RNOB - Demande d'agrément 2007:
La végétation du marais de Fouches reproduit globalement la même séquence que dans les autres marais de la Haute Semois, allant de groupements des sols oligotrophes à des groupements nitrophiles. On y observe les communautés végétales suivantes :
- une vaste roselière qui s'est implantée sur des parcelles de prairies abandonnées depuis plus de 60 ans, dans la partie centrale du marais, essentiellement sur lentille tourbeuse
- des bas-marais acides, dans le sud et le centre du marais, renfermant Carex nigra, Carex canescens, Carex echinata, Carex rostrata, Agrostis canina, Viola palustris, Epilobium palustre, Galium uliginosum, Menyanthes trifoliata, Comarum palustre, Eriophorum angustifolium, Sphagnum cuspidatum, ... ;
- des bas-marais alcalins à Caarex flava, Carex appropinquata, Juncus subnodulosus, Parnassia palustris, Selinum carvifolia, Succisa pratensis, Carex panicea, Ranunculus lingua, Dactylorhiza majalis, ...
- des prés à Juncus acutiflorus, occupant les zones fangeuses, souvent en bordure des bas-marais, accompagné de Crepis paludosa, Cirsium palustre, Lotus pedunculatus, Rumex acetosa, Ranunculus acris, Carex nigra, Holcus lanatus, Persicaria bistorta, Myosotis nemorosa, Lychnis flos-cuculi, Valeriana dioica, Succisa pratensis, ... ;
- des magnocariçaies à Carex acutiformis et à Carex paniculata, pénétrées par diverses espèces de prairies humides comme Galium palustre, Iris pseudacorus, Lysimachia vulgaris, Equisetum telmateia, Equisetum fluviatile, Scutellaria galericulata, Filipendula ulmaria, Lycopus europaeus, Filipendula ulmaria, Lythrum salicaria, Caltha palustris, Angelica sylvestris, Valeriana repens, etc. ;
- des prairies de fauche humides, moyennement fertilisées, avec Poa trivialis, Holcus lanatus, Festuca pratensis, Alopecurus pratensis, Carex disticha, Ranunculus repens, Trifolium repens, Caltha palustris, Cirsium palustre, Dactylorhiza majalis, Stachys palustris, Lotus pedunculatus, Juncus conglomeratus, Lychnis flos-cuculi, Scirpus sylvaticus, Cirsium oleraceum, Persicaria bistorta, Colchicum autumnale, ... ;
- des mégaphorbiaies de prairie humide à Filipendula ulmaria, peu étendues dans le marais de Fouches, et correspondant à des prairies abandonnées; le cortège comprend Hypericum tetrapterum, Stachys palustris, Valeriana repens, Angelica sylvestris, Lythrum salicaria, Lysimachia vulgaris, Equisetum palustre, Lotus pedunculatus, Juncus effusus, Vicia cracca, Rumex acetosa, Cirsium oleraceum, ... ;
La végétation de la réserve est très eutrophe et plus ou moins rudéralisée. On y observe :
- une phragmitaie eutrophe à Phragmites australis qui occupe la majeure partie du marais (Phragmition, CORINE 53.1), parfois rudéralisée (présence d'Urtica dioica, Galium aparine,...);
- une magnocariçaie à Carex paniculata, C. acutiformis, Phragmites australis, Filipendula ulmaria, Lysimachia vulgaris, Galium uliginosum, Cirsium oleraceum, Persicaria bistorta, Angelica sylvestris,... (Magnocaricion, CORINE 53.2);
- une mégaphorbiaie à Filipendula ulmaria (Filipendulion, CORINE 37.1);
- une phalaridaie à Phalaris arundinacea (CORINE 53.16);
- dans les anciens drains, un groupement à Glyceria maxima, Juncus effusus, J. inflexus, J. acutiflorus, Scirpus sylvaticus, Caltha palustris, Sparganium erectum, Lychnis flos-cuculi ainsi que des groupements fontinaux à Cardamine amara;
- un fragment d'aulnaie eutrophe à Alnus glutinosa;
- une petite cariçaie à Carex hostiana, C. panicea, C. flava, C. pulicaris, Succisa pratensis, Selinum carvifolia,... (Eu-Molinion, CORINE 37.311).
Le marais de Fouches est localisé dans le district phytogéographique lorrain. Ce district occupe au sud de l'Ardenne, la zone d'extension des terrains sédimentaires jurassiques de la bordure septentrionale du Bassin de Paris, qui s'appuient et se terminent en biseau sur le massif primaire ardennais quelques kilomètres seulement au nord. Il est caractérisé par une continentalité du climat.
