Les faits
Des attaques de moutons se sont produites dans la région de Gedinne les 20, 22, 23, 24 et 26 juillet 2011. Deux attaques ont eu lieu en bordure de forêt et trois en bordure de village, à +/- 500 m du massif forestier. Dans chaque cas, un mouton a été tué et dans deux des cas un autre mouton a été blessé. Aucun aboiement n'a été entendu. Les cadavres présentaient des traces de morsures à la gorge. Les muscles du cou, de la cage thoracique et des épaules ont été mangés mais les abats n'ont pas été consommés.
Différentes personnes ont été consultées pour avis. Des différents avis reçus, il n'en ressort aucune certitude concernant l'auteur des faits... mais le lynx semble disculpé au profit d'un canidé.
Depuis cette période, plus aucune attaque n'a été signalée.
Intervention VRT
Des journalistes de la VRT (Nicoline Kuppens et Chris Dusauchoit) impliqués dans l'émission "Dieren in nesten" sur la één, s'intéressant au lynx et tournant justement dans la région pour leur émission, ont été avertis de ces attaques.
Comme le lynx était suspecté, et qu'en principe, le lynx revient régulièrement sur les proies qu'il a tuées pour s'en nourrir, une caméra à déclenchement automatique et prises de vues en infrarouge a été installée à proximité de la carcasse du dernier mouton tué.
Un animal est venu se nourrir sur la carcasse et a été filmé. Malheureusement la qualité de ce film en infrarouge ne permet pas une identification certaine. Il s'agit incontestablement d'un canidé ressemblant très fort à un loup mais on ne peut sur un tel document exclure qu'il puisse s'agir d'un chien ressemblant à un loup. Seule une expertise génétique réalisée à partir d'ADN sur base de poils ou de crottes permettrait de certifier l'identification.
Pour Eric Marboutin, chef de projet Loup et Lynx à l'Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage, il s'agit d'un loup : « On voit bien ce qu'on appelle le masque labial. C'est à dire que le dessus des lèvres est tout blanc, cela redescend un petit peu sur le dessous, ce qui est une première caractéristique du loup. Il y a une alternance des couleurs, c'est plus gris sur le dos et plus clair sur les flancs et dessous, et la queue est courte. Elle est portée tombante ». Cependant, certaines races de chiens, notamment les chiens loups, ont des caractères très proches et l'identification sur document infrarouge n'est pas évidente.
Hypothèses et déductions
L'animal ne s'est plus manifesté depuis fin juillet. Il est donc vraisemblable qu'il n'est plus présent, soit décédé, soit parti ailleurs.
Si c'est un loup, 3 hypothèses sans aucun début de vérification:
un loup erratique: le loup est présent dans les Alpes, le Jura, en Allemagne et en Pologne. La région la plus proche où la présence du loup est observée, ce sont les Vosges. La recolonisation y est récente et la région est éloignée de quelque 300 km. Ce ne peut être totalement exclu: les jeunes loups mâles sont généralement éjectés de la meute par le mâle dominant. Ils doivent alors se trouver un autre territoire disponible pour vivre. Le loup peut alors effectuer des déplacements parfois importants.
un loup échappé de captivité : interrogés par le DNF, les parcs animaliers locaux ont déclaré n'avoir pas eu de loup échappé mais on ne peut exclure la présence de loups chez des particuliers.
un loup lâché.
La présence d'un chien errant ressemblant à un loup est une hypothèse qui reste très plausible: les attaques de moutons par des chiens errants ne sont pas des faits rares, surtout en période de vacances (abandons ou pertes de chiens non tenus en laisse lors de promenades).
Mesures prises par le DNF
Dès les premières attaques, le cantonnement de Beauraing a suivi les évènements. Des contacts ont été établis avec le Bourgmestre de Gedinne et la vigilance a été de mise dans la région. Les autres services extérieurs du DNF ont été avertis afin d'étendre la vigilance à l'ensemble de la Région en particulier au sud du Sillon Sambre & Meuse.
Olivier Huart, Chef de cantonnement à Beauraing a pris contact avec les collègues Français spécialistes du loup afin d'avoir un maximum de précision d'une part sur l'identification menée et d'autre part sur la manière de relever les indices en cas de nouvelle attaque. Il a également pris contact avec ses collègues des Ardennes françaises. De ce côté, aucun indice de présence du loup n'a été relevé.
Statut du loup en Wallonie
Le loup est classé comme espèce indigène éteinte. Le dernier loup connu a été tué dans la région d'Erezée en 1897.
Indemnisation des dégâts
De manière générale les animaux sont res nullius, « chose n'appartenant à personne ». La Région wallonne ne peut donc être considérée comme responsable des dégâts provoqués par un animal sauvage.
Actuellement, en Région wallonne, une législation prévoit une indemnisation partielle des dégâts provoqués par certaines espèces protégées (castor, loutre, blaireaux, cormorans, hérons) dans certaines conditions (dégâts directs aux cultures ou élevages, pour les exploitants agricoles, forestiers ou pisciculteurs). L'objectif au moment de l'adoption de cet arrêté, était de compenser des pertes liées à des espèces très rares, nécessitant une protection stricte.
La législation ne prévoit actuellement pas d'indemnisation pour des dégâts liés au loup, le problème n'ayant jamais été d'actualité.
Dans les Vosges
Suite à l'apparition récente du loup, le préfet a mis en place un groupe départemental de concertation relatif au loup qui regroupe à la fois des représentants de la filière agricole, des représentants d'associations environnementales et des collectivités territoriales. Le préfet des Vosges a autorisé des tirs d'effarouchement. Les éleveurs peuvent tirer en l'air s'ils aperçoivent le loup rôder autour de leur troupeau, mais ils ne peuvent pas viser le loup, pour le tuer ou même le blesser. Suite aux attaques sur troupeaux depuis le mois d'avril 2011, le préfet a mis en place des mesures d'indemnisation s'élevant à 17.000 € et décidé l'emploi d'un aide berger. Un lieutenant de louveterie va avoir comme mission de veiller à la mise en œuvre légale de ces tirs d'effarouchement.