Ecologie

Carte d'identité

Cycle de vie

Les renouées asiatiques sont des plantes vivaces qui survivent à l'hiver par l'intermédiaire des bourgeons souterrains qui émaillent leurs rhizomes. En Wallonie, elles produisent rarement des graines viables ; elles se reproduisent principalement par bouturage au départ de fragments de tiges ou morceaux de rhizomes. Ceux-ci sont le plus souvent produits par la gestion liée à l'entretien des bords de routes et le déplacement des terres.

Au printemps, la croissance de ces plantes est très rapide et leurs tiges aériennes peuvent s'allonger de plus de 10 cm par jour. Les rhizomes peuvent s'accroître de 1 m par an et peuvent s'étaler latéralement sur plus de 5 m autour des tiges aériennes. Ils s'enfoncent jusqu'à 2 m de profondeur dans le sol, parfois plus (terres de remblais).

Nuisances

La biodiversité menacée

Les renouées asiatiques poussent très rapidement et libèrent dans le sol des substances toxiques qui inhibent la croissance des autres espèces végétales. Les massifs denses qu'elles forment étouffent et éliminent les espèces indigènes. Elles sont reprises pour cette raison au sein de liste noire des espèces exotiques envahissantes de Belgique.

De nombreuses activités perturbées

Les massifs de renouées sont pratiquement impénétrables. Ils contrecarrent l'entretien des cours d'eau, limitent la visibilité le long des voiries, gênent l'exploitation forestière ou agricole et dégradent les infrastructures (béton, tarmac, etc.).

Des coûts de gestion élevés

De par leur forte vitesse de croissance et leur importante capacité de régénération, les renouées asiatiques sont difficiles à éliminer. La lutte contre ces plantes constitue toujours un travail de longue haleine. Photo: SMAGE des Gardons.

Prévention

Le saviez-vous ? Les renouées asiatiques sont des plantes envahissantes... qui se propagent assez mal dans l'environnement par leurs propres moyens ! Leurs graines donnent rarement naissance à des plantules viables. En revanche, des fragments de rhizomes (terres contaminées) et de tiges (déchets verts) sont fréquemment transportés par l'homme et par l'eau, ce qui permet leur dissémination en toute saison.

Les mouvements de terre

Le transport de terres contaminées par des fragments de renouées constitue le premier vecteur de propagation de ces plantes (que l'on retrouve d'ailleurs le plus souvent sur des remblais). Il faut veiller à éviter de déplacer les terres contaminées par leurs rhizomes ou à traiter celles-ci de manière adéquate si on ne peut éviter ces mouvements de terre (voir les techniques d'élimination localisée dans l' onglet lutte). Attention à ne jamais mélanger des terres contaminées par des rhizomes de renouées avec des terres saines. Photo: Antoine Gourhand, SMIGIBA

L'entretien des voiries

Les pratiques de fauche des accotements doivent aussi être adaptées pour ne pas disperser davantage les renouées. Le girobroyage et la fauche des massifs de renouées à partir d'engins tractés doivent être évités autant que possible et remplacéspar une fauche à la débroussailleuse ( Voir fiche A6 (PDF-4526 ko) ).

La gestion des déchets verts

Les déchets verts de renouées ne peuvent pas être abandonnés dans la nature. Ils doivent être détruits par incinération ou par compostage industriel, qui permettent une destruction complète de la plante comme en attestent les résultats des essais mis en œuvre dans plusieurs pays : -> liste des installations autorisées de compostage et de bio-méthanisation -> liste des centres autorisés pour l'incinération de déchets non-dangereux Photo: Marie Eugène, Gembloux Agro-Bio Tech.

La dispersion par l'eau

Les renouées asiatiques se dispersent facilement le long des cours d'eau et dans les plaines alluviales suite aux évènements de crues importants . Les morceaux de rhizomes et de tiges emportés par les flots donnent naissance à de nouveaux massifs. On veillera : -> à ne pas projeter de fragments de tiges dans l'eau lors de la gestion des massifs de renouées installés le long des rivières ; -> à procéder à un arrachage précoce des boutures de renouées dispersées par les crues le long des berges et dans la plaine alluviale ( Voir fiche EP (PDF-2272 ko) ).

Gestion

Faut-il intervenir ?

En Wallonie, les renouées produisent rarement des graines viables et leurs massifs s'étendent principalement suite aux actions de fauche réalisées à leur encontre. La lutte contre ces plantes ne sera efficace que si elle est mise en place rapidement après leur installation. Des interventions récurrentes sont nécessaires pour réduire la vigueur des anciens massifs. Il est parfois préférable de ne pas intervenir, en particulier là où les renouées ne représentent pas une gêne manifeste.

