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179 - Etang de Virelles

Site de Grand Intérêt Biologique (SGIB)

Communes :Chimay
Cantonnements DNF :Chimay
Surface :138.36 ha
Coordonnées :X Lambert : 148563 - Y Lambert : 84680
Voir la localisation avec la cartographie dynamique
Rappel : toute circulation en dehors de la voie publique requiert l'accord préalable du propriétaire ou de son délégué.

Intro

Brève description

L'étang de Virelles est l'une des zones humides les plus connues de Wallonie. Se trouvant à la limite de la Fagne et de la Calestienne de l'Entre-Sambre-et-Meuse, à l'est de Chimay, ce plan d'eau de 80 hectares fut créé il y a plusieurs siècles pour alimenter en énergie les forges de la région. Durant le 20ème siècle, le site fut le siège d'une exploitation touristique de masse, surtout à partir des années 1940, et qui perdura jusqu'au début 1980. Cette activité entraina de nombreuses dégradations environnementales (destruction de la végétation aquatique et rivulaire, pollutions, dérangements de la faune, notamment). Au cours de la décennie suivante, le rachat du domaine par la Générale de Banque et sa mise à disposition, pour une durée de 99 ans, auprès de trois associations de protection de la nature, ont permis d'assurer l'avenir de cette zone humide d'importance internationale, dont la gestion quotidienne et l'organisation des activités pédagogiques sont confiées à l'asbl Virelles Nature. L'étang de Virelles abrite l'une des deux plus vastes phragmitaies de la Région wallonne, couvrant près de 10 hectares dans la partie ouest du site. On y rencontre aussi d'autres groupements végétaux de grand intérêt: herbiers aquatiques, cariçaies, prairies humides oligotrophes, pré de fauche, aulnaies et saulaies marécageuses, chênaie-charmaie schisteuse, etc. Ces différents habitats accueillent de nombreuses espèces végétales rares ainsi qu'une entomofaune extrêmement riche. Le plan d'eau et ses abords hébergent une avifaune exceptionnelle comprenant plus de 200 espèces régulièrement observées, dont divers nicheurs rares parmi lesquels des oiseaux aussi emblématiques que la cigogne blanche (Ciconia ciconia) et la sterne pierregarin (Sterna hirundo). La vidange de l'étang, qui a lieu tous les quatre ans en fin d'automne, est un évènement attendu qui attire un grand nombre d'oiseaux et en particulier des concentrations spectaculaires de grandes aigrettes (Ardea alba) et l'un ou l'autre pygargue à queue blanche (Haliaeetus albicilla).

Carto

Régions naturelles

  • H0 - Fagne

Limites administratives

Ancienne(s) commune(s)SurfaceNouvelle(s) commune(s)Province(s)
Vaulx0.69 haCHIMAYHAINAUT
Virelles137.67 haCHIMAYHAINAUT

Cantonnements DNF

Cantonnement(s)SurfaceDirection(s)
Chimay138.36 haMons

Mentions dans d'autres inventaires de sites

A compléter

Site classé

Site non classé.

Propriétaire(s)

Privé(s) Oui  ONG Oui  Communes Non  Région Non  Autres publics Non

Sites protégés

Code du siteNom du siteSurface
6614Etang de Virelles83,92 ha
6957Prairies de l'Estrée

