Des observations effectuées en 2005 et 2006 (J.-L. GATHOYE et al.) ont permis d'obtenir une première esquisse de la végétation en place dans le site de la Campagne de Fooz.
Une aulnaie-saulaie de forme triangulaire occupe une surface d'environ 0,3 ha ; la zone est en friche et est progressivement envahie par le bouleau verruqueux (Betula pendula). Les intentions sont toutefois d'installer à cet endroit un bassin d'orage d'une surface d'environ 0,75 ha afin de tenter de freiner les problèmes d'inondation constatés dans le village de Fooz.
Un étroit talus boisé limite la grande friche herbacée au sud, contre la voie ferrée de Voroux-Goreux. On y note entre autre l'érable sycomore (Acer pseudoplatanus), l'aulne blanc (Alnus incana), la clématite des haies (Clematis vitalba), le cornouiller sanguin (Cornus sanguinea), l'aubépine à un style (Crataegus monogyna), le frêne commun (Fraxinus excelsior), le merisier (Prunus avium), le robinier faux-acacia (Robinia pseudoacacia), l'églantier commun (Rosa canina), le saule marsault (Salix caprea), le sureau noir (Sambucus nigra)…
Une zone humide de 0,25 ha est observable en situation plus ou moins centrale. Elle serait alimentée par l'eau de pluie et est donc sensible aux périodes de sécheresse ! La végétation est bien sûr très hygrophile, mais elle subit rapidement l'impact de la colonisation ligneuse, essentiellement par les saules : agrostis stolonifère (Agrostis stolonifera), aulne blanc (Alnus incana), bouleau verruqueux (Betula pendula), laîche vésiculeuse (Carex vesicaria), scirpe des marais (Eleocharis palustris), épilobe hérissé (Epilobium hirsutum), eupatoire chanvrine (Eupatorium cannabinum), jonc à fruits luisants (Juncus articulatus), lycope (Lycopus europaeus), roseau (Phragmites australis), renoncule scélérate (Ranunculus sceleratus), robinier faux acacia (Robinia pseudoacacia), saule blanc (Salix alba), saule cendré (S. cinerea), saule marsault (S. caprea), massette à feuilles étroites (Typha angustifolia), massette à larges feuilles (T. latifolia)…
Un fossé collecteur traverse le site du nord au sud. Actuellement, il alimente un étang dans un site privé plus au sud. Il devrait être plus tard être connecté au futur bassin d'orage. Une partie du fossé est envahie par un pied-de-coq (Echinochloa sp.).
Le reste du site, soit la majeure partie (au total 9,2 ha) est colonisé par une friche herbacée récente, donc peu soumise encore à la colonisation ligneuse. Certaines zones, surtout à l'ouest du fossé et aux alentours de la zone humide, ont été recouvertes récemment par les anciennes terres de découverture, et aplanies. La friche est également présente dans un petit vallon qui s'étire dans l'axe nord-ouest/sud-est, et dans lequel les espèces hygrophiles ne sont pas rares. La flore est classique et très diversifiée. La plupart de ces espèces sont rudérales, certaines pionnières, d'autres messicoles, d'autre encore assez hygrophiles ; les espèces mellifères sont nombreuses: achillée millefeuille (Achillea millefolium), petite ciguë (Aethusa cynapium), agrostis capillaire (Agrostis capillaris), jouet du vent (Apera spica-venti), fromental (Arrhenatherum elatius), armoise commune (Artemisia vulgaris), aulne blanc (Alnus incana), barbarée commune (Barbarea vulgaris), alysson blanc (Berteroa incana), brome mou (Bromus hordeaceus subsp. hordeaceus), calamagrostis commune (Calamagrostis epigejos), liseron des haies (Calystegia sepium), campanule fausse raiponce (Campanula rapunculoides), bourse-à-pasteur commune (Capsella bursa-pastoris), chardon crépu (Carduus crispus), laîche hérissée (Carex hirta), centaurée des prés (Centaurea jacea subsp. grandiflora), petite linaire (Chaenorrhinum minus), chénopode blanc (Chenopodium album), cirse des champs (Cirsium arvense), cirse commun (C. vulgare), vergerette du Canada (Conyza canadensis), aubépine à un style (Crataegus monogyna), dactyle commun (Dactylis glomerata), carotte (Daucus carota), cabaret des oiseaux (Dipsacus fullonum), vipérine (Echium vulgare), chiendent commun (Elymus repens), épilobe en épi (Epilobium angustifolium), épilobe à tige carrée (E. tetragonum), prêle des champs (Equisetum arvense), sténactis à feuilles étroites (Erigeron annuus subsp. septentrionalis), eupatoire chanvrine (Eupatorium cannabinum), fétuque rouge (Festuca rubra), fumeterre officinale (Fumaria officinalis), galéopsis tétrahit (Galeopsis tetrahit), géranium des Pyrénées (Geranium pyrenaicum), berce commune (Heracleum