La berce du Caucase

La berce du Caucase est une espèce d'origine ornementale qui a été plantée pour ses vertus esthétiques et mellifères. Elle se disperse dans l'environnement et envahit les bords de route, les berges de rivière, les lisières forestières et les prairies gérées de manière extensive depuis une vingtaine d'année. Elle y forme des populations très denses qui prennent le pas sur la flore indigène. Cette ombellifère géante peut en outre occasionner de graves brûlures lors d'un contact avec la peau. Un plan de lutte a été mis en place depuis 2012 pour tenter d'enrayer sa progression en Wallonie.

Carte d'identité

berceLa berce du Caucase présente l'aspect typique des plantes de la famille des ombellifères (angélique, berce commune, carotte, cerfeuil, etc.). Comme ses consœurs, elle produit de grandes fleurs blanches disposées en rayons (ombelles). Mais la taille impressionnante de la plante (de 2 à 4 mètres de haut pour les individus en fleurs) et des fleurs (ombelle principale dotée de plus de 50 rayons) permettent de l'identifier à coup sûr. Ses feuilles profondément dentées et les taches pourpres sur la tige sont également très caractéristiques.

Cette plante pluri-annuelle fleurit généralement entre la 2° et la 4° année. Tout comme la carotte, la berce du Caucase stocke ses réserves nutritives dans sa racine durant la mauvaise saison. Celle-ci grossit d'année en année jusqu'à permettre la formation de son immense tige florifère, laquelle est capable de produire plus de 20 000 graines. Elle meurt durant l'hiver qui suit la floraison.

Les graines son principalement disséminées par le vent sur quelques mètres aux alentours de la plante. Lorsque celle-ci pousse en bordure de rivière, les graines peuvent être emportées par les flots et dispersées sur des distances beaucoup plus importantes.

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La berce du Caucase se reconnaît à sa grande taille, à son système racinaire puissant, ses feuilles découpées et ses larges ombelles. Photos : Contrat de Rivière Dyle, Eva the Weaver & Etienne Branquart..

Au fil des saisons_200Apprendre à reconnaître la berce au fil des saisons ? Téléchargez ici le calendrier de la berce (PDF-1355 ko) et le dépliant (PDF-5992 ko) général sur la berce.

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Distribution

Distribution de la berce du Caucase en WallonieDistribution de la berce du Caucase en WallonieDistribution de la berce du Caucase en Wallonie La berce du Caucase pousse facilement sur les talus, dans les prairies gérées de manière extensive et le long des rivières. Elle affectionne particulièrement les milieux ouverts au sol riche, frais et profond. Elle se développe mal sous le couvert forestier. Près de 2000 populations de berce du Caucase ont été répertoriés en Wallonie (voir carte).

Celles-ci sont principalement localisées le long des cours d'eau et des routes qui constituent autant de couloirs de dispersion. Fort heureusement, la plupart des populations sont de très petite taille et comptent tout au plus quelques dizaines d'individus.

La plante n'est pas distribuée uniformément sur le territoire wallon. Elle est beaucoup plus représentée le long de certains bassins versants, en particulier celui de l'Amblève, de la Dyle, de l'Escaut, de l'Ourthe et de la Vesdre.

La distribution détaillée de la plante est accessible au travers d'un portail d'informations cartographiques accessible à tous.

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Nuisances

Des tapis denses qui étouffent les autres plantes

La taille et la vitesse de croissance exceptionnelles de la berce du Caucase, associées à une très grande fécondité, lui confèrent un avantage important et lui permettent de prendre le dessus par rapport aux plantes indigène. Ses populations denses provoquent localement un appauvrissement important de la flore. En outre, en l'absence de gestion, il n'est pas rare que la berce forme d'importants cordons plus ou moins continus en bordure de cours d'eau et réduise d'autant l'accès à la rivière.

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La berce du Caucase forme souvent des peuplements denses qui prennent le pas sur la végétation indigène. Photos: Joost J. Bakker & Etienne Branquart.

