Un vieux saule têtard est également présent dans la haie qui se prolonge le long du chemin creux accédant au nord de la pâture. En outre, un alignement de neuf saules têtards a été planté durant les années 2000, dans le prolongement sud de la haie.

Aulnaies-frênaie alluviales

Un jeune boisement secondaire à Alnus glutinosa se développe dans les parties sud et nord de la parcelle 455a. Le sol y a été drainé lors de la plantation des peupliers et est moyennement humide. Outre l'aulne glutineux, la strate arborée compte aussi localement Salix alba. En sous-bois apparaissent Sambucus nigra, Salix caprea, Crataegus monogyna, Corylus avellana, Acer pseudoplatanus, Rubus sp., Hedera helix, Urtica dioica, Galium aparine, Glechoma hederacea, etc. Les espèces hygrophiles sont très rares, de même que Fraxinus excelsior. Les drains qui traversent le boisement sont la plupart du temps inondés et hébergent des peuplements d'Apium nodiflorum et de Callitriche sp. A ce niveau poussent également Athyrium filix-femina et quelques pieds isolés d'Ilex aquifolium.

Saulaies de colonisation

Ce boisement secondaire, peu étendu mais bien visible sur photo aérienne, est présent uniquement dans le bloc nord, dans la partie centrale de la parcelle 455a. La strate arborée est dominée par Salix alba, avec quelques arbres âgés probablement d'une cinquantaine d'années. Le substrat est globalement plus humide que dans l'aulnaie, ce qui se traduit par une fréquence nettement plus élevée des plantes hygrophiles, en particulier Phragmites australis, mais aussi Caltha palustris, Cirsium palustre, Scrophularia umbrosa, Carex paniculata (une quinzaine de petits touradons). Comme dans l'aulnaie, les fossés de drainage sont abondamment colonisés par des herbiers d'Apium nodiflorum .

Bloc sud (parcelles 521f2 et 456e)

Rivières limoneuses à pente faible, eutrophes

Comme décrit précédemment, les eaux de mauvaise qualité de l'Orneau limite fortement le développement de la végétation aquatique. Seuls quelques herbiers de Callitriche sp. ont été notés dans le tronçon traversant le bloc sud.

Roselières sèches

Cet habitat est dominant dans le bloc sud, où il occupe l'est de la parcelle 521f2 et l'entièreté de la parcelle 456 ^e . Le caractère nitrophile de la roselière se traduit par l'abondance d'Urtica dioica, Galium aparine et Calystegia sepium. Parmi les hygrophiles, Scrophularia umbrosa se distingue par son abondance. Quelques plantes de roselières se retrouvent essentiellement sur les berges de l'Orneau, par plants isolés, notamment Iris pseudacorus et Carex paniculata.

Magnocariçaies

Cet habitat est peu présent dans le bloc sud et apparaît sous forme de plages peu étendues au sein de la roselière sèche. Quelques fragments sont également présents dans deux parcelles privées (520g et partie de 521e2) situées en bordure de la propriété régionale.

Pâtures permanentes intensives

Une prairie permanente occupe la partie ouest de la parcelle 521f2. En raison d'une fertilisation et d'un pâturage intensif, le cortège végétal y est très appauvri et ne comprend que des espèces banales: Ranunculus repens, Lolium perenne, Cynosurus cristatus, Trifolium repens, Hypochaeris radicata, etc.

Saussaies marécageuses

Ces fourrés sont très peu développés dans le bloc sud et sont constitués surtout de Salix cinerea, souvent en mélange avec Alnus glutinosa.

En raison de son accès assez malaisé, le site des Mottes a été très peu parcouru par les naturalistes et les données faunistiques sont restées largement déficitaires, au moins jusqu'à une époque très récente. Au cours de cinq visites effectuées entre 2010 et 2012, 492 espèces animales ont été recensées et identifiées au sein du projet de RND ainsi que dans quelques parcelles voisines. Cet inventaire n'en n'est donc qu'à ses prémices et de nombreux groupes taxonomiques n'ont fait l'objet d'aucune attention.

Très peu d'informations existent sur les mammifères fréquentant le site des Mottes et aucun inventaire n'y a été mené. Seuls le putois (Mustela putorius) et l'hermine (Mustela erminea) ont été signalés auparavant (rapport de la CCGRND-Namur, 2000). Les données recueillies plus récemment sont tout aussi fragmentaires: lièvre d'Europe (Lepus europaeus), rat surmulot (Rattus norvegicus), rat musqué (Ondatra zibethicus), taupe (Talpa europaea) et renard roux (Vulpes vulpes). Toutes ces espèces sont banales dans la région. On surveillera plus particulièrement l'évolution du rat musqué, espèce d'origine nord-américaine qui cause beaucoup de soucis aux berges de rivières et de plans d'eau.

L'avifaune locale ne semble pas avoir fait l'objet d'inventaires systématiques mais on dispose cependant d'un certain nombre de données datant des années 1990 (observateur: J.-P. Jacob).