sphondylium), épervière orangée (Hieracium aurantiacum), houlque velue (Holcus lanatus), millepertuis perforé (Hypericum perforatum), laitue scariole (Lactuca serriola), lampsane commune (Lapsana communis), gesse des prés (Lathyrus pratensis), gesse des bois (L. sylvestris), grande marguerite (Leucanthemum vulgare), linaire commune (Linaria vulgaris), ray-grass commun (Lolium perenne), lotier corniculé (Lotus corniculatus), matricaire inodore (Matricaria maritima subsp. inodora), luzerne lupuline (Medicago lupulina), mélilot blanc (Melilotus albus), mélilot élevé (M. altissimus), onagre (Oenothera sp.), origan (Origanum vulgare), petit coquelicot (Papaver dubium), grand coquelicot (P. rhoeas), picris fausse épervière (Picris hieracioides), plantain lancéolé (Plantago lanceolata), plantain à larges feuilles (P. major), pâturin comprimé (Poa compressa), pâturin commun (P. trivialis), renouée des oiseaux (Polygonum aviculare), peuplier tremble (Populus tremula), potentille rampante (Potentilla reptans), renoncule rampante (Ranunculus repens), renoncule sardonie (R. sardous), réséda jaune (Reseda lutea), gaude (R. luteola), églantier commun (Rosa canina), patience crépue (Rumex crispus), patience à feuilles obtuses (R. obtusifolius), saule marsault (Salix caprea), sureau noir (Sambucus nigra), saponaire officinale (Saponaria officinalis), séneçon sud-africain (Senecio inaequidens), séneçon jacobée (S. jacobaea), compagnon blanc (Silene latifolia subsp. alba), silène enflé (Silene vulgaris), laiteron épineux (Sonchus épineux), laiteron maraîcher (S. oleraceus), épiaire des marais (Stachys palustris), consoude officinale (Symphytum officinale), tanaisie (Tanacetum vulgare), trèfle hybride (Trifolium hybridum), trèfle des prés (T. pratense), trèfle blanc (Trifolium repens), tussilage (Tussilago farfara), grande ortie (Urtica dioica), bouillon blanc à petites fleurs (Verbascum thapsus), vesce à épis (Vicia cracca), vesce à folioles étroites (Vicia sativa subsp. nigra), vesce à quatre graines (V. tetrasperma), vulpie queue de rat (Vulpia myuros)…
Depuis la création de la friche de la Campagne de Fooz, les observations ornithologiques intéressantes sont régulières (C. Jungblut et al.). Plusieurs espèces pour lesquelles les espaces hesbignons favorables se font plus que rares, y nichent même régulièrement. C'est le cas de la rousserolle verderolle (Acrocephalus palustris) (au moins 3 couples), de l'alouette des champs (Alauda arvensis), du pipit farlouse (Anthus pratensis) (nicheur probable), de la linotte mélodieuse (Carduelis cannabina) (au moins 3 couples), du bruant des roseaux (Emberiza schoeniclus) (au moins 1 couple), de la bergeronnette grise (Motacilla alba) (nicheuse probable), du tarier pâtre (Saxicola torquata) (au moins 1 couple), de la fauvette à tête noire (Sylvia atricapilla) et de la fauvette grisette (S. communis). La bergeronnette printanière (Motacilla flava), le traquet motteux (Oenanthe oenanthe) et le tarier des prés (Saxicola rubetra) ont été observés en passage migratoire. La présence estivale en passage migratoire (août à septembre) de la bécassine des marais (Gallinago gallinago) est régulière.
Les floraisons abondantes attirent déjà plusieurs espèces de papillons de jour (Rhopalocères) : procris (Coenonympha pamphilus), souci (Colias crocea), espèce migratrice parfois abondante, soufré (Colias hyale), espèce occasionnelle, petit nacré (Issoria lathonia), espèce erratique et migratrice en observation estivale régulière, cuivré commun (Lycaena phlaeas), myrtil (Maniola jurtina), machaon (Papilio machaon), parfois abondant, avec plus de 10 individus, piéride du chou (Pieris brassicae), piéride du navet (P. napi), piéride de la rave (P. rapae), azuré commun (Polyommatus icarus), parfois abondant, amaryllis (Pyronia tithonus), vulcain (Vanessa atalanta), belle-dame (V. cardui), espèce migratrice. D'autres espèces intéressantes ont été observées dans des zones très proches et sont donc susceptibles de coloniser le site. C'est le cas du demi-argus (Cyaniris semiargus). Quelques Hétérocères ont été notés, dont des chenilles du grand sphinx de la vigne (Deilephila elpenor), sur des épilobes dans la zone humide. L'écaille chinée (Euplagia quadripunctaria) fréquente aussi le site. Il n'est pas inutile de rappeler que cette espèce est Natura 2000 (annexe II, d'intérêt communautaire) et prioritaire ! Elle profite des nombreuses eupatoires chanvrines qu'elle butine abondamment.
