Intro
Brève description
Le site se trouve au coeur de la localité de Kelmis-La Calamine qui est située dans la vallée de la Gueule, à deux pas de la frontière allemande. Il est constitué d'une petite pelouse calaminaire qui représente l'un des derniers témoins intacts de la 'Vieille Montagne' dont les riches filons de zinc et de plomb furent exploités dès le 13ème siècle. A l'heure actuelle, on peut y admirer une végétation très particulière formée par des espèces végétales qui ne poussent que sur les terrains 'empoisonnés', naturellement comme c'est le cas ici, ou artificiellement (par exemple à Plombières). Parmi ces espèces, on peut citer notamment la violette calaminaire (Viola calaminaria) et le gazon d'Olympe calaminaire (Armeria maritima subsp. halleri). Cet habitat d'intérêt communautaire n'est présent chez nous que dans quelques rares sites de l'est du territoire wallon. Après un avenir très incertain, la pelouse de La Calamine bénéficie enfin, depuis 1995, d'un statut de protection officiel.
Carto
Régions naturelles
- F6 - Entre-Vesdre-et-Meuse
Limites administratives
Ancienne(s) commune(s) | Surface | Nouvelle(s) commune(s) | Province(s) |
---|
Kelmis (La Calamine) | 0.41 ha | KELMIS-LA CALAMINE | LIEGE |
Cantonnements DNF
Cantonnement(s) | Surface | Direction(s) |
---|
Eupen | 0.41 ha | Malmédy |
Mentions dans d'autres inventaires de sites
Site classé
Propriétaire(s)
Gestionnaire
Conservateur de la réserve Ardenne et Gaume : Didier BONNI, rue de la Source, 22, 4850 Plombières.
Service public de Wallonie, Département de la Nature et des Forêts, Cantonnement d'Eupen 1, Haasstrasse 7, 4700 Eupen (Tél. : 087/85.90.20 - Fax: 087/55.71.70).
Sites protégés
Conservation
Objectifs de conservation
Conservation d'une petite pelouse calaminaire et de sa remarquable flore associée.
Menaces
Aucune menace pour l'instant. Le site est très exigu !
Recommandations
Alnus incana, Fallopia sachalinensis, Rhus typhina.
Plan de gestion
Un plan de gestion a été rédigé (BONNI & SCHYNS, 1999). Il vise principalement à
- assurer le maintien des six métallophytes absolus présents dans les limites de la réserve naturelle ;
- augmenter la diversité floristique et la surface occupée par les espèces calaminaires et les espèces pseudo-métallophytes.
Les travaux prévus peuvent se résumer comme suit :
- abattage des arbres (bouleaux, épicéas, aulnes) qui portent ombrage à la pelouse, ainsi que des échappés de jardin (Rhus typhina,...) ;
- limitation de l'envahissement de la rénouée de Sakhaline (Fallopia sachalinensis) ;
- fauchage annuel de la friche à fromental, afin d'en limiter l'extension au détriment de la pelouse calaminaire, tout en y favorisant la diversité végétale ;
- étrépage de certaines zones, en particulier dans la friche à fromental, favorisant l'installation des espèces calaminaires.
Un suivi scientifique est prévu sous la forme de quatre carrés permanents qui seront mis en place dans la friche à fromental, qui permettront d'évaluer l'effet des gestions sur le tapis herbacé.
Des relevés entomologiques, et plus particulièrement lépidoptérologiques, seront effectués à l'avenir.
Accès du public
Accès interdit sans accord du conservateur. Des visites guidées sont organisées occasionnellement. La superficie très limitée du site et sa grande fragilité ne se prêtent guère à de fréquentes visites !
Détails
Description physique
La région de La Calamine appartient au synclinorium de Herve qui renferme, entre Liège et la frontière allemande, les gisements de plomb et de zinc les plus importants de Belgique.
Le gisement de l'Altenberg (Vieille Montagne) constitue un amas de contact formé à la tête d'un synclinal qui s'oriente vers le sud-ouest. Cet amas s'est formé dans le calcaire dolomitique de la base du Tournaisien, au contact du Famennien, au niveau d'une faille radiale orientée sud-est/nord-ouest et recoupant le synclinal. Il se présente comme un massif oblong de 500 m de longueur et de 100 m de largeur. Cette masse se compose de deux gîtes séparés par une masse dolomitique jusqu'à une profondeur de 28 m. Le gîte nord atteint sa plus grande profondeur à - 36 m, le gîte sud à - 115 m. L'amas est constitué essentiellement d'un mélange de carbonates et de silicates de zinc (calamine).
De faible superficie, la pelouse témoin de La Calamine est aujourd'hui enclavée par des propriétés privées ainsi que par un parc communal qui occupe la plus grande partie de l'ancienne excavation remblayée.