Qui s'y frotte s'y brûle !

Ne la touchez pas et méfiez-vous particulièrement lors de toute opération de gestion de cette plante ! Elle contient en effet des substances chimiques dites "photo-sensibilisantes". Au contact de la peau, et en combinaison avec les radiations UV de la lumière solaire, ces substantces provoquent de sévères brûlures. Agriculteurs, pêcheurs, randonneurs, kayakistes : plusieurs milliers de personnes en font les frais chaque année en Belgique.

Le contact initial avec la plante est indolore; les symptômes apparaissent seulement après quelques heures. En cas d'exposition de la peau à la sève de la plante, il faut laver soigneusement la zone touchée avec de l'eau et du savon et évitez de l'exposer à la lumière du soleil pendant une semaine au moins (manches longues, pantalons, crème solaire à haut indice de protection). Une crème pour brûlure doit être appliquée si des cloques apparaissent.

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La sève de la berce du Caucase contient des molécules photosensibilisantes qui rendent la peau extrêmement vulnérable aux rayons du soleil. Photos: Mumbling Mountain & Loughborough University.

La consultation d'un médecin est requise en cas de brûlure importante ou si les yeux sont touchés. Plus d'informations à ce propos auprès de:

Plus d'informations auprès du Centre Antipoisons (070/245 245)

Plus d'informations auprès de la Fondation Belge des Brûlures (02/ 649 65 89)

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Prévention

La berce du Caucase fait partie de la liste d'espèces visée par le code de conduite belge sur les plantes ornementales invasives (AlterIAS). Depuis 2012, les producteurs et les distributeurs de plantes ornementales qui souscrivent à ce code s'engagent à ne plus commercialiser cette plante et à la remplacer dans leur catalogue par des plantes alternatives.

Les apiculteurs et les jardiniers amateus sont invités à suivre cette initiative et à assurer le remplacement des populations de berce du Caucase qui se développent sur leurs terrains par des espèces non invasives. D'autres plantes ornementales et mellifères doivent lui être préférées comme les ombellifères indigènes, le cabaret des oiseaux, le cirse commun, l'eupatoire chanvrine, la luzerne, les mélilots ou la reine des prés. Autant d'espèces qui fleurissent sensiblement à la même époque (voir tableau).

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En savoir plus sur ce code de conduite ?

Télécharger la brochure sur les plantes alternatives

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Gestion

organigramme_berceDifférentes techniques de gestion peuvent être proposées pour lutter contre la berce du Caucase en fonction de la taille de la population et de l'environnement dans lequel elle se développe (voir ci-contre). Ces techniques peuvent être utilisées seules ou de manière combinée. On préconisera le plus souvent l'utilisation de la coupe sous le collet car elle est très sélective, n'a pas d'effet secondaire sur l'environnement et permet de prévenir tout risque de repousse.

Travailler sur le long terme

Quelle que soit la technique utilisée, il y lieu de répéter la gestion durant au moins 5 à 7 années consécutives pour pouvoir épuiser la banque de graines contenue dans le sol et se faire quitte définitivement de la plante. L'effet de la gestion n'est donc pas visible immédiatement.

Danger de brûlure !

Attention ! La sève de la berce du Caucase contient des substances photo-sensibilisantes qui peuvent infliger de sévères brûlures (voir l'onglet nuisances). Avant de gérer, il est impératif de se protéger soigneusement avec des lunettes de sécurité, des gants et des vêtements imperméables. Les projections de sève doivent être évitées le plus possible en travaillant. Après gestion, les outils devront être nettoyés à grandes eaux pour éliminer toute trace de sève.