Espèces

Espèces de valeur patrimoniale

TaxonStatut de protectionListe rougeStatutAnnéeRep*ProtectionSource
Animaux - Vertébrés - Mammifères
Castor fiberOuiNonRéintroduit depuis 19992018Divers obs.
Myotis mystacinus/brandtii
Nyctalus noctulaOuiOui
Pipistrellus pipistrellusOuiOui
Animaux - Vertébrés - Oiseaux
Accipiter gentilisOuiNon2022
Acrocephalus palustrisOuiNonNicheur2021
Acrocephalus scirpaceusOuiNonNicheur2021
Alcedo atthisOuiNonNicheur2022
Anas creccaNonOui2022
Anas querquedulaOuiOui2022
Ardea albaOuiNonHivernant-migrateur (max. 280 ex.)2022Divers obs.
Aythya ferinaOuiOuiNicheur2022
Aythya fuligulaOuiNon2022
Botaurus stellarisOuiOuiHivernant2022
Ciconia ciconiaOuiNonNicheur depuis 20152022Divers obs.
Circus aeruginosusOuiOuiNicheur2022
Clangula hyemalisOuiNonHivernage (max. 2 ex.)2022Divers obs.
Columba oenasOuiNonNicheur2022
Cuculus canorusOuiOuiNicheur2021Divers obs.
Dendrocopos minorOuiNonNicheur2022
Dryocopus martiusOuiNon2022
Emberiza schoeniclusOuiOuiNicheur2022
Falco subbuteoOuiNon2021
Haliaeetus albicillaOuiNonHivernant2021Divers obs.
Hippolais polyglottaOuiNon2021
Lanius collurioOuiNon2021
Locustella naeviaOuiNon2021
Luscinia megarhynchosOuiNon2021
Luscinia svecicaOuiNonNicheur (à partir de 2006)2022P. Deflorenne et al.
Milvus migransOuiOuiNicheur occasionnel2022
Oriolus oriolusOuiOui2021
Pernis apivorusOuiNon2021
Phoenicurus phoenicurusOuiNon2021
Podiceps cristatusOuiNonNicheur2022
Rallus aquaticusOuiNonNicheur2022
Sterna hirundoOuiNonNicheur depuis 20072021AF. de Bellefroid et al. (2008)
Streptopelia turturOuiOui2021
Strix alucoOuiNon2022
Tachybaptus ruficollisOuiNonNicheur2022
Animaux - Vertébrés - Amphibiens
Ichthyosaura alpestrisOuiNon
Lissotriton helveticusOuiNon
Lissotriton vulgarisOuiNon
Animaux - Vertébrés - Reptiles
Anguis fragilisOuiNon
Zootoca viviparaOuiNon
Invertébrés - Insectes - Papillons diurnes
Apatura iliaNonNon2000G.T. Lépidoptères (B. Philippart, M. Lambert, P. Goffart et al.)
Apatura irisNonNon2000CG.T. Lépidoptères (B. Philippart, M. Lambert, P. Goffart et al.)
Aporia crataegiNonNon2000G.T. Lépidoptères (B. Philippart, M. Lambert, P. Goffart et al.)
Boloria euphrosyneOuiOui2000G.T. Lépidoptères (B. Philippart, M. Lambert, P. Goffart et al.)
Boloria seleneNonNon2000CG.T. Lépidoptères (B. Philippart, M. Lambert, P. Goffart et al.)
Brenthis inoNonNon2000CG.T. Lépidoptères (B. Philippart, M. Lambert, P. Goffart et al.)
Coenonympha arcaniaNonOui2000CG.T. Lépidoptères (B. Philippart, M. Lambert, P. Goffart et al.)
Limenitis camillaNonNon2000G.T. Lépidoptères (B. Philippart, M. Lambert, P. Goffart et al.)
Melanargia galatheaNonNon2000G.T. Lépidoptères (B. Philippart, M. Lambert, P. Goffart et al.)
Satyrium pruniNonNon2015Divers obs.
Invertébrés - Insectes - Libellules
Anax parthenopeNonNon2000G.T. Gomphus (B. Philippart, M. Lambert, P. Goffart et al.)
Brachytron pratenseOuiOui1998?G.T. Gomphus (Ph. Goffart)
Epitheca bimaculataOuiOuiReproduction2015ADivers obs.
Erythromma najasNonNon2000G.T. Gomphus (B. Philippart, M. Lambert, P. Goffart et al.)
Erythromma viridulumNonNon2000G.T. Gomphus (B. Philippart, M. Lambert, P. Goffart et al.)
Somatochlora flavomaculataOuiOui2000AG.T. Gomphus (B. Philippart, M. Lambert, P. Goffart et al.)
Somatochlora metallicaNonNon2000G.T. Gomphus (B. Philippart, M. Lambert, P. Goffart et al.)
Sympecma fuscaOuiNon1998?G.T. Gomphus (Ph. Goffart)
Sympetrum flaveolumNonNon2000BG.T. Gomphus (B. Philippart, M. Lambert, P. Goffart et al.)
Invertébrés - Insectes - Coléoptères - Coccinelles
Anisosticta novemdecimpunctata2014Divers obs.
Invertébrés - Insectes - Diptères
Arctophila superbiens
Tropidia scita
Volucella inanis
Plantes - Plantes supérieures
Alchemilla filicaulis subsp. filicaulisDuvigneaud et al. (1984)
Alisma gramineum
Carex acuta
Carex elongata
Carex flava
Carex hostianaDisparu ?
Carex pulicaris
Carex vesicaria
Centaurium erythraea
Centaurium pulchellum
Cicendia filiformis
Dactylorhiza fuchsii
Dactylorhiza maculata
Dactylorhiza majalis
Juncus tenageia2014Divers obs.
Limosella aquatica
Lythrum portula
Myriophyllum spicatum
Nardus stricta
Nuphar lutea
Nymphaea alba
Oenanthe aquatica
Ophioglossum vulgatum50 piedsobs. A. Havrenne (in Meerts, 1983)
Orchis mascula
Pilularia globulifera
Poa palustris
Potamogeton berchtoldii
Potamogeton gramineus
Potamogeton perfoliatus
Rhamnus cathartica2018Divers obs.
Sagittaria sagittifolia
Schoenoplectus lacustris
Scorzonera humilis
Scutelleria minor2014B. Clesse
Selinum carvifolia2014Divers obs.
Senecio paludosus
Silaum silaus
Utricularia australis
Utricularia vulgaris
Veronica scutellata
Zannichellia palustris

