S'inscrivant dans un environnement forestier, le tuf se présente comme un rocher calcaire, en partie éclairé, très aride et d'exposition sud-orientale; il est colonisé par une pelouse calcicole dominée par Sesleria caerulea avec quelques plages de Poa compressa et Briza media. On note aussi Asperula cynanchica, Euphorbia cyparissias, Medicago lupulina, Cardaminopsis arenosa subsp. borbasii, Linum catharticum, Veronica serpyllifolia, Leucanthemum vulgare, Potentilla neumanniana, Campanula rotundifolia, Pimpinella saxifraga, Origanum vulgare, Arenaria serpyllifolia, Hieracium pilosella, Hieracium gr. murorum, Thymus pulegioides, Scabiosa columbaria, Sanguisorba minor, Carex caryophyllea, etc.
Sur la paroi abrupte, le long du chemin, on observe principalement Geranium robertianum, Cardaminopsis arenosa, Poa nemoralis, Hedera helix, Asplenium ruta-muraria, Cystopteris fragilis, Hieracium gr. murorum, Mycelis muralis, Campanula trachelium et Pellia sp. Une fougère rarissime, Asplenium viride, a été signalée par J. Massart en 1913 et revu récemment par Y. Storder en 1986.
Aux abords des ruisselets alimentant le cron, se développent notamment Cirsium oleraceum, Brachypodium sylvaticum, Geum rivale, Equisetum telmateia, Vinca minor, Eupatorium cannabinum, Campanula trachelium, Aquilegia vulgaris, Lamium galeobdolon, Listera ovata, Impatiens noli-tangere, Valeriana dioica, Epipactis helleborine, Daphne mezereum, Campanula persicifolia.
La strate arborescente est composée de Fagus sylvatica, Corylus avellana, Viburnum opulus, Frangula alnus, Acer pseudoplatanus et Salix sp.
La faune du Gros Cron n'a que peu fait l'objet de recherches jusqu'à présent. Un relevé préliminaire, comprenant une trentaine d'espèces d'invertébrés, a été effectué le 17 juin 2000 (J.-Y. BAUGNEE). Plusieurs espèces dignes d'intérêt ont été observées à cette occasion.
Citons notamment Cicadetta montana, la cigale des montagnes dont un mâle a été vu sur un noisetier au niveau du rocher. Cette espèce bien connue de Torgny depuis sa découverte par R. Mayné dans les années 1930, ne semble pas avoir été signalée ailleurs en Lorraine. Toutefois, aucune exuvie larvaire n'a été trouvée, si bien que la reproduction de la cigale dans ce site isolé reste à prouver.
Trois autres Hémiptères méritent d'être mentionnés; liés spécifiquement à la graminée Sesleria caerulea, leur distribution respective en est d'autant plus limitée et localisée dans notre région (BAUGNEE, 2003):
* Chlorionidea flava, une espèce très rare en Europe occidentale, n'est connu actuellement que d'une seule autre localité belge, à savoir le cron de Montauban; ce Delphacide demeure introuvable dans le district mosan malgré l'abondance de la seslérie;
* Arocephalus languidus a une distribution régionale plus étendue que la précédente, tout en demeurant très localisée; cette cicadelle est plus fréquente dans les pelouses du district mosan;
* Zyginidia mocsaryi présente à peu près la même distribution que A. languidus.
Le site représente un site très favorable pour la reproduction d'une libellule rare: Cordulegaster bidentata ou cordulégastre bidenté; elle se rencontre sur les très petits ruisseaux et les zones de sources, essentiellement en Ardenne et en Lorraine.
Parmi les Diptères, on peut signaler la présence d'un syrphe intéressant: Caliprobola speciosa, dont les larves sont saproxylophages. Par ailleurs, MORTELMANS et al. (2012) ont récemment signalé la présence d'un diptère nouveau pour la faune belge, le Sciomyzidae Coremacera fabricii, de même que le rare Stratiomyidae Oxycera pygmaea.