Les décanteurs de Genappe sont surtout connus pour leur intérêt ornithologique, qui a fait l'objet d'une note préliminaire par J.-P. JACOB (mars 2005) suivie de plusieurs rapports de synthèses par P. HERMAND (2008, 2012). Plus de 200 espèces d'oiseaux y ont été observées depuis 1990. Milieux relativement neufs et dynamiques, à forte productivité biologique, ces décanteurs représentent, au sein d'une région de grande culture, des sites de reproduction très favorables pour un cortège d'espèces rares:
- le grèbe à cou noir (Podiceps nigricollis), nicheur très rare en Wallonie, dont jusqu'à trois couples ont niché sur le site en 2001 et de nouveau 3 couples en 2012 (sur le bassin 21)..
- le tadorne de belon (Tadorna tadorna) dont un ou deux couples se reproduisent régulièrement, au moins jusqu'en 2007.
- la sarcelle d'été (Anas querquedula), nicheur irrégulier en Wallonie y compris sur le site.
- le canard souchet (Anas clypeata), nicheur irrégulier.
- le fuligule milouin (Aythya ferina), comptant jusqu'à 3 couples.
- le fuligule morillon (Aythya fuligula) avec 6 couples nicheurs.
- le petit gravelot (Charadrius dubius), nicheur rare en Wallonie mais régulier à Genappe.
- la mouette rieuse (Larus ridibundus), espèce en augmentation en Wallonie mais demeurant localisée, dont une colonie forte de plusieurs dizaines de couples est installée depuis au moins 10 ans.
- le goéland cendré (Larus canus), oiseau côtier dont une petite population originale est installée en Wallonie, avec 1 couple nicheur probable sur le site.
- le martin pêcheur (Alcedo atthis), nicheur local très probable.
- la rousserolle effarvatte (Acrocephalus scirpaceus), espèce devenue assez rare, se reproduit dans les franges de roseaux.
- la rousserolle verderolle (Acrocephalus palustris), représentée par plusieurs dizaines de couples.
- le bruant des roseaux (Emberiza schoeniclus) est présent également quoique rare sur le site.
- l'hirondelle de rivage (Riparia riparia) a niché jusque 2001 dans les berges d'un décanteur.
Des espèces plus répandues comme le grêbe castagneux (Tachybaptus ruficollis), la foulque macroule (Fulica atra), la gallinule poule-d'eau (Gallinula chloropus) nichent chaque année sur plusieurs bassins.
Les espèces de passage, lors des migrations ou pendant l'hiver, sont nombreuses et plus ou moins régulières sur le site. Celui-ci accueille en particulier une grande diversité d'anatidés et de limicoles qui en fait l'une des zones humides les plus attractives en période internuptiale. Les effectifs de certains canards, comme la sarcelle d'hiver (Anas crecca) atteignent parfois les 200 individus, ce qui représente 10% des hivernants wallons. Parmi les limicoles, le chevalier culblanc (Tringa ochropus), la bécassine sourde (Lymnocryptes minimus), la bécassine des marais (Gallinago gallinago) sont les hivernants les plus réguliers. En passage, on peut observer les 3 espèces de gravelots (Charadrius spp.), le chevalier arlequin (Tringa erythropus), le combattant varié (Calidris pugnax), le chevalier sylvain (Tringa glareola), etc. Le râle d'eau (Rallus aquaticus) est régulièrement observé, la marouette ponctuée (Porzana porzana) plus rarement, durant les migrations postnuptiales. Enfin les décanteurs de Genappe hébergent des dortoirs de busards Saint-Martin (Circus cyaneus) et de passereaux comme le bruant des roseaux (Emberiza schoeniclus), le pipit spioncelle (Anthus spinoletta), etc.
L'herpétofaune a fait l'objet d'un recensement partiel en 2007. De nombreuses pontes de grenouille rousse (Rana temporaria) et de crapaud commun (Bufo bufo) ont été observées dans deux bassins. On note également la présence de la grenouille verte (Pelophylax kl. esculentus), de la grenouille rieuse (Pelophylax ridibundus ou hybride), du triton alpestre (Ichthyosaura alpestris), du triton ponctué (Lissotriton vulgaris) et du triton palmé (Lissotriton helveticus). Un lézard, très probablement vivipare (Zootoca vivipara), a en outre été aperçu le long d'un des bassins. Par ailleurs, le site pourrait être favorable au crapaud calamite (Bufo calamita).
