Les données relatives à la flore et la végétation du site Sous Saint-Roch ont été synthétisées dans le plan de gestion accompagnant la demande d'agrément rédigée pour le compte de la LRBPO par S. Carbonnelle (Centre Marie-Victorin).
Depuis son apparition dans les années 1970, à l'emplacement d'une prairie alluviale, la flore de cette zone humide a beaucoup évolué au fil du temps en fonction de la dynamique végétale et des aménagements successifs. Ainsi, durant les années 1990, la saussaie occupait une grande partie de la zone centrale mais sa surface fut réduite de moitié une décennie plus tard au profit de groupements herbacés.
La liste floristique globale regroupe au moins 180 espèces de plantes supérieures dont 16 ont un intérêt patrimonial particulier (espèce rare, protégée et/ou sur liste rouge wallonne). Cette liste rassemble une majorité d'espèces apparues spontanément mais aussi quelques plantes installées dans le cadre de l'aménagement du site (principalement des ligneux utilisés pour la création de haies et d'écrans végétaux).
Les différents habitats actuellement visibles dans la réserve sont décrits ici de façon résumée.
La saussaie
Cette végétation arbustive s'est développée progressivement à l'emplacement de l'argilière qui a fourni de la terre pour le chantier du terrain de football voisin. Ce décapage a entrainé la formation, au centre du site, d'une cuvette inondée ou marécageuse en hiver et au printemps et asséchée durant la période estivale. Les premiers saules sont apparus une dizaine d'années après les travaux initiaux de 1975. Dans les années 1990, la saussaie couvrait près d'un hectare, soit la plus grande partie de la cuvette. La surface actuelle est réduite de moitié.
Les fourrés sont constitués de diverses espèces de saules et plusieurs hybrides dont l'identification est souvent délicate: Salix cinerea, Salix cf atrocinerea, Salix x multinervis, Salix x reichardtii, Salix purpurea, Salix x rubens, Salix triandra, ... Sous l'ombrage poussent notamment Lysimachia nummularia, Potentilla anglica, Carex pseudocyperus, Carex riparia, Cardamine pratensis, Lysimachia vulgaris, Mentha aquatica, Solanum dulcamara.
La cariçaie
Cette végétation très intéressante riche en cypéracées et joncacées occupe deux zones assez étendues dans des dépressions humides. Elle renferme diverses espèces rares, la plus spectaculaire étant sans nul doute Carex vulpina qui se remarque par ses touffes vigoureuses de plus en plus nombreuses. Mais globalement, la flore résulte d'un mélange d'espèces appartenant à différents groupements (mégaphorbiaies, prés humides oligotrophes, roselières, jonçaies, groupement des grèves humides, ...), entre autres Achillea ptarmica, Alopecurus aequalis, Alopecurus geniculatus, Angelica sylvestris, Calamagrostis epigejos, Calystegia sepium, Carex acuta, Carex cuprina, Carex disticha, Carex hirta, Carex nigra, Carex pseudocyperus, Carex riparia, Deschampsia cespitosa, Eleocharis palustris, Eleocharis uniglumis, Epilobium hirsutum, Epilobium roseum, Epilobium tetragonum, Filipendula ulmaria, Galium palustre subsp. elongatum, Iris pseudacorus, Juncus compressus, Juncus conglomeratus, Juncus effusus, Juncus inflexus, Lotus pedunculatus, Lychnis flos-cuculi, Lycopus europaeus, Lysimachia vulgaris, Lythrum salicaria, Mentha aquatica, Mentha arvensis, Mentha x verticillata, Persicaria hydropiper, Phalaris arundinacea, Poa palustris, Poa trivialis, Ranunculus flammula, Rumex conglomeratus, Scutellaria galericulata, Stachys palustris, Symphytum officinale, ...
Cette zone humide est ponctuée ici et là de buissons de saules fort appréciés par les passereaux en halte migratoire ou comme poste de chant durant la période de reproduction.