Nombre d'espèces confidentielles en plus de celles citées ci-dessus : 2

Commentaires sur la faune

Mammifères: Capreolus capreolus, Felis sylvestris Meles meles, Muscardinius avellanarius, Martes foina, Martes martes, Mustela erminea, Mustela nivelis, Mustela putorius, Neomys fodiens, Ondathra zibeticus, Sciurus vulgaris, Sus scrofa et Vulpes vulpes fréquentent le site. Des traces de Lutra lutra ont été notés en 1987, mais pas depuis lors. Parmi les chiroptères, au moins trois espèces sont régulièrement présentes : Pipistrellus pipistrellus, Myotis mystacinus et Nyctalus noctula.

Avifaune: En période de nidification, le site abrite : Accipiter gentilis, Acrocephalus palustris, Acrocephalus scirpaceus, Alcedo atthis, Anas crecca, Anas querquedula (nicheur irrégulier), Aythia fuligula, Aythia ferina, Asio otus, Botaurus stellaris, Circus aeroginosus, Columba oenas, Cuculus canorus, Cygnus olor, Dendrocopos minor, Dryocopus martius, Emberiza schoeniclus, Falco subbuteo, Hippolais polyglotta, Lanius collurio, Locustella luscinioides (nicheur irrégulier), Locustella naevia, Luscinia megarhynchos, Milvus migrans (nicheur irrégulier), Oriolus oriolus, Pernis apivorus, Phoenicurus phoenicurus, Picus viridis, Podiceps cristatus, Porzana porzana (nicheur irrégulier), Rallus aquaticus (2 à 4 nichées en 1997), Streptopelia turtur, Strix aluco, Tachybaptus ruficollis.
Anciens nicheurs, susceptibles de se réinstaller: Acrocephalus arundinaceus, Acrocephalus schoenobaenus, Cettia cetti, Ixobrychus minutus.
Autres oiseaux intéressants observés en dehors de la période de nidification : Actitis hypoleucos, Anas acuta, Anas clypeata, Anas penelope, Anas strepera, Anser albifrons, Anser anser, Anser fabalis, Anthus spinoletta, Ardea purpurea, Athene noctua, Aythia marila, Aythia nyroca, Bucephala clangula, Calidris alpina, Calidris minuta, Calidris pugnax, Charadrius dubius, Charadrius hiaticula, Chlidonias hybrida, Chlidonias leucopterus, Chlidonias niger, Ciconia ciconia, Ciconia nigra, Circus cyaneus, Cygnus cignus, Cygnus columbianus, Egretta alba, Gallinago gallinago, Haliaetus albicilla, Larus canus, Larus minutus, Limosa limosa, Limnocryptes minimus, Mergellus albellus, Mergus merganser, Mergus serrator, Milvus milvus, Netta rufina, Numenius arquata, Numenius phaeopus, Pandion haliaetus, Panurus biarmicus, Phalacrocorax carbo, Pluvialis apricaria, Pluvialis squatarola, Podiceps auritus, Podiceps griseigena, Podiceps nigricollis, Porzana parva,
Remiz pendulinus, Riparia riparia, Scolopax rusticola, Sterna hirundo, Tadorna tadorna, Tringa erythropus, Tringa glareola, Tringa ochropus, Tringa totanus.
q Herpétofaune :
Anguis fragilis, Bufo bufo, Lacerta vivipara, Rana esculenta, Rana temporaria, Triturus helveticus, Triturus vulgaris et Triturus alpestris.
Rhopalocères (d'après Mousson et Goffart, 1994) : Brenthis ino, Boloria selene, Melanargia galathea, Apatura ilia, Aporia crataegi, Boloria euphrosine, Coenonympha arcania, Limentis camilla. Une expérience de réintroduction du damier de la succise (Euphydryas aurina) fut initiée en 1994 dans un pré de Fagne (Eu-Molinion) situé au nord de l'étang. Cette population s'est apparemment éteinte en 1997-98.

