Concept
4 listes wallonnes
Photo : Violaine Fichefet | En Wallonie, 4 listes ont déjà été publiées pour les papillons de jour :
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Précautions : les espèces plus communes
Elles peuvent être non menacées, mais rares ou en déclin au niveau d'une région biogéographique ou plus localement encore. Leurs populations les plus fragilisées (isolées, fragmentées ou en bordure d'aire de répartition) doivent faire l'objet d'une attention toute particulière.
Les espèces rares mais évaluées comme stables ou en extension, nécessitent parfois moins d'actions de préservation que des espèces plus communes mais en déclin continu.
Une liste d'espèces à « haute priorité de conservation » (ou prioritaires) a été dressée. Elle nécessitent l'élaboration de plans d'action ayant une réelle chance d'améliorer rapidement leur situation.
L'existence de ces deux listes (rouge et espèces prioritaires) est indispensable pour allier à la fois l'analyse de tendances et la mise en œuvre d'actions concrètes en Région wallonne.
Méthodologie
La liste rouge des papillons de jour de Wallonie est élaborée en respectant des critères de rareté et de tendance (IUCN). Les résultats amènent à associer une catégorie de menace à chaque espèce de papillon de jour.
Catégories et critères
1/ Les différentes catégories de menace proposées par l'IUCN sont
| Aurore (en haut) "non menacée". Grand Nacré (en bas) "en danger" Photos Violaine Fichefet |
2/ Afin d'attribuer une de ces catégories à chaque espèce, 5 critères globaux peuvent être pris en compte :
- A. La dynamique du nombre de populations
- B. La dynamique de l'aire et la répartition
- C. La dynamique de la densité des populations
- D. La dynamique des petites populations
- E. L'analyse quantitative
Cette analyse régionale repose majoritairement sur les critères A et B (eux-mêmes subdivisés en sous-critères), car ce sont les seuls à pouvoir être directement dérivés des bases de données et à être pertinents pour les invertébrés. Les critères C et D dépendent de l'avis des experts, et ne concernent que les populations très limitées.
Plus concrètement, les principales catégories utilisées sont :
- A. La variation du nombre de populations dans le temps
- B.1. La taille de l' aire de répartition totale de l'espèce et sa variation dans le temps
- B.2. La surface réellement occupée par l'espèce et sa variation dans le temps
Le critère A mesure le déclin du nombre de populations sur une période limitée (7 ans). Il a été calculé en analysant la variation du nombre de carrés UTM1x1 entre la période 1 (1985-2000) et la période 2 (2001-2007) [1] .
Le critère B mesure quant à lui la surface de l'aire de répartition, la surface réellement occupée par l'espèce ainsi que leur évolution respective .
Le critère B1 a été basé en partie sur une période plus longue pour prendre en compte l'évolution globale des espèces (1950-2007). En effet, ces données historiques permettent de prendre en considération les espèces qui sont éteintes ainsi que les espèces ayant connu un déclin très important dans le passé.
Exemple de réduction drastique de l'aire de répartition d'une espèce ( Lycaena virgaureae ) en 100 ans (points rouges : présence avant 1950, carrés rouges : présence entre 1950 et 2000, carrés verts : présence après 2000)
Résultats
La dernière liste rouge des papillons de jour de Wallonie indique, pour chaque espèce, le statut de menace d'extinction à moyen ou long terme. Les résultats de la dernière analyse sont présentés dans les tableaux 1 et 2.
L'application des critères IUCN a abouti au classement de chaque espèce dans une catégorie de menace. Si l'on écarte les 14 espèces non évaluées et insuffisamment connues, la moitié des espèces (52 espèces sur 101, soit 51%) apparaissent menacées ou éteintes.
