Une description détaillée de la flore et de la végétation du canal de l'Ourthe doit encore être réalisée. La description donnée ci-dessous est basée sur des relevés botaniques effectués en 2008-2010 (obs. J.-Y. BAUGNEE) - en particulier dans la portion du canal situé à hauteur du centre commercial de Belle Ile -, ainsi que sur des informations provenant de différentes sources naturalistes.
Les berges du canal de l'Ourthe ont une physionomie variée suivant les endroits: la berge sud est en grande partie artificialisée (perré et berge maçonnée en pente assez forte), la berge nord est plus douce et d'aspect plus naturel, au moins sur le tronçon à hauteur de Belle Ile. A l'occasion de la réalisation de la liaison autoroutière A602, ce tronçon fut déplacé de plusieurs mètres et les berges furent réaménagées, en partie écologiquement, par le MET.
La berge nord, au niveau de Belle Ile, est colonisée par une frange à Lycopus europaeus et à Glyceria maxima, par une cariçaie fragmentaire et par une petite roselière à Phragmites australis (en aval du kiosque). On y observe également, plus dispersés: Iris pseudacorus, Juncus effusus, Bidens tripartita, Lolium perenne, Phalaris arundinacea, Scutellaria galericulata, Carex remota, Eleocharis palustris, Rumex hydrolapathum, Ranunculus repens, Achillea ptarmica, Lysimachia vulgaris, Sparganium erectum, Schoenoplectus tabernaemontani, Typha angustifolia, Stachys palustris, etc.
La présence de Schoenoplectus tabernaemontani , espèce de la liste rouge, est remarquable mais peut-être issue de plantations dans le cadre de l'aménagement écologique de la berge.
Le talus qui dominent cette berge est occupé par une prairie mésophile à Lolium perenne, Trifolium pratense, Picris echioides, Ranunculus acris, Plantago lanceolata, Achillea millefolium, Cirsium arvense, Dactylis glomerata, Daucus carota, Lotus corniculatus, etc.
La berge sud, à ce niveau, est bordée de massifs de saules (Salix viminalis surtout), de jeunes Alnus glutinosa et Betula pendula, et de franges étroites de Carex spp., Phragmites australis, Glyceria maxima, Lycopus europaeus, etc.
Dans la partie située entre la passerelle et le pont levis, s'étend au pied de la rive sud maçonnée une assez vaste roselière à Phragmites australis dans laquelle s'observent également Typha latifolia, Typha angustifolia, Lycopus europaeus, Myosotis scorpioides, Scutellaria galericulata, Rumex hydrolapathum, Calystegia sepium, Carex hirta, Equisetum fluviatile, Glyceria maxima, Galium aparine, Bidens tripartita, Urtica dioica, Iris pseudacorus, Hydrocotyle ranunculoides, Lemna minuta, etc. Dans les joints des moellons de pierre bleue apparaissent Betula pendula, Lolium perenne, Dactylis glomerata, Buddleja davidii, Poa annua, Poa compressa, Conyza canadensis, Salix alba, Plantago major, Eupatorium cannabinum, Senecio vulgaris, Linaria vulgaris, Clematis vitalba, Plantago lanceolata, Senecio inaequidens, ...
Plusieurs pieds de Menyanthes trifoliata sont présents dans la roselière, au pied de la berge maçonnée. Cette plante est visiblement issue d'une plantation car elle est inconnue de la région liégeoise et est totalement hors station.
La berge opposée est couverte d'un bois rudéral dominé par Fraxinus excelsior et Robinia pseudoacacia dans la strate arborée et par Rubus sp. au sol. On y observe aussi Clematis vitalba, Cornus sanguinea, Eupatorium cannabinum, Urtica dioica, Betula pendula, Prunus serotina, ...
La plante invasive Hydrocotyle ranunculoides, originaire d'Amérique du Nord, est présente en plusieurs endroits du site (plusieurs plages couvrant au total environ 100 mètres carrés, la plus étendue étant située au bord de la grande roselière en amont du pont levis).
Dans l'eau on note des herbiers parfois très denses du néophyte Elodea nuttallii ainsi que la présence plus localisée de Ceratophyllum demersum.
Suite à la baisse du niveau des eaux, des ilots vaseux apparaissent localement dans la partie amont du canal et sont colonisés progressivement par une végétation hygrophile à base de Juncus effusus, Lythrum salicaria, Bidens frondosa, Persicaria hydropiper, etc.
Au niveau de l'Ile aux Corsaires, les talus du canal sont colonisé par des bouquets d'Alnus glutinosa, des pelouses calaminaires à Viola calaminaria, Thlaspi caerulescens subsp. calaminare, Armeria maritima subsp. halleri, Rumex acetosa, Campanula rotundifolia, ainsi que par une petite roselière sèche à Phragmites austalis !
Intérêt faunistique du canal de l'Ourthe
La faune a fait l'objet de différents inventaires au cours des vingt dernières années.
Parmi les oiseaux (obs. D. PARKINSON et al.), on signale la nidification régulière d'un couple de martin-pêcheur (Alcedo atthis), de la bergeronnette des ruisseaux (Motacilla cinerea), de la poule d'eau (Gallinula chloropus), de la rousserolle effarvatte (Acrocephalus scirpaceus) et de diverses autres espèces plus communes.
Le grêbe castagneux (Tachybaptus ruficollis) est souvent noté sur le site, de même que des concentrations de canards de surface, surtout le canard colvert (Anas platyrhynchos) et les fuligules (Aythya spp.). L'ouette d'Egypte (Alopochen aegyptiacus) est installée depuis plusieurs années sur le canal, de même que la bernache du Canada (Branta canadensis) qui est cependant plus souvent vue sur l'Ourthe.
Le canal de l'Ourthe est très fréquenté par les pêcheurs, dont les prises sont très variées: ablette commune (Alburnus alburnus), gardon (Rutilus rutilus), chevaine (Leuciscus cephalus), brême commune (Abramis brama), brochet (Esox lucius), sandre (Stizostedion lucioperca), etc.
Une population de bouvière (Rhodeus sericeus) y est connue de longue date (J.-C. Philippart). La présence de cette espèce visée par le décret Natura 2000 est dépendante de l'abondance des moules d'eau douce (Anodonta spp.). L'aménagement écologique des berges du canal, en particulier dans sa portion occidentale, a permis de préserver des zones peu profondes très appréciées des alevins.
Depuis le milieu des années 2000, on constate la présence régulière du castor (Castor fiber).