Zones tourbeuses et lithalses dans les Fagnes de l'Est (Hautes-Fagnes)
Une grande diversité de milieux
Les milieux naturels et semi-naturels principalement visés par le méta-projet de restauration des Hauts-Plateaux ardennais sont d'une grande diversité. Ils sont très menacés en Wallonie et en Europe. La majorité d'entre eux figurent dans l'Annexe I de la Directive européenne CE92/43 "Habitats" et font l'objet de mesures de protection, notamment dans les sites Natura 2000, de manière à maintenir le degré de conservation à l'échelle des sites. Tous les biotopes concernés sont en état de conservation défavorable à l'échelle wallonne alors qu'un potentiel de restauration important existe vu les difficultés de la mise en valeur sylvicole. L'objectif du méta-projet est de contribuer largement à la restauration d'un état de conservation favorable à l'échelle de la Wallonie. |
Les biotopes principaux qui sont ciblés dans le méta-projet de restauration des Hauts-Plateaux ardennais sont :
- des tourbières avec :
- les tourbières hautes (7110 : actives ou 7120 : dégradées)
- les bas-marais acides
- les tourbières de transition et tremblantes (7140)
- les boulaies tourbeuses (91D0)
- des landes humides (4010)
- des landes sèches (4030)
- des chênaies montagnardes de chêne pédonculé à trientale (9190)
- des mégaphorbiaies (6430)
- des aulnaies alluviales (91E0) et des aulnaies marécageuses
D'autres biotopes plus rares comme des végétations des dépressions sur substrat tourbeux (7150), les prés humides relevant du Molinion (6410), les pelouses à Nard (6230), les prés de fauche montagnards (6520), ... sont aussi pris en compte dans les projets de restauration. Des actions de regénération des hêtraies acidophiles (9110) de haute altitude, bien malmenées depuis 2000, ont aussi été entreprises dans les différents massifs.
Ces différents milieux sont répertoriés dans la typologie de la végétation (appelée WalEUNIS) et la grande majoirté d'entre eux sont concernés par la mise en oeuvre de Natura 2000.
Biotopes principaux ciblés par les 6 projets LIFE | Saint-Hubert | Croix-Scaille | Plt Tailles | Hautes-Fagnes | Lomme | Ard. Liégeoises |
Tourbières hautes actives (7110) | ||||||
Tourbières hautes dégradées (7120) | ||||||
Bas-marais acides | ||||||
Tourbières de transition et tremblantes (7140) | ||||||
Boulaies tourbeuses (91D0) | ||||||
Landes humides (4010) | ||||||
Landes sèches (4030) | ||||||
Chênaies montagnardes de chêne pédonculé à trientale (9190) | ||||||
Mégaphorbiaies (6430) | ||||||
Aulnaies alluviales (91E0) et des aulnaies marécageuses |
Linaigrettes dans des zones restaurées au Grand Passage (Plateau des Tailles) |
Les tourbières hautes :
Tourbières alimentées uniquement par l'eau de pluie, avec une végétation et une nappe d'eau plus élevées que la nappe phréatique environnante, oligotrophes, fortement acides et formatrices de tourbe. Ces formations se développent de façon optimale au-dessus de 550-600 m d'altitude en haute Ardenne, sur la crête sud-ouest-nord-est du massif ardennais. Leur végétation est constituée par un nombre assez limité d'espèces, plus ou moins strictement acidiphiles, oligotrophes, résistantes à la sécheresse et adaptées à la limitation de l'évapotranspiration. Parmi ces espèces, on note un contingent important d'espèces boréo-montagnardes et atlantiques. La majorité de ces tourbières hautes sont dégradées par l'exploitation de la tourbe et le drainage. Elles sont la cible principale du méta-projet. |
Tourbières hautes actives :
160 ha en état de conservation (rég. biogéo. continentale) : Ces tourbières sont caractérisées par des espèces boréo-alpines comme l'andromède (Andromeda polyfolia). |
Tourbières hautes dégradées :
2.575 ha en état de conservation (rég. biogéo. continentale) : Ces tourbières sont colonisées par les molinies ou des éricacées lorsqu'elles ont été exploitées ou sont en voie d'assèchement. |