Odonates (données divers obs. 1995-2015): Aeshna cyanea, Aeshna grandis, Aeshna mixta,Anax imperator, Anax parthenope, Calopteryx virgo, Coenagrion puella, Cordulia aenea, Enallagma cyathigerum, Epitheca bimaculata, Erythromma najas, Erythromma viridulum, Ischnura elegans, Libellula depressa, Orthetrum cancellatum, Pyrrhosoma nymphula, Somatochlora flavomaculata, Somatochlora metallica, Sympetrum fonscolombii, Sympetrum striolatum, Sympetrum vulgatum.

Syrphidae (incomplet, d'après Grootaert et al., 1988 ; Sandraps, 1993): Arctophila fulva, Neoascia interrupta, Trichopomya lucida, Volucella inanis.

Commentaires sur la flore

Plantes supérieures: Aethusia cynapium, Alisma gramineum, Carex elongata, Carex flava, Carex halleriana, Carex hostiana, Carex pulicaris, Carex vesicaria, Cicendia filiformis, Ceratophyllum demersum, Centaurium erythrea, Centaurium pulchellum, Colchicum autumnale, Dactylorhiza majalis, Dactylorhiza fuchsii, Dactylorhiza maculata, Eleocharis palustris, Hypericum humifusum, Juncus articulatus, Kickxia elatine, Limosella aquatica, Nardus stricta, Nuphar lutea, Nymphaea alba, Oenanthe aquatica, Orchis mascula, Phyteuma nigrum, Peplis portula, Pillularia globulifera, Poa chaixii, Potamogeton berchtholdii, Potamogeton crispus, Potamogeton gramineus, Potamogeton lucens, Potamogeton pectinatus, Potamogeton perfoliatus, Ranunculus nemorosus, Sagina procumbens, Sagittaria sagittifolia, Scirpus lacustris, Scorzonera humilis, Scutellaria minor, Selinum carvifolia, Senecio paludosus, Silaum silaus, Sparganium erectum, Utricularia australis, Veronica scutellata, Viola canina, Zanichellia palustris. Littorella uniflora et Eleocharis acicularis étaient jadis présentes en bordure de l'étang, une gestion adéquate pourrait provoquer leur réapparition spontanée.

Espèces exotiques

Plantes: Elodea canadensis.

Conservation

Objectifs de conservation

Protection d'un ensemble de milieux de grand intérêt biologique, situés autour d'un vaste étang d'origine médiévale en Fagne occidentale: herbiers sub-aquatiques des eaux oligo-mésotrophe, végétation des vases exondées, ceintures de phragmitaies et des cariçaies. Les alentours de l'étang sont occupés par des forêt riveraines inondables, des chênaies fagnardes en voie de fermeture, des petites prairies fagnardes fauchées ou pâturées et des fragments de pelouses calcaires.

Recommandations

- intervention à l'encontre de la pollution des ruisseaux affluent par le lisier porcin;

- agrandissement et consolidation de la réserve naturelle par l'acquisition de parcelles supplémentaires;

- extension de la gestion de la réserve naturelle par le pâturage extensif.

Plan de gestion

L'étang lui-même fait l'objet d'une gestion attentive assurée par l'a.s.b.l. Virelles Nature (http://www.aquascope.be/etang/protection.html): faucardage des roselières, baisse annuelle du niveau de l'eau. Une vidange complète est réalisée tous les 3 ou 4 ans et accompagnée d'un prélèvement de poissons commercialisables (carpes notamment).

D'autres mesures de restauration comportent des coupes d'épicéas et le nettoyage des fond de bois, le débroussaillage et le placement de clôtures.

Au nord de l'étang, quelques zones défrichées sont régulièrement fauchées et évoluent vers un pré de Fagne.

