De petits habitats pour la faune et la flore
La largeur des dépendances vertes varie d'un endroit à l'autre. Le moindre petit espace est suffisant pour accueillir la vie sauvage. Une plante à fleurs qui utilisera tout son art pour attirer vers elle, les insectes ou animaux utiles à sa reproduction. Ces accotements, fossés et talus des bords de routes sont des milieux naturels offrant de petits habitats pour une majorité d'espèces animales, végétales et fongiques.
Les papillons et les bords de routes
En Grande-Bretagne, une étude (1) a montré :
que le nombre d'espèces de papillons présents sur les bords de routes, est en relation avec l'abondance de la source de nectar
que la largeur du bord de route, et surtout la variété des habitats propices à la reproduction, influent sur la densité des papillons adultes et le nombre d'espèces présentes.
que l'intensité du trafic n'aurait pas d'effets apparents sur l'abondance des papillons rencontrés.
Seule la connaissance des besoins spécifiques de chaque espèce de papillon à chaque stade de leur développement permet d'éviter leur extinction en conservant sur des sites rapprochés tous les éléments indispensables à leur maintien et ce dans l'ambiance qui leur convient (2). La préservation des plantes nourricières et la conservation des conditions de vie qui règnent autour de ces plantes sont indispensables à la conservation des espèces.
Lors d'une gestion d'entretien, il faut prendre en compte les exigences des espèces recensées sur le site, notamment au niveau de la flore et de la structure de la végétation à proximité immédiate. En certains endroits, il convient d'appliquer d'autres modes de gestion que le fauchage tardif.
Les effectifs de populations établies sur des biotopes de faible surface, fluctuent beaucoup plus. Leur survie dépend aussi de l'existence d'un réseau de milieux adéquats. C'est le cas pour les espèces présentant un faible pouvoir de dispersion.
(1) M.L. Munguira et J.A. Thomas (1992)
(2) Ph. Goffart, L. Mousson & M. Waeyenbergh (1995)
Les champignons et les bords de routes
La diversité des talus routiers permet l'installation d'une fonge variée.
Les talus fraîchement remaniés (travaux, débardage forestier) peuvent être colonisés par des morilles (Morchella spp.).
Les débris végétaux laissés en place, les tas de feuilles mortes accueillent de nombreux champignons décomposeurs : la lépiote déguenillée (Macrolepiota rhacodes), le pied bleu (Lepista nuda), le clitocybe nébuleux (Clitocybe nebularis), le clitocybe tête de moine (Clitocybe geotropa), divers agarics, des collybies, des marasmes, des Mycènes, la rare lépiote soufrée (Cystolepiota bucknalii).
Les chaumes des talus en friche sont l'habitat de petits champignons décomposeurs. Les tiges d'ortie en abritent plusieurs.
Les talus argileux, sablonneux ou enrichis de pierrailles calcaires peuvent être riches en inocybes (Inocybe lacera, I. geophylla, I. patouillardii, etc.) et en helvelles (Helvella crispa, H. lacunosa, Leptopodia atra, etc.).
Les mousserons poussent sur des talus en lisière de taillis sur calcaire.
Les aspects les plus remarquables de cette fonge sont ceux liés aux haies, aux talus forestiers, aux talus calcaires bien exposés, sur sol pauvre à très pauvre. Ils constitueront des couloirs de liaison pour des espèces de lisière et toute une série de champignons mycorhiziens (des champignons qui établissent avec les végétaux (arbres et arbustes), une association à avantages réciproques :
sous les bouleaux, le bolet rude (Leccinum scabrum) et le lactaire pubescent (Lactarius pubescens) ;
sous les peupliers trembles, le bolet orangé (Leccinum aurantiacum) ;
sous les saules, le tricholome ceinturé (Tricholoma cingulatum) ;
sous les hêtres et les chênes, des amanites, des russules et des bolets dont les spores peuvent être propagés par les véhicules sur plusieurs kilomètres ;
sous les mélèzes, l'hygrophore des mélèzes (Hygrophorus lucorum).
Les oiseaux et les bords de routes
La majorité des oiseaux observés sur les bords de routes s'affairent à chercher de la nourriture (graines tombées, insectes tués par la circulation automobile ou animaux écrasés), à prendre des bains de poussière ou sont au repos.
L'association d'une végétation herbacée et d'une végétation arborescente plantée par individus isolés, en haies ou en petits massifs distants de plusieurs mètres est très favorable aux oiseaux, mais la proximité de la route n'est pas sans danger pour eux.
Certains oiseaux des champs préfèrent installer leur nid dans la végétation des bords de routes plutôt que dans les champs avoisinants, du moins pour la première couvée : c'est le cas de l'alouette. Au printemps, lorsque l'alouette choisi son territoire et son site de nidification, beaucoup de champs sont encore nus ; les bords de routes représentent dès lors une zone verte très attractive dans le paysage. Les oiseaux qui nichent en bord de routes sont moins dérangés par les travaux des champs jusque très tard au mois de mai.