L'entomofaune paraît également de grand intérêt pour cette région d'agriculture intensive: pas moins de 27 espèces d'odonates ont notamment été recensées entre 2005 et 2012, dont l'orthétrum bleuissant (Orthetrum coerulescens) et une forte population d'agrion nain (Ischnura pumilio). On y a également observé une quinzaine de papillons de jour, une diversité qui devient rare dans le Brabant (CRICKILLON et al., 2007).
La végétation et la flore des décanteurs de Genappe n'ont apparemment jamais été étudiées et restent de ce fait méconnues. Suite à la réflexion actuelle quant à l'avenir de cet ancien site industriel actuellement désaffecté, plusieurs prospections botaniques ont été menées en mai et juillet 2008 (obs. J. TAYMANS - Natagora) en vue d'élaborer un futur plan de gestion du site. D'autres recherches restent cependant nécessaires à l'avenir, afin de préciser la végétation de certaines zones peu étudiées et de suivre l'évolution des groupements végétaux.
Globalement, le site est caractérisé par une flore nitrophile et relativement banale. Néanmoins, plusieurs espèces rares ou dignes d'intérêt ont été relevées, et certains habitats sont à préserver car d'intérêt patrimonial, tel est le cas de la zone alluviale constituée du marais (la cressonnière), de boisements humides et d'une mégaphorbiaie, ainsi que de certains cheminements secs et chauds (bien exposés au soleil) qui hébergent une flore xérophile et héliophile.
Parmi les espèces remarquables, il faut souligner Vicia lathyroides et Centaurium erythraea, la première se trouvant sur la liste rouge des plantes menacée de Wallonie, la seconde étant partiellement protégée. On citera aussi d'autres espèces localisée en région limoneuse, comme Odontites vernus, Inula conyzae, Epipactis helleborine, Origanum vulgare et Caltha palustris.
A. - Flore de la zone des bassins amont:
Ces bassins ont été érigés sur d'anciennes terres agricoles limoneuses, à une époque assez récente. La colonisation végétale y est donc plus récente que dans les bassins aval et la plupart des talus présentent un aspect plus ouvert, peu boisé.
Les bosquets, fourrés, et arbustes isolés présents dans la zone des bassins amont sont composés de Salix caprea, Salix alba, Corylus avellana, Viburnum opulus, Crataegus sp., Carpinus betulus, Sambucus nigra, Cornus sp. (variété ornementale), Prunus serotina, Quercus robur, Juglans nigra, Betula pubescens, Prunus avium, Rosa canina, Fraxinus excelsior, Cytisus scoparius, Prunus spinosa, Salix viminalis, Acer campestre, Acer pseudoplatanus et Robinia pseudoacacia. Des ronciers (Rubus sp.) sont présents par endroits. Certains de ces arbustes ont vraisemblablement été plantés à l'initiative de la sucrerie lors de la création des bassins.
A proximité de la barrière d'entrée vers les décanteurs amont s'observe une pelouse rase qui colonise les chemins, par endroits asphaltés et/ou empierrés. Ceux-ci sont relativement bien ensoleillés et secs. Les plantes à fleurs y sont bien représentées. Cette végétation se rencontre également ci et là sur le reste des chemins de la zone des décanteurs amont.
On y observe les graminées Vulpia myuros, Calamagrostis epigejos, Agrostis capillaris, Holcus lanatus, Cynosurus cristatus, Bromus hordeaceus, Lolium perenne ainsi que diverses dicotylées comme Leucanthemum vulgare, Hieracium pilosella, Geranium molle, Hypericum perforatum, Senecio jacobaea, Medicago lupulina, Matricaria recutita, Hypochaeris radicata, Daucus carota,Taraxacum sp., Achillea millefolium, Prunella vulgaris, Artemisia vulgaris, Conyza canadensis (espèce exotique naturalisée), Erodium cicutarium, Trifolium repens, Crepis capillaris, Trifolium dubium, Tussilago farfara, Inula conyzae, Ranunculus repens, Oenothera biennis, Lotus corniculatus, Plantago lanceolata, Arenaria serpyllifolia, Odontites vernus, Verbena officinalis, Erigeron annuus, Vicia lathyroides, Hieracium cf. bauhinii, ... Senecio inaequidens, une espèce exotique envahissante, y est assez abondante. Notons que quelques pieds d'Epipactis helleborine, une orchidée partiellement protégée, s'observent à proximité de ces pelouses.