Elle comporte également une mare (creusée début des années 2000) ainsi que de petites vasières et grèves exondées durant les périodes sèches, accueillant une flore particulière constituée d'espèces pionnières souvent assez délicates: Alisma plantago-aquatica, Bidens tripartita, Centaurium pulchellum, Gnaphalium uliginosum, Juncus articulatus, Juncus bufonius, Lysimachia nummularia, Lythrum portula, Ranunculus flammula, Rorippa palustris, Rorippa sylvestris, Veronica scutellata, ... On y observe également diverses mousses comme Calliergonella cuspidata, Drepanocladus aduncus, Drepanocladus polycarpus, etc.
Le pré de fauche semi-naturel
Situé dans la partie nord de la réserve, cette prairie est inondée chaque hiver lors des crues de l'Eau Blanche. Il s'agissait à l'origine d'une prairie intensive dont l'exploitation est devenue de plus en plus extensive dans le but d'y restaurer une végétation de pré de fauche oligotrophe. Elle est pâturée épisodiquement par des moutons, plus particulièrement en automne.
Différentes espèces indicatrices s'y observent comme Bromus commutatus, Colchicum autumnale, Filipendula ulmaria, Lychnis flos-cuculi, Rhinanthus minor, Carex pallescens, Achillea ptarmica, Carex tomentosa, Hypericum maculatum s.l., Pimpinella major, au côté d'un important cortège d'espèces prairiales dont Ajuga reptans, Alchemilla xanthochlora, Alopecurus pratensis, Anthoxanthum odoratum, Arrhenatherum elatius, Cerastium fontanum, Crepis biennis, Cruciata laevipes, Cynosurus cristatus, Geranium dissectum, Heracleum sphondylium, Holcus lanatus, Plantago lanceolata, Centaurea jacea s.l., Stellaria graminea, Ranunculus acris, Rumex acetosa, Veronica chamaedrys, Vicia cracca, Vicia hirsuta, Trifolium repens, Trifolium pratense, Hypochaeris radicata, Phleum pratense, Potentilla reptans, etc.
Les fragments de prés de Fagne
Ces prés oligotrophes méso-hygrophiles souvent riches en espèces rares, sont présents en marge des cariçaies, de la saussaie et le long du chemin agricole traversant la réserve. Ils regroupent Achillea millefolium, Achillea ptarmica, Agrimonia eupatoria, Alchemilla filicaulis subsp. vestita, Bromus commutatus, Carex flacca, Carex ovalis, Carex divulsa, Carex spicata, Carex tomentosa, Centaurea jacea s.l., Colchicum autumnale, Festuca arundinacea, Hypericum maculatum s.l., Leontodon hispidus, Lotus corniculatus, Luzula campestris, Malva moschata, Primula veris, Trifolium medium, ...
Le pré-verger
L'ancienne terre de culture située dans la partie sud du site, derrière les jardins de la rue de la Station, fut progressivement transformée en prairie mésophile de fauche et ensuite aménagée en verger haute tige entouré d'une haie libre, en vue de retrouver une configuration paysagère traditionnelle locale. La flore y est actuellement relativement banale mais elle est appelée à s'enrichir au fil du temps.
Les fourrés d'épineux
De gros fourrés de prunelliers (Prunus spinosa) mêlés de quelques aubépines (Crataegus spp.) sont présents en bordure centre-ouest du site, au sein de lambeaux de prés de Fagne. Bien que souvent éliminés dans d'autres réserves naturelles, ces fourrés se révèlent très attractifs pour la faune et sont donc maintenus en l'état
La friche rudérale sur remblais
Une friche herbeuse s'est implantée sur le remblais caillouteux situé en marge sud-ouest de la réserve, avec diverses plantes nitrophiles ou rudérales comme Senecio jacobaea, Daucus carota, Artemisia vulgaris, Tanacetum vulgare, Dactylis glomerata, etc.
L'ancien méandre de l'Eau Blanche
Cet ancien méandre situé dans le nord du site, en contrebas de la voie ferrée, est sous eau une grande partie de l'année et est occupé par une saulaie riche en vieux arbres et en bois mort.
