Depuis son ouverture au public, au début des années 1980, le domaine Solvay a fait l'objet d'un grand nombre de travaux floristiques et faunistiques (par ex. DEKEYSER et BRUYNSEELS, 1983; DEKEYSER, 1983. GEERINCK, 1984; SOTIAUX et BRUYNSEELS, 1985; MEERTS et al., 1988; SAINTENOY-SIMON, 1991; DE WAVRIN, 1991; etc.). Tous ont démontré le grand intérêt biologique du site, malgré certaines disparitions ou régressions.
La flore mélange les espèces ornementales et de très nombreuses espèces indigènes spontanées (plus de 450 espèces de Ptéridophytes et Spermatophytes et plus de 130 espèces de Bryophytes recensées à ce jour). Les groupements végétaux en place sont très variés.
La hêtraie atlantique à jacinthe est représentée à plusieurs endroits; elle renferme Lamium galeobdolon subsp. montanum, Circaea lutetiana, Geum urbanum, Anemone nemorosa, Hyacinthoides non-scripta, Teucrium scorodonia, Pteridium aquilinum, Dryopteris dilatata, Dryopteris filix-mas, Athyrium filix-femina, etc. Près de l'étang de la Longue Queue est présente Mercurialis perennis, espèce neutrophile à calcicole, aux côtés de Pteridium aquilinum, acidiphile typique !
Les chemins forestiers humides montrent Carex sylvatica, Carex remota, Hypericum humifusum, Lysimachia nemorum, Rumex sanguineus, Juncus effusus, Carex pallescens, ...
Les talus secs portent par exemple Hypericum pulchrum, Veronica officinalis, Veronica serpyllifolia, Prunella vulgaris, etc.
On observe quelques prairies de fauche à Arrhenatherum elatius, Holcus lanatus, Rumex acetosa, ... ainsi qu'un fragment de lande à Calluna vulgaris dans lequel existait, jusque dans les années 1980, la dernière station connue de Lycopodium clavatum de la région.
Sur le bord des étangs, en particulier au Gris-Moulin, se développe une végétation frangeante variée: roselières à Phragmites australis et Phalaris arundinacea, des typhaies à Typha angustifolia et Typha latifolia, une mégaphorbiaie rivulaire, des magnocariçaies à Carex paniculata et Carex acutiformis, etc.
La flore aquatique comprend Ranunculus circinatus, Nymphaea alba, etc.
Parmi les espèces floristiques exceptionnelles, on peut citer Ophioglossum vulgatum, une petite fougère en voie de disparition dans nos régions, et Conopodium majus, une espèce d'ombellifère rarissime et peut-être en cours d'expansion.
Ophioglossum vulgatum a été trouvé dans le sud du domaine en mai 1994 par HENRION (1995). Une vingtaine de pieds poussaient à l'orée d'une boulaie assez dense, au nord-ouest de l'étang 'rectangulaire'. Cette intéressante station, au sol en grande partie recouvert par la mousse Rhytidiadelphus squarrosus, renfermait aussi Ophrys apifera (1 pied), Epipactis helleborine, Centaurea jacea, Ranunculus repens, Salix caprea, Quercus robur, Acer pseudoplatanus, Betula pendula, Ajuga reptans, Prunella vulgaris, Brachypodium sylvaticum, Carex hirta, Cirsium arvense, Hypericum perforatum, Rubus sp., Juncus inflexus, Glechoma hederacea, Veronica chamaedrys, Prunus avium.
Conopodium majus y a été découvert en 1987 et revu l'année suivante, dans la partie sud du parc, non loin de l'Argentine (MEERTS et al., 1988). La population forte d'une petite dizaine d'individus prend place dans une frênaie sur colluvion occupant un vallon frais. La plante pousse en lisière d'un massif de bambou (Arundinaria japonica), au sein d'une végétation intermédiaire entre un groupement apparenté au Fraxino-Carpinion et un groupement de lisière de l'Alliarion: Potentilla sterilis, Viola riviniana, Adoxa moschatellina, Lamium galeobdolon subsp. montanum, Hyacinthoides non-scripta, Luzula pilosa, Poa trivialis, Silene dioica, Solanum dulcamara, Primula elatior, Veronica chamaedrys, Moerhingia trinervia, Polygonatum multiflorum, Anthriscus sylvestris, Listera ovata, Arum maculatum, Athyrium filix-femina, Ranunculus ficaria, Euphorbia amygdaloides, Mnium ornum. Le statut de cette localité, très disjointe de l'aire d'indigénat connue, a fait l'objet d'une discussion dans l'article précité.