Les bords de chemins sont colonisés par des friches herbacées à végétation relativement élevée, avec Arrhenaterum elatius, Dactylis glomerata, Agrostis stolonifera, Festuca rubra, Urtica dioica, Cirsium arvense, Cirsium vulgare, Heracleum sphondylium, Eupatorium cannabinum, Symphytum officinale, Geum urbanum, Clematis vitalba, Galium aparine, Sonchus oleraceus, Lapsana communis, Epilobium hirsutum, Tanacetum vulgare, Anthriscus sylvestris, Vicia sativa subsp. nigra, Vicia cracca, Lycopus europaeus, Verbascum thapsus, Myosotis arvensis, Oenothera biennis, Sonchus arvensis, Epilobium montanum, Epilobium parviflorum, Equisetum arvense, Epilobium angustifolium, Geranium robertianum, Geranium dissectum, Hieracium sp.
La digue entre le B21 et le B17 semble être de création plus récente et est colonisée par une végétation assez semblable aux friches herbacées décrites ci-dessus, mais celle-ci est plus sèche et plus clairsemée, dans laquelle on observe également Melilotus albus, Dipsacus fullonum, Rumex obtusifolius, Anthoxanthum odoratum, ainsi qu'une belle population de Centaurium erythraea sur le chemin. Sur le tronçon nord de cette digue un fourré d'argousier (Hippophae rhamnoides) a été planté. Cet arbuste est typique des dunes côtières et ne retrouve pas naturellement à l'intérieur des terres (sauf dans les massifs montagneux).
Dans les bassins en cours d'assèchement, on observe notamment Lycopus europaeus, Ranunculus sceleratus, Rumex sp., Epilobium hirsutum, Solanum dulcamara, Typha latifolia, Phragmites australis, Myosoton aquaticum, et, dans l'eau, Lemna sp. L'arbuste invasif Buddleja davidii colonise certains bassins asséchés.
A l'est du B20, une excavation des boues de décantation avait été entamée avant la fermeture de la sucrerie. Elle est parsemée de petites dépressions plus humides, et on y observe encore Juncus effusus, Gnaphalium uliginosum, Plantago major et malheureusement un Solidago exotique (cf. gigantea).
Le long du chemin d'accès aux bassins amont, on observe encore Origanum vulgare, Trifolium dubium, Erigeron annuus, Arenaria serpyllifolia, Leucanthemum vulgare, Hieracium pilosella, Hypochaeris radicata, Erophila verna, Verbascum thapsus et Plantago lanceolata. A proximité, en bordure du champ cultivé (pommes de terre) s'observent également Mercurialis annua, Bromus sterilis, Poa annua et Veronica arvensis.
B. - Flore de la zone des bassins aval:
La végétation de l'ensemble des talus et bords de chemins de cette zone est une friche rudéralisée, relativement nitrophile, à hautes herbes, généralement dominée par les orties et le fromental. On y observe Arrhenaterum elatius, Dactylis glomerata, Bromus sterilis, Poa trivialis, Holcus lanatus, Calamagrostis epigejos, Bromus sterilis et Bromus hordeaceus, Artemisia vulgaris, Vicia sepium, Cerastium fontanum, Daucus carota, Cirsium arvense, Heracleum sphondylium, Symphytum officinale, Sonchus oleraceus, Urtica dioica, Papaver sp., Achillea millefolium, Veronica arvensis, Taraxacum sp., Senecio jacobaea, Lapsana communis, Rumex sp., Myosotis arvensis, Geum urbanum, Cirsium vulgare, Galium aparine, Geranium robertianum, Anthriscus sylvestris, Lamium album, Tanacetum vulgare, Sinapis arvensis, Senecio vulgaris, Calystegia sepium, Silene dioica, Alliaria petiolata, Epilobium montanum, Trifolium dubium, Medicago sativa et Epipactis helleborine, ainsi que les deux ptéridophytes Equisetum arvense et Dryopteris filix-mas.
Sur les chemins les plus frais, parsemés d'ornières, on note Alopecurus pratensis, Deschampsia cespitosa, Tussilago farfara, Ranunculus repens, Eupatorium cannabinum, Poa annua, Trifolium repens, Epilobium parviflorum, Epilobium hirsutum, Typha latifolia, Glechoma hederacea, Juncus effusus, Bellis perennis et Agrostis stolonifera.
