Le site se situe sur la bordure nord-occidentale de l'Ardenne (altitude moyenne 450 m), au niveau du hameau de La Gotale - Chêne Al'Pierre, commune de Manhay.
Le site longe le ruisseau de la Gotale, affluent de la Lienne, à 3 km à l'ouest de Bra, non loin de l'autoroute Liège-Bastogne.
Le sous-sol est composé de roches acides (schistes, grès, arkoses) appartenant à l'étage gedinnien du Dévonien inférieur. Les sols du fond de vallon sont généralement limoneux et peu caillouteux, mais la présence constante de l'eau provoque l'apparition d'une forte couche de gley.
Selon Rouxhet et al. 1994:
Le site est essentiellement constitué d'anciennes prairies de fauche semi-naturelles d'une très grande richesse floristique. Le ruisseau de La gotale, faisant partie du bassin hydrographique de la Lienne, sillonne l'ensemble de la réserve.
Les groupements les plus intéressants sont constitués par la pelouse à nard raide (Nardus stricta) comportant de petits peuplements de laiche puce (Carex pulicaris) et par les bas marais à grandes laiches ; la laiche bleuâtre (Carex panicea), la laiche étoilée (Carex echinata), la laiche à bec (Carex rostrata), abritant différentes espèces d'orchidée; l'orchis tacheté (Dactylorhiza maculata), l'orchis à larges feuilles (Dactylorhiza majalis), la platanthère des montagnes (Platanthera chlorantha), la double-feuille (Listera ovata), de petites colonies de pédiculaire des bois (Pedicularis sylvatica) et d'arnica (Arnica montana). Dans les zones les plus humides, on peut trouver le trèfle d'eau (Menyanthes trifoliata), le comaret (Comarum palustre) et la linaigrette à feuilles étroites (Eriophorum angustifolium). C'est dans une de ces zones que se développe une belle population d'une orchidée rarissime en Belgique et à fortiori en Ardenne: l'épipactis des marais (Epipactis palustris). La présence de cette orchidée, liée essentiellement aux marais alcalins, est tout à fait inattendue dans ce site. Cette station est sans doute actuellement la seule de tout le district ardennais.
En résumé, la végétation rassemble donc :
- une nardaie à Nardus stricta, Arnica montana, Carex pulicaris, Danthonia decumbens, ... (Nardo-Galion) ;
- des cariçaies à Carex rostrata, Carex panicea, Carex echinata, Carex pallescens où poussent également Dactylorhiza majalis, Dactylorhiza maculata, Platanthera chlorantha, Pedicularis sylvatica, Scorzonera humilis,... ;
- des bas-marais à Comarum palustre, Menyanthes trifoliata, Eriophorum angustifolium,... ;
- des moliniaies à Epipactis palustris et Arnica montana.
L'intérêt faunistique du site réside essentiellement au niveau de quelques espèces d'oiseaux inféodés aux cours d'eau comme la bergeronnette des ruisseaux (Motacilla cinerea), aux milieux ouverts comme le pipit des prés (Anthus pratensis), au milieu semi-bocager comme le rouge-queue à front blanc (Phoenicurus phoenicurus) et le bruant jaune (Emberiza citrinella).
Parmi les autres vertébrés, on signale aussi le lézard vivipare (Zootoca vivipara), la grenouille rousse (Rana temporaria) et le muscardin (Muscardinus avellanarius), petit rongeur peu fréquent en Ardenne.
Signalons aussi la présence de plusieurs espèces de papillons rares: le cuivré de la bistorte (Lycaena helle), le cuivré écarlate (Lycaena hippothoe), ...
D'après Ferraris, le site était occupé au XVIIIe siècle par des landes.
Autrefois, les prairies humides situées en bordure du ruisseau étaient destinées à la production de foin. En effet, celles-ci étaient drainées avec beaucoup de soin ; de petits fossés étaient creusés tout les dix à quinze mètres, récoltant l'excès d'eau jusqu'au ruisseau. Pratiquement jusqu'à la moitié du 19ème siècle seules les prairies situées en bordure de cours d'eau permettaient la récolte de ce foin précieux, soit en drainant les prés trop humides, soit en irriguant ceux trop secs par la technique de l'abîssage. La fauche des ces prairies a encore été pratiquée quelques années après la guerre 40-45.
Ensuite, dans le courant des années 1950, seul le pâturage y a encore été exercé (1 à 2 semaines par an en juillet ou en août), mais pratiquement sans aucun apport d'amendement minéral.
Jusqu'aux premiers achats de parcelles par les Réserves Naturelles RNOB en 1991, une partie de ces prairies étaient toujours pâturées ; le reste étant à l'abandon ou enrésiné, les RNOB et l'exploitant décidèrent alors de maintenir cette pratique sous forme d'un contrat d'entreprise précisant les modalités techniques pour une exploitation la plus adéquate possible.