Intro
Brève description
Le Trou - ou grotte - des Sarrazins fait partie d'un système karstique localisé à Loverval, au sud de Charleroi, en rive droite du ruisseau du Fond des Haies. Ce petit affluent de la Sambre, qui prend sa source au niveau du Bois de Bertransart, coule ensuite vers le nord à travers le Bois de la Ferrée où, au lieu-dit Borgneri, il rencontre le banc de calcaires viséens caractérisant cette partie du Condroz. Situé à une quinzaine de mètres au-dessus du niveau actuel du ruisseau, ce site karstique d'un développement d'environ 120 m s'est formé dans du calcaire très altéré et se compose de 4 abris et petites cavités aux entrées distinctes. Du point de vue biologique, la grotte offre actuellement les conditions idéales pour l'hibernation des chiroptères, ou chauves-souris, dont quatre espèces ont été recensées jusqu'à présent par les collaborateurs du groupe de travail Plecotus. La tranquillité qui leur est absolument nécessaire pour passer l'hiver a été assurée par la pose, en 2004, de portes et de grilles adaptées au passage de ces petits mammifères volants. L'environnement forestier préservé est également un facteur très positif pour ces animaux durant la saison estivale, notamment en termes de ressources alimentaires. La grotte des Sarrazins possède également un grand intérêt géologique et géomorphologique, mais aussi archéologique et historique, comme en témoignent les nombreuses fouilles qui ont mis en lumière une occupation humaine datant du paléolithique supérieur et l'existence de nombreux silex taillés et d'ossements divers. Propriété de la commune de Gerpinnes, ce site a été reconnu comme cavité souterraine d'intérêt scientifique par la Région wallonne en mai 2000.
Carto
Régions naturelles
Limites administratives
Ancienne(s) commune(s) | Surface | Nouvelle(s) commune(s) | Province(s) |
---|
Loverval | 0.08 ha | GERPINNES | HAINAUT |
Cantonnements DNF
Cantonnement(s) | Surface | Direction(s) |
---|
Thuin | 0.08 ha | Mons |
Mentions dans d'autres inventaires de sites
Site classé
Site classé du vallon du ruisseau des Haies à Loverval.
Propriétaire(s)
Gestionnaire
Service public de Wallonie, Département de la Nature et des Forêts, Cantonnement de Thuin, Chemin de l'Ermitage, 1 Bte 2, 6530 Thuin (Tél. : 071/59.90.35 - Fax : 071/59.90.34).
Sites protégés
Conservation
Objectifs de conservation
Protection d'un site d'intérêt archéologique, minéralogique, géomorphologique et chiroptérologique. Le classement du site comme "cavité souterraine d'intérêt scientifique" a eu lieu en 2000 et témoigne de la haute valeur patrimoniale de la grotte des Sarrazins.
Menaces
Le site a fait l'objet de nombreuses déprédations, parallèlement aux campagnes de fouilles des années 1960-1980. Depuis 2004, la grotte est fermée par des portes et grilles adaptées au passage des chauves-souris tout en empêchant toute intrusion intempestive (surtout dommageable en période hivernale, durant laquelle ces animaux réclament un maximum de tranquillité).
Recommandations
Plan de gestion
Le plan de gestion de la CSIS est disponible auprès du cantonnement DNF de Thuin, chargé de sa surveillance. L'accès est limité aux inventaires hivernaux des chauves-souris qui sont assurés par des collaborateurs du groupe de travail Plecotus (Natagora).
Accès du public
L'accès de la grotte est interdite au public en raison de la grande sensibilité du milieu souterrain (concressions calcaires, ...) et de la présence d'une population hivernante de chauves-souris. C'est pour cette raison que des portes et grilles adaptées ont été installées en 2004 par le DNF.
Détails
Description physique
Le Trou des Sarrazins - ou grotte des Sarrasins - fait partie d'un système karstique localisé à Loverval, au sud de Charleroi, en rive droite du ruisseau du Fond des Haies. Ce petit affluent de la Sambre, qui prend sa source au niveau du Bois de Bertransart, coule ensuite vers le nord à travers le Bois de la Ferrée où, au lieu-dit Borgneri, il rencontre le banc de calcaires viséens caractérisant cette partie du Condroz occidental, nommée "Marlagne occidentale" par FOURNEAU (1972). Ces roches renferment d'assez nombreux phénomènes karstiques mais en général de développement restreint et ceux qui sont répertoriés dans la région sont de type sénile ou inactif.
