Le site concerné s'étend depuis le village de Plombières jusqu'à la frontière néerlandaise. Une grande partie est incluse dans le site Natura 2000 BE33006 'Vallée de la Gueule en aval de Kelmis'. Plusieurs parcelles font en outre partie de la réserve naturelle agréée 'Vallée de la Gueule' gérée par les Réserves Naturelles RNOB.
A ce niveau, la rivière circule principalement au milieu des pâtures et des prairies. Les berges portent des éléments de mégaphorbiaie, des fourrés de saules, des roselières à baldingère, des groupements nitrophiles à grande ortie, etc. On observe également plusieurs prairies humides et magnocariçaies et même un petit site calaminaire à la flore intéressante. Quelques rares plantations de résineux ou de peupliers existent çà et là.
Les parcelles gérées par les RNOB sont décrites dans le dossier de demande d'agrément (COLLECTIF, 2005) :
Ronnespeck
Ce terrain de deux hectares est situé en rive gauche de la Gueule tout contre la frontière hollandaise. Les deux prairies qui en constituent l'essentiel sont séparées par un ruisseau qui se jette dans la Gueule en bordure de la réserve. Deux versants boisés (principalement par des chênes) sont aussi présents dans le périmètre concerné. Une magnifique source ferrugineuse est présente sur l'un de ces versants. De l'autre côté de la frontière, jouxtant la réserve, une zone humide avec une mégaphorbiaie et deux mares, ainsi qu'un grand versant boisé, sont également en réserve naturelle, ce qui ne fait qu'accroître l'intérêt biologique cet ensemble belgo-néerlandais.
La flore herbacée est encore peu diversifiée et banale car les parcelles étaient soumises à une exploitation très intensive jusqu'à leur achat par Natuurmonumenten (probablement prairie ensemencées artificiellement). La flore herbacée sous la clôture bordant l'une des parcelles, comprend des espèces de prés maigres comme Succisa pratensis et Potentilla erecta, indiquant probablement la végétation potentielle sur ce site. Les parcelles sont bordées partiellement par des fragments de vieilles haies vives.
Les espèces vasculaires recensées dans ce site sont les suivantes (obs. Damien Ertz, 1999-2004): Acer pseudoplatanus, Achillea millefolium, Aegopodium podagraria, Agrostis capillaris, Ajuga reptans, Alliaria petiolata, Alopecurus pratensis, Alnus glutinosa, Anthriscus sylvestris, Anthoxantum odoratum, Arrhenaterum elatius, Arum maculatum, Athyrium filix-femina, Bellis perennis, Betula pendula, Bromus hordeaceus, Prunella vulgaris, Bryonia dioica, Campanula rotundifolia, Cardamine hirsuta, Cardamine pratensis, Carduus crispus, Carpinus betulus, Cerastium fontanum, Cirsium palustre, Crataegus monogyna, Crataegus laevigata x monogyna, Cornus sanguinea, Corylus avellana, Cruciata laevipes, Cytisus scoparius, Dactylis glomerata, Deschampsia flexuosa, Digitalis purpurea, Dryopteris carthusiana, Dryopteris filix-mas, Elymus repens, Equisetum arvense, Eupatorium cannabinum, Euonymus europaeus, Fagus sylvatica, Festuca sp., Frangula alnus, Fraxinus excelsior, Galeopsis tetrahit, Galium aparine, Galium mollugo, Geranium robertianum, Geum urbanum, Glechoma hederacea, Glyceria notata, Hedera helix, Heracleum sphondylium, Holcus lanatus, Humulus lupulus, Impatiens glandulifera, Impatiens noli-tangere, Lamium album, Lamium galeobdolon, Lamium purpureum, Leucanthemum vulgare, Lolium perenne, Lonicera periclymenum, Lotus pedunculatus, Luzula campestris, Luzula luzuloides, Lysimachia nummularia, Mentha aquatica, Milium effusum, Myosotis arvensis, Oxalis acetosella, Phalaris arundinacea, Picea abies, Pimpinella major, Plantago major, Poa annua, Poa nemoralis, Poa pratensis, Poa trivialis, Polygonatum multiflorum, Potentilla erecta, Prunus avium, Prunus spinosa, Pteridium aquilinum, Quercus robur, Ranunculus acris, Ranunculus ficaria, Ranunculus repens, Rosa canina, Rubus idaeus, Rubus sp., Rumex acetosa, Rumex obtusifolius, Salix caprea, Salix fragilis, Sambucus nigra, Sambucus racemosa, Scrophularia auriculata, Scrophularia nodosa, Senecio ovatus, Silene dioica, Solanum dulcamara, Sorbus aucuparia, Stellaria alsine, Stellaria holostea, Stellaria media, Stellaria nemorum, Succisa pratensis, Taraxacum sp., Teucrium scorodonia, Trifolium dubium, Trifolium pratense, Trifolium repens, Urtica dioica, Valeriana repens, Veronica chamaedrys, Veronica serpyllifolia, Viscum album (sur Crataegus)
Sont également recensées les hépatiques Calypogeia arguta, Calypogeia fissa, Lophocolea bidentata et les mousses Atrichum undulatum, Brachythecium rutabulum, Dicranella heteromalla, Eurhynchium hians, Eurhynchium praelongum, Hypnum cupressiforme, Mnium hornum, Plagiothecium sp., Polytrichum formosum.
