Le Bois de la Basse Marlagne s'étend en rive droite de la Sambre, un peu en amont de la ville de Namur. Il constitue le prolongement oriental du Bois de la Vecquée. Jadis continu, ce massif forestier est à présent scindé en deux parties par la route de Bois-de-Villers qui est bordée sur toute sa traversée par des villas entourées de jardins arborés. Au nord, une importante voie rapide, la chaussée de Charleroi (N90), longe le bois sur quelques centaines de mètres et le sépare physiquement de la Sambre toute proche.
La partie nord du Bois de la Basse Marlagne occupe le flanc droit de la vallée de la Sambre, particulièrement escarpé et au relief chahuté, avec une orientation principale tournée vers le nord/nord-ouest. Il est dévalé par plusieurs ruisselets prenant leur source dans le haut de la pente et confluant avec la Sambre au bout d'un parcours de 600 m à peine. L'altitude y varie de 100 m au pied du versant à 215 m sur le plateau, en bordure de la route de Bois-de-Villers.
La carrière de la Gueule du Loup a été décrite par A. Remacle et J.-P. Jacob dans le cadre de l'inventaire des carrières abandonnées de Wallonie, sur base d'observations datant principalement de la fin des années 1990 et début 2000. Cette carrière de grès est située en face de la gare de formation de Ronet. Elle est allongée dans l'axe NE-SW et son dénivelé est proche de 50 m. Elle est accessible par la chaussée de Charleroi (près du dépôt de bus) via un sentier encore apparent, surtout utilisé pour le dépôt de déchets. La partie du fond vers la route a été remblayée mais non nivelée (tas); elle est couverte d'une végétation rudérale. Le reste du fond, situé au niveau le plus bas, consiste en une bande assez étroite, humide (mare temporaire) et envahie de nombreux saules et parsemée de déchets. Un sentier peu apparent longe la falaise sud-est (en partie sur roche) et permet d'atteindre le replat intermédiaire qui est boisé. L'excavation est limitée par des falaises élevées, présentant encore de grands pans rocheux subverticaux, en particulier sur le flanc sud-est; le flanc nord-est consiste en partie en une pente pierreuse colonisée par de nombreux ligneux et dominée par une zone moins boisée riche en callune.
Cette carrière présente un grand intérêt géologique (instrument pédagogique important), précisé par Mr Overlau dans un document émanant du comité scientifique de l'échevinat de l'environnement de la Ville de Namur (1981): schistes et grès du Namurien, avec quelques couches de houille; de nombreux débris de plantes fossilisées peuvent être trouvés dans les schistes. Dans les années 1970, un arbre fossile en position de vie, attribué à Lepidodendron aculeatum, pouvait y être observé (actuellement disparu).
Des traces d'extraction sont apparentes dans le bois au sud de l'excavation où la topographie est irrégulière avec des buttes, des dépressions et des talus pierreux. D'anciennes infrastructures sont encore visibles le long de la rue où se trouve le dépôt de bus.
De petites carrières ont par ailleurs été ouvertes à l'extrémité sud du bois, à la limite des anciennes communes de Malonne et Namur, à un endroit où passe actuellement une ligne haute tension.
Du point de vue phytogéographique, l'ensemble du Bois de la Basse Marlagne se situe dans le district mosan.
La flore et la végétation du Bois de la Basse Marlagne n'ont semble-t-il pas encore fait l'objet d'une description détaillée. Seule la carrière de la Gueule du Loup et les petites carrières situées à l'extrémité sud du bois ont été inventoriées dans le cadre de l'inventaire des carrières abandonnées de Wallonie par A. Remacle, au début des années 2000.
Carrière de la Gueule du Loup. En 2001, selon les observations d'A. Remacle et J.-P. Jacob, cette carrière de grès est fortement reboisée. La partie basse qui a fait l'objet de dépôts de déchets est envahie par de nombreuses nitrophytes; une mare temporaire peu intéressante y est présente (suintement sur la falaise sud-est). Le replat est colonisé par divers feuillus, accompagnés de plantes herbacées forestières. La pente nord-est et sa bordure supérieure, globalement moins arborée, présente une végétation plus intéressante, caractérisée par la présence de plantes acidiphiles dont Calluna vulgaris qui y est relativement abondante.