Au sud-est de l'étang, quelques prairies sont également gérées à l'aide de vaches Galloways.

Divers aménagements sont réalisés à destination d'espèces particulières: mise en place d'une plateforme pour la nidification de la sterne pierregarin installée fin 2005 (l'espèce y niche depuis 2007), aménagement de la petite île boisée en faveur de certaines espèces cibles comme le garrot à oeil d'or (pose de nichoirs) et le balbuzard (construction d'une aire artificielle), création d'un ilôt schisteux susceptible d'attirer le petit gravelot, ...

Accès du public

L'accès au public de la réserve naturelle sera limité dans le cadre de visites guidées, lors des chantiers de gestion ou toute autre activité organisée dans le site et avalisée par la commission de gestion.

Les véhicules motorisés et vélos tout terrain ne seront pas admis dans la réserve, à l'exception des engins agricoles et autres destinés à la gestion du site (fauche, débroussaillage, ...).

Les études scientifiques seront suscitées et menées après accord de la commission de gestion.

Pour des motifs de sécurité publique, de protection d'espèces ou de travaux de gestion, la commission de gestion peut interdire temporairement certains accès.

La zone sud de la réserve est accessible à tous : promenade balisée au travers du parc, plaine de jeux, aires de pique-nique, pavillon d'information, visites guidées, animation, etc.

Le restant, bénéficie du statut de réserve naturelle agréée et est d'accès interdit, mais des visites guidées y sont organisées et des postes d'observation pour les oiseaux ont été aménagés.

Un livret-guide fournit de nombreuses informations sur le site (PHILIPPART, 1986).

Détails

Description physique

L'étang de Virelles est situé à 3 km au nord-est de Chimay. Le bassin versant se trouve dans la partie occidentale de la dépression de Fagne-Famenne et repose surtout sur les schistes du Famennien inférieur et les calcschistes du Frasnien, tandis que l'étang s'étale sur des alluvions récentes.

L'étang fut créé au XVIème siècle pour alimenter la forge de Virelles, par barrage du Ry Nicolas, tributaire de l'Eau Blanche. Au XVIIIème siècle, la digue fut rehaussée et l'étang atteignit ses dimensions actuelles. Plusieurs ruisseaux l'alimentent, mais le plus important est le Ry Nicolas. La surface du lac est actuellement de 90 ha dont 75 ha d'eau libre et 15ha de roselières et de magnocariçaies.

Le plan d'eau est peu profond (moins de 2 m) et son fond montre une couche de vase fluide en surface, facilement remise en suspension, devenant de plus en plus compacte (argile silteuse). Les eaux sont eutrophes avec un excès de phosphore amené par les affluents et par les égouts d'un quartier du village.

Description biologique

La végétation aquatique de l'étang de Virelles avait été anéantie à la suite d'un épandage massif d'herbicide en 1974. La vidange de l'étang en 1986-1987 avec exportation des poissons (brêmes et carpes en majorité âgés), suivie de la remise en eau, a provoqué la clarification de l'eau et la réapparition d'une flore très intéressante à base de Zannichellia palustris subsp. palustris, Potamogeton pectinatus, P. natans, P. lucens, P. pectinatus, P. crispus, Myriophyllum spicatum, Ranunculus aquatilis,... outre un pied isolé de Potamogeton gramineus. Sous l'eau, Elodea canadensis forme des herbiers importants. D'autres hydrophytes comme Potamogeton berchtoldii, Utricularia australis, Lemna minor, L. trisulca et Riccia fluitans colonisent les anses aux eaux calmes et peu profondes. Persicaria amphibia, Sagittaria sagittifolia, Alisma plantago-aquatica, Sparganium erectum et de nombreuses pousses de Schoenoplectus lacustris colonisent les berges laissées libres par les roselières (SCOHY, 1991). Quelques pieds de Nymphaea alba sont notés. Des algues (Zygonema stellinum, Rhizoclonium hieroglyphicum) ont également fait une apparition massive à cette époque, puis sont tombées au fond de l'étang.

Mais en 1989 déjà, cette végétation régressait suite probablement au broutage par les poissons et probablement aussi par les rats musqués. Il s'ensuit une forte diminution de certaines populations d'oiseaux. Une nouvelle vidange de l'étang a eu lieu en automne 1989 provoquant à nouveau l'expansion des plantes aquatiques. Depuis lors, une vidange de l'étang est réalisée tous les 3 ou 4 années.

