C1. Elimination des résineux
L'objectif était d'éliminer des résineux sur plus de 150 ha pour ensuite permettre la restauration hydrique et de la dynamique de la végétation.
Cette première étape consiste à éliminer les peuplements résineux sur sols sensible soit par un abattage anticipé lorsque le peuplement à une valeur économique, soit en broyant la régénération naturelle qui a colonisé d'anciennes coupes ou de jeunes plantations sans avenir, soit par des coupes manuelles ciblées pour du travail en conditions difficiles.
Déboisement | Coupe entre deux sites ouverts |
Lorsque le peuplement à une valeur économique, on dispose de tables permettant de dédommager les propriétaires privés ou publics de la perte de la valeur d'avenir, c'est-à-dire la différence entre la valeur actuelle et la valeur que le peuplement pourrait avoir au terme de sa croissance. Si un propriétaire est intéressé par cette indemnité, il s'engage à consacrer son terrain à la nature et bénéfiie de mesures de restauration. Les propriétaires publics se sont engagés à réinvestir les indemnités sur le Plateau de Saint-Hubert dans des actions de conservation de la nature au sens large (restauration de forêts de production feuillues; aménagements de valorisation touristique). Au total, 134 ha ont été déboisés et le montant des compensations s'élève à 136.000 € (de 0 à 5.000 €/ha).
Travaux manuels | Récupération des plaquettes |
Outre l'abattage classique pour la production de grumes, des peuplements jeunes d'épicéas ont été valorisé en plaquettes dans une logique de production d'énergie. La commune de Tenneville, initiatrice d'une chaudière communale alimentée en plaquettes, a pu ainsi bénéficier de deux années de complète de chauffage.
Broyeur sur tracteur | Grue articulée broyant un épicéa |
Lorsque le peuplement n'a pas de valeur économique, dans le cas de regénérations non contrôlées ou de plantations sur sols sensibles, les épicéas sont broyés mécaniquement. Cela suppose un matériel spécialisé vu la faible portance des sols et de ne travailler que dans des conditions climatiques optimales. Souvent ces travaux sont effectués avec deux machines, un tracteur chenillé avec un broyeur à l'arrière et une grue avec un boryer en bout de bras. La présence simultanée de deux engins bien différents permet d'intervenir dans toutes les situations. Elle permet aussi de porter assistance en cas d'enbourbement. Au total, 196 ha ont été broyés .
Les deux broyeurs au travail | Le travail sur sols sensibles |
Par rapport à l'objectif initial de 150 ha, plus de 330 ha de peuplement denses résineux ont été éliminés.
Enfin, des abattages individuels d'arbres isolés, le traitement de génération trop importantes de saules, le traitement des rejets de souches, ... ont été réalisés sur 142 ha .
Le nettoyage des coupes a été réalisé lors des travaux de restauration hydrique et le matériel ligneux (souches, rémanents) restant a d'ailleurs servi pour boucher les drains. Dans les zones soumises au broyage, les zones dominées par les tourradons de molinie ont aussi été broyées en surface pour permettre à la végétation de tourbière ou de lande de s'installer.
C2. Restauration hydrique
Les objectifs de cette action sont :
- boucher les drains avec des remblais et des rémanents du broyage (20 km)
- rediriger l'eau disponible vers les zones humides, soit en créant des exutoires à la fin des drains maintenus en zone de production, soit en assurant le passage de l'eau sous les voies de communication, le tout pour maximiser l'ennoiement
- créer des mares et des dépressions (10 grandes mares) en creusant le sol ou en plaçant des digues superficielles (10 km de digues minérales et 1 km de palplanches) sur les faibles pentes
Les zones humides du Plateau de Saint-Hubert ont été très largement draînées puisqu'on atteint des densités très importantes de pouvant atteindre 1000 m à l'hectare.
Bouchage de drains | Creusement de mares |
Le bilan de l'action est le suivant :
- 81 km de drains neutralisés avec des bouchages périodiques et 14 km de drains ont été totalement comblés
- 53 aqueducs ont été placés sous les voies de communication
- 2450 petites mares créées lors du bouchage des drains avec de l'argile blanche extraite en bordure du drains
- 24 grandes mares avec permis
- 300 dépressions pour une longueur totale de 15.5 km en digues minérales et 690 m de palplanches
Barrage en palplanches | Digue |
C3. Travaux de végétalisation
Bien que cela n'ait pas été prévu initialement dans le projet, il s'est avéré intéressant de réaliser des travaux de végétalisation dans les zones étrépées ou après le nettoyage des coupes. L'objectif est d'accélérer la colonisation par les sphaignes de manière à avoir une couverture végétale sur les zones de tourbe nue qui permet de limiter les écarts thermiques et la sécheresse en été. Cela relance alors beaucoup plus rapidement l'ensemble du processus de colonisation végétale et animale. Les linaigrettes sont intéressantes car elles permettent de fixer les sphaignes qui flottent à la surface de l'eau au printemps et de les protéger en été à l'ombre des feuilles.
Plantations de linaigrettes | Le même site l'année suivante |
Après avoir obtenu les autorisations nécessaires, des linaigrettes et des sphaignes ont été plantées ou semées sur près de 15 ha de zones très humides.
Des graines de bruyères, venant de Flandre, ont aussi été répandues sur plus de 7 ha de zones étrépées.
C4. Restauration d'habitats forestiers et de lisières feuillues
Comme de très larges surfaces ont pu être déboisées des résineux, il est apparu intéressant d'initier la restauration d'habitats forestiers feuillus de l'Annexe 1 de la Directive Habitats comme les boulaies tourbeuses (91D0*), les aulnaies rivulaires (91E0*) et des boulaies-chênaies sur argile blanche (9190). Cette action permet d'apporter une diversité alimentaire significative dans un massif forestier dominé à 81% par l'épicéa et le hêtre mais il faut permettre une croissance suffisante des plants pour qu'ils soient capables de résister aux cervidés. Ces travaux sont donc réalisés sous clôture pour garantir leur réussite. Cette action a aussi permis de recréer des lisières feuillues entre les zones ouvertes et les zones de production résineuse et feuillue.
Baies de sorbiers | Boutures de saules |
Les travaux concernent :
- des semis de graînes de bouleau sur 53,35 ha (33,28 ha sous clôtures et 20,79 ha hors clôtures)
- 2.500 kg de graînes de sorbiers réparties sur 32,00 ha
- 12.000 boutures de saules réparties sur 7,18 ha
- 8.000 plants de chênes ont été plantés dans le cadre des compensations des communes de Bertogne (Fontaine au Stock) et de Saint-Hubert (Doneuse)