Le site de la Plate Dessous les Monts (Belgique, province du Luxembourg, communes de Tintigny, Etalle (anciennement Villers-sur-Semois), et Habay) est située en Lorraine belge dans la partie de la vallée de la Semois située à l'ouest d'Etalle.
Le site est constitué d'un très ancien et vaste méandre de la Semois (= la Plate), recoupé spontanément et manifestement abandonné par la rivière de très longue date, car il n'existe plus aucune trace d'un ancien lit de la Semois, ni topographiquement ni dans le contour d'aucune parcelle cadastrale. De plus, le milieu de la plaine alluviale semi-annulaire qui forme le méandre partage cette plaine en deux petits bassins hydrographiques avec chacun un ruisseau intermittent qui rejoint la Semois actuelle indépendamment et en sens opposés, ce qui témoigne d'une évolution géomorphologique assez longue depuis l'abandon du méandre.
Le fond du méandre est tapissé d'alluvions et de colluvions marneuses compactes, tandis que le versant extérieur, concave, du méandre forme un vaste cirque évasé entaillé dans les marnes hettangiennes.
Le fond s'engorge et est mouilleux à très mouilleux localement (lame d'eau atteignant localement jusqu'à 20 cm au printemps).
Sur le versant du méandre, à environ un tiers de la hauteur par rapport à la rupture de pente inférieure, existent des suintements saisonniers, avec une eau circulant de façon diffuse en surface et formation de quelques ruisselets également saisonniers.
L'altitude est de 330 (dans le fond) à 355 mètres (sur le haut du versant).
Le site de la Plate Dessous les Monts est inclus dans la Zone de Protection Spéciale Sinémurienne désignée en application de la Directive européenne 79/409 relative à la protection des oiseaux sauvages et de leurs habitats, et ses habitats sont désignés comme sensibles au sein de cette Z.P.S.
Le site de la Plate Dessous les Monts a également été proposé par la Région Wallonne comme Zone Spéciale de Conservation en application de la Directive européenne 92/42 (Directive Faune-Flore-Habitats).
De PARENT (1969), nous extrayons les données suivantes.
Le site comprend une prairie semi-naturelle qui abritait une très importante station de Serratula tinctoria. Cette station était en voie de régression à cause de l'enrésinement de certaines parcelles et de l'établissement de pâturages. La prairie comporte Carex tomentosa, C. hirta, C. acutiformis, C. hostiana, Carum carvi, Scorzonera humilis, Alchemilla vestita, Trifolium montanum, Polygala vulgaris, Juncus acutiflorus, etc.
Les orchidées sont très nombreuses. On distingue Dactylorhiza majalis, D. praetermissa, D. incarnata var. albiflora (Molinion, CORINE 37.3). Ophiologlossum vulgatum qui avait été trouvé à mi-pente dans les suintements sur marnes par M.T. KERGER existe également dans le site (dossier de demande de subvention 1989).
Des traitements praticoles différents résultant du morcellement cadastrale ancien, entraînant la juxtaposition de parcelles soumises au pâturage où dominent Carex tomentosa et C. hirta parmi une végétation rase émaillée de nombreux Ranunculus acris et de parcelles où Serratula tinctoria se maintient.
Des fourrés de saules, d'aulnes et d'épicéas sont présents çà et là dans le site.
