Situation générale: Cette ardoisière est localisée dans la partie septentrionale de Martelange, entre la route N4 et la Sûre. Les anciennes infrastructures sont bien visibles de la route. On y a extrait du schiste ardoisier du Siegenien (= Praguien) supérieur.
Description du site: Ce vaste site comprend du sud vers le nord les parties suivantes.
- Le secteur méridional correspond à l'ancienne aire de stockage des ardoises et des pierres de construction, laissée en l'état depuis l'arrêt de l'activité. La plus grande partie de ce secteur est constituée d'étendues sèches, caillouteuses et dammées, colonisées par une végétation ligneuse jeune, plus âgée vers la Sûre, et par une végétation herbacée en général discontinue. Un panneau 'Ardoisières de Martelange', encore bien visible de la route, subsiste dans ce secteur.
- Les anciennes infrastructures de l'ardoisière (bureaux, ateliers, scierie, cheminée,…) sont séparées par des aires dammées, couvertes d'une végétation assez analogue à celle du secteur sud, mais globalement moins diversifiée.
- Au nord des bâtiments s'étend le 'nouveau' terril constitué des déblais récents de l'ardoisière. Il forme un éboulis instable et reste très dénudé. La pente vers la rivière est couverte de haldes, mais aussi de déchets inertes et de ferrailles.
- A l'ouest et au nord de ce terril se trouvent encore des terre-pleins et chemins dammés à végétation herbacée éparse.
- En contrebas de la route N4 et parallèlement à celle-ci, une longue pente, d'une hauteur maximale de plus de 20 m, est couverte de haldes anciennes. Elle correspond à ce qu'il subsiste de l'ancien verdou de l'ardoisière qui a été largement exploité.
+ La partie sud est surmontée d'un replat plus ou moins pierreux, large de 4 à 10-15 m. Quelques aires encore bien ensoleillées montrent des lambeaux de pelouse pionnière totalisant une surface de quelques ares seulement. Dans d'autres zones pousse une végétation herbacée plus dense et moins caractéristique. Une rampe monte de la zone des bâtiments sur ce replat et se prolonge vers le nord par un sentier.
+ La partie nord est boisée; le sentier court à flanc de coteau en contrebas d'un talus boisé (e.a. frênes) devenant de plus en plus élevé, avec des vestiges de murs de soutènement. La pente sous le sentier est encore couverte, sur une certaine distance, de haldes fixées.
- Une aulnaie sur sol humide à mouilleux, inondée à certaines périodes, occupe la partie plane entre le bas de la pente pierreuse et la rivière; elle semble correspondre, du moins en partie, à l'emplacement de l'ancien verdou. Plusieurs trous d'eau y sont visibles. La partie vers la route est altérée par des déchets divers (amas de palettes, ferrailles,…).
Fréquentation du site: Occasionnelle.
Présence de déchets: Des déchets inertes, ferrailles, tas de planches, vieilles palettes,… sont visibles un peu partout dans le site, ainsi que sur le talus boisé en contrebas de la route N4.
Environnement du site: Versant boisé de la vallée de la Sûre vers le nord, route N4 à l'ouest, la Sûre à l'est et le village de Martelange vers le sud.
Annie REMACLE (2008): Les ligneux qui colonisent les parties encore bien ouvertes de l'ardoisière appartiennent notamment aux espèces suivantes: Salix caprea, Populus tremula, Betula pendula, B. pubescens, Sorbus aucuparia, Alnus glutinosa, les conifères Pseudotsuga menziesii et Picea abies, Corylus avellana, Rosa canina, Prunus spinosa, Cytisus scoparius. La présence de plusieurs espèces ornementales s'explique par l'emplacement de l'ardoisière dans une localité, à proximité d'anciens jardins: on y a noté des pruniers et pommiers cultivés, mais aussi Syringa vulgaris, Cornus sp., Cotoneaster horizontalis, Laburnum anagyroides, Parthenocissus inserta et Spiraea sp. L'espèce ligneuse la plus remarquable est sans conteste Prunus mahaleb (Bois de Sainte-Lucie), qui a colonisé en abondance l'aire de stockage de l'ardoisière où quelques pieds sont même volumineux; de tout jeunes exemplaires se rencontrent çà et là dans les autres zones bien ensoleillées.