10 techniques pour mieux les combattre

Il existe de nombreuses techniques de lutte qui permettent de réduire la vigueur des renouées asiatiques, rarement de s'en défaire définitivement. Elles sont regroupées en trois familles : l'éradication précoce, l'élimination localisée et l'atténuation. L'objectif poursuivi, les moyens disponibles et les contraintes locales conditionnent le choix de ces techniques. L'arbre décisionnel élaboré par la CiEi vous aide à choisir la technique la plus adaptée à votre cas de figure. Télécharger l'arbre décisionnel (PDF-2721 ko)

Une fiche descriptive par technique

Des fiches descriptives sont téléchargeables à partir de cette page pour chacune des 10 techniques de lutte. Elles reprennent un maximum d'informations pratiques permettant de faciliter leur mise en œuvre sur le terrain. Ces techniques peuvent être utilisées individuellement ou en combinaison.

L'arrachage précoce des boutures de renouées suite aux inondations

Les boutures de renouées produites à partir de fragments de rhizomes et de tiges dispersés par les crues peuvent être facilement arrachées à la main durant les deux premières années qui suivent l'inondation. Vous trouverez toutes les informations via notre fiche de gestion. Gestion par arrachage manuel (PDF-2272 ko) Voir aussi notre vidéo (MP4-158598 ko)

Campagne d'arrachage

Campagne d'arrachage manuel des boutures de renouées asiatique

A la suite des inondations de juillet 2021, de nombreux fragments de racines et de rhizomes de renouées ont été arrachés des berges et se sont disséminés dans les zones sinistrées. Ils donnent naissance à de petites boutures qui s'installent dans les jardins et les milieux naturels et agricoles proches des cours d'eau. Un arrachage manuel de ces boutures est nécessaire pour les empêcher de s'enraciner dans le sol et de former autant de nouveaux massifs dans des zones autrefois dépourvues de renouées.

Les milieux naturels et agricoles

A la demande de la ministre de la Nature, Céline Tellier, le SPW ARNE (Agriculture Ressources Naturelles Environnement) organise en 2022 et 2023 une campagne destinée à détruire un maximum de boutures dispersées dans les milieux naturels et agricoles situés dans le lit majeur des cours d'eau les plus marqués par les inondations (Amblève, Lesse, Ourthe et Vesdre). L'arrachage est réalisé conjointement par la société Bois et Travaux et les Contrats de Rivière de Wallonie pour le compte du SPW ARNE.

Les zones urbanisées

L'arrachage mérite d'être réalisé également dans les parcs, les jardins et les terrains vagues situés dans les zones urbanisées. Il est ici de la responsabilité de chaque propriétaire et des autorités communales, qui peuvent éventuellement bénéficier de la subvention BiodiverCité pour réaliser ces travaux.

En savoir plus sur le modus operandi pour éliminer ces boutures (PDF-5504 ko)

Voir aussi notre vidéo (MP4-158598 ko)

Et les anciens massifs ?

Les massifs denses de renouées qui repoussent dans les zones décapées par les inondations ne peuvent malheureusement pas être éliminés facilement à cause de la grande quantité de rhizomes présents dans le sol sous-jacent. Ils ne doivent donc pas être ciblés par les actions d'arrachage manuel.

Réglementation

Pas de lutte coordonnée au niveau européen

Les renouées asiatiques ne figurent pas parmi la liste d'espèces exotiques envahissantes préoccupantes pour l'Union. Elles ont été exclues de celle-ci car il a été jugé peu probable que leur inscription permette effectivement de prévenir, de réduire au minimum ou d'atténuer leurs effets néfastes à un coût raisonnable à l'échelle de l'Europe (du fait de leur très large répartition géographique et des difficultés techniques inhérentes à leur gestion).

Des mesures de prévention et de lutte en vigueur en Wallonie

Des actions peuvent toutefois être mises en place au niveau wallon pour éviter de propager davantage ces plantes exotiques envahissantes et réduire localement les dommages qu'elles occasionnent. Celles-ci sont reprisesdans 2 textes réglementaires :

• La circulaire du Gouvernment Wallon du 30 mai 2013 sur les plantes exotiques envahissantes. Elle interdit toute plantation de renouées asiatiques et préconise une série de mesures pour encadrer la gestion de leurs massifs dans le cadre des marchés publics portant sur la fourniture, l'utilisation ou la gestion d'espèces végétales ou concernant le transport de terres.

• Le Guide de Référence relatif à la Gestion des Terres défini dans le cadre de l'avant-projet AGW relatif à la gestion et à la traçabilité des terres. Il prévoit toute une série de mesures visant à éviter le transport ou à traiter de manière adéquate les terres contaminées par des rhizomes de renouées asiatiques.