Le domaine universitaire du Sart Tilman, incluant la lande de Streupas, a fait l'objet de nombreuses publications notamment botaniques (DUVIGNEAUD et TERCARFS, 1975; DUVIGNEAUD, 1976; DUVIGNEAUD, 1978; DESTINAY et LAMBINON, 2005; etc.).
A. Sur les plateaux, on trouve:
- des chênaies-hêtraies silicicoles avec taillis de Sorbus aucuparia, Malus sylvestris subsp. sylvestris, Sambucus racemosa, Mespilus germanica, Ilex aquifolium,... avec, au sol, Vaccinium myrtillus, Deschampsia flexuosa, Holcus mollis, Lonicera periclymenum, Pteridium aquilinum et, dans les milieux un peu plus riches et plus humides, Milium effusum, Poa chaixii, Senecio ovatus, Luzula luzuloides, Deschampsia cespitosa. En lisière ou dans les coupes se développe Calamagrostis arundinacea (Fago-Quercetum);
- des chênaies sessiliflores à Molinia caerulea.
B. Sur les pentes des vallons encaissés, se rencontrent des groupements végétaux variés comme:
- des chênaies-charmaies des sols calcaires (Carici-Carpinetum);
- des chênaies-charmaies sur schistes;
- des chênaies silicicoles à Poa nemoralis;
- des chênaies-charmaies à Allium ursinum, sur colluvions de bas de pente;
- des chênaies silicicoles à Luzula sylvatica et diverses fougères: Oreopteris limbosperma, Athyrium filix-femina, Phegopteris connectilis, Blechnum spicant, ...
- des chênaies à Festuca altissima, ...
C. Les fonds de vallons sont occupés par:
- des aulnaies à Carex pendula, C. remota, Galium palustre, Glyceria fluitans, Cardamine amara, Scutellaria galericulata, ...
- des frênaies-aulnaies à Prunus padus, Carex pendula, Chrysosplenium oppositifolium, Impatiens noli-tangere, Circaea intermedia,... (Stellario-Alnetum);
D. La lande de Streupas occupe un promontoire couvert par:
- une pelouse calaminaire rase, localement assez ouverte, formée par quelques métallophytes (Viola calaminaria, Thlaspi caerulescens subsp. calaminare ) et pseudométallophytes (Agrostis tenuis, Festuca nigrescens, Campanula rotundifolia, Rumex acetosa, etc. (Violon calaminariae);
- une chênaie silicicole, sur les assises du Famennien;
- une hêtraie calcicole sur les calcaires dolomitiques du Tournaisien (Cephalanthero-Fagion), avec Neottia nidis-avis, Carex digitata, Lonicera xylosteum, Dianthus armeria, Carex muricata subsp. lamprocarpa, ... ;
- des taillis xéro-theromphiles très riches en espèces parmi lesquelles Cornus mas, Lonicera xylosteum, Rhamnus cathartica, Berberis vulgaris, et de nombreuses plantes herbacées calcicoles, de coupes forestières, de lisière forestière, etc. (Berberidion);
- des landes herbeuses et prairies sèches à Calluna vulgaris, Vaccinium myrtillus, Molinia caerulea qui résultent de la fréquence des incendies en relation avec une pollution en poussières de Zn et en SO2;
- une chênaie-charmaie calcicole à Primula veris, Viola hirta, Carex digitata, Campanula persicifolia, Melica nutans,...(Carici-Carpinetum) environnée d'espèces de lisière (Trifolium medium, Vincetoxicum hirundinaria,...) (Trifolion medii).
E. L'Ile Rousseau, située dans le lit de l'Ourthe:
L'eau libre et les anses calmes accueillent Ranunculus fluitans, Elodea nuttallii (Ranunculion fluitantis); sur les vases exondées, diverses espèces du Bidention apparaissent (Bidens cernua, B. frondosa, Ranunculus sceleratus,...) et sur les berge le rare Butomus umbellatus.
Diverses espèces végétales plus courantes en Ardenne sont présentes au Sart-Timan où elles atteignent parfois la limite nord de leur aire de distribution régionale, notamment Luzula luzuloides, Festuca altissima, Circaea intermedia, Calamagrostis canescens et Poa chaixii. C'est le cas également d'éléments calcicoles comme Campanula persicifolia, Vincetoxicum hirundinaria, Melica nutans, Cornus mas, Carex digitata, ...
Fin des années 1960, Cl. Magnée y a signalé plusieurs espèces de sphaignes: Sphagnum fimbriatum, Sphagnum inundatum, Sphagnum palustre, Sphagnum subnitens, Sphagnum teres.
La faune du Sart Tilman a fait l'objet de plusieurs inventaires: les vertébrés de 1975 à 1981, les insectes en 1978 et 1979, les mollusques en 1977 et 1978. Des données plus récentes ont été récoltées pour les mammifères, les oiseaux et les mollusques et certains ordres ou familles d'insectes (1989 à 2015) (voir http://www.liege.be/reserve-naturelle-sart-tilman/intro0b2c.htm).
Parmi les 23 espèces de mammifères recensées, on notera la présence du putois (Putorius putorius) et la réapparition récente du blaireau (Meles meles) et du sanglier (Sus scrofa).
