Intro
Brève description
La Grotte de l'Agouloir se situe dans le Condroz de l'Entre-Sambre-et-Meuse, dans le sud du territoire communal de Châtelet. Elle se dissimule sous le couvert du Bois de Châtelet, massif boisé de 185 ha composant la ceinture forestière au sud de Charleroi. La cavité s'ouvre dans le fond d'une doline, probablement approfondie par l'homme à des fins d'extraction de terre plastique pour la poterie durant plusieurs siècles. L'entrée triangulaire s'ouvre au détriment du calcaire dolomitique du Tournaisien qui y est apparent et dont il s'agit d'un des rares affleurements dans cette zone (avec la "Stolle des t'Chaux", un abannet de 20 m de profondeur situés une centaine de m au nord). En période de crue, les eaux de la mare la plus proche s'engouffrent dans un petit trou situé un mètre en amont de l'ouverture principale de la grotte et parcourent les différents étages de la grotte en fonction du débit. Il s'agit d'une cavité active et très humide. En plus de l'eau qui s'y écoule en période de crue (chantoir intermittent), d'autres venues d'eaux souterraines empruntent certainement les réseaux inférieurs de la cavité. Les parois sont peu concrétionnées mais des dépôts argileux et diverses formes d'érosion et de corrosion peuvent y être observées. Cette cavité aux dimensions assez modestes se révèle néanmoins attractive pour les chauves-souris en recherche d'un gîte d'hibernation adéquat. Entre 2008 et 2018, ce sont ainsi pas moins de 8 espèces qui y ont été comptabilisées, dont le grand rhinolophe (Rhinolophus ferrumequinum), le murin à oreilles échancrées (Myotis emarginatus) et le murin de Bechstein (Myotis bechsteinii). La Grotte de l'Agouloir est reconnue par la Région wallonne comme cavité souterraine d'intérêt scientifique (CSIS) mais n'a malheureusement pas été intégrée au réseau Natura 2000.
Carto
Régions naturelles
Limites administratives
Ancienne(s) commune(s) | Surface | Nouvelle(s) commune(s) | Province(s) |
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Châtelet | | CHATELET | HAINAUT |
Cantonnements DNF
Cantonnement(s) | Surface | Direction(s) |
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Thuin | | Mons |
Mentions dans d'autres inventaires de sites
Site classé
Propriétaire(s)
Gestionnaire
Service public de Wallonie, Département de la Nature et des Forêts, Cantonnement de Thuin, Chemin de l'Ermitage, 1 Bte 2, 6530 Thuin (Tél. : 071/59.90.35 - Fax : 071/59.90.34).
Sites protégés
Conservation
Objectifs de conservation
Protection d'un site d'intérêt géologique, géomorphologique et chiroptérologique. Seul site souterrain connu dans tout le massif forestier de Châtelet.
Menaces
Visites sauvages. Décharge sauvage (pneus, ferrailles, déchets divers).
Recommandations
L'aménagement du site devra tenir compte de l'aspect actif des circulations d'eaux dans la grotte et éviter de perturber les écoulements dans la grotte ou d'accélérer son comblement. Il devra par ailleurs tenir compte de la fonction biologique du site et ne pas réduire le pouvoir attractif de la cavité sur les chiroptères.
Surveillance renforcée concernant le versage de déchets dans les dolines avoisinantes.
Plan de gestion
Dépollution du site. Mise en place d'un système de fermeture de l'accès.
Accès du public
La cavité est interdite d'accès au public.
Détails
Description physique
La Grotte de l'Agouloir se situe dans le Condroz de l'Entre-Sambre-et-Meuse, dans le sud du territoire communal de Châtelet, dans la portion septentrionale du Bois de Châtelet, massif boisé de 185 ha composant la vaste ceinture forestière du sud de Charleroi. La cavité s'ouvre dans le fond d'une doline, probablement approfondie par l'homme à des fins d'extraction de terre plastique pour la poterie durant plusieurs siècles. L'entrée triangulaire s'ouvre au détriment du calcaire dolomitique du Tournaisien qui y est apparent et dont il s'agit d'un des rares affleurements dans cette zone (avec la "Stolle des t'Chaux", un abannet de 20 m de profondeur situés une centaine de m au nord). L'altitude à la surface du sol voisine les 200 m.
Cette grotte d'orientation verticale se compose essentiellement de trois salles de dimensions assez modestes reliées entre elles par des étroitures verticales. La première salle est formée par un effondrement des bancs de calcaire et de dolomie redressés. On retrouve d'ailleurs sur son fond un énorme cône d'éboulis résultant de ces effondrements successifs. Ces blocs décimétriques sont recouverts d'argile blanche et de limon ferrugineux attestant d'une phase de remplissage de la grotte postérieure aux effondrements. La deuxième salle présente dans ses cheminées et sur ses parois concaves des formes en boxwork constituées d'arêtes saillantes de calcite formant des polygones sur la surface calcaire et formés lorsque la salle était remplie de sédiments et sous le niveau de la nappe phréatique. La conservation de ces aspérités liées à une dissolution différentielle démontre que la cavité n'a plus connu de phase d'érosion importante postérieurement à leur formation et au soutirage des sédiments qui remplissaient ces galeries. La troisième salle (la plus profonde) est entièrement remplie de sédiments meubles dont l'étude a permis d'observer plusieurs phases de remplissage démontrant que la cavité est de formation pré-landienne et peut-être même pré-crétacée. C'est suite à l'enfoncement du réseau hydrographique et de la Sambre au Pleistocène, qu'un écoulement vadose a pu se faire dans la grotte, entraînant les éboulements à l'origine de la formation des deux salles principales (dossier CSIS, CWEPSS).
Description biologique
La morphologie générale de la cavité est de type descendante: elle présente une succession de salles superposées reliées entre elles par des puits verticaux qui rendent la cavité particulièrement attractive pour les chauves-souris.
Seul site souterrain dans tout le massif forestier de Châtelet, cette grotte constitue donc un relais important pour la recolonisation par les chiroptères de la région de Charleroi.
Jusque 2002, les comptages hivernaux avaient établi la présence d'au moins 3 espèces de chiroptères (obs. J. Fairon), mais entre 2008 et 2018, les inventaires menés par le groupe de travail Plecotus ont permis d'y recenser pas moins de 8 espèces représentant une vingtaine d'individus au total.
Plusieurs de ces espèces sont susceptibles de se reproduire et de chasser au sein du Bois de Châtelet ou dans les massifs voisins.
Monument naturel
Monument historique
Histoire du site
La grotte de l'Agouloir ainsi que l'ensemble des vastes dépressions qui caractérisent le bois de Châtelet appartiennent à une morphologie karstique de type abannet. Ce genre de formation est rare et témoigne par ailleurs d'une très vieille activité d'extraction d'argile plastique et de sable faisant partie du patrimoine historique de toute la région de Charleroi (dossier CSIS, CWEPSS).