A cette époque, le bruant des roseaux (Emberiza schoeniclus) et la rousserolle verderolle (Acrocephalus palustris) nichaient dans la roselière. Le pic vert (Picus viridis), la mésange boréale (Parus montanus) ainsi que d'autres espèces plus banales se reproduisaient dans la peupleraie. La grive litorne (Turdus pilaris) était également présente, mais plus aucune observation en période de nidification n'a eu lieu après 1995. Cette espèce a d'ailleurs totalement disparu de la région comme nicheur au début des années 2000 (J.-P. Jacob in litt.). Autre oiseau en déclin en Wallonie, l'hypolaïs ictérine (Hippolais icterina) a niché dans la grosse haie en bordure de la pâture nord. La bécassine des marais (Gallinago gallinago) était parfois notée en automne-hiver.

Les observations récentes ont permis de recenser une vingtaine d'espèces nicheuses certaines ou probables. Le bruant des roseaux fréquente toujours la zone, aussi bien pendant la saison de reproduction qu'en hiver et aux migrations. On peut estimer qu'il y a 1-3 couples nicheurs sur l'ensemble du site. D'après le récent Atlas des oiseaux nicheurs de Wallonie (Jacob et al. 2010), l'espèce est assez rare et en diminution à l'échelle régionale. L'hypolaïs ictérine n'a pas été contacté récemment, tandis que la rousserolle verderolle a encore été signalée par Taymans et al. (2009). Espèce répandue quoique subissant un léger déclin en Wallonie, le bruant jaune (Emberiza citrinella) est cantonné localement. Le pic vert est vu ou entendu à chaque visite et est très probablement nicheur au sein du site ou dans ses environs immédiats.

En hiver, le site est régulièrement fréquenté par le héron cendré (Ardea cinerea) et des troupes de fringilles. Les fossés traversant la roselière et les abords de l'Orneau semblent attractifs pour la bécassine sourde (Lymnocryptes minimus), une espèce peu commune et très discrète qui a été observée à plusieurs reprises entre 2010 et 2013.

Les amphibiens sont peu visibles dans la mesure où les points d'eau sont rares et réduits à quelques fossés et drains (hormis les étangs privés voisins du bloc nord). Dans les années 1990, quatre espèces y étaient notées (obs. J.-P. Jacob): le crapaud commun (Bufo bufo), la grenouille rousse (Rana temporaria), le triton alpestre (Ichthyosaura alpestris) et le triton ponctué (Lissotriton vulgaris). Plus récemment, seules les trois premières espèces ont été aperçues, mais il est vrai qu'aucune recherche ciblée n'a été effectuée. Une cinquième espèce d'amphibien a été recensée en 2012: il s'agit de la grenouille rieuse (Pelophylax ridibundus), une espèce originaire d'Europe centrale et orientale qui a été abondamment introduite en Belgique (Jacob et al. 2007).

Aucun reptile n'a été observé jusqu'à présent. Toutefois, la présence de l'orvet (Anguis fragilis) paraît fort possible, et peut-être aussi celle du lézard vivipare (Zootoca vivipara). Ces deux espèces, toujours très discrètes en cas de populations faibles et fragmentées, existent en plusieurs endroit de la région gembloutoise.

L'entomofaune constitue la part prédominante de la biodiversité de nos régions mais, paradoxalement, elle demeure très largement méconnue dans maints endroits. Le nombre de taxons est tellement élevé qu'il est impossible d'obtenir un inventaire exhaustif en quelques visites, même dans le cas d'un seul site. Les relevés effectués récemment sont donc très partiels mais laissent entrevoir une grande potentialité biologique du site des Mottes.

Comme dans le cas des amphibiens, les insectes aquatiques sont peu représentés sur le site. La perle Nemurella pictetii a été capturée en mars 2013 dans le bloc nord, à la limite entre la roselière et la saulaie. Réputée ubiquiste en Belgique, cette perle est assez largement répandue quoique généralement localisée et peu commune. C'est l'une des rares espèces de nos régions dont la larve est capable de se développer dans des eaux modérément oxygénées, ce qui lui permet de coloniser une gamme d'habitats plus large que la plupart des autres Plécoptères.

Parmi l'immense ordre des Coléoptères, la famille des Carabidae est la mieux connue au sein du site, avec une vingtaine d'espèces recensées (sur 404 espèces belges). Plusieurs taxons intéressants ont été notés, en particulier Bembidion mannerheimii, Demetrias monostigma, Ocys harpaloides et Trichocellus placidus.

La micro-coccinelle Coccidula rufa a été notée à plusieurs reprises dans les cariçaies. Bien que largement distribuée, cette espèce hygrophile est considérée comme assez rare en Wallonie, où elle semble connaître une régression marquée. La présence de la coccinelle des roseaux, Anisosticta novemdecimpunctata, est possible mais n'a pu être établie jusqu'à présent. Elle existe plus en aval dans la vallée de l'Orneau. Le petit coléoptère Psammoecus bipunctatus est une autre espèce spécialisée à larve phytodétriticole se développant parmi les feuilles mortes de laîches et d'autres hélophytes.