La faune de cette parcelle a fait l'objet de recensements occasionnels (D. ERTZ, P. LEPRINCE et G. SAN MARTIN, notamment): elle regroupe des espèces pour la plupart assez banales (papillons, oiseaux, ...).
Des terriers de blaireaux (Meles meles) sont présents dans un versant boisé. Des insectes xylophages, comme le coléoptère Dorcus parallelipipedus, sont abondants dans les versants boisés et les vieilles haies. Une population de l'orthoptère Metrioptera roeselii, rare en Wallonie, fréquente la végétation herbacée mésophile.
Entre-les-Moulins
Ce terrain de 3 hectares est un ancien champ de maïs situé en fond de vallée sur la rive gauche de la Gueule. L'exploitation s'est arrêtée fin 1998, moment où l'association Natuurmonumenten a acheté le site et en a confié la gestion biologique aux RNOB.
Le site est en pleine évolution et est déjà très prometteur si on s'en réfère à son passé agricole récent. Son intérêt actuel réside principalement dans :
- une végétation rivulaire dont la flore très variée comprend notamment Cuscuta europaea. Certains tronçons de berge porte par ailleurs une flore calaminaire avec Thlaspi caerulescens subsp. calaminare et Silene vulgaris subsp. vulgaris var. humilis. La libellule Calopteryx splendens y est abondante. Dans la rivière, des peuplements à Potamogeton crispus sont présents ;
- une prairie humide, partiellement inondée en hiver et au printemps, dont la flore très variée comprend par exemple Hypericum quadrangulum, Scirpus sylvaticus, Equisetum palustre, Lychnis flos-cuculi, Lycopus europaeus, Lythrum salicaria, … Durant les périodes de migration, cette zone marécageuse attire des bécassines des marais (Gallinago gallinago), bécassines sourdes (Lymnocryptes minimus) et bruants des roseaux (Emberiza schoeniclus) ;
- une végétation de friche relevant de l'arrhénatérion ;
- un alignement d'arbres traités en 'têtards' (saule, frêne,…) ;
- deux petites mares où se reproduisent batraciens, libellules, …
On recense dans cette zone les espèces végétales suivantes (obs. D. Ertz 1999-2005): Alnus glutinosa, Carpinus betulus, Crataegus monogyna, Fraxinus excelsior, Prunus avium, Quercus robur, Ribes uva-crispa, Rosa canina, Rubus idaeus, Salix alba, Salix caprea, Salix viminalis, Sambucus nigra, Achillea millefolium, Aethusa cynapium, Agrostis capillaris, Alisma plantago-aquatica, Alliaria petiolata, Alopecurus geniculatus, Alopecurus pratensis, Angelica sylvestris, Arabidopsis thaliana, Arrhenatherum elatius, Artemisia vulgaris, Bidens tripartita, Campanula trachelium, Campanula rotundifolia, Capsella bursa-pastoris, Cardamine amara, Cardamine hirsuta, Cardamine pratensis, Carduus crispus, Carex disticha, Carex hirta, Carex ovalis, Carex spicata, Cerastium fontanum, Chenopodium album, Chenopodium polyspermum, Chenopodium rubrum, Cirsium arvense, Cirsium palustre, Crepis capillaris, Crepis paludosa, Cruciata laevipes, Cuscuta europaea, Cytisus scoparius, Dactylis glomerata, Deschampsia cespitosa, Echinochloa crus-galli, Elymus repens, Epilobium angustifolium, Epilobium hirsutum, Epilobium tetragonum, Equisetum arvense, Equisetum palustre, Eupatorium cannabinum, Filipendula ulmaria, Galeopsis tetrahit, Galinsoga quadriradiata, Galium aparine, Galium mollugo, Geum urbanum, Glechoma hederacea, Glyceria notata, Gnaphalium uliginosum, Heracleum sphondylium, Hypericum perforatum, Hypericum quadrangulum, Humulus lupulus, Impatiens glandulifera, Iris pseudacorus, Juncus articulatus, Juncus bufonius, Juncus conglomeratus, Juncus effusus, Juncus inflexus, Lamium album, Lamium purpureum, Lapsana communis, Lemna minor, Leucanthemum vulgare, Linaria vulgaris, Lolium multiflorum, Lolium perenne, Lotus pedunculatus, Lychnis flos-cuculi, Lycopersicon esculentum, Lycopus europaeus, Lythrum salicaria, Malva moschata, Matricaria discoidea, Matricaria maritima subsp. inodora, Medicago lupulina, Mentha aquatica, Myosoton