Rapport cerf 2016-2017 - Fiche 6

Suivi génétique
Données sources
Dossier scientifique

Suivi génétique

Echantillonnage

Les échantillons sont constitués quasi exclusivement de bouts d'oreille prélevés à la faveur de la saison de chasse. Le taux d'échantillonnage sur l'ensemble de la Wallonie est de 3,8 % des cerfs prélevés par la chasse ou retrouvés morts. Ils sont sélectionnés selon deux approches :

Une approche systématique basée sur la sélection de 1 à 2 échantillon(s) par territoire de chasse, en fonction des échantillons disponibles et de manière à couvrir le mieux possible l'ensemble des zones à cerfs de la Wallonie (screening). 168 échantillons ont été sélectionnés de cette manière.
L'autre approche est constituée de demandes spécifiques liées à des cas jugés a priori suspects. En 2016-2017, 25 échantillons ont fait l'objet d'une demande d'analyse spécifique.

Analyse génétique

Les ADN obtenus sont comparés à un référentiel européen et assignés à la population wallonne selon une méthode probabilistique. Le référentiel européen est constitué de 638 génotypes de cerfs provenant de 27 localisations réparties sur toute l'Europe.

Les individus assignés à la population wallonne avec une probabilité de 85 à 100% sont considérés comme wallons.
Les individus assignés à la population wallonne avec une probabilité inférieure à 10% sont considérés comme exogènes, issus directement de parcs d'élevage.
Les individus assignés avec une probabilité comprise entre 10 et 60% sont vraisemblablement des descendants de 1ère génération entre un cerf d'élevage et un cerf wallon.
Ceux assignés avec une probabilité entre 61 et 85 % correspondent à des descendants de 2ème génération, ou plus, entre cerfs wallons et cerfs exogènes.

Résultats

Le Tableau 1 (voir « données sources ») présente pour chaque conseil cynégétique, le nombre de cerfs tirés et parmi ceux-ci, le nombre de cerfs analysés dans le cadre du screening et le nombre de cerfs analysés suite à une demande particulière. Pour chacune de ces catégories de prélèvement, le nombre de cerfs d'origine élevage, le nombre de descendants de 1ère génération, le nombre de descendants de 2ème génération et plus et le nombre de cerfs wallons est indiqué.

Quelques conseils n'ont pas été analysés faute de prélèvements. Parmi ceux-ci, le conseil cynégétique de la Croix-Scaille.

On retrouve des individus d'origine d'élevage sur les conseils cynégétiques (CC) des deux Ourthes (4 individus), de Arches-en-condroz (3), de Biesme (1) et Hermeton (1) suite à des demandes ciblées. Trois autres animaux de l'espèce cerf issus vraisemblablement d'un élevage ont été détectés sur les CC de Saint-Hubert (2) et de Bois du Pays (1).
On retrouve des descendants de 1ère génération entre cerf wallon et cerf exogène sur les conseils cynégétiques des deux Ourthes (2), de Gaume (2), de Hautes Fagnes-Eifel (1) et de Spa-Stavelot-Stoumont (1).
Des cerfs descendant de deux générations ou plus ont été mis en évidence sur le conseil cynégétique du Bois du Pays-Manhay-Erezée (1), des Forêts d'Anlier, Rulles et Mellier (1), de Haute-Ardenne (1) de Spa-Stavelot-Stoumont (1), de Salm-Amblève-Lienne (1) et de Arches-en-Condroz (3).
La localisation géographique des cerfs dont l'origine a été contrôlée est présentée à la Figure 1. Sur cette figure les cerfs analysés ont été classés en 3 catégories : les cerfs d'origine exogène, les cerfs d'origine suspecte et les cerfs d'origine wallonne.
Le Tableau 2 (voir « onglet sources ») compare les pourcentages de cerfs wallons, exogènes et suspects par année depuis 2013. L'augmentation du pourcentage de cerfs exogènes au sein de la population échantillonnée (screening et demandes particulières ciblées) est plus élevé en 2016-2017 que lors des trois années précédentes mais s'explique en grande partie par le nombre plus important de demandes d'analyses ciblées.

Conclusions

Ces résultats sont interpellants mais doivent être interprétés avec prudence. En effet, certains cerfs sont échappés accidentellement de parc d'élevage ; ces populations dont l'origine est connue des gestionnaires représentent néanmoins un risque d'hybridation avec la population wallonne. Dans d'autres cas, il s'agit de fraude. Deux type de fraude sont à distinguer :

le lâcher d'animaux exogènes au sein d'une population wallonne ;
le dépôt au tableau de tir d'une dépouille exogène en fin de saison de chasse pour atteindre artificiellement le plan de tir.

Le premier type engendre un risque immédiat d'interférer avec le patrimoine génétique des cerfs en place, le deuxième perturbe les calculs d'abondance des populations.

Cerf screening ADN 2016 (Cliquer pour agrandir)

Figure 1. Localisation géographique (centroïde du triage DNF) par conseil cynégétique des cerfs (n = 193) dont l'origine a été contrôlée durant l'année cynégétique 2016-2017 (Traitement cartographique SPW/DEMNA).

La catégorie « cerfs d'origine exogène » regroupe les cerfs issus directement d'élevage et les cerfs descendants de première génération entre un cerf d'élevage et un cerf wallon. La catégorie « cerfs d'origine suspecte » correspond aux cerfs de deuxième génération voire plus entre des cerfs d'origine suspecte et des cerfs d'origine wallonne.

Données sources

Tableau 1. Résultats des analyses ADN effectuées dans le cadre du screening annuel ou de demandes particulières :

Cliquer ici (PDF-76 ko)

Tableau 2. Résultats des analyses ADN (screening annuel et demandes particulières ciblées)

tableau2_genetique

NB : Le chiffre entre parenthèse correspond au nombre d'individus.

Dossier scientifique

Alain C. Frantz, Frank E. Zachos, Sabine Bertouille, Marie-Christine Eloy, Marc Colyn, Marie-Christine Flamand (2017). Using genetic tools to estimate the prevalence of non-native red deer (Cervus elaphus) in a Western European population. Ecology and Evolution 1-11. (PDF-1095 ko)