Le village de Bersillies-l'Abbaye est une enclave belge en France, entre Erquelinnes et Beaumont. Il est traversé par la Thure, un affluent de rive droite de la Sambre (bassin de la Meuse).
Une grande exploitation de roche est étalée de part et d'autre de la frontière au nord du village. Cette exploitation, vieille de plusieurs diziaines d'années, est composée de fronts de taille encore actifs ainsi que d'anciennes tailles à l'abandon. Côté belge, à l'ouest de la Thure, deux carrières en forme de couloir Est-Ouest ont été creusées dans le Bois de Solre et le Bois de la Princelle.
Après avoir été pré-sélectionnée pour être convertie en centre d'enfouissement technique (CET) pour déchêts inertes, la carrière sud a pu être protégée sous le statut de ZHIB, notamment pour l'intérêt herpétologique, ornithologique et géologique. Sur ce dernier point, le prof. J-M Charlet avait attiré l'attention sur l'existence de 'ripple marks' (plage de sable fossilisée) et des plissements bien visibles dans le site.
Le carrière de Bersillies-l'Abbaye présente un très grand intérêt herpétologique et constitue même un des sites majeurs de la haute Sambre pour la reproduction de ces animaux (ce qui justifie amplement son statut de ZHIB). Elle fait l'objet de recensements annuels depuis 1998, soit deux ans après l'arrêt de son exploitation (obs. Ph. COLLARD et B. DECORDE).
Présent dans plusieurs sites voisins, le triton crêté (Triturus cristatus) semble être apparu en 2003 où un seul individu fut trouvé dans la carrière. Quatre ans plus tard, l'espèce s'est fortement multipliée avec plusieurs dizaines d'individus comptabilisés!
Le crapaud calamite (Bufo calamita) est entendu régulièrement dans la carrière et sa reproduction y est probable, bien que non encore constatée. L'espèce semble davantage affectionner une mare temporaire proche, située à une centaine de mètres de la ZHIB.
Il faut encore souligner la présence de la salamandre tachetée (Salamandra salamandra) et du crapaud accoucheur (Alytes obstetricans), espèces à distribution localisée. Les cinq autres amphibiens du site sont plus communs et largement distribués.
Les plans d'eau accueillent la nidification du grêbe castagneux (Tachybaptus ruficollis) depuis 2004. Le fuligule morillon (Aythya fuligula) est un autre nicheur potentiel dont l'estivage a été constaté récemment.
D'autres espèces d'oiseaux fréquentent le site et les environs, comme le rossignol (Luscinia megarhynchos), l'autour des palombes (Accipiter gentilis), le pigeon colombin (Columba oenas), le martin-pêcheur (Alcedo atthis), le pic epeichette (Dendrocopos minor), ...
Les falaises rocheuses sont propices à l'installation du hibou grand-duc (Bubo bubo), nicheur dans une carrière voisine, voire du faucon pélerin (Falco peregrinus).
Le principal intérêt des habitats rocheux en phase pionnière réside certainement dans la botanique et l'entomologie. On y a ainsi trouvé la coccinelle myrmécophile Platynaspis luteorubra ainsi que la punaise Stagonomus bipunctatus, espèce rare en Belgique.
Les libellules sont également très bien représentées puisqu'au moins 20 espèces ont été recensées à ce jour, dont les méridionales Crocothemis erythraea et Sympetrum fonscolombii (obs. C. WARZEE).
Jusqu'à ce jour, la flore et la végétation de ce site relativement jeune ne semblent pas encore avoir fait l'objet d'études détaillées.