On y recense quelques 60 espèces d'oiseaux nicheuses. Depuis l'instauration de mesure de gestion telles l'étrépage et de débroussaillage, l'avifaune de la lande de Streupas comprend un petit noyau d'espèces typiques des landes à bruyères. L'alouette lulu (Lullula arborea) en est l'élément le plus remarquable; elle est accompagnée du pipit des arbres (Anthus trivialis); le bruant jaune (Emberiza citrinella) et la linotte mélodieuse (Carduelis cannabina) ont disparu récemment comme nicheurs locaux, parallèlement à leur déclin général. La bondrée apivore (Pernis apivorus), le pic vert (Picus viridis), le faucon crécerelle (Falco tinnunculus), e.a., profitent de la conjonction de cette lande et des zones forestières.
L'avifaune des forêts, surtout d'anciens taillis, denses, à futaie rare et/ou dispersée, est dominée par des espèces peu exigeantes; on y relève néanmoins l'abondance relative de la bécasse des bois (Scolopax rusticola).
La reconstitution spontanée du couvert forestier, le vieillissement de ces forêts ou la réalisation de plantations ont contribué à la disparition de plusieurs nicheurs remarquables comme la gélinotte des bois (Bonasa bonasia), l'engoulevent d'Europe (Caprimulgus europaeus), le tarier pâtre (Saxicola torquata), la pie-grièche écorcheur (Lanius collurio).
L'avifaune du parc de Colonster profite de très vieilles futaies mélangées et de la proximité de la vallée de l'Ourthe ou de prairies. Les nicheurs marquants en sont l'épervier d'Europe (Accipiter nisus), l'effraie des clochers (Tyto alba), le pigeon colombin (Columba oenas), le pic noir (Dryocopus martius), le pic vert (Picus viridis), le pic épeichette (Dendrocopos minor) et, depuis 1993, le héron cendré (Ardea cinerea) dont la colonie abrite plus de cinquante couples.
Les reptiles sont représentés par 5 espèces: le lézard des murailles (Podarcis muralis), dans la vallée de l'Ourthe à Tilff (La Famelette), le long de la voie ferrée; le lézard vivipare (Zootoca vivipara) cantonné à de petites clairières en forêt, mais peut être disparu actuellement ; l'orvet (Anguis fragilis), bien présent; la couleuvre coronelle (Coronella austriaca) présente au bois d'Oblustène, à proximité immédiate de la réserve; la couleuvre à collier (Natrix natrix), le reptile le plus répandu dans la réserve, jusqu'à proximité des bâtiments universitaires (voir à ce sujet l'étude par capture-marquage-recapture menée par GRAITSON et FUNTOWICZ, 2008).
Pas moins de 6 espèces de batraciens ont été signalées lors des inventaires successifs, parmi lesquelles figure l'emblématique sonneur à ventre jaune (Bombina variegata) dont la présence récente n'a cependant pas été confirmée. Le crapaud accoucheur (Alytes obstetricans) a peut-être lui aussi déserté le site. La présence de la Salamandre terrestre (Salamandra salamandra) est par contre toujours notée dans les ruisseaux de versant.
Illustrant la grande variété de milieux et de conditions écologiques, l'entomofaune se révèle d'une richesse remarquable, incluant nombre d'espèces de grande valeur biogéographique et patrimoniale. En effet, la réserve naturelle du domaine universitaire se situe entièrement dans l'extrémité la plus orientale de la pointe nord-est de l'Ardenne condrusienne. Ainsi, elle héberge bon nombre de Coléoptères d'origine pontique ou méridionale, dont la limite nord de répartition biogéographique coïncide précisément avec le sillon de la Meuse, comme par exemple les Elatérides Limonius aeneoniger, Zorochrus dermestoides, Hypnoidus riparius (ces deux dernières étant des espèces rivulaires). La forêt caducifoliée de chênes et de hêtres héberge de nombreuses espèces sylvicoles caractéristiques, comme le lucane cerf-volant (Lucanus cervus), l'Elatéride Ctenicera pectinicornis et des dizaines d'espèces de longicornes (Cerambycidae) et d'autres coléoptères. La lande de Streupas, milieu très particulier, à la fois thermophile et couvert d'une végétation héliophile et acidophile, est habité par des spécialistes comme la coccinelle noire (Exochomus nigromaculatus), la coccinelle à hiéroglyphes (Coccinella hieroglyphica), la galéruque de la bruyère (Lochmaea suturalis), etc. On notera également l'observation récente de Labidostomis tridentata, une chrysomèle rare et en fort déclin en Région wallonne (voir FAGOT & BORTELS, 2022).
Les terrains sablonneux ou sablo-argileux (affleurements des sables tertiaires, talus sablo-argileux des sentiers, landes) hébergent des espèces psammophiles (sabulicoles) tels plusieurs Hyménoptères Pompilides chasseurs d'araignées (Anoplius viaticus par exemple ou Priocnemis chiodtei, très localisés en Haute Belgique et en région bruxelloise), des Coléoptères Géotrupides ou Scarabéides coprophages typiques des sols sablonneux et peu fréquents en Belgique, comme le minotaure typhée (Typhaeus typhoeus), ou des Elatérides comme Anostirus castaneus, relativement rare ailleurs.
