A. REMACLE (2002): Cette carrière est localisée entre les villages de Vien et d'Anthisnes, le long de la route reliant ces deux localités (rues de la Libération et des Carrières). On y a extrait du calcaire crinoïdique gris bleu et compact du Tournaisien, dénommé couramment petit granit. Ce site d'extraction fait partie de l'ensemble de carrières de petit granit exploitées de Sprimont à Ouffet.
Cette grande carrière abandonnée est allongée dans l'axe NE-SW sur une longueur de 900 m. Un haut mur de soutènement longe les rues de la Libération et des Carrières; il était riche en orpins mais fut 'nettoyé' en 2001.
Le secteur supérieur oriental, occupé par une friche calcaire sur sol caillouteux et dammé, est d'un accès aisé: une rampe (panneau d'interdiction et fermeture) part de la rue des Carrières et rejoint, parallèlement à la rue, la zone des bâtiments. Le fond de l'excavation est accessible dans la partie ouest (rampe visible sur la carte I.G.N.).
Le flanc nord correspond par endroits à une dalle fort redressée et dénudée, qui est prolongée vers le haut par des fragments de murs de soutènement; certains secteurs montrent toutefois une colonisation ligneuse importante. Cette falaise est surmontée d'une bordure assez embroussaillée.
Le fond de la fosse, qui est très profonde (jusqu'à 25 m), présente une largeur de 12-15 m à une trentaine de m et est plus ou moins colonisé par des ligneux pionniers. La partie centrale, à proximité des bâtiments, se trouve à un niveau nettement plus élevé (partie remblayée ou non exploitée?). L'extrémité occidentale est occupée, comme l'indique la carte I.G.N., par une pièce d'eau rectangulaire d'une dizaine d'ares, limitée par des parois (sub)verticales.
Vers l'est, l'espace entre l'excavation et la rue Saint-Roch est occupé par une friche piquetée d'arbustes et sillonnée de pistes de VTT.
Plusieurs accumulations de blocs sont réparties à différents endroits sur le pourtour de l'excavation; certains de ces pierriers sont constitués de blocs volumineux.
Fréquentation du site forte dans la partie médiane occupée par une entreprise de travaux publics et par plusieurs bâtiments réaffectés en habitations. Un ferrailleur occupe l'une des maisons; les tas de ferrailles sont localisés sur le haut de l'excavation vers le sud-ouest.
Présence de plusieurs versages: flanc sud recouvert de cendres volantes (?) vers l'est; amas de pneus, ferrailles, pare-chocs,... au pied du flanc sud vers l'ouest,...
Proximité de maisons à différents endroits et du cimetière d'Anthisnes à l'angle nord-est de la carrière; terrains agricoles jouxtant la fosse vers le nord-ouest.
A. REMACLE (2002): Les ligneux suivants colonisent progressivement le site: Salix caprea, Betula pendula, Salix purpurea lambertiana (fosse), Salix viminalis, Fraxinus excelsior, Pinus sylvestris, Alnus incana (fosse), Cornus sanguinea, Prunus spinosa, Rosa canina, Crataegus monogyna, Clematis vitalba, ...