Tableau 1 : Résultat de l'évaluation du statut des papillons de jour en Wallonie
Non menacées (42 espèces) | Aglais urticae Anthocharis cardamines Apatura ilia Apatura iris Aphantopus hyperantus Aporia crataegi Araschnia levana Argynnis paphia Brenthis ino Carcharodus alceae Carterocephalus palaemon Celastrina argiolus Coenonympha pamphilus Gonepteryx rhamni | Inachis io Issoria lathonia Lasiommata megera Leptidea sinapis Limenitis camilla Lycaena dispar Lycaena phlaeas Lycaena tityrus Maniola jurtina Melanargia galathea Melitaea cinxia Melitaea diamina Nymphalis polychloros Ochlodes sylvanus | Papilio machaon Pararge aegeria Pieris brassicae Pieris napi Pieris rapae Plebeius agestis Polygonia c-album Polyommatus icarus Pyronia tithonus Satyrium pruni Satyrium w-album Spialia sertorius Thecla betulae Thymelicus sylvestris |
A la limite d'être menacées (7 espèces) | Callophrys rubi Boloria selene Cupido minimus | Erynnis tages Neozephyrus quercus
| Polyommatus semiargus Thymelicus lineolus |
Vulnérables (17 espèces) | Argynnis adippe Boloria aquilonaris Boloria euphrosyne Coenonympha arcania Colias alfacariensis Erebia medusa | Glaucopsyche alexis Hamearis lucina Iphiclides podalirius Lasiommata maera Lycaena helle Lycaena hippothoe | Polyommatus coridon Melitaea athalia Plebeius argus Boloria eunomia Pyrgus malvae |
En danger (4 espèces) | Argynnis aglaja Boloria dia | Nymphalis antiopa Thymelicus acteon | |
En danger critique (13 espèces) | Coenonympha tullia Euphydryas aurinia Erebia aethiops Erebia ligea Hesperia comma | Hipparchia semele Limenitis populi Lycaena virgaureae Polyommatus bellargus | Glaucopsyche arion Melitaea aurelia Pyrgus serratulae Satyrium ilicis |
Régionalement éteintes (18 espèces) | Argynnis niobe Chazara briseis Coenonympha glycerion Coenonympha hero Colias palaeno Cupido argiades | Euphydryas maturna Glaucopsyche rebeli Lopinga achine Melitaea phoebe Plebeius argyrognomon Plebeius idas | Polyommatus dorylas Polyommatus thersites Pseudophilotes baton Pyrgus armoricanus Pyrgus carthami Satyrium acaciae |
Non évaluées (12 espèces) | Arethusana arethusa Brenthis daphne Colias hyale Colias crocea | Euchloe crameri Hipparchia fagi Lampides boeticus Melitaea didyma | Pontia daplidice Pyrgus alveus Vanessa atalanta Vanessa cardui |
Données manquantes (2 espèces) | Leptidea reali | Satyrium spini |
Tableau 2 : Bilan global de l'évaluation du statut des papillons de jour en Wallonie
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Interprétation
D'après la dernière liste rouge des papillons de jour de Wallonie, les pelouses sèches et les forêts sont les milieux les plus riches en papillons de jour. Cependant, ils comptent une grande proportion d'espèces menacées. Par ailleurs, une certaine banalisation de notre faune peut être mise en évidence.
Analyse des résultats par habitats
En éliminant les espèces appartenant aux catégories « Données insuffisantes » et « Non évalué », on obtient (voir figure 1)
78 % des espèces typiques de pelouses calcaires menacées
environ 50% des espèces forestières
environ 50% des espèces des prairies humides
Les résultats sont moins parlants pour les autres milieux, auxquels peu d'espèces sont inféodées.
Figure 1 : Nombre d'espèces, triées par catégorie de menace, dans chaque grand type d'habitat. Seules les espèces attachées de manière exclusive ou très largement préférentielle à un habitat sont retenues, et une espèce peut apparaître dans plusieurs d'entre eux. |
Analyse des résultats par groupes d'espèces
Les espèces en extension
La plupart sont des espèces très communes, ubiquistes ou flexibles Il s'agit de Aglais urticae, Carcharodus alceae, Celastrina argiolus, Inachis io, Lycaena phlaeas, Nymphalis polychloros, Papilio machaon, Pararge aegeria, Pieris brassicae, Pieris rapae, Polygonia c-album, Polyommatus icarus, Pyronia tithonus, Vanessa atalanta et Vanessa cardui. Parmi les espèces en extension, trois espèces rares sont également à épingler : Glaucopsyche alexis (extension très légère), Lycaena dispar et Melitaea cinxia. Les actions du DNF (réserves naturelles, restauration de milieux maigres...) semble être payantes. La hausse générale des températures pourrait également avoir favorisé ces espèces thermophiles. |
Les espèces en régressionCe sont le plus souvent d' espèces rares à très rares, aux exigences écologiques strictes, typiques des forêts ouvertes et des lisières étagées, des prairies maigres et des pelouses sèches Il s'agit de Argynnis adippe, Boloria dia, Boloria aquilonaris, Boloria euphrosyne, Colias alfacariensis, Erebia aethiopa, Erebia ligea, Euphydryas aurinia, Hesperia comma, Hipparchia semele, Lasiommata maera, Limenitis populi, Lycaena virgaureae, Melitaea aurelia, Nymphalis antiopa, Plebeius argus, Polyommatus coridon, Pyrgus serratulae, Satyrium ilicis et Thymelicus acteon. Apparaissent également en régression des espèces assez rares , dont un déclin est plus difficilement détectables sur le terrain. Ce sont pour la plupart des espèces de milieux semi-naturels maigres comme Argynnis aglaja, Callophrys rubi, Boloria eunomia, Boloria selene, Coenonympha arcania, Cupido minimus, Erebia medusa, Erynnis tages, Hamearis lucina, Lycaena helle, Lycaena hippothoe, Melanargia galathea, Melitaea athalia, Pyrgus malvae ou même les espèces plus communes Melanargia galathea, Thymelicus lineolus et Thymelicus sylvestris. |
L'extension des espèces ubiquistes à forte flexibilité écologique et la régression des espèces plus exigeantes témoignent d'une banalisation évidente de la faune des Rhopalocères en Région wallonne.