L'intérêt faunistique du site Sous Saint-Roch est bien documenté, surtout du point de vue ornithologique (e.a. DEWITTE, 2002). Une description synthétique de l'avifaune présente est fournie sur le site internet de la Ligue Royale Belge pour la Protection des Oiseaux (https://protectiondesoiseaux.be/index.php/2016/01/26/sous-saint-roch/) ainsi que dans le plan de gestion qui accompagne la demande d'agrément de la réserve (document non publié).
Avifaune
Bien qu'exigu, l'endroit présente un grand intérêt ornithologique et est suivi régulièrement par des naturalistes locaux. Au total, pas moins de 144 espèces y ont été observées à ce jour, dont 49 y nichent plus ou moins régulièrement.
Dans les années 1990, une station de baguage installée dans une saussaie a révélé le rôle de relais migratoire pour de nombreux passereaux comme la rousserolle effarvatte (Acrocephalus scirpaceus), la rousserolle verderolle (Acrocephalus palustris), la locustelle tachetée (Locustella naevia), les fauvettes (Sylvia spp.), le phragmite des joncs (Acrocephalus schoenobaenus), le gorgebleue à miroir (Luscinia svecica), l'hypolaïs ictérine (Hippolais icterina), l'hypolaïs polyglotte (Hippolais polyglotta), mais aussi des espèces beaucoup plus rares comme la rousserolle turdoïde (Acrocephalus arundinaceus), la locustelle luscinioïde (Locustella luscinioides), le phragmite aquatique (Acrocephalus paludicola), la fauvette épervière (Sylvia nisoria), le torcol fourmilier (Jynx torquilla), etc. (BULTEAU et al., 1996).
Par ailleurs, cette saussaie sous eau d'octobre à avril permet l'hivernage du râle d'eau (Rallus aquaticus) notamment.
En hiver, le site est régulièrement fréquenté par la bécassine des marais (Gallinago gallinago), la bécassine sourde (Lymnocryptes minimus), le pipit spioncelle (Anthus spinoletta), etc.
Herpétofaune
Trois reptiles sont notés sur le site, soit la couleuvre à collier (Natrix natrix), du lézard vivipare (Zootoca vivipara) et de l'orvet (Anguis fragilis).
En ce qui concerne les amphibiens, leur diversité a sans doute été amplifiée depuis le creusement d'une mare au début des années 2000, qui accueille la reproduction d'au moins 5 espèces: triton alpestre (Ichthyosaura alpestris), triton palmé (Lissotriton helveticus), triton ponctué (Lissotriton vulgaris), grenouille verte (Pelophylax kl. esculentus) et grenouille rousse (Rana temporaria).
D'autres sont possibles comme le triton crêté (Triturus cristatus) qui a encore été noté dans le voisinage du site en 1995.
Entomofaune
Contrairement aux prestigieux sites calcaires voisins (Montagne-aux-Buis, Roche à Lomme), le peuplement entomologique reste imparfaitement connu et seuls quelques groupes sont plus ou moins bien documentés.
Comptant parmi les insectes les plus populaires, les papillons de jours n'ont pourtant guère été visés jusqu'ici par des études détaillées, seules des données courantes étant disponibles (notamment sur les portails naturalistes). Néanmoins, celles-ci permettent d'établir la présence d'au moins 25 espèces différentes dont l'échiquier (Carterocephalus palaemon), le gazé (Aporia crataegi), le demi-deuil (Melanargia galathea), ...
Ayant fait l'objet d'un inventaire en 2009 par des membres du groupe de travail Saltabel, les Orthoptères, c'est-à-dire les criquets, sauterelles et grillons, comptent 14 espèces dont deux sont indicatrices des milieux très humides: le conocéphale des roseaux (Conocephalus dorsalis) et le criquet ensanglanté (Stethophyma grossum). A signaler aussi la présence du criquet marginé (Chorthippus albomarginatus), espèce peu commune des herbages maigres mésophiles à hygrophiles, ainsi qu'une observation, plus récente et peut-être occasionnelle, du sténobothre ligné (Stenobothrus lineatus), en 2017.