Les bonnes pratiques de lutte

1. La coupe sous le collet

Cette technique permet de détruire efficacement la plante. Elle consiste à sectionner les racines à 15-20 cm sous la surface du sol, à l'aide d'une houe ou d'une bêche à bord tranchant. La plante sera ensuite extraite du sol, découpée en tronçons et mise en tas en dehors de la zone inondable. Elle n'est pas mise en oeuvre contre les plantules de l'année qui peuvent être présentes en très forte densité et ne sont pas susceptibles de monter en graines durant l'année de gestion.

Cette gestion peut être mise en œuvre selon deux modalités :

Modalité 1 : gérer en avril ou en mai, alors que les plantes sont de petite taille et donc plus faciles à manipuler. Un deuxième passage doit alors être réalisé en juin afin d'éliminer les plantes qui n'auraient pas été repérées lors du premier passage ainsi que les repousses éventuelles.

Modalité 2 : gérer en juin-juillet les individus en début de floraison. Il est alors souvent plus facile de réaliser une coupe de la partie aérienne juste avant de procéder à la section des racines et à l'extraction de la partie basale de la tige. En cas de gestion tardive, les ombelles présentant des fleurs fanées ou des fruits seront séparées des tiges, collectées et détruites par le feu pour éviter la production de graines. On conseille d'effectuer un second passage quelques semaines après la gestion pour éliminer les éventuelles respousses et garantir qu'aucune plante ne puisse monter en graines.

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La plante doit être sectionnée sous le collet racinaire, à 15-20 cm de la surface du sol

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Les plantes de taille < 40 cm présentant des feuilles peu découpées (à gauche) ne doivent pas être gérées à l'inverse des plantes de plus grande taille avec des feuilles plus découpées (au centre et à droite). Photos: Etienne Branquart & Christine Heinesch.

2. La fauche répétée

Cette technique doit être réservée à des situations dans lesquelles la coupe sous le collet ne peut être pratiquée du fait de la taille trop importante de la population ou de la présence d'un sol trop caillouteux.

Elle s'accompagne toujours de repousses à partir de la partie basale de la plante. Seule la fauche répétée à raison d'au moins 5 interventions au cours de la saison de végétation (de début mai à septembre) donne des résultats probants et permet d'éviter la production de graines.

On peut accompagner cette fauche d'un sur-semis de graminées Festuca arundinacea, Festuca rubra ou Lolium perenne ) à raison de 4000 graines par mètre carré pour limiter l'émergence de nouvelles plantules.

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Une fauche unique ou une section superficielle de la racine entraîne à une repousse rapide de la plante et peut conduire à l'apparition d'inflorescences secondaires de petite taille. Photos: Etienne Branquart.

3. Le labour profond

Le labour profond peut être recommandé pour la gestion des parcelles agricoles envahies par la berce du Caucase. Il permet de réduire considérablement la vigueur des plants et de neutraliser la banque de graines suite à leur enfouissement à plus de 20 centimètres sous la surface du sol. Le travail devra être complété par un broyage fin du substrat ou par une élimination des morceaux de racines ramenés à la surface du sol. On conseille également de réaliser un semis dense de graminées, une fauche régulière et une coupe manuelle des rejets éventuels après le travail du sol.


4. Le pâturage

Répété d'année en année, un pâturage intensif par le bétail durant toute la saison de végétation (avril-octobre) permet d'éviter la mise à fleurs et de lutter contre l'envahissement de prairies par la berce du Caucase. Il peut être mené avec des bovins, des ovins ou des caprins. L'utilisation de races à la peau sombre et au poil dense est recommandée pour réduire les risques de dermatites.


5. La lutte chimique

La pulvérisation locale d'herbicides systémiques agréés est assez efficace pour se défaire de la berce du Caucase. Elle doit être réalisée en avril-mai sur des plantes hautes de 20 à 50 cm. Ce traitement doit être appliqué durant au moins 4 années consécutives dans le cas où une banque de graines est présente dans le sol. Attention : ce traitement est non spécifique et élimine également d'autres espèces végétales au niveau des zones traitées. L'utilisation d'herbicides doit être réservée aux situations dans lesquelles les autres techniques de lutte ne peuvent être mises en œuvre; elle doit être proscrite dans les zones humides et le long des cours d'eau.