Les ligneux ayant colonisé l'excavation (certains âgés) sont diversifiés: Betula pendula (dominant sur les pentes), Salix caprea, Salix sp. (fond), Carpinus betulus, Prunus avium, Fraxinus excelsior, Quercus robur, Quercus petraea, Acer pseudoplatanus, Fagus sylvatica, Sorbus aucuparia, Robinia pseudoacacia, Castanea sativa, Ulmus sp., Corylus avellana, Cornus sanguinea, Rosa canina, Viburnum opulus, Crataegus monogyna, Sambucus nigra, Ilex aquifolium, Frangula alnus, Cotoneaster horizontalis (replat), Cytisus scoparius (sur pentes encore assez ensoleillées), Calluna vulgaris (ourlet à la bordure supérieure de la pente nord-est, large de 15-20 m par endroits; abondante à la partie supérieure de la pente nord-est), Lonicera periclymenum, Hedera helix, ...; Rubus sp. (abondante par endroits, surtout dans le fond).
La végétation herbacée globale comprend surtout des nitrophytes et des espèces à affinités forestières: Urtica dioica (accès et fond), Silene nutans (quelques touffes sur falaise), Rumex acetosella, Hypericum pulchrum, Alliaria petiolata, Geum urbanum, Fragaria vesca, Epilobium angustifolium, E. hirsutum (fond), Circaea lutetiana, Mercurialis perennis, Geranium robertianum, Solanum dulcamara (fond), Lycopus europaeus (zone humide), Teucrium scorodonia, Origanum vulgare, Lamium galeobdolon, Glechoma hederacea, Veronica officinalis, Hieracium murorum, H. sabaudum, Solidago virgaurea, Hypochaeris radicata, Arctium sp. (fond), Eupatorium cannabinum (fond), Carex sylvatica, Carex pilulifera, Carex pendula (plage de 15 m² sur le replat), Juncus effusus (quelques touffes sur le replat), Luzula sylvatica, Deschampsia flexuosa, Brachypodium sylvaticum, Poa nemoralis, Danthonia decumbens, Equisetum arvense (fond), les fougères Athyrium filix-femina, Dryopteris filix-mas, D. dilatata et D. carthusiana, ...
La partie la plus intéressante est le haut de la pente nord-est où poussent diverses espèces acidiphiles, comme Calluna vulgaris, Carex pilulifera et la graminée Danthonia decumbens, peu commune dans la région.
Sur le plan faunistique, on y a déjà observé la reproduction de plusieurs amphibiens: salamandre tachetée (Salamandra salamandra), crapaud commun (Bufo bufo), alyte accoucheur (Alytes obstetricans), triton alpestre (Ichthyosaura alpestris) et triton palmé (Lissotriton helveticus).
Deux reptiles y sont notés, soit le lézard vivipare (Zootoca vivipara) qui semble se maintenir dans la partie supérieure parmi les fragments de lande à callune, et le lézard des murailles (Podarcis muralis) découvert par H. de Wavrin vers 1970 et encore présent très localement malgré le reboisement du site, en particulier au sommet de la carrière (obs. P. Colomb, in PCDN de Namur, A. Remacle en 2001, et J.-Y. Baugnée et B. Snoeck en 2014). Un contrôle des ligneux serait nécessaire sur la partie haute de la falaise et ses abords supérieurs afin de conserver des conditions favorables aux lézards.
L'entomofaune n'a pas encore fait l'objet de recensement précis. Quelques espèces intéressantes ont néanmoins déjà été notées sur le site, notamment:
- Orthoptères: Nemobius sylvestris;
- Hyménoptères: Anthophora furcata, Aporus unicolor, Astata boops et son parasite Hedychridium roseum;
- Diptères Asilidae: Neomochtherus pallipes;
- Lépidoptères rhopalocères: Apatura ilia.
Une petite population de Cicindela campestris se maintient dans la partie supérieure la plus ensoleillée (lande à callune).
Une libellule rare, le cordulégastre bidenté (Cordulegaster bidentata), fut mentionnée mais sa présence actuelle devrait être confirmée (Comité Scientifique de l'Echevinat de l'Environnement de la Ville de Namur, 1981).