La végétation et la flore du terril du Champ d'Oiseaux ont été inventoriées à plusieurs reprises (FRANKARD, 1984, 2000; FRANKARD et HAUTECLAIR, 2009), notamment dans le cadre de l'Interreg Pays des Terrils (Natagora, 2006).
Pas moins de 152 espèces de spermatophytes ont été relevées sur le terril au cours des 25 dernières années, incluant nombre d'éléments des pelouses thermophiles ou des friches.
En outre, 36 espèces de Bryophytes sont recensées, dont Campylopus introflexus, espèce d'origine africaine invasive en Région wallonne, notamment dans les anciennes carrières et sur les terrils.
L'intérêt du site concerne principalement la pelouse thermophile à mélique ciliée (Melica ciliata) et à galeopsis à feuilles étroites (Galeopsis angustifolia) qui se développe sur la butte, et dont le faciès semble ne pas évoluer depuis plusieurs dizaines d'années. Cette pelouse présente un intérêt floristique tout à fait remarquable de par sa composition unique. Il n'y a que deux sites charbonniers liégeois où se développe une telle pelouse et le groupement n'a pas été décrit ailleurs. Cette pelouse accueille plus de 70 espèces dont l'oeillet prolifère (Petrorhagia prolifera), la vipérine (Echium vulgare), l'épervière des murs (Hieracium murorum), l'oseille ronde (Rumex scutataus), le petit boucage (Pimpinella saxifraga), l'inule (Inula conyzae), la renoncule bulbeuse (Ranunculus bulbosus), la campanule raiponce (Campanula rapunculus), la sabline à feuilles de serpolet (Arenaria serpyllifolia), l'orpin âcre (Sedum acre). Parmi ces espèces, on note la présence de diverses espèces thermophiles plus ou moins calcicoles.
Les autres habitats ouverts présents n'occupent en général que de petites superficies, ce sont:
- des groupements pionniers des pentes mobiles à Clematis vitalba (qui évoluent progressivement vers la pelouse à Melica ciliata),
- des pelouses sèches à épervières (Hieracium bauhinii et H. pilosella principalement),
- des friches à hautes herbes dominées par Arrhenatherum elatius, paraissant se substituer localement à la pelouse à Melica ciliata.
Quelques espèces ligneuses tentent difficilement de coloniser les milieux ouverts du site comme le bouleau verruqueux (Betula pendula), le chêne pédonculé (Quercus robur), le frêne (Fraxinus excelsior)… Plusieurs pieds de cotonéaster horizontal (Cotoneaster horizontalis), espèce considérée comme invasive, ont été plantés sur le site par un apiculteur local afin de favoriser les abeilles.
Au pied de la butte, se développe un roncier dense dans lequel quelques espèces de friche et de lisière s'épanouissent comme l'épiaire des marais (Stachys palustris) qui se développe généralement sur les berges des cours d'eau, l'épilobe à feuilles étroites (Epilobium angustifolium), la knautie (Knautia arvensis), la berce (Heracleum sphondylium), la linaire (Linaria vulgaris), la centaurée jacée (Centaurea jacea)…
Une vaste friche à Arrhenatherum elatius en voie d'embroussaillement s'étend au pied de la butte. Cette friche présente une végétation plus banale mais constitue un refuge important pour les oiseaux et les mammifères. Les plantes dominantes sont le chiendent commun (Elymus repens), le fromental (Arrhenatherum elatius), la podagraire (Aegopodium podagraria), le gratteron (Galium aparine), l'eupatoire (Eupatorium cannabinum). L'églantier (Rosa canina) colonise une bonne partie de la friche.
Toute la zone sud du site est occupée par un bois dense et impénétrable de robiniers (Robinia pseudoacacia) où la ronce (Rubus sp.) et la clématite des haies (Clematis vitalba) ont complètement envahi le sous-bois. Localement, quand le sous-bois se dégage, on peut rencontrer le gouet tacheté (Arum maculatum), l'ail des vignes (Allium vineale), la germandrée scorodoine (Teucrium scorodonia)…
De rares plages de végétations pionnières sur les pentes mobiles sont aperçues en longeant le terril mais leur accès est souvent rendu impossible par les ronciers.
Enfin, signalons l'existence d'une petite saulaie au pied du terril où sont rencontrées l'épervière vulgaire (Hieracium lachenalii), la canche flexueuse (Deschampsia flexuosa), la renoncule rampante (Ranunculus repens) ou encore l'origan (Origanum vulgare).
La faune a fait l'objet de quelques observations lors de l'Interreg Pays des Terrils (Natagora, 2006).
Herpétofaune:
Le site se prête peu au développement des amphibiens car aucune zone humide n'est présente sur le site si ce n'est le bassin d'orage (bétonné) au pied du terril dans la zone sud. D'ailleurs, une seule espèce a été observée sur le site, il s'agit de la grenouille rousse (Rana temporaria) notée en densité faible dans le bois à robiniers près du bassin d'orage. La création d'une mare dans la friche pourrait être un élément favorable pour ces animaux.
Aucun reptile n'a été signalé, mais il ne serait pas étonnant d'y rencontrer l'orvet (Anguis fragilis) ou le lézard des murailles (Podarcis muralis), espèces discrètes et potentiellement présentes à différents endroits du site.