Sur les chemins plus secs: Agrostis capillaris, Hypericum perforatum, Geranium molle, Oenothera biennis, Geranium pyrenaicum, Geranium dissectum, Vulpia sp., Prunella vulgaris, Epilobium angustifolium, Sagina procumbens, Plantago major, Anthoxanthum odoratum, ainsi que quelques jeunes pieds de Buddleja davidii.
Les fourrés arbustifs sont composés de Crataegus monogyna, Fraxinus excelsior, Prunus avium, Salix caprea, Viburnum lantana (certainement plantée), Quercus robur, Salix alba, Sambucus nigra, Betula pubescens, Juglans nigra et Picea abies (1 plant). Quelques ronciers (Rubus sp.) s'observent ça et là. On note également quelques populations de renouée du Japon (Fallopia japonica).
Au niveau d'une petite dépression inondée, on observe un peuplement de Phragmites australis.
Le nord du site est occupé par la vallée du ruisseau de Fonteny. Le versant sud de cette vallée est occupé par un bois constitué d'un taillis de frênes et noisetiers que percent quelques bouleaux verruqueux de haute-tige. La flore herbacée y est globalement fort nitrophile car ce boisement est situé sur des terrains limoneux, certainement d'anciennes cultures. Un peu de bois mort et de mousses s'observent en sous-bois et au sol. On y observe quelques arbustes comme Sambucus nigra, Sorbus aucuparia, Ribes uva-crispa, Rubus sp., ainsi que de nombreux jeunes plants de Fraxinus excelsior. La strate herbacée est pratiquement absente dans la partie supérieure, et constituée, dans la partie inférieure, de quelques taches de Geum urbanum, Urtica dioica, Silene dioica, Dryopteris filix-mas, Impatiens sp., Ranunculus repens, Moehringia trinervia et Glechoma hederacea.
En contrebas du taillis de frênes et noisetiers, en bordure et en aval du marais, le boisement est constitué d'une aulnaie marécageuse composée principalement d'aulne blanc (Alnus incana), ainsi que d'aulne glutineux (Alnus glutinosa) et de sureau noir. La strate arbustive est composée de Prunus spinosa, Salix caprea, Cornus sanguinea. La strate herbacée est dense et composée d'espèces typiques des bois marécageux sur sols relativement riches telles que Primula elatior, Athyrium filix-femina, Poa trivialis, Ajuga reptans, Scrophularia nodosa, Geum urbanum, Silene dioica, Stachys sylvatica, Geranium robertianum, Cardamine flexuosa, Iris pseudacorus et Deschampsia cespitosa. On observe dans la partie ouest de ce bois des coulées de boues provenant du champ de betteraves situé en amont. Ces coulées s'épanchent dans la zone du marais décrite ci-dessous et y causent apparemment d'importantes perturbations (ensevelissement des plantes et eutrophisation).
Dans l'axe de la vallée, en amont du marais, on note une mégaphorbiaie nitrophile mais diversifiée. La strate herbacée, dominée par Carex acutiformis, est composée de Equisetum sp. (sans doute E. palustre), Filipendula ulmaria, Urtica dioica, Lycopus europaeus, Symphytum officinale, Epilobium parviflorum, Juncus effusus, Caltha palustris, Angelica sylvestris, Ranunculus repens, Typha latifolia, Poa trivialis, Scirpus sylvaticus, Eupatorium cannabinum, Solanum dulcamara, Cirsium arvense, Lythrum salicaria, Rumex sp., Tussilago farfara, Scrophularia auriculata, Galium palustre, Mentha aquatica, Carex cf. disticha, Cirsium oleraceum et Stellaria alsine. Cette mégaphorbiaie subit un envahissement progressif par des saules divers, notamment quelques fourrés de Salix viminalis.
Les berges à l'est du marais sont par endroits totalement couvertes d'un tapis d'hépatiques et colonisées par de gigantesques pieds de Alisma plantago-aquatica. On y observe également quelques pieds épars de Phragmites australis.
Des sources aux eaux apparemment chargées de fer et de nitrate provenant du lessivage du champ en amont s'observent entre le marais et le taillis de frênes et noisetiers. Leur flore est pratiquement nulle et s'apparente à celle du taillis.