D'après la fiche RNOB, 1999 :
Le site de la Plate Dessous les Monts est localisé dans le district phytogéographique lorrain. Ce district occupe au sud de l'Ardenne, la zone d'extension des terrains sédimentaires jurassiques de la bordure septentrionale du Bassin de Paris, qui s'appuient et se terminent en biseau sur le massif primaire ardennais quelques kilomètres seulement au nord. Il est caractérisé par une certaine continentalité du climat. Les principales caractéristiques du site sont:
- une très faible eutrophisation;
- des étendues considérables de prairies relevant du Molinietum avec de très nombreuses variantes suivant le degré d'humidité, la composition chimique du sol (teneur en éléments nutritifs, pH, ...), l'usage agro-pastoral des terrains et la date d'abandon de ceux-ci;
- la présence d'un certain nombre d'espèces végétales, mais aussi animales à distribution restreinte en Wallonie, telles que Serratula tinctoria, Parnassia palustris, Triglochin palustre, Epipactis palustris, Oenanthe peucedanifolia, Salix repens, Mecosthetus grossus, Alytes obstetricans, Lanius collurio, ...;
- la présence d'un grand nombre d'espèces d'orchidées, dont certaines sont abondantes à très abondantes sur le site (Dactylorhiza praetermissa, Gymnadenia conopsea, Epipactis palustris), mais aussi Dactylorhiza maculata, D. incarnata, Orchis morio (cette dernière à proximité immédiate de la réserve);
- des prairies à éléments de bas-marais surtout alcalins avec Parnassia palustris, Triglochin palustre, Valeriana dioica, Menyanthes trifoliata, ... installées sur des suintements au niveau du versant doux;
- un complexe de prairies humides marécageuses à Molinia caerulea, Eriophorum angustifolium, Calamagrostis canescens, Phalaris arundinacea, Caltha palustris, ...;
- un ancien bras recoupé de la Semois (à proximité immédiate de l'actuelle Semois), comportant Hottonia palustris;
- des prairies mésophiles non fertilisées à fertilisées, sèches à humides, fauchées et/ou pâturées;
- de vieilles haies mélangées;
- des bois de feuillus (Alnus glutinosa, Betula pendula, ...) sur marnes et alluvions;
- d'anciennes plantations de résineux sur prairies marécageuses en cours de restauration.
Jadis les prés étaient exploités extensivement sans apport d'engrais, ni épandage de pesticides. L'abandon des pratiques agro-pastorales anciennes au profit d'une exploitation intensive a profondément modifié la composition floristique de nombreux prés de fauche, en les banalisant. Certains prés laissés à l'abandon se reboisent progressivememt, d'autres encore sont plantés d'épicéas.
D'après Ferraris, le site était occupé par des cultures et des prairies.
Le site a très longtemps été utilisé comme prés de fauche partagés entre de nombreuses familles locales comme l'atteste le parcellaire cadastral fortement découpé.
Au cours des dernières décennies, suite à la modernisation de l'agriculture, et à la déprise agricole croissante sur les terrains les moins productifs, des changements se sont produits sur le site:
- la plantation de certaines parcelles en résineux, principalement de l'épicéa, mais aussi du pin sylvestre, du douglas, de l'aulne glutineux, du bouleau verruqueux, et des peupliers hybrides euraméricains. Toutes ces plantations ont connu des succès divers, mais le plus souvent médiocres sur le plan sylvicole, d'autant plus qu'aucune de ces parcelles ne semble avoir bénéficié de soins après la plantation. Outre le manque de soins, l'inadéquation à la station des essences choisies, le caractère marneux du substrat sujet à des alternances très marquées d'engorgement et de dessèchement et l'absence de drainage des parcelles expliquent ces mauvais résultats sylvicoles;
- la mise en pâturage d'une bonne partie du surplus des parcelles, et l'abandon d'une partie de celles-ci à des dates diverses;
- l'abandon du reste des parcelles.
Il en résulte des stades variés d'envahissement par des espèces de mégaphorbiaies et de recolonisation ligneuse.
Certaines parcelles ont été il y a quelques années brièvement soumises à du pâturage extensif par des daims, après un gyrobroyage de la végétation, les produits ayant été laissés sur place.
D'autres parcelles, sur le haut du versant, mais aussi dans une partie du fond, sont toujours fauchées par des agriculteurs et/ou pâturées (bovins, ovins, équins), et ne sont généralement que peu fertilisées (difficulté de passage pour des engins agricoles lourds du fait du caractère humide à mouilleux de ces terrains une bonne partie de l'année).