Situé une quinzaine de mètres au-dessus du niveau actuel du ruisseau du Fond des Haies, ce site karstique s'est formé dans un calcaire viséen très altéré et se compose de 4 abris et petites cavités aux entrées distinctes. Il présente un développement souterrain total de l'ordre de 120 m. Les différentes amorces de réseaux souterrains étagées les unes par rapport aux autres sont des niveaux de résurgence fossile remontant à une époque où le niveau du Ruisseau des Haies (et celui de la nappe par rapport auquel il s'équilibre) était nettement plus haut. Aujourd'hui, on peut observer une résurgence active dans le lit du ruisseau même. Celle-ci correspond au niveau d'exsurgence de la nappe et confirme la fonction de résurgence que jouaient les galeries pénétrables qui forment le réseau souterrain de la Grotte des Sarrasins. Les formes de corrosion observables dans la cavité et spécialement les coups de gouges à l'entrée de celles-ci permettent de démontrer le sens de l'écoulement vers l'extérieur pour ces cavités. Cette hypothèse a d'ailleurs pu être vérifiée par l'analyse des matériaux meubles et des galets roulés trouvés dans le fond des galeries et qui s'apparentent aux roches trouvées sur le plateau à l'est. Certaines de ces entrées sont de simples poches prolongées par de courtes galeries. D'autres plus importantes communiquent entre elles et offrent un développement souterrain relativement important pour cette région et dont le contenu biologique et archéologique, ainsi que les aspects géomorphologiques offrent un intérêt scientifique certain qui mériterait d'être protégé et conservé. Un réseau prolongeant l'entrée la plus au sud a été découvert dans les années 1970 (réseau Massimon), ce dernier plus difficilement accessible est en meilleur état que le reste de la cavité particulièrement fréquentée (d'après la CWEPSS; voir aussi VICCA, 2019).
Le Trou des Sarrazins s'inscrit au sein d'un vaste massif forestier de plus de 480 ha formé par les Bois du Prince et de la Ferrée et faisant partie de la ceinture forestière discontinue qui couvre tout le sud de Charleroi. Les entrées de la grotte se trouvent vers 170 m d'altitude.
Description biologique
Le Trou des Sarrazins s'inscrit dans un vallon sauvage au sein d'un massif forestier très préservé (Bois du Prince et de la Ferrée - SGIB n° 1785), alors que les environs sont densément habités avec le centre-ville de Charleroi distant d'à peine 5 km.
Du point de vue biologique, cette cavité karstique constitue un gîte d'hibernation adéquat pour les chauves-souris, surtout depuis la pose, en 2004, de portes et de grilles adaptées destinées à empêcher toute intrusion intempestive. En outre, les sites de cette nature sont rares dans la région et généralement situés dans un environnement moins favorable.
Les observations chiroptérologiques ont été réalisées dès 1958, tandis que les inventaires hivernaux plus récents sont assurés par un collaborateur du groupe de travail Plecotus (Natagora). Quatre espèces ont été notées depuis 2016, pour une moyenne annuelle d'une quinzaine d'individus: le murin de Bechstein (Myotis bechsteinii), le murin de Daubenton (Myotis daubentonii), le murin à moustaches (Myotis mystacinus) (ou plus souvent le complexe mystacinus/brandtii) et l'oreillard roux (Plecotus auritus).
Notons que le murin de Bechstein figure à l'annexe II de la Directive Habitat. Le petit rhinolophe (Rhinolophus hipposideros), autre espèce d'intérêt communautaire, y a été mentionné historiquement (1958) et son retour n'est pas exclu à l'avenir.
La faune des invertébrés ne semble pas avoir fait l'objet de recherches particulières.
Monument naturel
Grotte et cavités karstiques d'intérêt chiroptérologique.
Monument historique
Histoire du site
La grotte des Sarrazins a toujours été connue des habitants de Loverval et des environs, qui ignorèrent pendant longtemps les trésors qu'elle renfermait.
En 1961, un groupe de trois spéléologues locaux, Guy Lorent, Tony Remels et André Massinon, se lancent dans des fouilles dont le résultat révèle l'existence d'une faune quaternaire (ours des cavernes, mammouth) et d'une occupation humaine datée du paléolithique supérieur (ossements de rennes, silex taillés, dent de rhinocéros, ...). Attirés par ces découvertes, des fouilleurs clandestins visitent régulièrement les lieux, sans grand respect pour le milieu souterrain.
Après une quinzaine d'années d'interruption, en 1978, la grotte est de nouveau explorée par Philippe Doumont (de l'équipe de Guy Lorent) qui parvient réellement au cœur de la grotte: après avoir franchi une crevasse causée par un effondrement de la voûte, il découvre le spectacle envoûtant d'un nouveau réseau de magnifiques concrétions. Les ossements travaillés et les silex taillés récoltés dans ce sanctuaire de la Préhistoire laissent à penser que l'occupation humaine de la grotte date de 35.000 ans avant notre ère (Paléolithique supérieur, homme de Cro Magnon). Des ossements et des silex par caisses entières sont exhumés. Les découvertes les plus remarquables furent exposées dans un musée Marcel Collet, à Loverval (https://loverval.be/site/histoire-2/)
En 2000, le Trou des Sarrazins est reconnu officiellement "cavité souterraine d'intérêt scientifique" par la Région wallonne.
En 2004, la cavité a fait l'objet d'aménagements importants (portes et grilles) réalisés et financés par la DNF pour assurer sa conservation et empêcher les visites sauvages dans le site.