Lithalse dans les Fagnes de l'Est
La protection des tourbières : un défi identifié il y a plus de 100 ans
Malgré de nombreux appels à la protection de ces milieux tels que ceux de Léon Frédérick de l'Université de Liège en 1911 et de Jean Massart de l'Université de Bruxelles en 1912, les Hauts-Plateaux ardennais ne profiteront de réelles mesures de protection que plus de 50 ans plus tard. Jean Massart écrivait en 1912 : « Le grand attrait du plateau de la Baraque Michel consiste dans les nombreuses reliques glaciaires, tant animaux que plantes, qui y ont survécu (...). La dénaturation du plateau de la Baraque Michel causerait un préjudice énorme, non seulement aux artistes et aux simples amateurs de pittoresque, mais aussi, et surtout, à ceux qui s'intéressent aux progrès de la Géologie, de l'Anthropologie, de la Botanique et de la Zoologie. La Belgique possède là un site merveilleux, d'une valeur inestimable pour la science ». | Pont de la Vecquée à Hockai 1896 (Jean Massart, 1912) |
Il propose ensuite la création d'un parc naturel basé sur une première zone de 600 ha identifiée en 1911 en Belgique, et qui s'étendrait aussi l'autre côté de la frontière prussienne passant à l'époque à la hauteur de la Baraque Michel.
Les statuts de protection de la Nature
Les premières mesures de protection effective ne datent que de 1957, avec la création d'une première réserve de 1.439 hectares dans les Hautes Fagnes, puis de celles du plateau des Tailles (1967), du Rouge Poncé sur le plateau de Saint-Hubert (1969), des Anciennes Troufferies de Libin sur le plateau de Recogne-Libramont (1976) et de la Fange de l'Abîme sur le plateau de la Croix-Scaille (1985). En 2002, plus de 5.300 ha de tourbières et de milieux associés sur les hauts-plateaux bénéficient d'un statut de Loi de la Conservation de la Nature (Réserve Naturelle Domaniale), représentant ainsi plus de la moitié des zones protégées en Wallonie. Mais les sols tourbeux et paratourbeux représentent en Ardenne de l'ordre de 13.000 ha (sur les 15.000 ha en Wallonie). En ajoutant les autres sols alluviaux et les sols humides à très humides, ils dépassent les 90.000 ha. Les enjeux biologiques existants et potentiels sont donc loin d'être protégés. |
La mise en oeuvre du réseau Natura 2000
Les deux Directives européennes "Oiseaux" et "Habitats" prévoient de désigner respectivement des zones de protection spéciale (ZPS) et des zones spéciales de conservation (ZSC) qui forment le réseau Natura 2000. Comme la plupart des biotopes associés aux milieux tourbeux et très humides sont concernés, la mise en oeuvre du réseau Natura 2000 a été une étape essentielle dans la protection de ces milieux. En effet, comme l'objectif du réseau est de maintenir le degré de conservation dans les sites et de contribuer à la restauration d'un état de conservation favorable régional, des mesures de protection sont prises à travers les mesures générales et spécifiques dans les sites et la désignation permet de lancer des actions de restauration avec un co-financement européen (LIFE+, PDR, ...). |
Sans l'identification des sites qui a été réalisée de manière ciblée et structurée par le DEMNA et la finalisation de la désignation de plus de 220.000 ha par le Gouvernement wallon en 2002, ces projets LIFE de restauration n'auraient pas pu être lancés.