A l'ouest de l'allée du Prince, un fossé montre Ranunculus peltatus, R. trichophyllus, R. circinatus, Callitriche platycarpa (Callitricho-Batrachion).

Vers les berges, les ceintures d'hélophytes sont très variées dans leur physionomie et leur composition floristique. On observe principalement:

- des roselières à Typha angustifolia;

- des roselières à Phragmites australis avec Senecio paludosus, Oenanthe aquatica,...

- des phalaridaies à Phalaris arundinacea;

- des magnocariçaies à Carex acuta, C. acutiformis, C. vesicaria.

A ces groupements succèdent vers la terre ferme:

- des saulaies à Salix cinerea (Salicion cinereae);

- des aulnaies à Carex riparia ou à Carex elongata (Carici elongatae-Alnetum);

- une frênaie-aulnaie à Carex remota, Filipendula ulmaria, etc (Carici remotae-Fraxinetum);

- une frênaie à charme à Deschampsia cespitosa,... (Stellario-Carpinetum).

Des fragments de prairies relevant du Molinion existent en bordure de la chênaie-charmaie fraîche, sur substrat argilo-schisteux soumis à des alternances d'inondation et d'exondation. Ce groupement est de loin le plus riche du site. On y rencontre en effet de nombreuses plantes rares dont Alchemilla acutiloba, A. filicaulis, Scorzonera humilis, Scutellaria minor, Dactylorhiza majalis, D. maculata, D. fuchsii, Juncus compressus, Carex pulicaris, Carex hostiana, Carex flava, Festuca nigrescens, Selinum carvifolia, Silaum silaus, Succisa pratensis, etc. Un pré de fauche à flore banalisée par les amendements a été acquis en 1986, dans l'espoir de restaurer progressivement une prairie du Molinion.

Aux abords de mares creusées jadis (lieu-dit la Canardière), on pouvait observer un Cicendietum a Cicendia filiformis, Lythrum portula,... dont seuls Juncus tenageia et Cicendia filiformis ont encore été observés récemment.

Sur des sols moins mouilleux, existent des lambeaux de lande à Calluna vulgaris et de pelouse à Nardus stricta (Nardo-Galion).

Les espèces des Littorelletea qui foisonnaient au début du siècle sur les berges en pente douce de l'étang ont toutes disparu.

Nuphar lutea, Schoenoplectus lacustris, Sparganium erectum, Persicaria amphibia ont été plantés à certains endroits.

Des bryophytes rares et intéressants ont été observés à Virelles dont Scapania paludicola et Campylium elodes.

La diversité faunistique de l'étang de Virelles est exceptionnelle et plusieurs groupes taxonomiques importants sont bien documentés. C'est évidemment le cas de l'avifaune qui regroupe nombre d'espèces prestigieuses ayant contribué au classement du site comme réserve naturelle. Parmi les espèces nicheuses remarquables figurent entre autre le fuligule milouin (Aythya ferina), le faucon hobereau (Falco subbuteo), la bondrée apivore (Pernis apivorus), le râle d'eau (Rallus aquaticus), etc. Le butor étoilé (Botaurus stellaris) est régulier mais sa reproduction n'a plus été certifiée ces dernières années. La gorgebleue à miroir blanc (Luscinia svecica cyanecula) s'est installé récemment avec les premières preuves de reproduction (1 couple avec jeunes) remontant à 2006 dans la roselière ouest (DEFLORENNE, 2008).

Plus récemment encore, le site accueille la nidification de la sterne pierregarin (Sterna hirundo) en 2007, suite à l'installation d'une plateforme artificielle (DE BELLEFROID et al., 2008), et depuis 2013 un couple nicheur de cigogne blanche (Ciconia ciconia), sur un nid aménagé à destination du balbuzard pêcheur.

Outre les nicheurs, l'étang de Virelles accueille aussi de nombreuses espèces migratrices en halte ou hivernantes. Lors des récentes vidanges de l'étang, un rassemblement important de grandes aigrettes (Ardea albea) peut y être admirer, notamment en novembre 2018 avec un chiffre record dépassant les 250 individus! Le pygargue à queue blanche (Haliaeetus albicilla) est un autre hôte de marque de plus en plus souvent noté sur le site.

