Le site se trouve au sud-ouest du village de Tintange, situé à quelques km au nord de Martelange. Il occupe le versant ouest d'une colline dont les pentes ont été découpées par la Grande Moltsch et deux de ses petits affluents. La Grande Moltsch est un affluent de la rive gauche de la Sûre.
De PARENT (1965), nous extrayons les passages suivants : ' La région est désignée généralement sous le nom de 'La Haute Sûre'. L'altitude varie entre 300 et 500 mètres. Cependant des bandes allant de 500 à 600 mètres d'altitude existent au sud de la Sûre et de la région étudiée : partant de la forêt d'Anlier, elles gagnent le Grand-Duché. Cet ensemble de crêtes constitue la ligne de partage des eaux entre le bassin de la Semois et celui de la Sûre. Le réseau hydrographique est responsable du découpage de cette ancienne pénéplaine'. Selon le même auteur, ' la région fait partie du bouclier primaire ardennais : les roches appartiennent à l'Eodévonien, plus particulièrement d'âge siegenien et emsien. L'ensemble fait partie du synclinorium d'Eifel-Neufchâteau, et la région étudiée se situe au sud de l'axe de ce synclinal'.
Le site se trouve sur les assises de l'Emsien inférieur.
A proximité du site (Strainchamps), Asselberghs a observé des schistes, des schistes quartzeux, des schistes phylladeux, des phyllades, des quartzophyllades, des quartzophyllades gréseux ou phylladeux, des bancs de quartzites et des psammites. Le village de Tintange, situé sur le plateau, est entouré de cultures et surtout de pâturages.
La réserve comporte une ancienne carrière, un affleurement rocheux, des bois de pente exposés surtout à l'ouest et une prairie marécageuse, au confluent du ruisseau Karpich et de la Grande Moltsch. De petites plantations d'épicéas existent également.
D'après nos observations du 16 août 1990, les replats de l'ancienne carrière sont colonisés par diverses espèces silicicoles dont les plus intéressantes sont Festuca heteropachys, graminée caractéristique des pelouses établies sur roche siliceuse (Koelerion-Phleion phleioidis) et Galeopsis segetum.
L'ancien pré de fauche qui occupe le fond marécageux où coulent le Karpich et la Grande Moltsch est envahi par une mégaphorbiaie du Filipendulion. On y trouve principalement Filipendula ulmaria, Lysimachia vulgaris, Valeriana repens, Angelica sylvestris, Deschampsia cespitosa, Persicaria bistorta, Cirsium palustre, Scirpus sylvaticus, Phalaris arundinacea, Persicaria hydropiper, Achillea ptarmica, Galium palustre, Juncus effusus, Caltha palustris, Ranunculus flammula, Galium aparine, Urtica dioica,... et des fragments de magnocariçaies à Carex sp. (Caricetum gracilis).
Le ruisselet est envahi par Sparganium erectum, Iris pseudacorus, Alisma plantago-aquatica, Potamogeton cf. natans, Ranunculus sp.sous genre Batrachium. Geranium sylvaticum a été signalé dans cette prairie.
Une aulnaie fragmentaire occupe le long du ruisseau et des fourrés de Salix aurita envahissent localement la plaine alluviale. Le ruisseau a été jadis dévié vers le haut (bas de versant) pour l'abissage de prairies.
Le versant exposé à l'ouest est recouvert d'une chênaie dans laquelle on trouve :
- dans la futaie, Quercus pedunculata (4.4), Fagus sylvatica (1.2);
- dans le taillis, Corylus avellana (3.3), Sorbus aucuparia (1.1), Frangula alnus (+), Prunus serotina (+), planté dans la propriété vers 1920 et qui a tendance à tout envahir;
- dans la strate herbacée, Holcus mollis (3.3), principalement en bas de versant, Deschampsia flexuosa (2.2), Poa chaixii (1.)2, Stellaria holostea (2.2), Teucrium scorodonia (1.2), Ranunculus nemorosus (1.2), Oxalis acetosella (1.2) et disséminés Lathyrus linifolius subsp. montanus, Ranunculus platanifolius, Viola riviniana, Polygonatum multiflorum, P. verticillatum, Anemone nemorosa, Melampyrum pratense, Hypericum pulchrum, Solidago virgaurea,... et même quelques espèces plus mésophiles comme Lamium galeobdolon subsp. montanum, Milium effusum, Dryopteris filix-mas,...
Le chemin est envahi par diverses espèces hygrophiles comme Petasites hybridus, Alchemilla xanthochlora, des espèces de coupes forestières telles Epilobium angustifolium, Digitalis purpurea et même quelques pieds de Chenopodium bonus-henricus jadis cultivé dans la région comme plante potagère. Pulmonaria montana existe également en bordure.
Dans le haut du versant, s'étend une petite lande herbeuse à Potentilla erecta, Agrostis capillaris, Teucrium scorodonia, Euphorbia cyparissias, Deschampsia flexuosa, Solidago virgaurea, Hieracium umbellatum, progressivement recolonisée par la forêt ce qui se traduit par l'apparition de fourrés de Rubus sp. et de Cytisus scoparius (Franguletalia) puis de buissons de Sambucus racemosa, Sorbus aucuparia, Betula pendula, Corylus avellana, Quercus robur,... A cet endroit, de vieux et beaux taillis à écorce ont une strate herbacée fournie dans laquelle dominent surtout Holcus mollis, Deschampsia flexuosa, Poa chaixii, Agrostis capillaris,...
Sur l'éperon rocheux, aux sols très superficiels, poussent de maigres taillis de chênes, mais on y observe quelques pieds de Sorbus aucuparia dont l'indigénat est cependant douteux étant donné que l'espèce a été introduite jadis dans la propriété. Les replats de la roche, exposés au sud, sont envahis par une pelouse thermophile à Festuca heteropachys. De nombreux lichens colonisent également les rochers. Des fragments de lande à Calluna vulgaris sont visibles çà et là. Le bas des rochers porte Polypodium vulgare subsp. vulgare et Lonicera periclymenum.
A quelques centaines de mètres en amont de la réserve se trouve un bel étang dont la flore et la faune sont fort intéressantes. Citons parmi les espèces végétales observées : Sparganium emersum, Comarum palustre,... et parmi les oiseaux : Pandion haliaetus, Tachybaptus ruficollis, Aythya fuligula, etc. Alytes obstetricans est également présent aux abords de cet étang.