Intro
Brève description
Le vallon du Fontenesbach s'étend à l'est de Welkenraedt, entre les villages de Rabotrath et Lontzen, dans l'Entre-Vesdre-et-Meuse, autrement-dit le Pays de Herve. Prenant source au pied de l'autoroute E40, ce petit affluent du Lontzenerbach s'écoule à travers un paysage de prairies bocagères au relief légèrement ondulé, vers 270 mètres d'altitude. Après 800 mètres, le ruisseau entre dans un secteur plus arboré composé d'un bosquet de saules blancs et d'autres feuillus. Il passe ensuite sous une petite route, longe la ferme Gut Kelmerberg, puis alimente un étang entouré d'un bois de feuillus, occupant l'ancienne carrière de Rabotrath. Le Fontenesbach poursuit son cours vers le nord, au milieu de prés entrecoupés de bandes boisées, emprunte un tunnel sous la ligne ferroviaire 37, puis draine encore une zone humide avant de poursuivre au milieu des prairies où le ruisseau n'est plus souligné que par un alignement de saules et de peupliers. Malgré le fait que l'ensemble du périmètre soit intégré au réseau Natura 2000 au sein du site BE33007 "Vallée de la Gueule en amont de Kelmis", la biodiversité du vallon du Fontenesbach demeure globalement sous-documentée. La petite carrière calcaire du Poppelsberg, ouverte sur le flanc droit du vallon juste à l'est de la voie ferrée, est néanmoins connue pour abriter une flore de grand intérêt, dont diverses espèces calcicoles rares dans la région, ainsi qu'une petite fougère très menacée, le botryche lunaire (Botrychium lunaria). Des oiseaux typiques du bocage, comme le rougequeue à front blanc (Phoenicurus phoenicurus) et le gobemouche gris (Muscicapa striata) sont signalés en période de nidification. Enfin, une colonie reproductrice de grand murin (Myotis myotis) occupe un tunnel creusé dans l'assise de la ligne de chemin de fer.
Détails
Description physique
Le vallon du Fontenesbach s'étend à l'est de Welkenraedt, entre les villages de Rabotrath et Lontzen, dans l'Entre-Vesdre-et-Meuse, au Pays de Herve. Ce petit affluent du Lontzenerbach rattaché au bassin versant de la Gueule (bassin hydrographique de la Meuse) prend source près du lieu-dit Kelmeberg, à 200 mètres au nord des bassins d'orage de l'autoroute E40, au sein d'une prairie bocagère vers 270 m d'altitude. D'une longueur totale de 3100 mètres, le ruisseau s'écoule à travers un paysage agricole au relief légèrement ondulé, d'abord en direction du sud-ouest sur ses 800 premiers mètres, avant de bifurquer vers le nord-ouest, puis plus franchement vers le nord au lieu-dit Poppelsberg, jusqu'à sa confluence avec le Lontzenerbach dans le village de Lontzen.
Sur sa portion principale, la vallée est coupée par une petite route campagnarde dite Marzelheide, reliant Rabotrath et Astenet. A 750 mètres plus en aval, elle est barrée par la ligne ferroviaire 37 Liège-Aachen, le ruisseau franchissant l'obstacle via un tunnel sous voies. Environ 80 m au nord-est, se trouve un second tunnel de 48 m de long pourvu d'une cheminée de 8 m de haut fermée par une dalle en béton à fleur de l'assise de la voie ferrée. Il s'agit d'une servitude publique permettant un passage piéton sous la ligne 37.
Aucune autre voirie carrossable n'existe au sein du vallon. Celui-ci compte deux carrières désaffectées: la carrière de Rabotrath, aujourd'hui occupée par un petit plan d'eau d'environ 40 ares, localisée au nord de la ferme Gut Kelmerberg; et la carrière de Poppelsberg, située un peu à l'est de la voie ferrée, en rive droite du ruisseau.