La végétation du marais reproduit assez globalement la même séquence que celle des autres marais de la Haute Semois, d'une végétation liée à des conditions assez oligotrophes jusqu'à celle de conditions franchement eutrophes. Les principales caractéristiques du site sont:
Ž la présence d'une lentille tourbeuse au pied de la Cuesta, qui accueille une mosaïque de groupements végétaux liée aux conditions de sols particulières (inclinaison, influence des suintements du pied de la Cuesta Sinémurienne et de la nappe phréatique). Ces groupements végétaux comptent des associations végétales rares ou devenues rares, notamment celles des bas-marais acide et alcalin, qui hébergent à leur tour des espèces végétales et animales, ces dernières étant le plus souvent inféodées aux précédentes, à distribution restreinte ou qui présentent en Lorraine belge des populations disjointes ou en limite de leur aire de distribution; toutefois, le marais de Fouches n'ayant apparemment pas fait l'objet d'une exploitation de la tourbe, on n'y retrouve pas les groupements aquatiques des fosses d'extraction.
- de vastes roselières à Phragmites australis;
- un complexe de cariçaies à diverses espèces de Carex (C. nigra, C. vesicaria, C. acuta, C. acutiformis, ...);
- de la magnocariçaie eutrophe à grands touradons de Carex paniculata;
- la présence d'Aconitum napellus subsp. lusitanicum sur le site;
- de la prairie à Persicaria bistorta, à Filipendula ulmaria;
- de la prairie de fauche humide;
- de l'aulnaie marécageuse;
- des boulaies, éventuellement en mélange avec de la saulaie ou de l'aulnaie.
Au cours des siècles, la Semois a subi une série d'aménagements et de rectifications, et ces travaux successifs ont transformé la rivière en un chenal rectiligne profondément encaissé, qui influence à présent peu le marais. Au sud, coule le ruisseau appelé "canal d'écoulement" ou " vieille rivière", qui prend sa source dans le marais: il se fraie un chemin tortueux à travers le marais de Fouches pour se retrouver plus en aval dans le marais de Sampont. Au nord, se trouve le "Canal du Moulin", ancienne dérivation des eaux de la Semois, actuellement remblayé et presque complètement asséché.
Comme les autres marais de la Haute Semois, le marais de Fouches a été largement utilisé au cours des siècles précédents dans le cadre de l'économie agro-pastorale. Le marais était utilisé par les populations locales comme prés de fauche à fourrage (fauchage relativement précoce), ou à litière (fauchage plus tardif), suivant les conditions du milieu. Les années sèches, le pâturage du regain pouvait être pratiqué. Il semble que le marais de Fouches n'ait jamais fait l'objet d'extraction de tourbe, activité qui fut très intense dans le marais de Sampont. Ces activités qui faisaient partie de l'agriculture qualifiée d'extensive étaient en fait intenses et régulières, de sorte que le paysage de ces marais était très ouvert et la végétation relativement basse. Elles étaient essentielles à la survie d'un certain nombre de familles et les différentes terres des marais avaient des fonctions précises. Cela s'est notamment traduit par le partage précis des terres lors des héritages successifs, aboutissant au parcellaire cadastral morcellé que nous connaissons actuellement.
Ces activités traditionnelles ont été abandonnées pour le marais de Fouches durant le vingtième siècle suite à la modernisation de l'agriculture. Cependant, sur la rive droite de la Semois, plus sèche, un agriculteur de Fouches continue toujours de faucher et de faire pâturer le regain par des bovins. Dans le reste du marais, la végétation ouverte et rase a progressivement cédé le pas à des végétations plus élevées et parfois rudérales (filipendulaies, phragmitaies, glycéraies), ou ont été progressivement envahies par des groupements forestiers (saulaies, aulnaies, boulaies). Dans le même temps, la Semois et certains de ses affluents subissaient curages et normalisation altérant le régime hydrique du marais, particulièrement sur les sols plus minéraux à proximité du cours de la Semois. Conjugué à la détérioration de la qualité des eaux de la rivière, cet assèchement a conduit à la rudéralisation et l'eutrophisation de vastes surfaces, particulièrement dans la partie nord du marais. Des plantations d'épicéas et de peupliers ont également été réalisées avec des résultats plutôt médiocres.
Le site a été partiellement détruit lors de la construction de l'autoroute Bruxelles-Arlon. Enclavé dans le village, le marais de Fouches est désormais menacé par l'urbanisation croissante de ses alentours et par les risques de remblais et d'eutrophisation qui en découlent.
Des dépôts clandestins de détritus existent çà et là, en particulier au voisinage des habitations; certaines parcelles ont été partiellement remblayées.