Ce site vallonné est localisé au sud-est de Ferrières, non loin du petit village de Burnontige, aux confins de l'Ardenne liégeoise et de la Famenne orientale. Il comprend la réserve naturelle de la Picherotte, qui s'étend le long d'un petit affluent du ruisseau du même nom, ainsi qu'une grande partie du massif forestier qui l'entoure, dénommé Bois de Franque Hé. Une parcelle de prairie maigre au lieu-dit «Mon Legrand au Trou» a été adjointe au site en 2018.
La réserve en elle-même présente trois zones bien différenciées (cf dossier de demande d'agrément, ANONYME, 1991):
- une zone très humide le long du ruisseau avec Juncus effusus, Viola palustris, Agrostis canina, Glyceria fluitans, Stellaria alsine, Persicaria bistorta, Caltha palustris, Scirpus sylvaticus, Valeriana dioica, V. repens, Crepis paludosa, Dactylorhiza maculata, D. majalis,... et diverses espèces de sphaignes dont Sphagnum subsecundum (= crassicladum), S. acutifolium, S. palustre (Calthion).
- une zone mieux drainée, la plus étendue, qui groupe Angelica sylvestris, Heracleum sphondylium, Achillea millefolium, Alchemilla xanthochlora, Leucanthemum vulgare, Dactylis glomerata, Vicia cracca, Phleum pratense, Trifolium pratense,... (Arrhenatherion).
- un secteur en voie de recolonisation par les espèces ligneuses dont Cytisus scoparius, accompagné de son parasite Orobanche rapum-genistae, et Rubus sp., très bien représentés, mais aussi Crataegus monogyna, Prunus spinosa, Frangula alnus, Sorbus aucuparia sous le couvert desquels se développent diverses espèces herbacées: Holcus mollis, Deschampsia flexuosa, Anthoxanthum odoratum, Stachys sylvatica, Teucrium scorodonia, Vaccinium myrtillus, etc (Franguletalia).
Un manteau pré-forestier borde la frange externe de la prairie à angélique. On y observe, en plus des espèces forestières ou des fourrés déjà cités, Carpinus betulus, Prunus avium, Fraxinus excelsior, Alnus glutinosa, Populus tremula, etc.
A l'ouest du site, au lieu-dit Mon Legrand, entre la route et le ruisseau de la Picherotte, s'étend une superbe prairie maigre sur versant exposé au nord-ouest, remarquable sur le plan botanique, mais restée méconnue des naturalistes jusqu'il y a peu en raison de son enclavement. Des relevés effectués en 2017 et 2018 (obs. R. Lesage, M. Stefany, S. Rouxhet, J.-L. Gathoye et K. Gillebert) ont révélé sa grande richesse floristique, notamment orchidologique.
La végétation principale est constituée d'une prairie de fauche non ou peu fertilisée caractérisée par l'abondance de diverses dicotylées comme Heracleum sphondylium, Pimpinella major, Centaurea jacea s.l., Rhinanthus minor subsp. minor, Trifolium pratense, Hypochaeris radicata, Lotus corniculatus, ... On y observe diverses espèces compagnes des sols secs et neutroclines (Primula veris), des sols frais à humides (Ajuga reptans, Alopecurus pratensis, Poa trivialis, Cardamine pratensis, Ranunculus repens, Cirsium palustre, Filipendula ulmaria, ...), des espèces des sols pauvres et d'altitude (Festuca rubra subsp. rubra, Alchemilla xanthochlora, Leontodon hispidus, e.a.). En revanche, on constate l'absence de deux autres espèces typiques de l'habitat, Arrhenatherum elatius et Leucanthemum vulgare, qui s'explique par une altitude relativement élevée du site (300 m).
La présence de plusieurs espèces du cortège des prés oligotrophes, comme Succisa pratensis, Carex panicea, Luzula campestris, Anthoxanthum odoratum, Molinia caerulea (rare) ou encore Ranunculus serpens subsp. polyanthemoides, est également à souligner.
Une butte plus sèche accueille même un fragment de nardaie avec en particulier Nardus stricta, Polygala serpyllifolia, Lathyrus linifolius, Hieracium pilosella, Potentilla erecta, Carex caryophyllea, Stachys officinalis.
Dans les zones les plus humides, vers le ruisseau, prend place une végétation qui s'apparente à une jonçaie acutiflore dans laquelle prospère son élément caractéristique, Juncus acutiflorus, aux côtés de Crepis paludosa, Cirsium palustre, Lotus pedunculatus, Rumex acetosa, Lychnis flos-cuculi, Holcus lanatus, Myosotis nemorosa, Angelica sylvestris, Ranunculus flammula, Juncus effusus, Caltha palustris, Valeriana dioica, Valeriana repens, Viola palustris, etc. On notera l'abondance particulière de Carex pallescens, plante des prés acidophiles méso-hygroclines.
Cette prairie héberge pas moins de quatre espèces d'orchidées: Dactylorhiza maculata (> 1000 individus en 2018), Dactylorhiza majalis, Orchis mascula et Platanthera bifolia (plusieurs dizaines d'individus en 2018), soulignant l'intérêt patrimonial de la parcelle.
Un inventaire bryologique mené le 9 février 2017 par A. Sotiaux et al. dans la partie centrale de la réserve naturelle de la Picherotte a conduit au recensement de 80 espèces de mousses et hépatiques mais n'a pas permis de retrouver les sphaignes signalées précédemment.
La faune est très imparfaitement connue, les données, datant souvent des 1990-2000, mériteraient d'être actualisées et complétées.
L'avifaune est classique des massifs forestiers et vallons humides de l'Ardenne. On y observe, outre divers oiseaux banals, des espèces moins communes comme la bondrée apivore (Pernis apivorus), le pic noir (Dryocopus martius), le gros-bec cassenoyaux (Coccothraustes coccothraustes), le bouvreuil pivoine (Pyrrhula pyrrhula), le pouillot siffleur (Phylloscopus sibilatrix), ...
Les amphibiens comportent au moins 5 espèces sur le site, toutes communes dans la région. Plusieurs petits points d'eau permettent leur reproduction, aussi bien dans la réserve qu'aux environs.
Trois reptiles sont présents. Le lézard vivipare (Zootoca vivipara) et l'orvet (Anguis fragilis) sont habituels dans ce genre d'endroit. La couleuvre à collier (Natrix natrix), signalée en 1991, occupe encore probablement le site mais il manque de données récentes pour le confirmer.
L'entomofaune n'a fait pour l'instant l'objet que de quelques observations ponctuelles concernant les papillons de jour (16 spp.), les libellules (4 spp.), les bourdons (3 spp.) et les orthoptères (2 spp.).