aquaticum, Phalaris arundinacea, Phleum pratense, Physalis peruviana, Plantago major, Poa annua, Poa trivialis, Polygonum aviculare, Persicaria hydropiper, Persicaria lapathifolia, Potamogeton crispus, Potentilla anserina, Ranunculus acris, Ranunculus subg. Batrachium, Ranunculus flammula, Ranunculus repens, Ranunculus sceleratus, Rorippa palustris, Rumex acetosa, Rumex conglomeratus, Rumex crispus, Rumex obtusifolius, Scirpus sylvaticus, Scrophularia auriculata, Scrophularia nodosa, Senecio inaequidens, Senecio sylvaticus, Senecio vulgaris, Silene dioica, Silene vulgaris subsp. vulgaris var. humilis, Sisymbrium officinale, Solanum dulcamara, Solanum nigrum, Solidago gigantea, Sonchus asper, Sonchus oleraceus, Stachys palustris, Stellaria holostea, Stellaria media, Stellaria nemorum subsp. nemorum, Taraxacum sp., Thlaspi caerulescens subsp. calaminare, Trifolium dubium, Trifolium hybridum, Trifolium pratense, Trifolium repens, Typha latifolia, Urtica dioica, Verbascum nigrum, Veronica arvensis, Veronica beccabunga, Veronica chamaedrys, Veronica hederifolia, Veronica serpyllifolia.
Les bryophytes suivants ont été recensées (obs. D. ERTZ): Conocephalum conicum, Lunularia cruciata, Lophocolea bidentata, Amblystegium riparium, Amblystegium serpens, Atrichum undulatum, Barbula unguiculata, Brachythecium albicans, Brachythecium rutabulum, Bryum argenteum, Bryum capillare, Bryum rubens, Ceratodon purpureus, Cratoneuron filicinum, Dicranoweisia cirrata, Eurhynchium praelongum, Fissidens bryoides, Fontinalis antipyretica, Funaria hydrometrica, Hypnum cupressiforme, Mnium hornum, Mnium marginatum, Orthotrichum affine, Orthotrichum diaphanum, Orthotrichum pallens, Phascum cuspidatum, Physcomitrella patens, Physcomitrium pyriforme, Plagiomnium rostratum, Plagiomnium undulatum, Pleuridium sp., Pottia truncata, Pylaisia polyantha, Rhytidiadelphus squarrosus, Weissia controversa.
La faune de ce terrain a fait l'objet de recensements ponctuels (D. ERTZ et G. SAN MARTIN, notamment):
L'existence de points d'eau aménagés et le caractère inondable du site en hiver et au printemps attirent une avifaune variée dont quelques espèces de limicoles lors de leur migration. Plusieurs espèces de batraciens et libellules ont été observées. A noter que ce site abrite certaines espèces protégées (dont la coccinelle Anisosticta 19-punctata) ou rares (les orthoptères Tetrix ceperoi et Metrioptera roeselii). Il semble que ce site joue en fait un rôle primordial et s'inscrit dans un corridor écologique permettant le déplacement de certaines espèces. Des aménagements simples ont des effets intéressants sur l'entomofaune. L'utilisation de piquets en bois brut et la confection de tas de branches mortes après les gestions semblent avoir favorisé des espèces saproxyliques comme le bupreste Anthaxia salicis (rare si fort au nord).
Terbruggen
On y trouve une petite pelouse calaminaire bordée d'un petit bois de feuillus et d'une pelouse sur schiste. Ce type de pelouse calaminaire résulte de l'exploitation minière. Traitement des minerais, stockage et mise en décharge des déchets liés à ces activités ont donné naissance à des sols riches en métaux lourds. Ces sols sont colonisés par une végétation très particulière et très rare à l'échelle de la Belgique. De l'autre côté de la route qui borde ce terrain, la réserve se prolonge par un versant qui était occupé par une plantation de chêne rouge d'Amérique de 21 ans. Cette parcelle a été déboisée en 2003. Elle est bordée dans le fond de la vallée par une grande prairie marécageuse qui n'est pas incluse dans la réserve.
L'intérêt biologique majeur consiste en l'existence de la pelouse calaminaire comprenant cinq métallophytes : Armeria maritima subsp. halleri, Viola calaminaria, Festuca ovina subsp. guestfalica, Thlaspi caerulescens subsp. calaminare et Silene vulgaris subsp. vulgaris var. calaminare (voir aussi GRAITSON, 2006).