Moins de 70 espèces de Diptères ont été identifiées jusqu'à présent sur le site et ses environs immédiats. On soulignera notamment la présence de deux espèces particulières: d'une part le Chloropidae Lipara lucens, bien connu pour occasionner une galle fusiforme caractéristique sur les tiges du roseau commun, qui peut aussi héberger d'autres espèces d'insectes (parasites ou squatteurs); d'autre part le Psilidae Loxocera hoffmannseggi qui a une singulière apparence d'ichneumon et paraît très localisé en Belgique, même si sa répartition n'a jamais été étudiée. D'après les données disponibles, cette mouche est visiblement liée aux magnocariçaies rivulaires, tandis que Loxocera albiseta, également trouvée dans le site, vit aux dépens des joncs.

Les Hémiptères ont fait ici l'objet d'une attention particulière. Ainsi, pas moins de 132 espèces ont été identifiées dans le périmètre étudié. La plupart d'entre-elles sont spécialisées sur le plan trophique et liées à une ou à quelques espèces de plantes apparentées. La diversité hémiptérologique reflète donc directement celle de la flore locale.

Ainsi, une faunule intéressante évolue sur la laîche des marais, qui rassemble divers Cicadellidae et Delphacidae comme Cicadula flori, Cicadula frontalis, Cicadula quadrinotata, Stroggylocephalus agrestis, Delphacodes capnodes, Kelisia punctulum, Megamelus notula. En Wallonie, ces cicadelles montrent une distribution fragmentée avec une fréquence variable selon les régions, la plus rare étant Delphacodes capnodes, signalée très récemment du territoire belge.

D'autres plantes hébergent également de riches cortèges d'hémiptères, dont les saules qui sont fréquentés par Agnocoris reclairei, Blepharidopterus diaphanus, Campylomma annulicorne, Bactericera albiventris, Linnavuoriana sexmaculata, Edwardsiana tersa (sur Salix viminalis), Macropsis spp., Anthocoris limbatus, Orius laticollis, etc.

Il faut encore signaler la capture de Drymus pumilio, par tamisage de joncs en 2012. Très rare en Europe, cette espèce a été signalée officiellement d'une seule localité belge, à savoir Forest, en région bruxelloise, sur base d'une capture datant de 1929 (Bosmans, 1978). Cette rareté doit cependant être relativisée par la découverte récente de plusieurs autres stations en Wallonie (Gembloux, Fleurus, Bambois). La petite taille de l'insecte (3 mm) est probablement un facteur défavorable à sa détection, mais comme il est très hygrophile et occupe des microhabitats spécifiques, sa distribution est certainement fort localisée. C'est le cas aux Pays-Bas, où les observations demeurent fort rares malgré une prospection très intense du territoire.

Encore très imparfaitement connus sur le site, les lépidoptères rassemblent diverses espèces peu communes et spécialisées. On citera notamment le Tortricidae Phtheochroa rugosana, dont la larve se développe dans les fruits de la bryone dioïque (présente dans la haie), le Lyonetiidae Leucoptera lotella mineur des feuilles de lotier des fanges, le Geometridae Eupithecia pygmaeata lié aux céraistes et stellaires, ou encore le Nepticulidae Ectoedemia spinosella et le Lyonetiidae Lyonetia prunifoliella mineurs des feuilles de prunellier. La pyrale Nascia cilialis dont la chenille vit sur Carex riparia, est une espèce rare et localisée essentiellement à la partie nord de la Belgique.

Douze espèces de criquets et sauterelles sont relevées sur l'ensemble du site, chiffre qui apparait assez élevé dans le contexte de la Hesbaye et qui s'explique avant tout par la structure variée de la végétation locale. Le cortège spécifique est identique à celui noté dans les années 1990 (obs. J.-P. Jacob), à l'exception de Phaneroptera falcata et de Conocephalus fuscus, espèces d'origine méridionale d'apparition relativement récente dans la région.

La présence de Conocephalus dorsalis mérite d'être soulignée plus particulièrement. Elle a été trouvée essentiellement au niveau des fragments de cariçaies dans la grande pâture. C'est une sauterelle généralement brachyptère dont les capacités de dispersion sont assez limitées. Très hygrophile, elle affectionne essentiellement les zones marécageuses bien éclairées et présente une distribution très fragmentée en Hesbaye.

On signalera encore le criquet des clairières, Chrysochraon dispar, une espèce en expansion en Wallonie, très répandue en Fagne-Famenne, Ardenne et Lorraine, mais demeurant fort localisée au nord du sillon sambro-mosan.

La richesse du site en gastéropodes terrestres est assez remarquable puisque 30 espèces ont été identifiées à ce jour, soit 1/5 ^ème de la faune belge! Candidula intersecta, espèce peu commune et en régression, a été trouvé dans la friche du remblai près du bloc sud. Dans les fragments de magnocariçaies se cantonnent notamment Vertigo antivertigo, Columella aspera et Euconulus praticola, petites espèces hygrophiles très localisées en Hesbaye.

A compléter

Deux édifices importants se trouvent à moins de 500 m du site: le Moulin Defrenne, dernier moulin à vent encore fonctionnel de la région, et le Château de Petit-Leez.

A compléter

RESNAT-RW

Jean-Yves BAUGNEE (SPW/DEMNA/OFFH).