La faune des abeilles sauvages de la lande de Streupas est riche d'au moins 82 espèces capturées entre 1978 et 2015 (PAULY, 2018). Parmi ces espèces figurent plusieurs éléments de grand intérêt patrimonial et pas moins de 7 sont visées par une protection stricte en Région wallonne (annexe 2b - décret du 6 décembre 2001): Andrena fuscipes, Anthidium punctatum, Anthophora retusa, Colletes cunicularius, Macropis fulvipes, Panurgus banksianus et Panurgus calcaratus. Les espèces de Mégachilidae sont très peu représentées, comparé à des inventaires réalisés sur pelouse calcaire par ex. Les Andrenidae et les Halictidae sont en revanche nombreux, accompagnés par une belle diversité d'espèces cleptoparasites du genre Nomada. Certaines abeilles ont été notées récemment et n'étaient pas connues auparavant comme Colletes cunicularius, Colletes succinctus, Andrena vaga, Sphecodes albilabris (coucou chez C. cunicularius), Lasioglossum pauxillum. D'autres n'ont pas été retrouvées récemment. Ainsi, PAULY (2018) souligne l'absence de Dufourea dentiventris dans les relevés des années 2000. Cette espèce pourrait avoir disparu de Streupas, comme on a pu le constater de manière plus générale en Belgique. De même, Lasioglossum fulvicorne et Andrena helvola, abondamment collectées dans les années 1970, sont restées introuvables. A Streupas, les espèces oligolectiques liées à la flore de la lande sont celles spécialisées sur les campanules (Dufourea dentiventris, Melitta haemorrhoidalis, Chelostoma rapunculi), la callune (Andrena fuscipes et Colletes succinctus) et les Asteraceae liguliflores jaunes (Panurgus calcaratus, P. banksianus, Lasioglossum spp.). La flore du printemps par contre est butinée par des abeilles généralistes, en particulier par différentes espèces d'andrènes, d'halictes, de bourdons. Celles-ci peuvent être observées au mois de mai visitant les fleurs des myrtilles (Vaccinium myrtillus) et des genêts (Cytisus scoparius). Les saules sont recherchés par les andrènes les plus hâtives, dont Andrena vaga, qui semble apparue récemment sur le site (espèce en expansion générale en Belgique). Les deux métallophytes du site, le tabouret calaminaire (Thlaspi caerulescens subsp. calaminare) et la violette calaminaire (Viola calaminaria), bien que nectarifères et fleurissant abondamment, ne paraissent guère attractives pour les abeilles sauvages. Les quelques visiteurs occasionnels étaient Nomada fabriciana (sur tabouret) et Anthophora retusa (sur violette).
Les orthoptères sont variés et on trouve au moins trois espèces remarquables sur l'ensemble du massif du Sart-Tilman: Chorthippus montanus et Stethophyma grossum sont confinés aux prairies humides et se retrouvent à Colonster, aux sources du ruisseau du Trou du Chien, tandis que Chorthippus vagans est une espèce xéro-thermophile qui a été observée sur la lande de Streupas (1 ex. probablement erratique - L. Schmitz).
Les biotopes aquatiques lotiques (les deux ruisseaux de la Sordeye et du Blanc Gravier) hébergent la plupart des espèces aquatiques caractéristiques des rivières à cours rapide de Haute Belgique, en raison de la présence d'une série de biotopes variés, à fonds caillouteux, rocheux, graveleux, sableux ou vaseux, en milieu prairial ou boisé. Des études faunistiques réalisées dans le cadre de mémoires de licence, ont confirmé la présence d'une centaine d'invertébrés aquatiques parmi lesquels plusieurs espèces d'Ephéméroptères (genres Nemoura, Ecdyonurus, Rhitrogena, Baetis), de Trichoptères (genres Hydropsyche, Rhyacophila, Synagapetus, Plectronemia, Stenophylax, Mesophylax, Drusus, Sericostoma), de Coléoptères Dysticidae et Helodidae, et une faune de Diptères aquatiques bien diversifiée (14 familles ou sous-familles représentées). Soulignons la présence d'une espèce caractéristique des torrents et cascades, remarquable par ses adaptations morphologiques extrêmement poussées: Liponeura decipiens.
Une étude récente sur la qualité biologique des ruisseaux du domaine du Sart Tilman a été réalisée par DETHIER et al. (2008). Comparé aux années 1960, cette étude a souligné une dégradation légère mais sensible de la faune aquatique et un appauvrisement progressif des communautés aujourd'hui composées d'éléments relativement banals.
La zone humide des Basses Prairies, en contrebas de Colonster héberge une odonatofaune particulièrement riche, incluant Coenagrion pulchellum, espèce exceptionnelle dans la région liégeoise connue sur le site jusqu'à la fin des années 1990 mais revue récemment, en juin 2015. Les petits ruisselets forestiers sont l'habitat d'une libellule élusive et très spécialisée, Cordulegaster bidentata.