La petite carrière de Poppelsberg a été décrite par A. Remacle dans le cadre de l'inventaire des carrières désaffectées de la Région wallonne. Ce site a permis l'exploitation de dolomies et calcaires du Groupe de Bilstain. Des traces de travaux miniers, décrites notamment par POLROT (2002), subsistent à une faible distance au nord de la carrière, également à l'est de la ligne de chemin de fer. Bien visible de la petite route entre Poppelsberg et Rabotrath (parallèle au Fontenesbach), cette carrière comprend les parties suivantes:
- la falaise, haute de 12-15 m et orientée principalement vers le sud-ouest, est dénudée suite à un prélèvement récent de pierres, sauf vers le sud où croissent quelques arbustes et clématites.
- l'ancien radier actuellement occupé par une pâture (remblayage au début des années 1990); un ancien bâtiment en béton sert d'étable. Le pied de la paroi rocheuse, assez pierreux/caillouteux, montre une végétation discontinue; des tas de pierres (réserve) se trouvent contre la partie éboulée de la falaise.
- le niveau supérieur qui correspond en partie à une zone découverte se présente sous forme d'un petit 'replat' irrégulier (5-10 ares), en pente vers la falaise et localement pierreux; ce replat, large de 12-15 m, a récemment été remanié sur environ 1 are. Ailleurs, un bouquet d'arbres pousse à l'extrémité nord, ainsi que vers le sud.
Une minuscule excavation secondaire jouxte la cavité principale vers le sud-est.
La fréquentation du site est faible. Ce site aurait servi de lieu d'exercices pour les pompiers de Lontzen (au moins en 2003). Il est globalement propre, hormis quelques tas de terres (avec pierres) envahis d'orties au pied du secteur de falaise intact, vers le sud-est.
Le contexte géologique de la région est décrit par LALOUX et al. (2000) dans la notice explicative de la carte géologique de Wallonie n° 43/1-2. On y lit que le site fait partie du Synclinorium de Verviers, dans la chaîne varisque à la bordure externe de la zone rhéno-hercynienne. Et que les effets d'une tectonique plus récente se superposent à la tectonique varisque sous forme d'un réseau de fractures et de failles subverticales de direction SSE-NNW. Celles-ci découpent l'ensemble des structures et ont affecté les couches crétacées pendant la sédimentation. Elles sont aussi responsables des minéralisations Pb-Zn dont l'extraction a constitué le secteur principal de l'économie jusqu'au début du 20ème siècle.
Le relief de la région est en relation étroite avec la nature du sous-sol. On se trouve ici sur un niveau d'aplanissement se singularisant par un réseau de prairies bocagères mollement ondulées (typiques au Pays de Herve) et irriguées par des cours d'eau à faible débit. Seules subsistent dans le paysage quelques crêtes boisées, dômes et petites collines, vestiges d'une ancienne structure tabulaire (crétacée-cénozoïque) découpée par l'érosion.
Le vallon du Fontenesbach repose sur des roches de la Formation des Dolomies de la Vesdre, d'une épaisseur de 150 m. D'après LALOUX et al. (2000), il s'agit de dolomies et de calcaires plus ou moins complètement dolomitisés avec plusieurs niveaux de nodules de cherts, alignés parallèlement à la stratification, et de nombreux nodules de calcite, dolomite et quartz (cm à dm). L'âge de ces roches va de l'Hastarien supérieur au Moliniacien inférieur (premier tage du Viséen). La partie inférieure de la formation montre des dolomies grossièrement recristallisées, gris brun, parfois crinoïdiques, en bancs épais à massifs. La partie supérieure de l'ensemble dolomitique sous-jacent, bien visible dans les carrières de Walhorn, de Karnol ou de Rabotrath est constituée d'alternances de dolomies gris brun, plus ou moins grossièrement recristallisées, faiblement bioclastiques (crinoïdes, coraux, tabulés et brachiopodes) en bancs pluridécimétriques à métriques avec souvent des laminations obliques, et des dolomies finement recristallisées, gris foncé à noires, en bancs minces. La carrière abandonnée de Poppelsberg, ainsi que celle en activité de Walhorn, abritent les plus beaux affleurements de la Formation des Dolomies de la Vesdre.
