Le marais du Landbruch est l'une des zones humides les plus remarquables de Wallonie. Il présente une flore et une végétation d'une diversité exceptionnelle. Sa traversée permet d'admirer une mosaïque de groupements uniques, dont certains n'existent plus qu'ici. D'après GUIOT (1969) on peut y observer:
- une cariçaie à Carex limosa (Caricetum limosae) dans laquelle on peut rencontrer Carex lepidocarpa, C. disticha, C. paniculata, C. appropinquata, C. diandra, Eriophorum gracile, Pedicularis palustris, Parnassia palustris, Epipactis palustris, Dactylorhiza maculata, D. majalis, D. incarnata, Vaccinium oxycoccos, Drosera rotundifolia, etc.;
- une cariçaie à Carex lasiocarpa (Caricion lasiocarpae);
- une cariçaie à Carex vesicaria (Caricetum rostrato-vesicariae) avec des variantes à Carex paniculata ou Eriophorum angustifolium;
- une cariçaie à Carex acutiformis et C. paniculata, piquée de Salix repens et riche en sphaignes (Caricetum acutiformo-paniculatae);
- une jonchaie à Juncus acutiflorus avec localement Carex limosa (Juncion acutiflori);
- une tourbière bombée à Eriophorum vaginatum, Vaccinium uliginosum, etc.;
- une moliniaie acidophile;
- une boulaie pubescente à Molinia caerulea (Betuletum pubescentis);
- une aulnaie pionnière;
- une aulnaie eutrophe inondée en permanence dans laquelle s'observent deux fougères très rares: Thelypteris palustris et Dryopteris cristata ainsi que Dryopteris carthusiana et l'hybride D. cristata x D. carthusiana (Carici elongatae-Alnetum), avec également Daphne mezereum et Prunus padus;
- une chênaie acidophile (Quercion robori-petreae) dans laquelle les coupes sont envahies par les espèces habituelles (Epilobion angustifolii);
- une lande à Calluna vulgaris résultant de l'exploitation abusive de la chênaie sessiliflore, avec Genista pilosa, Lycopodium clavatum (Calluno-genistetum), Corynephorus canescens et Cladonia sp., sur substrat sec et sableux;
- des plantations de pin sylvestre à flore herbacée acidophile;
D'après R.-M. LAFONTAINE (1998):
La vallée du Landbruch montre, outre un ensemble habituel de groupements végétaux humides évoluant vers des groupements acides, une succession beaucoup plus rare dont l'évolution conduit à des groupements neutrophiles. C'est cette dernière succession qui est l'élément le plus remarquable du site.
Les habitats prioritaires les plus intéressants du marais du Landbruch sont :
- un bas-marais à Carex lasiocarpa envahi par les sphaignes ;
- des fragments de marais flottants à Carex diandra (unité importante pour Liparis loeselii - peut-être encore présente ici) ;
- des bas-marais à Carex flava et/ou lepidocarpa ;
- des tapis bas, flottants ou tremblants à Carex limosa et C. lepidocarpa ;
- des tourbières de transition à buttes de sphaignes colorées, y compris des buttes à vacciniées ;
- de grandes étendues de touradons à Carex paniculata et, localement, Carex appropinquata ;
- un tapis inondé de prèles des eaux, Equisetum fluviatile ;
- des cariçaies à Carex rostrata et C. vesicaria ;
- des bas-marais acides à laîches du Caricetum fuscae s.l. ;
- des mares à Eriophorum angustifolium, des tapis flottants à trèfle d'eau, Menyanthes trifoliata, des radeaux à trèfle d'eau et comaret ;
- des tapis de mousses brunes ;
- des éléments d'une molinaie alcaline (Eu-Molinion) ;
- une mégaphorbiaie riche en Aconitum napellus subsp. lusitanicum et la prairie à bistorte (Persicaria bistorta); au Landbruch, ces deux derniers groupement ne forment guère que des clairières au sein de l'aulnaie.
On retrouve aussi quelques fragment de chênaie acidophile, des fourrés de transition où dominent Salix cinerea, Salix aurita et Frangula alnus, une très grande aulnaie marécageuse à sphaignes, accompagnées localement d'éléments d'aulnaie neutrocline, et une boulaie pubescente.
Des surfaces importantes de landes à callune (Calluna vulgaris) et myrtille (Vaccinium myrtillus) ont été enrésinées dans les années 1950, principalement avec des pins sylvestres (Pinus sylvestris). La végétation de la lande à éricacées s'est souvent maintenue en sous-bois et un sous-étage de bourdaie (Frangula alnus) se développe particulièrement bien dans certaines parties.
Anciennement, une association à Potamogeton alpinus, P. polygonifolius et Chara vulgaris existait dans le marais du Landbruch. Il y avait aussi une colonisation de fosses d'exploitation de tourbes par Juncus bulbosus et des fragments de marais flottants à Rhynchospora alba.
