L'étude est inédite à cette échelle et confirme ce qui était pressenti : l'Agence européenne pour l'environnement (AEE) a rendu public son premier rapport portant sur les effets de la fragmentation du paysage, laquelle s'avère problématique pour la biodiversité. Réalisée en partenariat avec l'Office fédéral suisse pour l'environnement (Foen), l'examen porte sur 28 pays, pour lesquels ont été observés le développement des infrastructures en même temps que la dynamique des espèces. En résulte que l'urbanisation, les routes et même, dans une certaine mesure, l'aménagement des forêts empêchent la vie animale et végétale de mener comme il le faudrait son bonhomme de chemin.
En dépit de quelques tentatives de préserver des zones non fragmentées, le maillage des paysages n'a cessé d'augmenter. « Ces dernières décennies, les humains les ont découpé à un rythme sans précédent, en ne prenant que très peu en considération les impacts cumulatifs sur l'environnement », note Jacqueline McGlade, directrice exécutive de l'AEE.
Or, intervenir sur les paysages, même sans aller jusqu'à les bétonner, n'est pas sans conséquence. Il n'en va pas seulement de l'étalement urbain, dont l'impact est le plus évident quand le recouvrement des sols détruit, de fait, des habitats biologiques. Le quadrillage des espaces qui résulte du développement des routes et autres voies ferrées contribue à les parcelliser, bloquant littéralement la circulation des espèces.
Pour illustrer le propos, le rapport plonge dans la métaphore. «Imaginons un fin tapis persan de 12 pieds sur 18, que l'on découperait en 36 pièces égales de 2 pieds sur 3. Le totale de ces morceaux ferait toujours 216 pieds carrés. Mais aurions nous toujours un fin tapis persan ? »
Enfermés entrent de nouveaux murs, les bestioles voient leur disponibilité alimentaire se réduire en quantité et en variétés. Des déséquilibres peuvent aussi se créer entre les espèces prédatrices et les autres. L'isolement, enfin, devient préoccupant en terme génétiques, souligne le rapport, quand il induit une plus forte consanguinité à l'intérieur de chaque espèce. Au delà, la parcellisation est suspectée d'avoir un impact conséquent sur le climat local. L'aménagement même d'allées dans les forêts influe sur les vents ou la luminosité. Les routes, elles, peuvent induire une augmentation des température. Gaz d'échappement, poussières de pneus, salages et autres pollution: elles sont, de fait, les infrastructures les plus problématiques, quand le trafic provoque, en sus, de nombreuses collisions mortelles avec les animaux. On estime ainsi qu'il mettrait en danger la survie du lièvre brun en Autriche et en République Tchèque. Quant aux reptiles et batraciens, on sait depuis longtemps qu'ils sont menacés de façon globale en en Europe du fait, entre autre, de cette parcellisation.
Que faire pour enrayer le phénomène ? Mieux réfléchir et rationaliser les aménagements, avance l'AEE. Imposer au projets de construction de prévoir des tunnels, des ponts ou autres passages permettant la libre circulation des espèces. Planifier des contournement de colonies quand cela est possible, améliorer les vieilles routes plutôt que d'en construirez de nouvelles, et détruire, le cas échéant, celle dont l'utilité n'est pas avérée.
Pour plus de détails : www.actu-environnement.com