Du point de vue biogéographique, le vallon du Fontenesbach se situe dans la région continentale et dans le district phytogéographique mosan.
Description biologique
La petite carrière calcaire dite du Poppelsberg, sur le flanc droit du vallon à 100 m au sud-est de la ligne ferroviaire, a été bien décrite par A. Remacle dans le cadre de l'inventaire des carrières désaffectées de la Région wallonne. La description suivante est basée sur des observations de terrain remontant à 2003 essentiellement.
La seule partie intéressante du site est le petit replat dominant la falaise. Il est couvert d'une végétation de pelouse xérophile ou mésophile selon les endroits, piquetée de buissons: Crataegus monogyna (abondant), Prunus spinosa, Rosa canina, Rhamnus cathartica (quelques pieds), Berberis vulgaris (un pied), Ligustrum vulgare, Cornus sanguinea, Corylus avellana, Sambucus nigra,... Y poussent aussi la liane Clematis vitalba, et, surtout en bordure, Prunus avium, Fraxinus excelsior, Carpinus betulus, Acer campestre et Fagus sylvatica.
Ce lambeau de pelouse sur dolomie/calcaire est abondamment fleuri. La strate herbacée est composée de diverses espèces de pelouses, accompagnées de plantes appartenant à d'autres groupes socio-écologiques (plantes prairiales principalement): Ranunculus bulbosus, Arenaria serpyllifolia, Cerastium arvense, C. semidecandrum, C. fontanum, Silene vulgaris, Viola hirta, Arabidopsis thaliana, Cardamine hirsuta, Cardaminopsis arenosa, Erophila verna, Barbarea vulgaris (partie remaniée), Reseda lutea, Primula veris (abondant), Sanguisorba minor, Fragaria vesca, Anthyllis vulneraria (abondant), Lotus corniculatus, Ononis repens, Linum catharticum, Polygala comosa, Pimpinella saxifraga, Daucus carota, Centaurium erythraea, Origanum vulgare, Plantago media, P. lanceolata, Euphrasia stricta, Veronica arvensis, V. chamaedrys, Verbascum thapsus, Campanula rotundifolia, Galium verum, G. mollugo, Knautia arvensis, Hieracium pilosella, Leontodon hispidus, Carlina vulgaris, Erigeron acer, Centaurea scabiosa, Centaurea jacea s.l., Leucanthemum vulgare, Achillea millefolium, Senecio jacobaea, Picris hieracioides, Carex flacca, C. caryophyllea, diverses poacées parmi lesquelles Festuca sp., Avenula pubescens, Poa compressa, Bromus hordeaceus, B. sterilis, Melica nutans, Agrostis gigantea (partie remaniée). Aucune espèce d'orchidée n'y a été observée. L'espèce la plus intéressante est la petite fougère Botrychium lunaria, en forte régression en Wallonie et en particulier dans le district mosan.
Les espèces calaminaires qui poussent à environ 400 m vers le sud-est de la carrière (Viola calaminaria, Armeria maritima subsp. halleri et Thlaspi caerulescens subsp. calaminare) sont absentes de la carrière en elle-même.
Monument naturel
Intérêt géologique: un des plus beaux affleurements du Groupe de Bilstain (voir notice explicative de la carte géologique de Wallonie - 2000).
Monument historique
Histoire du site
Historique de la carrière de Poppelsberg:
Matériau(x) extrait(s): dolomie et calcaire.
Dernier exploitant: s.p.r.l. Chaux et Dolomies de Walhorn.
Référence sur anciens documents de la DPA: Lontzen 1.
Référence de la fiche DGATLP - ULg (1999): 'Carrière de Poppelsberg'.
Déroulement de l'exploitation: l'excavation est déjà bien apparente sur la carte I.G.N. de 1960.
Autorisation(s): 1965.
Fin de l'exploitation: ?
Réaffectation effective: fond réaffecté en pâture après remblayage au début des années 1990 (auparavant, la partie entre la falaise et le ruisseau était pierreuse comme le replat); replat supérieur laissé en l'état mais actuellement intégré dans une pâture. Prélèvement récent de pierres.