Sur l'ensemble du terrain les plantes vasculaires suivantes ont été signalées (obs. D. ERTZ, 2001-2004): Achillea millefolium, Armeria maritima subsp. halleri, Arum maculatum, Clematis vitalba, Crataegus monogyna, Cytisus scoparius, Erophila verna, Festuca ovina subsp. guestfalica, Geranium robertianum, Hieracium pilosella, Hypericum sp., Ilex aquifolium, Leucanthemum vulgare, Lonicera periclymenum, Quercus robur, Quercus rubra, Plantago lanceolata, Prunus serotina, Prunus avium, Prunus spinosa, Rubus sp., Rumex acetosa, Senecio inaequidens
Silene vulgaris subsp. vulgaris var. humilis, Teucrium scorodonia, Thlaspi caerulescens var. calaminare, Viola calaminaria, Ribes uva-crispa.
Divers lichens ont également été observés: Anisomeridium polypori, Buellia punctata, Candelariella reflexa, Caloplaca flavocitrina, Cladonia coniocraea, Cladonia rangiformis, Evernia prunastri, Flavoparmelia caperata, Hypogymnia physodes, Hypogymnia tubulosa, Melanelia glabratula, Parmelia sulcata, Parmelia tiliacea, Phaeophyscia orbicularis, Physcia adscendens, Physcia tenella, Punctelia subrudecta, Xanthoria parietina, Xanthoria polycarpa.
Ainsi qu'une série de Bryophytes: Aulacomnium androgynum, Brachythecium rutabulum, Caliergonella cuspidata, Campylopus introflexus, Ceratodon purpureus, Dicranoweisia cirrata, Eurhynchium praelongum, Eurhynchium striatum, Hypnum cupressiforme, Orthotrichum diaphanum, Plagiomnum undulatum, Polytrichum formosum, Rhytidiadelphus squarrosus, Scleropodium purum, Ulota bruchii.
En ce qui concerne la faune, la pelouse calaminaire offre un site relais de choix pour de nombreux insectes. Malgré sa petite taille, le milieu pourrait constituer une aire, si pas de reproduction, tout au moins un point de chute apprécié pour l'abondance des floraisons. Un papillon peu commun, le petit nacré (Issoria lathonia) est présent dans la vallée et pourrait se cantonner autour des violettes calaminaires, espèce nourricière habituelle de sa chenille. La coccinelle Subcoccinella 24-punctata se développe quant à elle sur le silène calaminaire (du moins dans les sites métallifères). La présence de l'orvet (Anguis fragilis), reptile peu commun en Pays de Herve, est également signalée (obs. E. GRAITSON).
Geulbemden
Dernier acquisition en date, ce terrain est constitué de zones bien distinctes aux intérêts biologiques variés. Il occupe une longue bande de terre sur la rive droite de la Gueule. L'ensemble de ces parcelles forment un bloc de plus de 6 ha, propriété des Réserves Naturelles RNOB.
On peut distinguer :
- un grand versant boisé avec chênes, bouleaux et hêtres et sous-bois riche en houx. La végétation, qui semble avoir été au départ une chênaie à bouleaux, évoluerait vers une hêtraie à houx (habitat Natura 2000); des terriers de blaireaux y sont présents ;
- une grande pessière en fond de vallée présentant un grand potentiel de restauration vers la prairie humide ;
- une grande prairie de fond de vallée bordée par la Gueule, toujours actuellement gérée de façon intensive par un fermier ;
- un petit fragment de forêt galerie avec en sous-bois Gagea lutea et Corydalis solida ;
- une végétation calaminaire, avec abondance du tabouret calaminaire, sur les rives de la Gueule.
Les inventaires partiels (D. ERTZ, 2003-2006) rassemblent les plantes vasculaires suivantes : Alnus glutinosa, Betula pendula, Fagus sylvatica, Fraxinus exelsior, Ilex aquifolium, Quercus robur, Picea abies, Salix sp., Angelica sylvestris, Caltha palustris, Cardamine amara, Corydalis solida, Deschampsia cespitosa, Deschampsia flexuosa, Gagea lutea, Iris pseudacorus, Filipendula ulmaria, Lonicera periclymenum, Pteridium aquilinum, Urtica dioica, Vaccinium myrtillus.
La liste des Bryophytes comprend au moins Mnium hornum, Plagiothecium sp., Polytrichum formosum, Thuidium tamariscinum.
Celle des lichens: Buellia punctata, Cladonia coniocraea, Lecidella elaeochroma, Pertusaria amara, Physcia adscendens, Physcia tenella, Physconia grisea, Porina aenea, Porina chlorotica, Xanthoria candelaria, Xanthoria parietina, Xanthoria polycarpa.
La faune paraît assez variée mais les inventaires commencent à peine. Elle comprend par exemple le martin-pêcheur (Alcedo atthis) et la bergeronnette des ruisseaux (Motacilla cinerea).