Le site de la Warchenne (province de Liège, commune de Malmedy) est situé en Haute-Ardenne, à proximité du plateau des Hautes Fagnes. Elle s'étire en bordure du cours d'eau qui lui a donné son nom, soit la Warchenne, petit affluent de l'Amblève (bassin Mosan).
La réserve naturelle RNOB de la Warchenne se trouve dans la plaine alluviale du cours d'eau. Le versant gauche de la vallée est relativement pentu et occupé par des plantations résineuses, le versant droit est moyennement pentu et essentiellement occupé par des pâtures.
En septembre 1998, suite à des inondations, une partie des eaux de ce cours d'eau a dévié de son lit et coule actuellement au milieu du site, cette situation confère à l'ensemble un plus au niveau écologique et paysager.
Les maisons se trouvant en périphérie de Malmedy jouxtent la vallée concernée. La ligne de chemin de fer Malmedy-Waimes la traverse. Un chemin très parcouru par les promeneurs longe la réserve sur toute sa longueur, du point de vue paysager et biologique cette portion de la Warchenne présente un intérêt indéniable. Cet aspect des choses mérite d'être souligné dans la mesure où en amont une zone de loisir (Val d'Arimont) à détruit d'anciennes prairies humides tandis qu'en aval c'est l'urbanisation des rives qui a définitivement défiguré la vallée.
L'altitude minimum est de 380 mètres.
De part les pratiques agricoles intensives menées anciennement sur ce site pendant de nombreuses années, l'intérêt biologique de cette réserve naturelle est pour l'instant en dessous de ce qu'il pourrait-être.
Actuellement, la partie la plus intéressante, qui est relativement représentative de ce que l'ensemble pourrait-être, est une petite zone se trouvant à l'Ouest du site et ayant échappé au drainage et au pâturage intensif. Ailleurs, la flore a fortement été influencée par les méthodes agricoles modernes. Il faut remarquer que malgré cela, cette réserve naturelle compte près de 150 espèces de plantes différentes.
Le site de la Warchenne est caractérisé par 3 zones bien différenciées :
1. Petite parcelle à l'Ouest du site (30 ares) . Prés humide de fauche abandonné depuis une quinzaine années.
Malgré sa petite taille, cette parcelle présente plusieurs formations intéressantes régulièrement observées dans les fonds de vallée. Il est possible d'y observer la jonchaie à Juncus acutiflorus, le bas-marais acide à Menyanthes trifoliata, Viola palustris, Carex nigra, des fragments de pelouse acidophile à Nardus stricta, la mégaphorbiaie à Filipendula ulmaria avec Scirpus sylvaticus, le prés humide semi-naturel à Angelica sylvestris, Persicaria bistorta ou Deschampsia cespitosa et quelques fragments de tourbière caractérisés par la présence de Sphagnum sp. D'autres espèces intéressantes comme Wahlenbergia hederacea ou Scutellaria minor peuvent localement être observées.
2. Bordure du chemin longeant la limite Nord de la réserve naturelle. Haie caducifoliée et talus herbeux.
Entre la plaine alluviale de la Warchenne et le chemin bordant la site se trouve un talus partiellement occupé par une haie. Cette dernière présente un intérêt certain puisque c'est 15 espèces d'arbres et arbustes qui la constitue avec Corylus avellana, Fagus sylvatica, Quercus robur, Betula pendula, Malus sylvestris, Sorbus aucuparia, Frangula alnus, Acer pseudoplatanus, Salix caprea, Crataegus monogyna, Prunus spinosa, Prunus avium, Prunus padus, Sambucus nigra et Rosa canina. Cette haie a localement été regarnie lors de journées de gestion. Le reste du talus est occupé par une végétation herbacée typique des lisière forestière ou des talus mésophiles (bords de chemins). On y rencontre ainsi des plantes comme Potentilla erecta, Senecio jacobaea, Hieracium pilosella, Hypericum maculatum, Campanula rotundifolia, Digitalis purpurea, Veronica chamaedrys, Teucrium scorodonia, Stellaria holostea, Deschampsia flexuosa ou Calluna vulgaris.
3. Plaine alluviale de la Warchenne. Prairies humides soustraites à l'agriculture intensive depuis 1995.
L'usage agricole dont cette zone a fait l'objet pendant de nombreuses années a fortement influencé sa flore avec la large dominance des graminées (quatorze espèces), les plus répandues sont Holcus lanatus, Holcus mollis, Dactylis glomerata, Bromus hordeaceus, Agrostis capillaris, Phleum pratense, Alopecurus pratensis ou Lolium perenne. Ranunculus acris est également une espèce très abondante localement. En plus des espèces typiques des prairies amendées (Bellis perennis, Heracleum sphondylium, Trifolium pratense, Rumex obtusifolius, Plantago lanceolata, ...) il est possible d'observer quelques plantes inféodées aux prés humides . C'est notamment le cas de Myosotis palustre, Juncus acutiflorus, Cirsium palustre, Caltha palustris, Achillea ptarmica ou Ranunculus flammula.
Les berges de la Warchenne sont caractérisées par la présence d'une quarantaine de vieux Alnus glutinosa et sont également fortement eutrophisées, ce qui se traduit par la dominance de plantes comme Urtica dioica, Galium aparine, Filipendula ulmaria ou Petasites hybridus.
Depuis la mise hors d'usage des drains, la prairie s'est fortement réhumidifiée. Avec la mise en place d'une gestion plus appropriée, la végétation commence à se modifier avec notamment le développement de plantes comme Phalaris arundinacea, Juncus acutiflorus ou Deschampsia cespitosa.
L'avifaune comprend différentes espèces intéressantes. La rivière et les zones humides qui l'entourent sont régulièrement parcourues par la bergeronnette des ruisseaux (Motacilla cinerea), le cincle plongeur (Cinclus cinclus) et le héron cendré (Ardea cinerea). Le martin-pêcheur (Alcedo atthis) était l'hôte le plus remarquable que l'on pouvait observer sur la Warchenne. Il est malheureusement devenu très rare et ce en raison d'une détérioration de la qualité de l'eau résultant de l'activité d'une carrière à Waimes, quelques kilomètres en amont du site.
Plusieurs espèces d'amphibiens et de reptiles peuvent y être rencontrés. Dans les endroits de la réserve naturelle où subsistent des eaux stagnantes, il est aisé d'observer la grenouille rousse (Rana temporaria) et le triton alpestre (Ichthyosaura alpestris). La couleuvre à collier (Natrix natrix) trouve facilement le gîte et le couvert, malgré sa grande discrétion. Le lézard vivipare (Zootoca vivipara) se rencontre occasionnellement le long du chemin.
L'entomofaune demeure largement méconnue, malgré l'attention portée par quelques entomologistes locaux (voir par ex. MIESSEN, 1997). Deux espèces rares méritent d'être mentionnées:
- le coléoptère Aloconota pfefferi, un staphylin ripicole dont c'était la première donnée en Belgique;
- l'asilidé prédateur Laphria ephippium, une grande mouche prédatrice qui n'avait plus été observée en Belgique depuis 1954.
Parmi les papillons de jour, on signale notamment le grand mars changeant (Apatura iris).