Avifaune:
Ce terril, composé d'une partie boisée et d'une partie en milieu ouvert, abrite une vingtaine d'espèces d'oiseaux. Parmi celles-ci, citons le bouvreuil pivoine (Pyrrhula pyrrhula) qui fréquente la lisière du bois à robiniers, et la fauvette babillarde (Sylvia curruca), cantonnée dans les fourrés entre la zone ouverte et la forêt. Les autres espèces sont communes et banales dans ce type d'habitat.
L'accès difficile à la partie boisée limite les possibilités d'inventaire de cette zone. Il se peut que certaines espèces soient passées inaperçues lors de l'échantillonnage par points d'écoute.
Papillons de jour:
Vingt espèces ont été recensées sur le site dont une espèce incertaine, le collier de corail (Aricia agestis). La plupart des espèces sont communes à très communes.
Les piérides (Pieris sp.) sont les espèces les plus courantes et sont observées sur l'ensemble du site et une grande partie de l'année.
La majorité des espèces sont observées dans la friche ou la pelouse thermophile. La plupart sont assez fréquentes sur le site comme le vulcain (Vanessa atalanta), la belle dame (Vanessa cardui), l'azuré de la bugrane (Polyommatus icarus), le machaon (Papilio machaon) rencontré régulièrement au sommet de la butte, ou encore le myrtil (Maniola jurtina).
D'autres sont plus rares, ou du moins plus discrètes, comme la sylvaine (Ochlodes sylvanus), l'aurore (Anthocharis cardamines), l'amaryllis (Pyronia tithonus), le souci (Colias croceus), migrateur observé surtout fin de l'été. Le long des sentiers forestiers, on rencontre plus fréquemment le tircis (Pararge aegeria) et le tristan (Aphantopus hyperantus), espèces forestières communes de nos régions.
Le demi-deuil (Melanargia galathea), espèce peu commune en région liégeoise, a été observé à quelques centaines de mètres du terril, près du bassin d'orage.
Orthoptères:
Treize espèces ont été observées sur le site dont quelques espèces remarquables et peu communes. La plupart des espèces sont rencontrées dans la pelouse thermophile et la friche. Pour plusieurs espèces comme le phanéroptère commun (Phaneroptera falcata), le criquet des pâtures (Chorthippus parallelus) et le tetrix des clairières (Tetrix undulata), c'est dans cette petite friche que les densités les plus élevées sont observées. Le conocéphale bigarré (Conocephalus fuscus) n'est d'ailleurs observé que dans cette friche.
La pelouse thermophile constitue un milieu riche en espèces peu communes dont le criquet à ailes bleues (Oedipoda caerulescens), seul Orthoptère protégé en Wallonie. On y rencontre également la sauterelle ponctuée (Leptophyes punctatissima) et la decticelle bicolore (Metrioptera bicolor) espèce rarement observée sur les sites du projet Pays des Terrils.
Les fourrés et les milieux boisés sont le refuge de sauterelles arboricoles comme le méconème varié (Meconema thalassinum) et la decticelle cendrée (Pholidoptera griseoaptera).
Coccinelles:
Treize espèces sont observées sur le terril, la majorité étant communes et répandue en Région wallonne. Deux espèces dominent sur le site: il s'agit de la coccinelle à 7 points (Coccinella septempunctata) et de la coccinelle asiatique (Harmonia axyridis). Exotique et invasive, la coccinelle asiatique montre des densités remarquables faisant d'elle la deuxième espèce la plus abondante sur le site. Etant prédatrice des espèces indigènes, son expansion pourrait expliquer en partie les très faibles densités observées chez les autres coccinelles.
Exception faite de la coccinelle à échiquiers (Propylea quatuordecimpunctata) et de la grande coccinelle orange (Halyzia sedecimguttata) relativement communes au printemps sur le site, toutes les autres sont présentes en faibles densités. Trois espèces sont plus spécifique des friches, à savoir la coccinelle des friches (Hippodamia variegata), la coccinelle à 5 points (Coccinella quinquepunctata) et la coccinelle à 24 points (Subcoccinella vigintiquatuorpunctata), cette dernière est la seule espèce phytophage du site et vit aux dépens des caryophyllacées, dont le silène enflé (Silene vulgaris).
Sur les petits arbustes et les fourrés se développant dans la pelouse thermophile évoluent diverses espèces forestières comme la coccinelle à 10 points blancs (Calvia decemguttata), la coccinelle à virgules (Exochomus quadripustulatus) ou encore la coccinelle à 14 points blancs (Calvia quatuordegimguttata).
Le terril du Champ d'Oiseau est enfin le seul terril du projet Interreg où a été notée la coccinelle ocellée (Anatis ocellata), espèce plus fréquente en Ardenne et habituellement trouvée sur les conifères.
Autres insectes:
Le terril du Champ d'Oiseau représente un refuge pour de nombreuses espèces d'insectes dont les papillons de nuits comme l'écaille chinée (Euplagia quadripunctaria), le lambda (Autographa gamma) ou encore le moro-sphinx (Macroglossum stellatarum) observés durant la journée.
Les coléoptères sont également bien représentés sur le site incluant Dorcus parallelipipedus, proche du lucane cerf-volant mais plus petit et beaucoup plus commun, la malachie à deux taches (Malachius bipustulatus), ou encore Rhizotrogus aestivus, sosie du hanneton de la St-Jean.
Deux hémiptères sont bien visibles sur le site: le cercope vulnérant (Cercopis vulnerata) et la punaise rayée (Graphosoma lineatum).