Le site correspond à la catégorie des gîtes calaminaires primaires. Il est l'un des rares à avoir échappé aux activités industrielles, les affleurements étant toujours parfaitement en place. Il s'étend sur l'épaulement sud-est du gîte nord, à l'extrémité méridionale de l'ancienne excavation, et a échappé aux déversements de terres et de déblais qui ont servi au nivellement du parc communal. Ce dernier domine actuellement la réserve naturelle par un talus très raide et instable, qui a été boisé.
Description biologique
La végétation du site a été étudiée récemment par DUVIGNEAUD et al. (1993). D'après ces auteurs, on peut y reconnaître les formations suivantes :
1- une pelouse à Festuca ovina subsp. guestfalica et Viola calaminaria (Violetum calaminariae Schwickerath, 1931). Cette pelouse calaminaire est caractérisée par l'importance des espèces métallophytes. Sur les sols les plus fortements contaminés par le zinc, seuls les métallophytes absolus sont présents et le tapis végétal y est souvent très ouvert et bas, avec abondance de lichens (Cladonia rangiformis, e.a.) et de bryophytes. À d'autres endroits, une variante à faciès plus dense apparaît avec quelques espèces de pelouse calcicole comme Pimpinella saxifraga, Campanula rotundifolia,...
2- une pelouse calaminaire à Avenula pratensis et Thlaspi caerulescens subsp. calaminare. Physionomiquement et floristiquement proche des pelouses calcicoles mésophiles (Mesobromion), elle est dominée par Avenula pratensis qui forme ici des touradons et côtoye Avenula pubescens, Campanula rotundifolia,... D'autres espèces calaminaires sont présentes, notamment Festuca ovina subsp. guestfalica.
3- une friche à Arrhenatherum elatius. Cette vegétation est liée à la nature du substrat (remblais) mais pourrait correspondre localement au stade sénil de la pelouse calaminaire. La graminée, très nettement dominante, est accompagnée de Galium mollugo, Carex spicata, Vicia sepium,... Ici, les métallophytes se font rares à cause de la hauteur et de la densité du tapis herbacé.
4- un groupement nitrophile de lisière caractérisé par Urtica dioica, Sambucus nigra, Epilobium angustifolium,...
5- un groupement hygrophile très localisé avec Deschampsia cespitosa, Eupatorium cannabinum, ...
6- une recolonisation préforestière avec Clematis vitalba, Betula pendula, Salix caprea,...
7- une flore non indigène rassemblant des espèces soit plantées (Alnus incana) soit échappées des jardins (Rhus typhina, Fallopia sachalinensis,...).
La faune du site n'a pas encore fait l'objet d'études. HENDERICKX & VETS (2005) ont signalé une population mixte des pseudoscorpions Neobisium simile et Neobisium sylvaticum, cette dernière espèce étant nouvelle pour la Belgique où elle se trouve à la limite nord-ouest de son aire de distribution.
Monument naturel
Monument historique
Histoire du site
La localité de Kelmis (La Calamine) apparaît pour la première fois dans un document daté du 19 mars 1280 ayant appartenu à l'ancienne abbaye cistercienne d'Altenkamp et conservé au dépôt principal des Archives de l'Etat à Düsseldorf. Ce toponyme, qui désigne un endroit où l'on trouve de la calamine ('kelme' en germanique), témoigne vraisemblablement que ce minerai était déjà exploité à cette époque dans la localité.
L'extraction industrielle du minerai a eu lieu entre 1837 et 1884 dans les gîtes nord et sud, livrant ainsi 614.631 tonnes de roches à calamine et 640.485 tonnes de terres calaminaires. De 1884 à 1902, près de 160.000 tonnes de terres provenant d'anciens remblais ont encore été traitées.
Après l'arrêt définitif de l'exploitation par la S.A. de la Vieille Montagne en 1951, celle-ci mis en vente ses terrains de La Calamine, qui furent acquis en majeure partie par la firme Xhonneux, de Welkenraedt. Cette firme exploita pendant quelques années le crassier de scories issus de l'usine à oxyde de zinc, tandis que les terrains situés le long de la voirie communale étaient vendus à des particuliers qui y ont construit leur habitation. Par la suite, la firme Xhonneux vendit ses propriétés, notamment à la société E.S. Eupen qui y installera un atelier de construction électrique.
L'idée d'une réserve naturelle à La Calamine remonte aux années 1950 quand Serge Jacquemart, alors administrateur d'Ardenne et Gaume, effectua les démarches auprès de la firme Xhonneux afin de permettre la protection de cette pelouse calaminaire. Par la suite, c'est Firmin Pauquet et Pierre Staner, alors président de l'association, qui participèrent aux négociations auprès de la firme E.S. Eupen. Toutefois, seul un accord verbal fut conclu si bien que la réserve naturelle ne fut jamais reconnue officiellement.
Ce n'est que depuis le 26 juin 1995, avec la signature d'un contrat de bail, que le site, bénéficie enfin d'un statut de protection officiel pour une période de 29 ans.