L'évolution récente du marais, suite à un reboisement naturel de plus en plus généralisé qui entraîne une fermeture du milieu, conduira à terme à la disparition des groupements les plus remarquables (et de leurs faunes associées) comme les cariçaies à Carex limosa, les bas-marais neutrophiles etc. Le colmatage naturel des trous d'eau et des zones d'eau libre entraine lui aussi une perte de diversité et contribue à la dégradation de la qualité de l'ensemble du marais.
La flore du Landbruch présente des caractéristiques exceptionnelles, en raison notamment de la présence d'un grand nombre d'espèces rares et spécialisées. Si certaines d'entre-elles semblent avoir disparu, il n'est cependant pas exclu d'y retrouver un jour certaines espèces observées dans le passé, comme les orchidées Corallorhiza trifida (observé en 1983), Hammarbya paludosa (noté en 1976) et Liparis loeselii (une observation en 1987).
L'intérêt bryologique du marais est également exceptionnel. Une mousse rarissime, Hamatocaulis vernicosus, y trouve son unique station wallonne actuellement connue ! Cette espèce d'intérêt communautaire y a été observée à plusieurs reprises au cours de la dernière décennie, notamment par A. SOTIAUX et tout récemment par J.-M. COUVREUR (2011). Son écologie est tout à fait particulière: elle n'évolue en effet que dans les zones de contact entre des suintements riches en bases et des eaux nettement plus acides, une exigence qu'elle partage avec une autre mousse très rare, Tomenthypnum nitens, également présente au Landbruch.
La faune du Landbruch est prestigieuse, comme en témoignent les longues listes d'espèces rares disponibles pour divers groupes taxonomiques.
L'avifaune fut étudiée jadis par GUIOT (1969) dont voici quelques éléments synthétiques:
- dans l'aulnaie pionnière formée de fourrés inextricables de saules et d'aulnes sont installés Rallus aquaticus, Phylloscopus trochilus et des espèces recherchant l'ombre et la fraîcheur comme Sylvia borin, Erithacus rubecula, Parus palustris, P. montanus, Picus canus, Turdus merula, Sylvia atricapilla, Phylloscopus collybita. Anas platyrhynchos y niche;
- les zones marécageuses peu arborées et plus ou moins buissonnantes abritent Gallinago gallinago (nicheuse), Emberizia schoeniclus, Locustella naevia et des oiseaux généralement liés à des milieux plus secs comme Phoenicurus phoenicurus, Prunella modularis;
- la périphérie du marais, constituée de chênaies acidophiles ou de pinèdes, est le domaine de Anthus trivialis, Sitta europaea, Garrulus glandarius, Coccothraustes coccothraustes, Dendrocopos medius, Phylloscopus sibilatrix, Dryocopus martius, Bonasia bonasia, Regulus regulus, R. ignicapillus, Parus cristatus, P. ater et en lisière, Sylvia communis;
- les prédateurs sont représentés par Buteo buteo, Pernis apivorus, Accipiter gentilis, A. nisus, Asio otus, Strix aluco. Beaucoup plus rarement, Circus cyaneus, C. pygargus, Falco tinnunculus et F. subbuteo ont été observés survolant le marais. Picus viridis, Dendrocopos major, Scolopax rusticola, Caprimulgus europaeus nichent aux alentours de la réserve.
Des oiseaux fréquentent le site au cours de leurs migrations comme Tringa totanus, T. ochropus, Grus grus, Oriolus oriolus, etc. Un certain nombre d'espèces qui nichaient jadis au Landbruch ont disparu comme Botaurus stellaris, tandis que Porzana porzana y a peut-être niché.
Les papillons de jour (ou rhopalocères) regroupent pas moins de 42 espèces sur le marais et ses pourtours. L'élément le plus remarquable, à savoir Boloria aquilonaris ou nacré de la canneberge, y est présent en plusieurs endroits. Par contre, Boloria eunomia et Lycaena helle, deux espèces liées à la bistorte, ne semblent pas avoir été observés récemment.
Les odonates sont représentés par au moins 28 espèces dont Aeshna juncea, Calopteryx virgo, Cordulegaster boltonii, Leucorrhinia dubia, Leucorrhinia pectoralis (occasionnel), Libellula quadrimaculata, Orthetrum coerulescens, Somatochlora arctica, Somatochlora flavomaculata, Sympecma fusca, Sympetrum danae, Sympetrum vulgatum.
Parmi les mollusques, la présence de Vertigo moulinsiana mérite d'être relevée. Cette espèce d'intérêt communautaire occupe en effet ici une situation assez originale par rapport aux autres stations wallonnes connues. Cet escargot lié principalement aux marais alcalins se cantonne essentiellement sur les touradons de Carex paniculata (BAUGNEE et al., 2006).