La zone humide attire déjà plusieurs libellules dont le leste vert (Lestes viridis), le sympétrum rouge sang (Sympetrum sanguineum) et le sympétrum jaune (S. flaveolum). Ce dernier est considéré comme vulnérable dans la liste rouge des libellules ; il ne semble pas toutefois très stable dans ses stations, fait qui doit être confirmé…
Comme beaucoup de sites en friche aujourd'hui, le site est colonisé par la spectaculaire argiope fasciée (Argiope bruennichi), avec ses cocons caractéristiques en été.
Parmi les observations majeures, il faut relever la présence permanente dans le site du crapaud calamite (Bufo calamita). Des recensements précis n'ont pas encore été menés, mais il existe sans doute plusieurs dizaines d'individus dépendant du plan d'eau central. Cette espèce est reprise dans l'annexe IV de la Directive 92/43/CEE ; elle est donc considérée comme d'intérêt communautaire. A ce titre, elle bénéficie d'une protection stricte, d'autant plus qu'en Wallonie, elle figure en bonne place dans la liste rouge de l'herpétofaune. Le décret wallon Natura 2000 du 6 décmbre 2001 la protège également intégralement. Le site de la Campagne de Fooz convient particulièrement bien pour l'espèce, car cette dernière réclame à la fois des zones assez ouvertes, à végétation basse et clairsemée, voire dépourvues de végétation, et des plans d'eau peu profonds où l'eau se réchauffe rapidement au printemps, facteur indispensable pour la maturation rapide des têtards. De plus, il est bien connu que lorsqu'un site humide est colonisé par le crapaud calamite, ce dernier peut y rester très fidèle, tant que les conditions écologiques favorables sont conservées. En Wallonie, le crapaud calamite ne subsiste qu'en quelques noyaux, dont le plus étendu se trouve en Hainaut occidental (région industrielle montoise, bassin de la Haine, et région du Centre). Les bassins de la Sambre et de la Senne ne sont plus concernés que par une vingtaine de populations. Des noyaux moins importants sont situés dans la partie orientale de la Fagne, l'ouest de la Famenne et le terrain militaire de Lagland en Lorraine. L'espèce semble avoir disparu de l'Ardenne ! L'autre noyau important est représenté par la région liégeoise, essentiellement la basse Meuse et le plateau hesbignon. Les données de l'Atlas herpétologique (données Natagora-Aves) en cours de publication renseignent une centaine de carrés occupés par le crapaud calamite, ce qui en fait une espèce assez rare. La fréquence est la plus élevée dans les bassins houillers du Centre, du Borinage et de la région liégeoise. Une soixantaine de sites occupés sont connus en Hainaut et une cinquantaine en région liégeoise et basse Meuse. C'est dire l'importance de cette dernière comme foyer de colonisation.
Le déclin du crapaud calamite en Région wallonne est vraiment préoccupant. Il se manifeste notamment par une diminution très nette du nombre des stations connues il y a peine 30 ans. Aujourd'hui, la plupart des sites occupés sont même d'origine artificielle ! De plus, parmi toutes les populations connues aujourd'hui, très peu (une dizaine) sont localisées dans des sites protégés. Les effectifs y sont réduits, et les mesures de gestion qui y sont appliquées ne conviennent pas toujours pour l'espèce ! En région liégeoise, plus de 100 mentions sont retenues pour l'espèce. Parmi elles, seules 7 concernent un périmètre Natura 2000 (Basse-Meuse et basse vallée du Geer), et une seule concerne une RND (Oreye) ! La plupart des populations ont donc un statut plus qu'incertain !
Présent aussi sur le site, le crapaud accoucheur ou alyte (Alytes obstetricans) possède exactement les mêmes statuts de protection que le crapaud calamite. Nos obligations quant au maintien des populations de cette espèce dans un état favorable sont donc identiques. Elle est cependant moins menacée que le crapaud calamite, mais reste vulnérable en Wallonie !
Le site est régulièrement visité par le lièvre d'Europe (Lepus europaeus).