Les parties damées par le charroi, l'aire de stockage et l'étroit replat dominant la pente pierreuse en contrebas de la route N4 sont en général occupés par une végétation clairsemée. La strate herbacée y est constituée d'un spectre relativement large de plantes des pelouses méso- et xérophiles: entre autres Ranunculus bulbosus, Minuartia hybrida, Cerastium pumilum, six espèces de Crassulacées (Sedum rupestre, S. acre, S. spurium, S. album, S. hispanicum (LAMBINON & REMACLE, 2006), Sempervivum tectorum), Potentilla argentea, Sanguisorba minor, Lotus corniculatus, Anthyllis vulneraria (très rare dans le site), Trifolium campestre, Euphorbia cyparissias, Linum catharticum, Polygala vulgaris, Myosotis discolor (quelques pieds), Pimpinella saxifraga, Acinos arvensis, Galeopsis angustifolia, G. segetum et l'hybride angustifolia x segetum, Thymus pulegioides, Galium verum, Valerianella carinata (seule cette espèce de Valerianella, assez répandue dans l'ardoisière, a été recensée), Hieracium pilosella, Leontodon hispidus, Hypochaeris radicata, Poa compressa (abondant), Festuca spp. (au moins Festuca heteropachys) et Epipactis atrorubens. Ces espèces sont accompagnées de plantes prairiales comme Trifolium pratense, T. hybridum, Daucus carota, Knautia arvensis, Centaurea jacea subsp. grandiflora, Leucanthemum vulgare, Achillea millefolium et Tragopogon pratensis, de plantes affectionnant les ourlets telles que Fragaria vesca, Teucrium scorodonia, Clinopodium vulgare, Verbascum lychnitis, Hieracium lachenalii et Epipactis helleborine, ainsi que de pionnières des milieux anthropiques, comme Arabidopsis thaliana, Melilotus albus, Oenothera deflexa, Echium vulgare, Verbascum nigrum, V. thapsus, Linaria vulgaris, Artemisia vulgaris, Tanacetum vulgare, Crepis foetida (en 2001 près des bâtiments), Conyza canadensis et Senecio viscosus (apporté avec les graviers étalés en 2005 sur l'aire de stockage). Il faut encore souligner l'existence d'une plante actuellement considérée comme menacée d'extinction (SAINTENOY-SIMON et coll., 2006) en Wallonie, Bromus inermis, qui forme une plage de plus d'un are près de la rue et de l'hôtel Martinot (elle pousse aussi sur le talus bordant la Sûre près du pont).
La pente pierreuse encore assez ouverte héberge une végétation herbacée très éparse, composée notamment d'Epilobium lanceolatum, E. angustifolium, Galeopsis angustifolia, G. segetum, Teucrium scorodonia, Galium mollugo, Epipactis atrorubens (jusqu'à une douzaine de pieds florifères de 2001 à 2005) et des fougères Dryopteris filix-mas, Asplenium trichomanes, A. ruta-muraria et Gymnocarpium robertianum (plage de 1 m²).
Quelques herbacées se sont échappées des jardins: plusieurs crassulacées mais aussi Cerastium tomentosum, Lysimachia punctata et probablement Centaurea montana.
Dans l'aulnaie à Alnus glutinosa croissent d'autres ligneux (Salix spp., Betula pubescens, Acer pseudoplatanus, Fraxinus excelsior, Ribes rubrum,…). Le tapis herbacé, assez riche en Urtica dioica et Galium aparine, comprend également de grandes herbacées de mégaphorbiaie, comme Filipendula ulmaria, Lysimachia vulgaris, Angelica sylvestris, Eupatorium cannabinum, Scirpus sylvaticus, Phalaris arundinacea, mais aussi Caltha palustris, Ranunculus flammula, Stellaria nemorum, Cardamine amara et C. flexuosa, Chrysosplenium oppositifolium et C. alternifolium, Impatiens noli-tangere, Veronica beccabunga, Carex remota, C. acuta, Iris pseudacorus, etc.