Les bas-marais acides :
Communautés végétales herbacées colonisant des dépressions, des pentes faibles et des zones de résurgence détrempées jusqu'en surface par affleurement de la nappe phréatique. Ils sont alimentés pas des eaux pauvres en bases et acides, oligotrophes à mésotrophes, dans lesquelles la formation de tourbe est infra-aquatique. Ces milieux sont dominés par des laîches de petite taille, accompagnées par exemple par diverses espèces des milieux marécageux comme la violette des marais (Viola palustris), l'orchis des sphaignes (Dactylorhiza sphagnicola), la linaigrette à feuilles étroites (Eriophorum angustifolium), ... et des sphaignes (Sphagnum fallax, ...). Dans les zones de ruissellement, on observe des bas-marais à narthécie des marais (Narthecium ossifragum) et scirpe cespiteux (Trichophorum cespitosum). Le faciès de jonchaies dominées par le jonc à tépales aigus (Juncus acutiflorus) y est fréquemment observé. |
Les bas-marais acides :
Ces biotopes bordent les tourbières actives et tremblantes ainsi que les landes humides en formant des mosaïques complexes. |
Les tourbières de transition et tremblantes :
Stades évolutifs temporels ou transitions spatiales du bas-marais vers la tourbière haute, stades d'atterrissement des pièces d'eau (notamment les anciennes fosses d'extraction), alimentés à la fois par des eaux phréatiques et météoriques (minéro-ombrotrophes). Associations turfigènes et hydrophiles des tremblants tourbeux présentant une grande diversité de communautés végétales. Par leur situation intermédiaire, ces habitats contiennent souvent des espèces des bas-marais acides ou alcalins et des tourbières hautes. |
Les tourbières de transition et tremblantes
80 ha en état de conservation (rég. biogéo. continentale) : |
Les boulaies tourbeuses :
Forêts à caractère boréal, claires et peu élevées, sur sol tourbeux humide et très acide, dominées par le bouleau pubescent, avec quelques intrusions d'essences mésophiles (aulne glutineux, chêne pédonculé, sorbier des oiseleurs). La flore bryophytique, qui est principalement constituée de sphaignes, a un recouvrement pratiquement complet dans les variantes peu dégradées. La flore herbacée comporte la molinie (Molinia caerulea) et la myrtille commune (Vaccinium myrtillus), des laîches, des joncs et des espèces « boréales », plus rares et limitées à l'Ardenne: la myrtille de loup (Vaccinium uliginosum), la camarine noire (Empetrum nigrum) et la trientale (Trientalis europaea). |
Les boulaies tourbeuses
700 ha en état de conservation (rég. biogéo. continentale) : La trientale (Trientalis europaea) - symbole des réserves naturelles en Wallonie - est l'une des espèces typiques des boulaies tourbeuses. |
Les landes humides :
Les landes humides sont des formations végétales dominées physionomiquement par des sous-arbrisseaux comme la bruyère quaternée (Erica tetralix), la bruyère vulgaire (Calluna vulgrais), la myrtille de loup (Vaccinium uliginosum), ... éventuellement accompagnées d'herbacées cespiteuses comme le scirpe cespiteux (Trichophorum cespitosum subsp. germanicum), le jonc squarreux (Juncus squarrosus),... et de bryophytes, notamment de sphaignes. Elles occupent en général des sols humides, minéraux (argiles blanches) ou organiques (couche de tourbe n'excédant pas quarante centimètres d'épaisseur), pauvres en éléments nutritifs et acides. Leur origine est liée à diverses pratiques agropastorales ancestrales. Le maintien de la lande humide est en effet lié au pâturage extensif ou à la fauche et, localement, à l'étrépage ou à l'écobuage. |
Les landes humides
3.000 ha en état de conservation (rég. biogéo. continentale) : La bruyère quaternée (Erica tetralix) est l'une des espèces typiques des landes humides qui s'observe aussi sur les tourbières hautes actives. |