En ce qui concerne l'entomofaune, de très nombreuses espèces ont été mentionnées ces dernières décennies mais une synthèse de tout ce qui a été vu sur le site reste à faire. Tout récemment, les zoocécidies ont fait l'objet d'un inventaire portant sur cinq années et rassemblant plus de 160 taxons, dont plusieurs sont inédits pour la faune belge (CARBONNELLE et ROMAIN, 2016).

Monument naturel

Etang.

Monument historique

Vestiges de l'annexe de la forge du déversoir, d'un moulin à écorces. Parc du XIXème siècle dans lequel se trouve le pavillon Tallien (édifice néoclassique du début du XIXème siècle).

Histoire du site

L'étang fut créé pour l'industrie métallurgique, la région étant riche en limonite (oxyde de fer) facilement accessible. La nécessité de se procurer du charbon de bois ainsi que les droits d'usage ont provoqué l'exploitation intensive des forêts. Le déclin généralisé des forges s'est produit au XIXème siècle.

Un moulin à écorces et une tannerie existaient également sur le site. Les traditions artisanales se sont maintenues pendant longtemps dans les villages et des sabotiers, vanniers, tonneliers exerçaient leur métier encore assez récemment (quelques dizaines d'années). Les vanniers utilisaient Schoenoplectus lacustris qui abondait jadis dans l'étang. D'autre part, les habitants des villages avoisinants pouvaient faucher (faucarder) les populations de Phragmites australis dont les tiges avaient de nombreux usages. Phalaris arundinacea était fauchée également pour servir de litière au bétail. D'autre part, l'étang a toujours été réputé pour sa richesse en poissons et a été utilisé pour la pisciculture extensive pendant une quarantaine d'années (jusqu'à 1971).

Les anciens prés de fauche ont été progressivement laissés à l'abandon.

L'activité touristique prend naissance peu avant la seconde guerre mondiale et divers aménagements vont dégrader le site: restaurants, embarcadères, installations de baignade. La pression touristique, le canotage, la pratique de la voile, la pêche exercent une action néfaste sur l'étang et ses abords qui s'altèrent. Le versage de maïs pour nourrir les carpes, l'introduction volontaire du sandre, puis celle, accidentelle, du rat musqué vont accentuer la destruction du milieu.

En 1981, le site fut mis en vente ou à louer. En 1983, la société d'études ornithologiques Aves, les Réserves Naturelles et Ornithologiques de Belgique (RNOB) et le Fonds mondial pour la nature (WWF) tentèrent de réunir les fonds nécessaires pour continuer à louer le site, mais sans y parvenir. La solution vint en 1985 lorsque la Générale de Banque acquit le site pour le céder immédiatement à titre gracieux aux trois associations sous forme d'un bail emphytéotique de 99 ans.

Depuis, le site de l'étang de Virelles est géré par l'a.s.b.l. Virelles Nature. Outre la gestion récurrente des principaux habitats (roselières, pré de Fagne, e.a.), de nombreux travaux ont été réalisés de manière à réduire l'impact des anciens aménagements touristiques sur le milieu (remodelage des berges, création d'îlots et d'effets lisières, ...). En 2004, un centre d'interprétation de la Nature, l'Aquascope, a été aménagé dans le but d'allier tourisme et protection de la nature.

Biblio

, 1983, Lac de Virelles., Réserves Naturelles, 1983/3 : 3.
, 1988, Un site à découvrir; l'étang de Virelles., Réserves Naturelles, 1988/6 : 187-195.
, 1984, Virelles. Chimay. Chapelle-lez-Herlaimont., Entente Nationale pour la Protection de la Nature, 34 pages.
, 1991, Virelles. Nouvelle pêche en 1991., Réserves Naturelles, 1991/3 : 12.
, 2008, Delphacidae nouveaux et intéressants pour la faune belge (Hemiptera: Fulgoromorpha)., Bulletin de la Société royale belge d'Entomologie, 144: 95-100.
, 1986, Les bryophytes de l'étang de Virelles (Chimay, province de Hainaut, Belgique)., Natura Mosana, 38 : 69-79.
, 2016, Enquête sur une faune méconnue dans un site d'exception : les galles de l'entité de Virelles, Natura Mosana, nouvelle série, 69 (1) : 31-43.
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Divers

Sources

RESNAT

Répondants de l'information

SAINTENOY-SIMON, J. (1994) & Ph. GOFFART (1999).
Réserves Naturelles RNOB-NATAGORA

Date de la dernière modification de la fiche

2014-03-12