La végétation et la flore de la marnière d'Ansart présentent certaines caractéristiques très originales et sont étonnamment riches pour un site si exigu. Depuis le début des années 2000, cependant, le reboisement spontané et l'eutrophisation ont entrainé la raréfaction ou la disparition de divers éléments intéressants.
D'après PARENT (1969), la zone la plus inondée abrite une belle colonie de Hottonia palustris. Une prairie spongieuse est formée d'un tapis flottant de Carex rostrata, Comarum palustre, Menyanthes trifoliata, Equisetum fluviatile.
Des poches d'eau libre subsistent et montrent Nymphaea alba, Utricularia vulgaris, Lemna minor, Carex vesicaria.
Sur les bords on note également la présence d'Iris pseudacorus, Typha latifolia, Oenanthe aquatica, Galium palustre.
Le pré marécageux est formé d'une mosaïque de groupements, dont le tapis flottant à Carex diandra comprenant aussi Carex panicea, Carex nigra, Eriophorum latifolium et, parmi les Bryophytes, Scorpidium scorpioides, Bryum pseudotriquetrum, Drepanocladus vernicosus (actuellement Hamatocaulis vernicosus), Aulacomium palustre, Climacium dendroides.
Une jonchaie à Juncus acutiflorus se développe dans les zones en voie d'atterissement, qui hébergent aussi Pedicularis palustris, Scorzonera humilis et Dactylorhiza majalis. Sur le talus en bordure de la cuvette, on note, entre autres, la présence d'Alchemilla filicaulis subsp. vestita, Pulmonaria montana et Orchis mascula.
En 1990, des relevés effectués par J. SAINTENOY-SIMON montrent que la marnière est toujours très riche floristiquement mais qu'elle a fortement évolué au cours des vingt dernières années. Sont observés:
- des cariçaies à Carex disticha avec Carex nigra, Comarum palustre, Epilobium palustre, Galium palustre, Equisetum palustre, Iris pseudacorus...;
- des cariçaies à Carex acuta avec Valeriana dioica ;
- des cariçaies et bas-marais à Carex vesicaria, Comarum palustre,...
- des tourbières flottantes à Comarum palustre, Menyanthes trifoliata, Carex diandra,...
- des jonchaies à Juncus acutiflorus, à Juncus inflexus;
- des prairies riches en espèces du Filipendulion ;
- des prairies riches en espèces du Molinion où se trouve Molinia caerulea, Succisa pratensis, Stachys officinalis, Selinum carvifolia, Silaum silaus, Equisetum fluviatile, Carex distans, C. pulicaris, C. panicea, C. disticha, C. nigra, Genista tinctoria, Eriophorum latifolium, etc. Se joignent également Dactylorhiza majalis et de nombreux pieds d'Epipactis palustris. Pulmonaria montana est présent dans une prairie assez semblable floristiquement.
- des fragments de Mesobromion humide apparaissent avec comme espèces représentatives Galium verum, Briza media, Bromus erectus, etc.
La recolonisation forestière est amorcée par différentes espèces comme Betula pendula, B. pubescens, Populus tremula, Salix aurita, S. cinerea, Crataegus monogyna, C. laevigata, Prunus spinosa, Quercus robur, Rosa canina. En lisière des fourrés, la progression de Rubus sp. compromet la station d'Epipactis palustris dont certains pieds sont déjà complètement cernés. La tourbière à Carex diandra est encerclée par les saules et les prunelliers.
La bryoflore de la marnière d'Ansart a été inventoriée à plusieurs reprises depuis la fin des années 1980. Le 1 mai 1989, A. Sotiaux et P. De Zuttere y ont recensé 37 espèces dont 4 hépatiques et 33 mousses: Aneura pinguis, Cephalozia bicuspidata, Lophocolea heterophylla, Lophocolea bidentata, Amblystegium serpens, Atrichum undulatum, Aulacomnium palustre, Brachythecium rutabulum, Bryum pseudotriquetrum, Calliergon giganteum, Calliergonella cuspidata, Campylium stellatum, Climacium dendroides, Cratoneuron filicinum, Ctenidium molluscum, Dicranoweisia cirrata, Dicranum montanum, Dicranum scoparium, Dicranum tauricum, Eurhynchium striatum, Fissidens adianthoides, Hamatocaulis vernicosus, Hylocomium splendens, Hypnum cupressiforme, Kindbergia praelonga, Mnium hornum, Plagiomnium elatum, Plagiomnium undulatum, Pseudoscleropodium purum, Rhytidiadelphus squarrosus, Rhytidiadelphus triquetrus, Scorpidium cossonii, Sphagnum fimbriatum, Sphagnum squarrosum, Thuidium delicatulum, Thuidium tamariscinum, Ulota bruchii. Les espèces en gras sont les éléments les plus marquants de cet inventaire.
La découverte d'Hamatocaulis vernicosus est absolument remarquable car cette mousse rarissime et d'intérêt communautaire n'est plus connue que d'une seule autre localité wallonne, au marais du Landbruch.
Le 17 mars 2002, A. et O. Sotiaux ont effectué un examen rapide du site et y ont noté les hépatiques Lophocolea bidentata, Lophocolea heterophylla, Metzgeria violacea, Microlejeunea ulicina, Radula complanata et les mousses Amblystegium serpens, Atrichum undulatum, Aulacomnium androgynum, Brachythecium rutabulum, Calliergonella cuspidata, Cirriphyllum piliferum, Climacium dendroides, Dicranoweisia cirrata, Dicranum montanum, Dicranum scoparium, Eurhynchium striatum, Hylocomium splendens, Hypnum cupressiforme, Kindbergia praelonga, Mnium hornum, Orthotrichum diaphanum, Plagiomnium elatum, Plagiomnium undulatum, Polytrichastrum formosum, Pseudoscleropodium purum, Rhytidiadelphus squarrosus, Rhytidiadelphus triquetrus, Sphagnum squarrosum, Thuidium tamariscinum, Ulota bruchii, Ulota crispa.
Aucune des espèces marquantes observées en 1989 n'a été revue, ce qui indique clairement une dégradation importante du milieu, confirmée par le relevé réalisé le 29 février 2012 par J.-M. COUVREUR dans la station d'Hamatocaulis vernicosus. Ce relevé comprend essentiellement des espèces assez banales: Atrichum undulatum, Rhytidiadelphus triquetrus, Calliergonella cuspidata, Pseudoscleropodium purum, Lophocolea bidentata, Rhytidiadelphus squarrosus, Kindbergia praelonga, Cirriphyllum piliferum, Dicranum scoparium, Brachythecium rutabulum, Climacium dendroides (abondante et indicatrice d'eutrophisation...), Thuidium tamariscinum, Plagiomnium affine, Fissidens taxifolius, Sphagnum squarrosum.
Selon P. De Zuttere (comm. pers. à A. Sotiaux), Hamatocaulis vernicosus n'était pas connue de la marnière d'Ansart avant 1989. Par la suite, l'espèce n'a pas été retrouvée sur le site, mais il semble que D. Thoen l'ai encore notée vers la fin des années 1990 (information non confirmée par du matériel d'herbier).