Les landes sèches :
Les landes sèches sont des formations végétales dominées par des sous-arbrisseaux comme la bruyère vulgaire, l'airelle, la myrtille commune, des genêts. Elles occupent en général des sols secs, pauvres en éléments nutritifs et généralement acides. Leur origine est liée à diverses pratiques agropastorales ancestrales. Le maintien de la lande est en effet lié au pâturage extensif, à la fauche, à l'étrépage ou à l'écobuage. |
Les landes sèches
2.000 ha en état de conservation (rég. biogéo. continentale) : |
Les chênaies montagnardes de chêne pédonculé à trientale :
Les chênaies montagnardes de chêne pédonculé à trientale occupent les sols à argile blanche du plateau ardennais. Ces sols imperméables, très humides une grande partie de l'année, sont fréquemment recouverts d'une fine couche à tendance tourbeuse. Ces chênaies ardennaises sont généralement situées sur des zones planes ou de très légers versants, en périphérie de zones tourbeuses ou sur de petites terrasses caillouteuses des hautes vallées du plateau ardennais. Ces vieilles chênaies sont caractéristiques des sols acides. L'espèce la plus typique, presque systématiquement présente même si elle n'est pas strictement inféodée à ces milieux, est la molinie, qui peut parfois former des plages étendues. Dans les zones les plus humides, on peut ainsi y retrouver la luzule des bois, mais également des mousses comme les sphaignes et le polytric commun (Polytrichum commune), des fougères comme les dryoptéris dilaté et des chartreux (Dryopteris dilatata, D. carthusiana), ou, en Haute Ardenne, la trientale (Trientalis europaea). |
Les chênaies montagnardes
G1.81 Chênaies pédonculées à bouleau
4.700 ha en état de conservation (rég. biogéo. continentale) : La Molinie (Molinia caeruela) est l'une des espèces dont la présence est quasi-systématique. |
Les mégaphorbiaies :
Les mégaphorbiaies sont des formations végétales dominées par de grandes dicotylédones herbacées se développant sur des sols riches et frais, le long des cours d'eau (mégaphorbiaies alluviales) ou en lisière forestière (ourlets nitrophiles). Les mégaphorbiaies alluviales occupent naturellement les clairières et les ouvertures dans les forêts sur sols riches, régulièrement inondés en hiver. Pendant la bonne saison, l'abaissement de la nappe phréatique permet la minéralisation des dépôts de crue (alluvions minérales et dépôts organiques) et procure des conditions de développement particulièrement favorables, ce qui explique l'exubérance de ces végétations. |
Les mégaphorbiaies
6.000 ha en état de conservation (rég. biogéo. continentale) : La reine des prés (Filipendula ulmaria) est une des espèces typiques des mégaphorbiaies. |
Les aulnaies alluviales :
Les forêts alluviales se retrouvent dans les zones inondables des cours d'eau de toutes dimensions, qu'il s'agisse de grands fleuves ou de petits ruisseaux de source. Ces zones, sous l'influence des nappes phréatiques et périodiquement inondées par les crues, se caractérisent toutefois par des sols relativement bien aérés et drainés en période de végétation, même s'ils restent toujours très bien alimentés en eau. Ce sont des milieux d'une grande fertilité, entretenue par les dépôts d'alluvions issus des crues du cours d'eau. En tête de bassin (souvent en Haute Ardenne), elles occupent des sols limoneux à limono-caillouteux à drainage variable, mais le plus souvent sans développement de profil. Ces forêts forment dans les vallons d'étroites galeries qui traversent les forêts adjacentes et remontent jusqu'aux têtes de source. En Haute Ardenne, elles sont parfois mélangées à des aulnaies marécageuses (G1.41). |
Les aulnaies alluviales
La cardamine amère (Cardamina amara) est une espèce typique de l'aulnaie alluviale de tête de bassin. |