En savoir plus

  • Andersen U.V. & Calov B. (1996) Long-term effects of sheep grazing on giant hogweed Heracleum mantegazzianum. Hydrobiologia 340: 227-284.
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  • Buttenshon R.M & Nielsen C. (2007) Control of Heracleum mantegazzianum by grazing. In: Pyšek P., Cock M.J.W., Nentwig W. & Ravn H.P. (eds.), Ecology and Management of Giant Hogweed (Heracleum mantegazzianum), CAB International, pp. 240-254.

  • Caffrey J.M. (2001) The management of Giant Hogweed in an Irish River Catchment. J. Aquat. Plant Managment 39: 28-33.
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  • De Groot C., Oldenburger J. & Jansen P. (2011) Invasieve plantensoorten: handreikingen voor het beheer. Stichting Probos, Wageningen, 50 pp.

  • Delbart, E. (2010) Fiche synthétique de gestion de la berce du Caucase (Heracleum mantegazzianum). Gemboux Agro-Bio Tech.
    Télécharger (PDF-3456 ko)

  • Delbart E., Pieret N. & Mahy G. (2010) Les trois principales plantes exotiques envahissantes le long des berges des cours d'eau et plans d'eau en Région wallonne : description et conseils de gestions mécanique et chimique. Gembloux Agro-Bio Tech, 84 pp.
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  • Levy V. (2012) La berce du Caucase. In: Plantes exotiques envahissantes du Nord-Ouest de la France : 20 fiches de reconnaissance et d'aide à la gestion.
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  • Kraus N. (2009) Giant Hogweed control methods. NYS DEC Forest Health and Protection.
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  • Nielsen C., Ravn H.P., Nentwig W., Wade M. (2005) Manuel pratique de la berce géante. Directives pour la gestion et le contrôle d'une espèce végétale invasive en Europe. Forest & Landscape Denmark, Hoersholm, 44 pp.
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  • Nielsen C., Vanaga I., Treikale O. & Priekule I. (2007) Mechanical and chemical control of Heracleum mantegazzianum and H. sosnowskyi. . In: Pyšek P., Cock M.J.W., Nentwig W. & Ravn H.P. (eds.), Ecology and Management of Giant Hogweed (Heracleum mantegazzianum), CAB International, pp 226-239.

  • Page N.A., Wall R.E., Darbyshire S.J. & Mulligan G.A. (2006) The biology of invasive alien plants in Canada. 4. Heracleum mantegazzianum Sommier et Levier. Canadian Journal of Plant Science 86: 569-589.
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Plan d'action

Le Service Public de Wallonie coordonne depuis 2011 un plan de lutte visant à limiter l'expansion et à réduire les populations de la berce du Caucase. Il se fonde sur un inventaire détaillé des populations et sur leur destruction systématique. Ce plan est accessible à partir d'ici (PDF-2419 ko).

Un portail d'informations permet de visualiser les différentes populations de berce du Caucase connues en Wallonie et la gestion qui leur est appliquée.

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Documents

Téléchargement de documents préparatoires à la campagne de lutte :

Téléchargement de formulaires :

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Contacts

La campagne de lutte contre la berce du Caucase en Wallonie est coordonnée par la Cellule interdépartementale Espèces invasives (CiEi) du Service Public de Wallonie Agriculture, Ressources naturelles et Environnement. Elle est soutenue par le Ministre wallon des Travaux publics, de l'Agriculture, de la Ruralité, de la Nature, de la Forêt et du Patrimoine. Elle est mise en oeuvre en partenariat avec les Contrats de Rivière de Wallonie et la Cellule permanente Environnement-Santé (SPW).

Si vous désirez obtenir davantage d'informations sur cette campagne, vous pouvez contacter les organisations suivantes:

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Source : http://biodiversite.wallonie.be/