Le secteur supérieur, entre la rue et la fosse, est colonisé par une végétation de friche plus ou moins discontinue selon les endroits. La strate herbacée globale y est relativement diversifiée, en particulier dans le secteur oriental où le sol est caillouteux et dammé. Parmi les espèces recensées figurent: Arenaria serpyllifolia, Minuartia hybrida, Silene vulgaris, Hypericum perforatum, Pyrola rotundifolia, les orpins Sedum acre, S. album et S. rupestre, Saxifraga tridactylites, Sanguisorba minor, Rubus sp., Lotus corniculatus, Trifolium campestre, Melilotus albus, M. officinalis, Medicago lupulina, Trifolium dubium, Epilobium angustifolium, Geranium columbinum, Pimpinella saxifraga, Daucus carota, Echium vulgare, Origanum vulgare, Euphrasia stricta, Campanula rapunculus, Galium mollugo, Knautia arvensis, Hieracium pilosella, H. bauhinii, H. lachenalii, Crepis foetida (abondante), Erigeron acer, Leucanthemum vulgare, Tanacetum vulgare, Cichorium intybus, Matricaria maritima inodora, Achillea millefolium, Picris hieracioides, Senecio inaequidens, S. erucifolius, Leontodon autumnalis, Centaurea thuillieri, diverses poacées parmi lesquelles Poa compressa, Vulpia myuros, Arrhenatherum elatius, Bromus hordeaceus, Festuca arundinacea et Dactylis glomerata, Epipactis helleborine. D'autres espèces ont été notées ailleurs autour de la fosse: Inula conyzae, Listera ovata, Platanthera chlorantha. Quelques espèces échappées des jardins sont présentes dans ce secteur: Lychnis coronaria (plusieurs plages), Sempervivum cf. tectorum (petite plage), Lathyrus latifolius (secteur supérieur occidental), Iris germanica, Symphoricarpos albus et Buddleja davidii.
De jeunes ligneux pionniers envahissent progressivement le fond de l'excavation. Le tapis herbacé rassemble diverses espèces parmi lesquelles Sedum album, Fragaria vesca, Sanguisorba minor, Linum catharticum, Origanum vulgare, Linaria vulgaris, Leucanthemum vulgare, Crepis biennis, Tragopogon pratensis, Hieracium bauhinii, Leontodon hispidus, Brachypodium sylvaticum, les fougères Cystopteris fragilis, Asplenium trichomanes, A. ruta-muraria, Polypodium vulgare et Dryopteris filix-mas. L'espèce la plus intéressante est Pyrola rotundifolia qui forme de nombreuses plages, dont une, très florifère, de près d'un are. Sur la falaise sud ombragée croissent notamment Hieracium murorum, H. lachenalii et Senecio erucifolius.
Dans la friche orientale croissent notamment, parmi la strate arbustive, Salix caprea, Betula pendula, Prunus spinosa, Crataegus monogyna et Rosa canina, et, parmi la strate herbacée, Agrimonia eupatoria, Ononis repens, Lotus corniculatus, Vicia cracca, V. tetrasperma, V. hirsuta, V. sativa, Trifolium pratense, T. repens, Medicago lupulina, Melilotus sp., Lathyrus pratensis, Epilobium angustifolium, Heracleum sphondylium, Origanum vulgare, Tanacetum vulgare, Artemisia vulgaris, Eupatorium cannabinum, Leucanthemum vulgare, Arrhenatherum elatius. Cette friche se caractérise par l'abondance des fabacées, qui constitue une ressource importante pour de nombreux insectes floricoles (Abeilles de la famille des Mégachilides par exemple).
J.-Y. BAUGNEE et J.-L. GATHOYE (2012): Une visite effectuée en janvier 2012 a permis de constater que le site est en grande partie partie détruit et remblayé. L'extrémité orientale est concernée par un projet de lotissement, tandis que toute la partie centrale est occupée par une entreprise et par de vastes tas d'inertes. La fosse occidentale est également en cours de remblaiement. Seule une petite partie d'environ 4 ha, située juste au nord de cette fosse, présente encore un certain intérêt et mériterait d'être préservée. En effet, ce merlon calcaire est couvert d'un boisement pionnier qui abrite notamment une importante population de Pyrola rotundifolia (espèce de la liste rouge wallonne) et de Neottia nidus-avis (espèce légalement protégée).
Le plan d'eau signalé par A. Remacle, s'il existe toujours, n'a pas été visité. Le lézard des murailles (Podarcis muralis) était toujours bien présent en 2011 (plusieurs dizaines d'individus, obs. V. Schmitt). Par ailleurs, une punaise rarissime en Wallonie, Leptopus marmoratus, a été trouvée en abondance parmi un amas de pierres, à l'est du merlon.