Les espèces ornementales sont nombreuses et certaines sont rares ou remarquables par leur port ou d'autres particularités: Platanus x hispanica cv acerifolia, Chamaecyparis lawsoniana cv stewartii, Taxus baccata cv stricta, Parthenocissus tricuspidata, Cedrus atlantica cv glauca, Rhododendron spp., Hedera colchica cv dentato-variegata, Fagus sylvatica cv pendula, Gleditsia triacanthos cv moraine, Metasequoia glyptostroboides, Tsuga heterophylla, Prunus serrulata cv sekyama, Cryptomeria japonica, Ginkgo biloba, Tamaris parviflora, Taxodium distichum, Quercus palustris, Liquidambar styraciflua, Viburnum rhytidophyllum, Cornus florida, Cornus alba, Aesculus carnea, Sequoiadendron giganteum, Buxus sempervirens, Juglans regia, Pseudotsuga menziesii, Acer negundo cv variegatum ou encore Davidia involucrata, arbuste peu commun découvert en Chine par le Père David en 1882 (GEERINCK, 1984).
Le peuplement bryophytique, étudié par SOTIAUX et BRUYNSEELS (1985), est constitué des groupements suivants :
- un groupement sur sables calcarifères, localisé en particulier sur la colline du 'Belvédère' et renfermant plusieurs espèces fort rares en Brabant dont Bryoerythrophyllum recurvirostre, Fissidens dubius (= cristatus), Homalia trichomanoides, Brachythecium glareosum, Campylium stellatum (= chrysophyllum), Ctenidium molluscum, Didymodon luridus, Encalypta streptocarpa, Isothecium alopecuroides, Isothecium myosuroides, Neckera complanata, Plagiothecium cavifolium, Tortella tortuosa, Weissia controversa, ... ;
- un groupement de sables acides avec notamment Campylopus flexuosus, Pohlia nutans, Campylopus introflexus, ... ;
- une communauté colonisant les plateaux boisés: Dicranella heteromalla, Dicranum scoparium, Hypnum cupressiforme, Pseudotaxiphyllum elegans (= Isopterygium elegans), Leucobryum glaucum, Mnium ornum, ... ;
- un groupement de talus forestiers sur humus brut, constitué de petites hépatiques pionnières: Calypogeia fissa, Cephalozia bicuspidata, Diplophyllum albicans, accompagnées de Pogonatum aloides et Pogonatum nanum ;
- un cortège lié aux ornières de chemins forestière avec Dicranella rufescens, Ditrichum cylindricum, Ephemerum serratum, Pohlia wahlenbergii, Pseudephemerum nitidum, Fossombronia wondraczekii, Riccia sorocarpa, ... ;
- un cortège de lande à bruyère, appauvri et apparaissant dans les fragments aux environs de l'Obélisque, avec Pleurozium schreberi, Polytrichum juniperinum, Polytrichum piliferum, Lophozia bicrenata, en particulier ;
- un groupement hygrophile localisé aux blocs rocheux plus ou moins inondés, avec Oxyrrhynchium pumilum (= Eurhynchium pumilum), Rhynchostegium riparioides, Thamnobryum alopecurum, Conocephalum conicum, Lunularia cruciata, ... ;
- un groupement colonisant les berges argileuses des étangs montre Calliergonella cuspidata, Climacium dendroides, Dicranella varia, Oxyrrhynchium hians (= Eurhynchium hians), Rhytidiadelphus squarrosus, Aneura pinguis, Blasia pusilla, Pellia endiviifolia, Riccardia chamaedryfolia ;
- un groupement d'épiphytes rassemblant Amblystegium serpens, Brachythecium velutinum, Bruym capillare, Dicranoweisia cirrata, Dicranum montanum, Dicranum tauricum, Hypnum cupressiforme, Orthodontium lineare, Lepidozia reptans, Lophocolea heterophylla, Metzgeria furcata (sur sureau).
- un cortège des vieux murs de moellons calcaires rassemblant des calciphiles comme Didymodon rigidulus, Oxyrrhynchium pumilum, Eurhynchiastrum pulchellum, Fissidens gracilifolius (= minutulus subsp. tenuifolius), Gymnostomum calcareum, Homalia trichomanoides, Neckera complanata, Pseudocrossidium revolutum, Zygodon viridissimus, ...
Enfin, sur de petits dépôts de tuf au niveau d'écoulement des eaux sont installés Cratoneuron filicinum et Eucladium verticillatum. Les ponts en beton coulé peuvent porter des espèces comme Brachythecium populeum, Zygodon viridissimus, ou encore Metzgeria furcata.